Insee Conjoncture Auvergne-Rhône-AlpesBilan économique 2017 - Auvergne-Rhône-Alpes

L’année 2017 est marquée par un dynamisme dans la plupart des secteurs de la région Auvergne-Rhône-Alpes. L’emploi salarié connaît une croissance soutenue, et le chômage poursuit son recul. Les créations d'entreprises s’accélèrent, notamment grâce aux micro-entrepreneurs. Les secteurs de la construction et des transports confirment leur reprise. La fréquentation touristique de la région atteint un niveau record. En revanche, le bilan est plus mitigé pour l’agriculture.

Insee Conjoncture Auvergne-Rhône-Alpes
No 13
Paru le :Paru le31/05/2018
David Drosne, Draaf Auvergne-Rhône-Alpes
Insee Conjoncture Auvergne-Rhône-Alpes No 13- Mai 2018
Consulter

Conjoncture agricole - Une embellie sur fond de faiblesse des prix Bilan économique 2017

David Drosne, Draaf Auvergne-Rhône-Alpes

De fortes gelées tardives puis un été particulièrement chaud et un automne sec marquent la météo 2017. La qualité des céréales ne compense pas la faiblesse des prix depuis maintenant trois ans. La production de vin, de bonne qualité, est la plus faible depuis 60 ans. Certains fruits souffrent de la grêle et de la sécheresse et les prix ne sont pas toujours au rendez-vous. La collecte de lait de vache se redresse et les prix sont rémunérateurs. Une demande dynamique en bovins maigres destinés à l'engraissement maintient de bons prix.

Insee Conjoncture Auvergne-Rhône-Alpes

No 13

Paru le :31/05/2018

Après un hiver sec, le printemps débute en avance mais il est contrarié en avril par de fortes gelées et une sécheresse. Le retour de conditions normales en mai est bénéfique aux cultures. L'été chaud accentue le déficit hydrique qui se prolonge tout l'automne. Il faut attendre décembre pour retrouver des pluies bénéfiques pour les sols et la végétation (figure 1).

Figure 1Un printemps contrasté et une chaleur estivaleÉcart de la pluviométrie et des températures 2017 par rapport aux normales saisonnières

Un printemps contrasté et une chaleur estivale
Écart pluviométrie (mm) Écart température (°C)
Janv -31,5 -2,5
Févr -5,4 3,2
Mars 9,3 2,6
Avr -34,1 0,3
Mai -2,6 1,0
Juin 12,9 3,3
Juil -11,4 1,1
Août -5,3 1,5
Sept -51,2 -1,2
Oct -88,7 1,0
Nov -10,1 -0,6
Déc 24,3 -0,1
  • Source : Météo France

Figure 1Un printemps contrasté et une chaleur estivaleÉcart de la pluviométrie et des températures 2017 par rapport aux normales saisonnières

  • Source : Météo France

Rendements corrects et belle qualité pour les céréales et oléoprotéagineux

La récolte de céréales (blé, orge, maïs…) et oléoprotéagineux (colza, tournesol...) bénéficie de bons rendements et d'une belle qualité. L'avance végétative du maïs est particulièrement marquée. Le rendement régional est de 99 quintaux à l’hectare, légèrement supérieur à la moyenne quinquennale. Toutefois, les prix restent bas et baissent encore de 10 % pour le blé et le maïs sur un an (figure 2). Ceci s’explique par une offre et des stocks mondiaux importants, ainsi que par un euro relativement fort par rapport au dollar. Les exportations de blé tendre français sont faibles (– 25 % sur un an).

Figure 2Des prix toujours très bas pour les céréalesCotation du blé tendre et du maïs grain

en €/tonne
Des prix toujours très bas pour les céréales (en €/tonne)
campagnes Blé Maïs
2012/2013 245,66 229,25
2013/2014 192,40 168,18
2014/2015 173,63 145,02
2015/2016 155,32 152,84
2016/2017 162,05 158,61
2017/2018 * 156,00 146,33
  • Note de lecture : les campagnes portent sur les périodes du 1er juillet au 30 juin de l’année suivante.
  • * Pour la campagne 2017/2018, les données ne sont disponibles que sur 8 mois (jusqu’au mois de février 2018)
  • Source : FranceAgriMer, La Dépêche

Figure 2Des prix toujours très bas pour les céréalesCotation du blé tendre et du maïs grain

  • Note de lecture : les campagnes portent sur les périodes du 1er juillet au 30 juin de l’année suivante.
  • * Pour la campagne 2017/2018, les données ne sont disponibles que sur 8 mois (jusqu’au mois de février 2018)
  • Source : FranceAgriMer, La Dépêche

La fin des quotas sucriers a été anticipée par les producteurs de betteraves qui cultivent en région 15 % de surfaces supplémentaires. Les prix sont désormais susceptibles d'être plus volatiles.

La sécheresse estivale impacte fortement la production fourragère, notamment dans la Drôme, la Loire et le Rhône mais surtout en Ardèche, où le déficit de production atteint 42 %.

Des vendanges de qualité mais des volumes historiquement bas

Une météo très défavorable (gel tardif, grêle, sécheresse) a induit une production de vin historiquement faible en région (– 20 % par rapport à la moyenne quinquennale) comme en France (– 21 %), que ne compensera pas la promesse d'un très beau millésime.

Les exports de vins français sont en hausse de 5 % sur un an et les imports sont stables. En particulier, le Beaujolais bénéficie d'une belle progression à l'export (+ 13 % en volume et + 20 % en valeur sur un an). Le vin français reste privilégié sur le marché chinois (31 % du vin importé est français). Il est toutefois de plus en plus concurrencé, notamment par les vins australiens.

Un impact marqué de la météo sur les fruits et légumes

La météo est favorable à la maturation précoce des fruits, provoquant une présence simultanée sur les étals des fruits espagnols et français et une baisse des prix. Les abricots sont particulièrement concernés, la production régionale est supérieure de 9 % à la moyenne quinquennale mais les prix sont en baisse de 19 %. Le gel et la grêle altèrent certaines productions (pomme, poire et aussi parfois cerise) tandis que le manque de pluie limite le calibre de nombreux fruits.

Le prix du kiwi français est stable à un très bon niveau (42 % au-dessus de la moyenne quinquennale). Les cours des légumes d'automne et d'hiver sont bas et la demande est morose.

Un contexte favorable pour les produits laitiers

Après la crise laitière de 2015 et 2016, le prix du lait de vache atteint 0,38 € par litre en novembre, soit + 15,5 % sur 1 an (figure 3). Le lait de vache des départements savoyards est globalement stable à 0,52 €/l. La volume de collecte de lait s'oriente à la hausse en région à partir d'octobre.

Figure 3Une meilleure valorisation du laitLivraison et prix moyen du lait de vache (hors AOP alpines) payé au producteur

Une meilleure valorisation du lait
Livraisons Prix
janv. 2015 196,10 0,337
fevr. 2015 179,09 0,333
mars 2015 200,28 0,313
avr. 2015 199,46 0,315
mai 2015 204,59 0,313
juin 2015 182,43 0,318
juil. 2015 170,38 0,322
aout 2015 168,05 0,350
sept. 2015 166,48 0,353
oct. 2015 178,97 0,343
nov. 2015 176,40 0,336
dec. 2015 189,61 0,328
janv. 2016 195,48 0,321
fevr. 2016 186,32 0,315
mars 2016 196,62 0,322
avr. 2016 196,90 0,301
mai 2016 199,72 0,295
juin 2016 175,65 0,292
juil. 2016 167,95 0,296
aout 2016 161,35 0,306
sept. 2016 153,29 0,314
oct. 2016 162,16 0,328
nov. 2016 158,50 0,327
dec. 2016 174,59 0,334
janv. 2017 181,74 0,349
fevr. 2017 170,53 0,343
mars 2017 193,18 0,342
avr. 2017 192,97 0,325
mai 2017 194,26 0,324
juin 2017 170,88 0,326
juil. 2017 165,01 0,347
aout 2017 161,62 0,359
sept. 2017 158,08 0,377
oct. 2017 170,67 0,376
nov. 2017 167,97 0,374
dec. 2017 183,00 0,369
  • Source Enquête mensuelle SSP- FranceAgriMer - extraction du 07-03-2018

Figure 3Une meilleure valorisation du laitLivraison et prix moyen du lait de vache (hors AOP alpines) payé au producteur

  • Source Enquête mensuelle SSP- FranceAgriMer - extraction du 07-03-2018

Le beurre industriel passe de 3,2 à 5,5 €/kg au cours de l'année, avec un pic à 7,2 €/kg en octobre. Cette évolution s'explique par une demande mondiale accrue, une offre limitée et un marché soutenu du fromage et de la crème. Toutefois, le cours très bas de la poudre maigre de lait (1,5 €/kg en décembre) et la reprise de la collecte de lait dans l'Union européenne et en Nouvelle-Zélande risquent de faire pression à la baisse sur les prix en 2018.

Situation contrastée en fin d'année pour la filière viande

Les marchés sont dynamiques et les cours corrects en bovins maigres destinés à l'engraissement (figure 4) mais le marché de la viande bovine est plus mitigé en fin d'année. De plus, le projet d’accord entre l’Union européenne et le Mercosur inquiètent les producteurs.

Le scandale des œufs contaminés au fipronil à l’été 2017 a mis la sécurité alimentaire française en valeur, faisant doubler le cours des œufs.

Figure 4Une hausse dans toutes les catégories de viande bovineÉvolution des cotations annuelles des bovins maigres et des bovins viande (zone Centre-Est)

en €/kg
Une hausse dans toutes les catégories de viande bovine (en €/kg)
2016 2017
Bovins maigres – Mâle croisé U 400 kgs 2,48 2,59
Bovins maigres – Mâle Salers R 400 kgs 2,15 2,21
Bovins viande – Mâle charolais U400 kgs 2,46 2,63
Bovins viande – Vache R 3,68 3,74
Bovins viande – Vache mixte O 3,14 3,24
Bovins viande – JB viande R 3,65 3,81
  • Sources : Commissions de cotation des bovins maigres de Clermont-Ferrand et de Dijon - FAM

Figure 4Une hausse dans toutes les catégories de viande bovineÉvolution des cotations annuelles des bovins maigres et des bovins viande (zone Centre-Est)

  • Sources : Commissions de cotation des bovins maigres de Clermont-Ferrand et de Dijon - FAM

L'embellie de fin 2016 et début 2017 sur le porc a nettement fléchi en cours d'année, suivant la baisse des exports vers la Chine et la consommation intérieure. Le prix moyen reste malgré tout 7 % au-dessus de 2016. L'année 2018 sera probablement à surveiller.

Le cours de l'agneau français se maintient à un bon niveau depuis juillet 2017 mais la consommation en baisse et la compétitivité néo-zélandaise rend l'avenir incertain.

Pour en savoir plus