Économie et Statistique n° 373 - 2004 L'entraide familiale - Le travail bénévole - Une évaluation économique du paysage - Les concours financiers de l'État aux communes

Economie et Statistique
Paru le :Paru le01/04/2005
Nicolas Herpin et Jean-Hugues Déchaux
Economie et Statistique- Avril 2005
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Entraide familiale, indépendance économique et sociabilité

Nicolas Herpin et Jean-Hugues Déchaux

Une vision optimiste de l'entraide familiale s'est diffusée depuis deux décennies au moment précis où les sociétés occidentales redécouvraient la pauvreté et s'interrogeaient sur les missions de leur État-providence. La relative modestie du volume des échanges dans la parentèle et leur absence d'effet redistributif entre milieux sociaux remettent en cause cette image devenue classique des « solidarités familiales ». Les catégories populaires, principales destinataires des politiques publiques de protection sociale, sont celles où ces échanges sont les moins développés. La solidarité familiale s'exprime davantage à travers la cohabitation et des formes d'organisation domestique propres à la « famille étendue ». Parmi les professions intermédiaires, les jeunes ne sont pas incités à prendre leur indépendance de façon précoce et l'entraide reste prioritairement organisée dans le cadre de la famille nucléaire. Les relations d'entraide sont encore différentes parmi les ménages économiquement favorisés. Ces échanges sont une composante de leur sociabilité. Ils supposent des ménages « autonomes » ­ stabilité de leurs membres, ressources financières suffisantes ­ et qui ont le souci de préserver leur position socio-économique. Pour les père-mère, cette entraide s'inscrit dans un projet éducatif et suscite de leur part des efforts budgétaires importants, notamment pour établir leurs enfants comme membres du réseau de parenté. Plus qu'elle ne les corrige, l'entraide familiale accentue les clivages sociaux.

Economie et Statistique

No 373

Paru le :01/04/2005