Économie et Statistique n° 391-392 - 2006 Sans-domicile
Devenir sans-domicile, le rester : un problème lié à l'accès au logement ou à la rupture des liens sociaux et familiaux ?
Cécile Brousse
Comparés aux personnes qui occupent un logement ordinaire, les sans-domicile aidés vivent plus souvent seuls et disposent de faibles revenus. La plupart sont inactifs, au chômage ou occupent des métiers très peu qualifiés d'ouvriers ou d'employés. En outre, nombre d'entre eux ont connu des événements difficiles : immigration, séparation, décohabitation précoce, décès d'un des parents pendant l'enfance. Quant aux anciens sans-domicile qui habitent à présent un logement ordinaire, ils ne se distinguent pas particulièrement du reste de la population et leur situation familiale est comparable. Néanmoins, ils sont plus souvent locataires d'un logement HLM ou d'un logement sans confort du secteur privé et aussi plus fréquemment hébergés chez des tiers. Les personnes qui sont restées privées de domicile le plus longtemps sont les célibataires, les hommes, mais aussi ceux qui n'ont pas eu d'expérience professionnelle, les personnes dont le niveau d'étude est le plus faible et l'état de santé le moins bon, autant de caractéristiques qui ont pu entraîner des difficultés économiques. Les personnes seules, celles qui sont privées de documents administratifs ou qui sont dotées de faibles revenus ont peu de chance d'accéder rapidement à un logement du parc social. Quant au parc privé locatif, il n'est accessible qu'à ceux qui acceptent des conditions de logement très dégradées au prix de loyers élevés. La comparaison des sans-domicile et des personnes dont les conditions de logement sont voisines des leurs, soit par l'inconfort (chambre d'hôtel, logement sans équipement sanitaire), soit par la précarité du statut d'occupation, met en évidence les mauvaises conditions de logement des personnes seules, sans ressources scolaires, affectées par le chômage mais aussi la sur-représentation des hommes et des immigrés dans les formes de logement les plus atypiques. À cet égard, la situation des sans-domicile constitue un cas extrême d'un problème plus général.
Economie et Statistique
No 391-392
Paru le :01/10/2006