Des marges commerciales variées selon les produits, mais proches entre grandes surfaces
Les grandes surfaces alimentaires pratiquent des marges commerciales très réduites pour les carburants et plus élevées pour l’alimentaire et l’équipement de la personne ou de la maison. Pour chaque famille de produits, leurs taux de marge commerciale sont homogènes et souvent plus faibles que dans le commerce spécialisé, en lien avec leurs plus grands volumes de ventes. Les grandes surfaces réalisent des taux de marge plus réduits sur les familles de produits dont la part dans leurs ventes est supérieure à celle de leurs concurrents.
De moins de 5 % des ventes à plus de 20 % selon les produits
Les entreprises de grandes surfaces alimentaires commercialisent 40 % des marchandises vendues par le commerce de détail. Le taux de marge commerciale pratiqué par les hypermarchés et supermarchés varie fortement selon le type de produit, en particulier au sein des produits non alimentaires (figure 1). Il est particulièrement faible sur les carburants/lubrifiants (2 %), qui représentent 16 % des ventes des supermarchés, mais seulement 2 % de leur marge commerciale globale. Il est nettement plus bas que celui des stations-services (8 %) : du fait de l’homogénéité du produit et d’un marché très concurrentiel, la stratégie commerciale des grandes surfaces porte principalement sur les prix pour attirer le consommateur.
Le taux de marge est également relativement réduit pour l’équipement informatique ou de communication (10 %). À l’opposé, il est plus élevé pour l’équipement de la personne et celui de la maison, qui contribuent quasiment à la même hauteur aux ventes et à la marge commerciale des grandes surfaces.
Pour les produits non alimentaires, l’écart de taux est marqué entre grandes surfaces alimentaires et commerces spécialisés, de l’ordre de 10 à 20 points selon la famille de produits. Ceci tient sans doute en partie à un assortiment différent en gammes, à leurs achats en grande quantité, voire à leur structure spécifique de coût (un nombre de vendeurs par m2 réduit).
Pour les produits alimentaires, les taux de marge sont compris entre 13 et 27 % dans les hypermarchés et supermarchés et proches d’une famille de produits à l’autre. Ils sont particulièrement hauts lorsque les produits sont rapidement périssables, nécessitent un équipement spécifique (congélation...), plus de surface de stockage, davantage de personnel dédié au rayon, ou de l’énergie (cuisson). À l’inverse, ils sont plus modérés sur les boissons, qui se conservent plus longtemps et se stockent facilement (13 %). Les surgelés se distinguent par un taux de marge élevé, nettement inférieur, toutefois, à celui des spécialistes dans le domaine, avec un assortiment qui peut être différent. Le taux est plus proche du commerce spécialisé pour les produits frais, en particulier les fruits et légumes : pour ces derniers, la marge commerciale des supermarchés est voisine globalement de celle des primeurs.
tableauFigure 1 – Taux de marge commerciale par produit dans les grandes surfaces alimentaires et les commerces spécialisés
Commerces spécialisés | Supermarchés | Hypermarchés | |
---|---|---|---|
Produits surgelés | 42 | 26 | 26 |
Fruits et légumes | 29 | 27 | 20 |
Viandes | 35 | 27 | 24 |
Poissons | 36 | 23 | 23 |
Pain, pâtisserie, confiserie | 35 | 18 | 22 |
Boissons | 29 | 13 | 13 |
Autres produits alimentaires | 33 | 24 | 23 |
Carburants | 8 | 2 | 2 |
Information, communication | 21 | 11 | 10 |
Maison | 36 | 20 | 18 |
Culture, loisirs | 34 | 22 | 18 |
Équipement personne et divers | 37 | 17 | 22 |
- Note : pour les commerces spécialisés, il s’agit du taux de marge commerciale de l’ensemble du secteur, même si ce dernier ne vend pas exclusivement la famille de produits qu’il commercialise principalement.
- Champ : France entière, entreprises des secteurs « hypermarchés », « supermarchés » et commerces spécialisés (voir définitions).
- Source : Insee, enquête Marges commerciales et Ésane 2012.
graphiqueFigure 1 – Taux de marge commerciale par produit dans les grandes surfaces alimentaires et les commerces spécialisés
Des taux de marge commerciale relativement homogènes au sein des grandes surfaces
Sur l’ensemble des produits vendus, le taux de marge commerciale varie peu d’une grande surface à l’autre. C’est particulièrement le cas pour les hypermarchés dont un sur deux pratique un taux compris entre 16 % et 20 %.
Les taux de marge commerciale sont proches pour les carburants, boissons et produits surgelés, et dans une moindre mesure pour les fruits et légumes, viandes et poissons (figures 2a et 2b).
Ils sont en revanche dispersés pour les produits de boulangerie/pâtisserie, parmi lesquels la part de produits frais vendus peut être très variable d’un distributeur à l’autre. Le taux de marge diffère également entre les distributeurs pour l’équipement de la personne, l’équipement informatique et de communication, celui de la maison, ainsi que les autres produits alimentaires. Cette hétérogénéité renvoie à celle des produits fins qui composent ces familles de produits : selon l’assortiment vendu en magasin, le taux de marge, mesuré ici à un niveau relativement agrégé de produits, peut être assez différent.
En revanche, les taux pratiqués varient peu selon la taille de l’entreprise. Or, si la plupart des grandes surfaces ne comptent qu’un magasin, d’autres en regroupent plus d’une centaine. Ceci s’explique notamment par l’organisation en réseau : quelle que soit leur taille, les grandes surfaces se fournissent principalement auprès d’une centrale d’achat, laquelle appartient presque toujours à un grand groupe de distribution. Seules les plus petites unités se singularisent par un approvisionnement direct plus conséquent auprès de producteurs.
tableauFigure 2a – Dispersion du taux de marge commerciale des entreprises selon la famille de produits et le type de distributeurProduits alimentaires
1er quartile | Médiane | 3e quartile | ||
---|---|---|---|---|
Produits surgelés | Supermarchés | 23 | 26 | 30 |
Hypermarchés | 24 | 27 | 29 | |
Commerces spécialisés | 26 | 35 | 48 | |
Fruits et légumes | Supermarchés | 20 | 25 | 29 |
Hypermarchés | 20 | 24 | 28 | |
Commerces spécialisés | 28 | 34 | 41 | |
Viandes | Supermarchés | 20 | 26 | 31 |
Hypermarchés | 22 | 26 | 31 | |
Commerces spécialisés | 31 | 39 | 45 | |
Poissons | Supermarchés | 16 | 20 | 26 |
Hypermarchés | 20 | 23 | 27 | |
Commerces spécialisés | 32 | 38 | 43 | |
Pain, pâtisserie, confiserie | Supermarchés | 17 | 25 | 34 |
Hypermarchés | 19 | 26 | 38 | |
Commerces spécialisés | 43 | 51 | 60 | |
Boissons | Supermarchés | 10 | 13 | 16 |
Hypermarchés | 11 | 14 | 17 | |
Commerces spécialisés | 29 | 35 | 43 | |
Autres produits alimentaires | Supermarchés | 15 | 20 | 26 |
Hypermarchés | 17 | 22 | 27 | |
Commerces spécialisés | 29 | 38 | 48 |
- Lecture : un quart des supermarchés ont un taux de marge commerciale pour les surgelés inférieur à 23 % (1er quartile), la moitié ont un taux de marge inférieur à 26 % (médiane) et un quart ont un taux de marge supérieur à 30 % (3e quartile).
- Champ : France entière, entreprises des secteurs « hypermarchés », « supermarchés » et commerces spécialisés (voir définitions).
- Source : Insee, enquête Marges commerciales et Ésane 2012.
graphiqueFigure 2a – Dispersion du taux de marge commerciale des entreprises selon la famille de produits et le type de distributeurProduits alimentaires
tableauFigure 2b – Dispersion du taux de marge commerciale des entreprises selon la famille de produits et le type de distributeurProduits non alimentaires
1er quartile | Médiane | 3e quartile | ||
---|---|---|---|---|
Carburants | Supermarchés | 2 | 3 | 4 |
Hypermarchés | 1 | 2 | 3 | |
Commerces spécialisés | 9 | 20 | 35 | |
Information, communication | Supermarchés | 7 | 15 | 24 |
Hypermarchés | 9 | 13 | 17 | |
Commerces spécialisés | 23 | 30 | 45 | |
Équipement maison | Supermarchés | 18 | 22 | 29 |
Hypermarchés | 18 | 24 | 29 | |
Commerces spécialisés | 33 | 43 | 49 | |
Culture, loisirs | Supermarchés | 13 | 19 | 27 |
Hypermarchés | 14 | 20 | 24 | |
Commerces spécialisés | 25 | 33 | 42 | |
Équipement personne et divers | Supermarchés | 16 | 21 | 26 |
Hypermarchés | 18 | 23 | 27 | |
Commerces spécialisés | 30 | 45 | 53 |
- Lecture : un quart des supermarchés ont un taux de marge commerciale pour les carburants inférieur à 2 % (1er quartile), la moitié ont un taux de marge inférieur à 3 % (médiane) et un quart ont un taux de marge supérieur à 4 % (3e quartile).
- Champ : France entière, entreprises des secteurs « hypermarchés », « supermarchés » et commerces spécialisés (voir définitions).
- Source : Insee, enquête Marges commerciales et Ésane 2012.
graphiqueFigure 2b – Dispersion du taux de marge commerciale des entreprises selon la famille de produits et le type de distributeurProduits non alimentaires
En grande surface, les taux diminuent quand la part du produit dans les ventes augmente
Dans les hypermarchés et supermarchés, le taux de marge du produit tend à diminuer quand les quantités écoulées sont importantes. Un haut niveau de ventes autorise un taux de marge réduit : celui-ci peut attirer le consommateur, la marge globale étant préservée par l’effet quantité. Mais plus encore que les ventes du produit, c’est leur part dans les ventes globales de l’entreprise qui apparaît fortement corrélée négativement au taux de marge commerciale : ceci vaut pour toutes les familles de produits, en particulier pour la boulangerie/pâtisserie/confiserie, les boissons et l’équipement de la maison (figures 3a et 3b).
tableauFigure 3a – Taux de marge par famille de produits selon la part dans les ventes de l’entrepriseProduits alimentaires
Part dans les ventes | Produits surgelés | Fruits et légumes | Viandes | Poissons | Pain, pâtisserie, confiserie | Boissons | Autres produits alimentaires |
---|---|---|---|---|---|---|---|
moins de 1 % | 28 | ||||||
de 1 % à moins de 2 % | 30 | 23 | 46 | ||||
de 2 % à moins de 5 % | 26 | 26 | 23 | 21 | 37 | ||
de 5 % à moins de 10 % | 27 | 25 | 28 | 18 | 25 | 16 | 23 |
de 10 % à moins de 20 % | 25 | 27 | 20 | 14 | 23 | ||
de 20 % à moins de 30 % | 18 | 24 | 15 | 11 | 24 | ||
de 30 % à moins de 40 % | 22 | ||||||
40 % ou plus | 17 |
- Lecture : les grandes surfaces qui vendent le moins de poissons (moins de 1 % des ventes) pratiquent des marges commerciales plus élévées pour ce produit (28 %) que leurs concurrents.
- Champ : France entière, entreprises des secteurs « hypermarchés » et « supermarchés » (voir définitions).
- Source : Insee, enquête Marges commerciales et Ésane 2012.
graphiqueFigure 3a – Taux de marge par famille de produits selon la part dans les ventes de l’entrepriseProduits alimentaires
tableauFigure 3b – Taux de marge par famille de produits selon la part dans les ventes de l’entrepriseProduits non alimentaires
Part dans les ventes | Carburants | Information, communication | Maison | Culture, loisirs | Équipement personne et divers |
---|---|---|---|---|---|
moins de 1 % | 22 | 32 | |||
de 1 % à moins de 2 % | 17 | 20 | |||
de 2 % à moins de 5 % | 13 | 28 | 20 | 23 | |
de 5 % à moins de 10 % | 24 | 18 | 23 | ||
de 10 % à moins de 20 % | 3 | 20 | 19 | ||
de 20 % à moins de 30 % | 3 | ||||
de 30 % à moins de 40 % | 3 | ||||
40 % ou plus | 3 |
- Champ : France entière, entreprises des secteurs « hypermarchés » et « supermarchés » (voir définitions).
- Source : Insee, enquête Marges commerciales et Ésane 2012.
graphiqueFigure 3b – Taux de marge par famille de produits selon la part dans les ventes de l’entrepriseProduits non alimentaires
Sources
L’enquête Marges commerciales, inédite, a été réalisée par l’Insee en 2013, sous la forme d'un volet complémentaire à l'enquête sectorielle annuelle ; elle permet de recueillir la répartition de la marge commerciale par produit des unités légales interrogées. Certaines données de l’étude sont par ailleurs issues du dispositif d’élaboration des statistiques annuelles d’entreprises (Ésane).
Définitions
Dans cette étude, le terme « entreprise » est entendu au sens juridique d’unité légale, entreprise individuelle ou société, et non au sens économique de la loi de modernisation de l’économie.
Grandes surfaces alimentaires : elles commercialisent une grande variété de produits et réalisent leurs ventes dans au moins un magasin de 400 m² ou plus (y compris hard discount). Seules sont retenues ici les entreprises gérant au moins un magasin de type « hypermarché » ou, sinon, de type « supermarché ».
Marchandise : bien revendu en l’état sans subir de transformation autre que découpe, calibrage ou conditionnement.
Le taux de marge commerciale rapporte la marge commerciale aux ventes de marchandises.
Commerce spécialisé : entreprises du commerce de détail réalisant plus de la moitié de leur chiffre d’affaires dans une gamme de produits, ou vendant au plus quatre gammes de produits (exemple : fleuristes, libraires, primeurs).
L'entreprise est la plus petite combinaison d'unités légales qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant d'une certaine autonomie de décision, notamment pour l'affectation de ses ressources courantes.
Un hypermarché est un établissement de vente au détail en libre-service qui réalise plus du tiers de ses ventes en alimentation et dont la surface de vente est supérieure ou égale à 2 500 m².
Les surfaces de vente diffèrent selon les États :
- Belgique, Danemark, Espagne, Grèce, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal 2 500 m² et plus ;
- Allemagne de 1 500 m² à 4 999 m² et à partir de 5 000 m²;
- Irlande, Grande-Bretagne 2 323 m² et plus.
Un supermarché est un établissement de vente au détail en libre-service réalisant plus des deux tiers de son chiffre d'affaires en alimentation et dont la surface de vente est comprise entre 400 et 2 500 m².
Les surfaces de vente diffèrent selon les États :
- Allemagne de 400 à 1 000 m² ;
- Belgique, Danemark, Espagne, Italie, Luxembourg de 400 à 2 500 m² ;
- Grèce, Portugal à partir de 200 m² ;
- Irlande, Grande-Bretagne jusqu'à 2 323 m² ;
- Pays-Bas en moyenne 300 m².
La marge commerciale correspond à la production associée à l’activité commerciale ; elle est mesurée par la valeur des ventes de marchandises hors taxes nette de leur coût d’achat. Il ne s’agit pas du bénéfice retiré de l’activité commerciale, car la marge commerciale comprend les coûts de distribution (frais de personnel et consommations intermédiaires, telles que loyers ou électricité), contrairement à la marge d’exploitation (nette de ces coûts). Les achats et les ventes sont comptabilisés en intégrant les éventuels rabais et remises. La marge commerciale comprend les pertes de marchandises (produits périmés), la casse et le vol.
La marge commerciale retenue ici est une marge « avant », elle n’intègre pas la coopération commerciale, qui représente l’essentiel des marges dites « arrière ».
Les marges arrière sont essentiellement des rémunérations de services (contribution aux promotions, animations commerciales...), dites coopérations commerciales. Les lois Châtel et LME ont encadré ces pratiques. Ceci s’est traduit par une baisse des prix de vente des fournisseurs aux distributeurs.
Pour en savoir plus
Ferrante A., « Grandes surfaces et réseaux d’enseignes dominent le commerce de détail », Insee Première n° 1404, juin 2012.