Insee Flash Corse · Décembre 2025 · n° 100

En Corse, l’autonomie résidentielle des jeunes est plus limitée que dans le reste de la France

En 2022, 30 000 jeunes corses âgés de 15 à 29 ans ont quitté le système éducatif. La Corse est la région où les non étudiants sont les plus présents (encadré 1).

Comprendre leur situation résidentielle permet d’identifier les difficultés particulières qu’ils rencontrent. Ces analyses aident les acteurs publics à mieux cibler les politiques en faveur de la jeunesse, du logement, de l’emploi, de la formation et de la cohésion sociale.

En Corse, 42 % des jeunes non étudiants vivent chez leurs parents, contre 36 % au niveau national  (figure 1). On les désigne alors comme cohabitants. Par opposition, ceux vivant seuls ou en couple dans leur propre logement sont décohabitants.

La région enregistre le taux de cohabitation le plus élevé de France, devant Provence-Alpes-Côte d’Azur (40 %). À l’inverse, les Pays de la Loire (30 %) et la Bretagne (31 %) présentent les niveaux les plus bas. Plus dynamiques sur le plan économique, ces régions proposent une palette d’emplois variés qui attire les jeunes vers les pôles urbains, et peut donc les amener à quitter le giron familial. Leur insertion dans le monde du travail y est plus aisée, ce qui les conduit plus souvent à vivre seuls et favorise leur autonomie résidentielle.

En revanche, en Corse, les jeunes font face à une forte tension sur le marché immobilier qui rend les logements chers. En outre, la part élevée des résidences secondaires réduit l’offre locative.

Dans les intercommunalités telles que l’Oriente ou le Nebbiu - Conca d'Oro, cette cohabitation prolongée s’explique aussi en partie par la pauvreté et le chômage. Ces facteurs économiques et sociaux contribuent au maintien des jeunes dans le foyer familial, un cadre moins contraignant financièrement. Dans les communautés de communes Pasquale-Paoli et Celavu-Prunelli, le choix de vivre au domicile parental s’explique par la fréquence de grandes maisons propices à la cohabitation, et par la proximité du foyer familial avec le lieu d’activité professionnelle (figure 2).

L’insertion sur le marché du travail favorise l’émancipation des jeunes. Quel que soit leur âge, les jeunes non étudiants résident moins souvent avec leurs parents quand ils sont en emploi. En Corse, 38 % d’entre eux cohabitent avec un membre de leur famille contre 52 % des jeunes sans emploi (figure 3).

Cependant, si l’emploi est une passerelle vers l’autonomie, cette réalité est moins vérifiée en Corse. Entre 25 et 29 ans, 28 % des jeunes en emploi cohabitent encore sur l’île, contre 17 % au niveau national. La région détient le taux le plus élevé de l’Hexagone, devant l’Île-de-France (22 %) et Provence-Alpes-côte d’azur (21 %), loin devant les Pays de la Loire (11 %) ou la Bretagne (12 %). Pour cause, l’île présente la plus forte part de salariés à bas revenus de France hexagonale [Luquet et al. ; pour en savoir plus (1)]. Les secteurs du commerce, de l’hébergement et de la restauration, très présents, concentrent les contrats saisonniers, courts, peu qualifiés et donc faiblement rémunérés. Ainsi, au-delà d’être en emploi, la qualité et le niveau salarial de celui-ci constitueraient un gage précieux pour obtenir un logement et accéder à l’autonomie.

Les jeunes femmes non étudiantes s’émancipent plus souvent que les hommes : 64 % d’entre elles vivent dans leur propre logement, contre 44 % des hommes. Elles quittent également plus tôt le foyer parental, même sans activité professionnelle. Sans emploi, 60 % des femmes s’émancipent, contre seulement 29 % des hommes.

Les jeunes femmes décohabitantes vivent plus souvent en couple ou avec des enfants : 73 % d’entre elles sont dans cette situation, contre 57 % des jeunes hommes. Les femmes sont également plus nombreuses à être à la tête d’une famille monoparentale. Dans quatre cas sur cinq, la mère assume alors la charge des enfants [Cadart et al. ; pour en savoir plus (2)]. À l’inverse, les hommes vivent plus souvent seuls (29 % contre 19 % des femmes).