Insee Flash Nouvelle-Aquitaine ·
Novembre 2025 · n° 129
Un salarié sur six télétravaille, un sur trois aurait souhaité le faire
Entre 2022 et 2024, 16 % des salariés de Nouvelle-Aquitaine télétravaillent au moins une fois par mois. Cette part est nettement moindre que la moyenne française (21 %), tirée vers le haut par l’Île-de-France. Près d’un quart télétravaillent trois jours ou plus en Nouvelle-Aquitaine.
Le télétravail est plus fréquent dans les secteurs du tertiaire marchand, dans les grandes entreprises et parmi les cadres. La pratique est également plus courante pour ceux qui habitent dans les grandes agglomérations, notamment dans l’aire d’attraction de Bordeaux, où le télétravail concerne un salarié sur quatre y vivant. Enfin, un tiers des salariés dont l’emploi est compatible avec le télétravail déclarent qu’ils auraient souhaité y avoir accès.
- En Nouvelle-Aquitaine, 16 % des salariés pratiquent le télétravail au mois une fois par mois
- Le télétravail est plus marqué dans les services marchands
- Le télétravail : une pratique plus fréquente chez les cadres
- Moins de télétravail pour les salariés en contrat précaire ou nouveaux arrivants
- Le recours au télétravail plus fréquent dans l’agglomération de Bordeaux
- Encadré – Un tiers des non-télétravailleurs éligibles auraient souhaité télétravailler
En Nouvelle-Aquitaine, 16 % des salariés pratiquent le télétravail au mois une fois par mois
Entre 2022 et 2024, 16 % des salariés des secteurs privé et public vivant dans la région télétravaillent. Ainsi, ceux-ci déclarent avoir eu recours au télétravail au moins une fois au cours des quatre semaines précédant leur interrogation (figure 1). La part des télétravailleurs est inférieure à celle de France métropolitaine (21 %). Toutefois, cette moyenne nationale est largement tirée vers le haut par l’Île-de-France.
Même hors Île-de-France, la part de télétravailleurs en Nouvelle-Aquitaine reste en deçà du reste de la France (17 %). Ainsi, elle occupe une position intermédiaire derrière les régions Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes, mais devant Grand Est ou Bourgogne-Franche-Comté.
Parmi les télétravailleurs néo-aquitains, 32 % y ont recours un jour par semaine en moyenne, et 26 % trois jours ou plus.
tableauFigure 1 – Part des salariés pratiquant le télétravail entre 2022 et 2024
| Zone | Part de télétravailleurs |
|---|---|
| Nouvelle-Aquitaine | 16 |
| France de province | 17 |
| France métropolitaine | 21 |
- Lecture : En Nouvelle-Aquitaine, 16 % des salariés pratiquent le télétravail au moins une fois dans les quatre semaines précédant leur interrogation à l’enquête.
- Source : Insee, Enquêtes Emploi en continu de 2022, 2023 et 2024.
graphiqueFigure 1 – Part des salariés pratiquant le télétravail entre 2022 et 2024

- Lecture : En Nouvelle-Aquitaine, 16 % des salariés pratiquent le télétravail au moins une fois dans les quatre semaines précédant leur interrogation à l’enquête.
- Source : Insee, Enquêtes Emploi en continu de 2022, 2023 et 2024.
Le télétravail est plus marqué dans les services marchands
C’est dans les activités du tertiaire marchand que les salariés ont le plus recours au télétravail (21 %). En particulier, près des trois quarts des salariés du secteur de l’information et de la communication et près d’un sur deux dans les activités financières et d’assurance télétravaillent. Aussi, un salarié sur trois y a recours dans les activités spécialisées scientifiques et techniques.
À l’inverse, dans le tertiaire non marchand, ils ne sont que 13 % à télétravailler et moins de 8 % dans la construction. En effet, les activités de ces secteurs sont peu télétravaillables, comme pour les enseignants, les infirmières ou dans le bâtiment.
Le télétravail est fréquent au sein des entreprises privées et des associations, où 17 % des salariés télétravaillent. Quant au secteur public, si 18 % des agents de la fonction publique d’État télétravaillent, ils ne sont que 14 % dans la fonction publique territoriale et 3 % dans la fonction publique hospitalière. En particulier, le recours au télétravail est moindre dans les hôpitaux publics et les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) du fait de missions peu télétravaillables.
La proportion de télétravailleurs augmente avec la taille de l’entreprise. Dans les petites structures (10 à 19 salariés), 12 % télétravaillent alors qu’ils sont 18 % dans les entreprises de taille moyenne (50 à 249 salariés), et 27 % dans les grandes entreprises (250 salariés ou plus).
Le télétravail : une pratique plus fréquente chez les cadres
La fréquence du télétravail varie fortement selon les catégories socioprofessionnelles (figure 2).Près de la moitié des cadres et chefs d’entreprise télétravaillent, probablement car certaines de leurs tâches peuvent plus facilement être effectuées à domicile. Les professions intermédiaires y ont recours dans une moindre mesure (20 %). À l’inverse, peu d’employés télétravaillent (8 %). Par ailleurs, la pratique du télétravail est quasi inexistante chez les ouvriers, dont les fonctions nécessitent une présence physique sur le lieu de travail. Comparées aux cadres, les autres catégories socioprofessionnelles occupent moins souvent des emplois se prêtant au télétravail. Par exemple, 19 % des postes des employés sont télétravaillables, contre 67 % de ceux des cadres.
La part des salariés qui télétravaillent varie aussi selon leur niveau de diplôme. Plus celui-ci est élevé, plus la pratique est fréquente. Ce constat ne s'applique cependant pas à certaines professions, telles que les médecins, les vétérinaires ou les avocats, qui exigent un niveau de diplôme élevé tout en nécessitant une présence physique quasi indispensable. Ces écarts s’expliquent en partie par le lien entre le niveau de diplôme, le type de poste occupé et la taille de l’entreprise. En effet, les diplômés du supérieur sont plus susceptibles d’occuper des fonctions d’encadrement ou de travailler dans de grandes entreprises, où le télétravail est plus répandu. Ainsi, près d’un salarié sur deux avec un diplôme équivalent ou supérieur à bac +5 télétravaille.
tableauFigure 2 – Part des salariés pratiquant le télétravail selon leurs caractéristiques sociodémographiques
| Caractéristiques | Part des salariés |
|---|---|
| Ensemble | 16 |
| Catégorie Socioprofessionnelle | |
| Cadres et chefs d'entreprise | 46 |
| Professions intermédiaires | 20 |
| Employés | 8 |
| Ouvriers | 0 |
| Diplôme | |
| Bac+5 ou plus | 48 |
| Diplôme du supérieur (hors bac +5 ou plus) | 25 |
| Baccalauréat | 8 |
| Diplôme inférieur au baccalauréat (BEP, CAP équivalent ou non diplômés) | 4 |
| Statut | |
| Contrat à durée illimitée | 19 |
| Contrat à durée limitée | 11 |
| Ancienneté | |
| Moins d’un an d’ancienneté | 9 |
| Plus d’un an d’ancienneté | 16 |
| Tranche d’âge | |
| Moins de 30 ans | 11 |
| Entre 30-49 ans | 20 |
| 50 ans ou plus | 15 |
- Lecture : En Nouvelle-Aquitaine, 46 % des cadres et chefs d’entreprise pratiquent le télétravail au moins une fois par mois.
- Source : Insee, Enquêtes Emploi en continu de 2022, 2023 et 2024.
graphiqueFigure 2 – Part des salariés pratiquant le télétravail selon leurs caractéristiques sociodémographiques

- Lecture : En Nouvelle-Aquitaine, 46 % des cadres et chefs d’entreprise pratiquent le télétravail au moins une fois par mois.
- Source : Insee, Enquêtes Emploi en continu de 2022, 2023 et 2024.
Moins de télétravail pour les salariés en contrat précaire ou nouveaux arrivants
Avec 18 % des salariés qui télétravaillent, le recours au télétravail est deux fois plus fréquent parmi ceux en contrat à durée illimitée (CDI et fonction publique) que ceux en contrat à durée limitée (CDD, intérim, apprentissage, contrat de professionnalisation, stage, etc.).
Par ailleurs, les salariés récemment embauchés y ont également moins accès : seuls 9 % ayant moins d’un an d’ancienneté télétravaillent, contre 17 % parmi ceux présents depuis cinq à dix ans. Ces écarts se retrouvent aussi selon l’âge. Le télétravail concerne seulement 11 % des salariés de moins de 30 ans, contre 20 % des 30-49 ans et 15 % des 50 ans ou plus.
Ces différences s’expliquent probablement par des besoins d'accompagnement accrus des jeunes, des salariés récemment embauchés ou en contrats temporaires. La présence sur site peut favoriser le tutorat et l’intégration des nouveaux arrivants dans le collectif.
Le recours au télétravail plus fréquent dans l’agglomération de Bordeaux
Comme ailleurs, en Nouvelle-Aquitaine, le télétravail est davantage pratiqué par les salariés résidant dans les aires d’attraction des villes les plus peuplées. En effet, ces zones concentrent plus de postes de cadres, emplois plus souvent télétravaillés. Ainsi, dans l’aire d’attraction de Bordeaux, 25 % des salariés font du télétravail, contre 18 % des salariés des aires de 200 000 à 700 000 habitants. Dans celles de moins de 200 000 habitants, ou celles en dehors d’aire d’attraction des villes, seulement 10 % des salariés télétravaillent.
Encadré – Un tiers des non-télétravailleurs éligibles auraient souhaité télétravailler
En Nouvelle-Aquitaine, parmi les salariés qui ne télétravaillent pas alors que leur emploi s’y prête, un tiers d’entre eux auraient souhaité pouvoir le faire. Ils en sont empêchés, soit par un refus de l’employeur, soit pour d’autres raisons. En France de province, cette proportion est similaire (34 %).
Par ailleurs, en Nouvelle-Aquitaine, 17 % des salariés qui télétravaillent souhaiteraient le faire plus souvent. À l’inverse, 5 % préféreraient télétravailler moins souvent. Les mêmes tendances sont observées en France de province.
Sources
L’enquête sur l’emploi, le chômage et l’inactivité (appelée Enquête Emploi en continu), vise à observer le marché du travail de manière structurelle et conjoncturelle en France. Cette enquête est réalisée par l’Insee chaque trimestre auprès de 80 000 ménages. À partir de 2022, le questionnaire inclut plusieurs questions sur le télétravail pour les actifs en emploi, telles que la fréquence, le souhait et la possibilité de le pratiquer ou encore le refus éventuel de l’employeur. Seule la première interrogation est utilisée dans cette étude. Les données de l’enquête ont été compilées sur les années 2022 à 2024 pour avoir suffisamment d’observations sur la région. Certaines questions telles que le souhait de télétravailler ou le refus éventuel de l’employeur ont été introduites dans le questionnaire à partir du troisième trimestre 2022. Pour ces questions, les réponses couvrent la période allant du troisième trimestre 2022 à fin 2024.
Définitions
Le télétravail consiste à travailler hors des locaux de son employeur, pendant ses horaires habituels de travail. Il suppose de pouvoir se connecter au système informatique de son établissement. Le télétravail est formalisé par écrit avec l’employeur. Rapporter du travail à la maison, travailler lors de déplacements professionnels, chez un client ou de façon mobile (pendant les trajets, entre les réunions) ou encore travailler sur site distant n’est pas du télétravail.
Une aire d’attraction des villes définit l’étendue de son influence sur les communes environnantes. Une aire est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué d’un pôle de population et d’emploi, et d’une couronne qui regroupe les communes dont au moins 15 % des actifs occupés travaillent dans le pôle. Les pôles sont déterminés principalement à partir de critères de densité et de population totale, suivant une méthodologie cohérente avec celle de la grille communale de densité. Un seuil d’emplois est ajouté de façon à éviter que des communes essentiellement résidentielles, comportant peu d’emplois, soient considérées comme des pôles. Si un pôle envoie au moins 15 % de ses actifs occupés travailler dans un autre pôle de même niveau, les deux pôles sont associés et forment ensemble le cœur d’une aire d’attraction. La commune la plus peuplée du pôle est appelée commune-centre.
Les aires sont classées suivant le nombre total d’habitants de l’aire. Les principaux seuils retenus sont : Paris, 700 000 habitants, 200 000 habitants et 50 000 habitants. Les aires dont le pôle est situé à l’étranger sont classées dans la catégorie correspondant à leur population totale (française et étrangère).
Pour en savoir plus
(1) Askenazy P., Di Nallo U. (Insee), Ramajo I., Thiounn C. (Dares), « Télétravail et présentiel : le travail hybride, une pratique désormais ancrée dans les entreprises », Insee Analyses no 105, mars 2025.
(2) Argouarc’h J., Roche C., « Un salarié sur six est un télétravailleur régulier », Insee Flash Provence-Alpes-Côte d'Azur no 113, juillet 2025.
(3) Borel Herbert C., Privas C., « Un salarié sur cinq télétravaille », Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes no 163, septembre 2025.
