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Insee Flash Provence-Alpes-Côte d'Azur · Juillet 2025 · n° 113
Insee Flash Provence-Alpes-Côte d'AzurUn salarié sur six est un télétravailleur régulier

Julie Argouarc’h, Corinne Roche (Insee)

En Provence-Alpes-Côte d’Azur, 16 % des salariés télétravaillent de manière régulière, c’est-à-dire au moins un jour par semaine. Le télétravail régulier est plus fréquent pour les personnes occupant des postes de cadre, en emploi à durée indéterminée ou travaillant dans de grandes entreprises. Les diplômés du supérieur, et dans une moindre mesure les femmes, télétravaillent plus souvent. La pratique intensive du télétravail, au moins trois jours par semaine, concerne trois télétravailleurs sur dix. Les télétravailleurs réguliers sont en grande majorité satisfaits du nombre de jours télétravaillés.

Insee Flash Provence-Alpes-Côte d'Azur
No 113
Paru le :Paru le02/07/2025
Insee - Un salarié sur six est un télétravailleur régulier.
Publication rédigée par :Julie Argouarc’h, Corinne Roche (Insee)

Depuis la crise sanitaire, une progression marquée du recours au télétravail

L’équipement des salariés en outils informatiques nomades et en logiciels facilitant le travail à distance s’est fortement développé sur la période récente. Ce mouvement s’est accentué au moment de la crise sanitaire de 2020, durant laquelle la pratique du , pour les postes le permettant, a fortement augmenté. La mise en place du télétravail choisi, tel qu’on le connaît actuellement, s’est faite progressivement, entre fin 2021 et début 2022. Peu répandu avant la crise covid, le télétravail régulier concerne désormais près d’un salarié sur cinq au niveau national (18 % des salariés en 2024, contre environ 4 % en 2019).

En moyenne sur les années 2022 à 2024, 16 % des salariés des secteurs privé et public résidant dans la région ont été des télétravailleurs réguliers, c’est-à-dire qu’ils ont déclaré avoir télétravaillé au moins un jour par semaine au cours des quatre semaines précédant leur interrogation. Cette proportion est proche de celle des salariés de France de province (15 %). Le recours au télétravail est en revanche deux fois moindre qu’en Île-de-France (33 %). S’il s’est fortement développé sur la période récente, le télétravail régulier n’est pratiqué que par une minorité de salariés. Ainsi, en moyenne sur les années 2022 à 2024, 82 % des salariés de la région ne télétravaillent pas et 2 % télétravaillent moins d’un jour par semaine.

Presque trois fois plus de télétravail régulier pour les cadres

Le fait de télétravailler dépend principalement de la catégorie socioprofessionnelle du salarié, du type de métier exercé et des caractéristiques de l’entreprise [Askenazy et al., 2025 ; pour en savoir plus (3)]. En moyenne sur les années 2022 à 2024, 44 % des cadres et professions intellectuelles supérieures ont télétravaillé au moins un jour par semaine au cours des quatre dernières semaines, soit une proportion comparable à celle de la France de province mais inférieure à celle d’Île-de-France (64 %, figure 1). Le télétravail est moins répandu pour les salariés exerçant une profession intermédiaire (16 %) ou les employés (6 %). Il est quasi inexistant pour les ouvriers.

Figure 1Taux de télétravail régulier selon la catégorie socioprofessionnelle

(en %)
Taux de télétravail régulier selon la catégorie socioprofessionnelle ((en %))
Catégorie socioprofessionnelle Provence-Alpes-Côte d’Azur France de province Île-de-France
Ensemble des salariés 16 15 33
Cadre 44 43 64
Profession intermédiaire 16 17 24
Employé 6 7 10
  • Champ : Personnes salariées en emploi vivant en logement ordinaire, au lieu de résidence.
  • Source : Insee, enquêtes emploi en continu de 2022, 2023 et 2024.

Figure 1Taux de télétravail régulier selon la catégorie socioprofessionnelle

  • Champ : Personnes salariées en emploi vivant en logement ordinaire, au lieu de résidence.
  • Source : Insee, enquêtes emploi en continu de 2022, 2023 et 2024.

Chez les cadres, certains métiers se prêtent plus aisément au télétravail. Ainsi, 60 % des ingénieurs et des cadres techniques d’entreprise, dont les informaticiens, télétravaillent de manière régulière.

La part de salariés télétravaillant régulièrement varie fortement selon le secteur d’activité : elle est de 20 % dans l’industrie, de 16 % dans les services et de 7 % dans la construction. Cela s’explique en partie par la structure des emplois, propre à chaque secteur, en particulier par la proportion plus ou moins grande d’emplois de cadre. Au sein même du secteur des services, le télétravail est particulièrement répandu dans certains sous-secteurs où les cadres sont surreprésentés. Il est ainsi plus fréquent dans l’information-communication (69 %), les activités financières (41 %) et les activités scientifiques (24 %).

Le recours au télétravail régulier est plus faible dans le secteur public que dans le privé (13 % contre 17 %) mais il varie fortement selon les trois versants de la fonction publique. Il concerne un salarié sur cinq (19 %) dans la fonction publique d’État. Il est moins fréquent dans les collectivités territoriales (9 %) ainsi que dans les hôpitaux publics (4 %).

Le télétravail est plus fréquent dans les grandes entreprises : la part des salariés qui déclarent pratiquer du télétravail au moins un jour par semaine passe de 12 % dans les établissements de moins de 10 salariés à 22 % dans ceux de 50 salariés ou plus.

Les salariés en (EDI) télétravaillent également plus fréquemment (17 % contre 8 % pour les autres contrats), comme ceux à temps complet (18 % contre 7 % pour les salariés à temps partiel).

Le recours au télétravail régulier est plus faible pour les salariés arrivés récemment dans l’entreprise (10 % pour ceux ayant moins d’un an d’ancienneté, contre 17 % pour ceux présents depuis plus d’un an). Cela peut s’expliquer par un effet contrat (les salariés n’étant pas en EDI pratiquent moins le télétravail) mais aussi par la période de prise de poste, la présence sur site pouvant favoriser la supervision, le tutorat et l’intégration au collectif de travail des nouveaux arrivants.

Une pratique plus fréquente du télétravail régulier pour les femmes et les diplômés du supérieur

Outre les caractéristiques du poste, le profil du salarié peut influer sur la pratique du télétravail.

Les femmes télétravaillent un peu plus fréquemment que les hommes (17 % contre 15 %). Si la part de femmes cadres télétravaillant est comparable à celle des hommes (45 % pour les femmes et 44 % pour les hommes), les femmes sont plus fréquemment en télétravail quand elles occupent une profession intermédiaire (19 % contre 13 % pour les hommes) ou un poste d’employé (7 % contre 3 %).

Plus le niveau de diplôme est élevé, plus le recours au télétravail est fréquent. En effet, le profil du salarié et la nature du poste occupé sont en partie liés : plus le niveau de diplôme est élevé, plus les salariés sont susceptibles d’occuper un poste de cadre ou de travailler dans une grande entreprise. Ainsi, un tiers (33 %) des diplômés du supérieur long, qui possèdent un bac plus trois ou plus, ont télétravaillé au moins un jour par semaine au cours des quatre dernières semaines. Ils sont 21 % parmi les diplômés du supérieur court, 9 % pour les diplômés au niveau du baccalauréat ou équivalent, 4 % pour le niveau CAP-BEP ou équivalent et 3 % pour les personnes non diplômées ou ayant le brevet des collèges.

Un recours intensif pour trois télétravailleurs sur dix

Dans la région, les télétravailleurs réguliers effectuent en moyenne 2,1 jours de télétravail lors de la semaine de référence, un chiffre comparable à celui observé en France de province (1,9 jour). Ils sont 38 % à avoir télétravaillé un jour dans la semaine et 33 % deux jours (figure 2). La pratique intensive du télétravail (trois jours ou plus par semaine) concerne 29 % des télétravailleurs réguliers de la région. Elle est un peu plus fréquente qu’en France de province (26 %). Les cadres sont plus souvent concernés (33 %) que les professions intermédiaires et les employés (respectivement 23 % et 29 %). En se restreignant à leur seule dernière semaine de travail, un quart des cadres a télétravaillé quatre jours ou plus.

Figure 2Intensité du télétravail selon la catégorie socioprofessionnelle

(en %)
Intensité du télétravail selon la catégorie socioprofessionnelle ((en %))
Catégorie socioprofessionnelle Un jour par semaine Deux jours par semaine Trois jours par semaine ou plus
Cadre 37 30 33
Profession intermédiaire 40 37 23
Employé 35 36 29
Ensemble des salariés 38 33 29
  • Champ : Personnes salariées en emploi vivant en logement ordinaire, qui télétravaillent au moins un jour par semaine et habitent en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
  • Source : Insee, enquêtes emploi en continu de 2022, 2023 et 2024.

Figure 2Intensité du télétravail selon la catégorie socioprofessionnelle

  • Champ : Personnes salariées en emploi vivant en logement ordinaire, qui télétravaillent au moins un jour par semaine et habitent en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
  • Source : Insee, enquêtes emploi en continu de 2022, 2023 et 2024.

Dans leur grande majorité, les télétravailleurs réguliers sont satisfaits du nombre de jours télétravaillés (77 % des salariés interrogés entre le troisième trimestre 2022 et fin 2024). Le taux de satisfaction augmente avec le nombre de jours télétravaillés. Parmi les 23 % de télétravailleurs non satisfaits, la majorité souhaiterait télétravailler davantage (18 %) tandis que 5 % souhaiteraient moins télétravailler. La tendance récente semble toutefois aller dans le sens d’une moindre intensité du télétravail à partir de 2023. La majorité des entreprises qui pratiquent le télétravail ont mis en place des formes de télétravail régulières modérées (un ou deux jours par semaine) [Beatriz, Erb, 2024 ; pour en savoir plus (5)].

Pour les salariés ne télétravaillant pas et estimant que leur poste le permettrait, le souhait de télétravailler n’est pas majoritaire (encadré).

Encadré : Près de 40 % des non-télétravailleurs estimant avoir un travail compatible aimeraient télétravailler

Si certains métiers paraissent naturellement compatibles avec le télétravail, la majorité des emplois occupés – sept sur dix – ne l’est pas (quand le travail se fait à l’extérieur, qu’il demande des manipulations, qu’il est directement en lien avec un public, etc). Aux deux salariés de la région sur dix télétravaillant régulièrement ou ponctuellement s’ajoute un salarié sur dix estimant occuper un emploi compatible avec le télétravail. En particulier, plus d’un tiers des cadres (37 %) ne télétravaillant pas estiment leur emploi compatible avec cette pratique. Inversement, les ouvriers considèrent ne pas pouvoir télétravailler.

Parmi les salariés estimant occuper un emploi compatible, 38 % souhaiteraient télétravailler (34 % en France de province). Le principal frein cité est le refus de l’employeur.

Publication rédigée par :Julie Argouarc’h, Corinne Roche (Insee)

Pour comprendre

Des questions relatives au télétravail et à sa fréquence ont été introduites dans l’enquête emploi en continu en 2021. Seule la première interrogation est utilisée dans cette étude. Les données de l’enquête ont été compilées sur les années 2022 à 2024 pour avoir suffisamment d’observations sur la région et ne pas prendre en compte les effets dus à la crise sanitaire mais s’intéresser au télétravail tel qu’il a été mis en place par la suite. Certaines questions telles que le souhait de télétravailler, la compatibilité du poste avec le télétravail ou encore le refus éventuel de l’employeur ont été introduites dans le questionnaire à partir du troisième trimestre 2022. Pour ces questions, les réponses couvrent la période allant du troisième trimestre 2022 à fin 2024.

Dans cette étude hors encadré, seul le télétravail régulier est pris en compte (au moins un jour par semaine au cours des quatre dernières semaines).

Publication rédigée par :Julie Argouarc’h, Corinne Roche (Insee)

Définitions

Le télétravail consiste à réaliser des tâches, qui auraient pu être exécutées sur le lieu habituel de travail, hors des locaux de son employeur, pendant ses horaires habituels de travail, en utilisant les technologies de l’information et des communications (TIC). 

Les personnes en emploi à durée indéterminée sont en contrat à durée indéterminée (CDI) ou fonctionnaires sur leur emploi principal.

Pour en savoir plus

(1) Retrouvez davantage de données associées à cette publication en téléchargement.

(2) Pénicaud E. « Une photographie du marché du travail en 2024 - L'emploi des jeunes se replie, celui des seniors continue d'augmenter », Insee Première no 2044, mars 2025.

(3) Askenazy P., Di Nallo U., Ramajo I., Thiounn C., « Télétravail et présentiel : le travail hybride, une pratique désormais ancrée dans les entreprises », Insee Analyses no 105, mars 2025.

(4) Pénicaud E. « Une photographie du marché du travail en 2023 - L'emploi augmente modérément, le chômage se stabilise après sept années de baisse », Insee Première no 1987, mars 2024.

(5) Beatriz M., Erb L., « Ouvrir dans un nouvel ongletComment évolue la pratique du télétravail depuis la crise sanitaire ? », Dares Analyses no 64, novembre 2024.