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Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes · Septembre 2025 · n° 163
Insee Flash Auvergne-Rhône-AlpesUn salarié sur cinq télétravaille Télétravail en Auvergne‑Rhône‑Alpes

Cléo Borel Herbert, Christophe Privas (Insee)

Sur les années 2023 et 2024, en moyenne, 21 % des salariés d’Auvergne-Rhône-Alpes pratiquent le télétravail. Pour plus de quatre sur cinq d’entre eux, ils télétravaillent au maximum deux jours par semaine. De plus, 34 % des salariés interrogés déclarent que leur emploi est compatible avec ce mode de travail. Ces taux sont supérieurs à ceux de la France de province. Trois télétravailleurs sur cinq sont des cadres. Le fait qu’un salarié télétravaille dépend des caractéristiques de son emploi, de son ancienneté, de la taille de son entreprise, de la localisation de ses lieux de résidence et de travail mais aussi des négociations et accords d'entreprise.

Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes
No 163
Paru le :Paru le30/09/2025
Un salarié sur cinq télétravaille
Publication rédigée par :Cléo Borel Herbert, Christophe Privas (Insee)

Un taux de télétravail supérieur à celui de la France de province

Avant la crise sanitaire de 2020, la pratique du était très peu répandue. Cinq ans plus tard, ce mode de travail concerne un salarié sur cinq en France. En Auvergne-Rhône-Alpes, en moyenne sur les années 2023 et 2024, 21 % des salariés ont télétravaillé au moins un jour dans le mois précédant l’enquête, soit un peu moins de 700 000 salariés (sources). Cela place la région bien en dessous de l’Île-de-France, où 36 % des salariés télétravaillent, mais au-dessus de la moyenne de France de province (18 %).

Lors de l’enquête, 34 % des salariés d’Auvergne-Rhône-Alpes déclarent que leur emploi est compatible avec le . Cette proportion est de 47 % en Île-de-France et de 29 % en France de province. Ainsi, dans la région, environ six salariés sur dix qui déclarent avoir un emploi compatible avec le télétravail y ont effectivement . Cette part est proche de celle de la France métropolitaine et d’une majorité de régions françaises.

Parmi les salariés qui ont télétravaillé, 67 % l’ont fait entre un et deux jours par semaine. Ils sont 19 % à télétravailler trois jours ou plus et 14 % moins d’un jour. Dans près de trois cas sur quatre, ce nombre de jours hebdomadaire correspond aux souhaits des salariés. Pour autant, 20 % aimeraient télétravailler plus. Seulement 3 % souhaiteraient le faire moins. Entre 2023 et 2024, 9 % des jours travaillés dans la région l’ont été en télétravail.

Trois télétravailleurs sur cinq sont des cadres

Alors que 24 % des salariés de la région sont des cadres ou des professions intellectuelles supérieures, ils représentent 61 % des télétravailleurs. Les autres télétravailleurs sont des professions intermédiaires (27 %), des employés (11 %) et très rarement des ouvriers (1 %). Les cadres sont surreprésentés car leur emploi est plus souvent compatible avec le télétravail, mais aussi parce qu’ils saisissent plus souvent cette possibilité (figure 1).

Figure 1Différences d’accès et de recours au télétravail selon la catégorie socio-professionnelle des salariés

(en %)
Différences d’accès et de recours au télétravail selon la catégorie socio-professionnelle des salariés ((en %)) - Lecture : En moyenne sur les années 2023-2024, 76 % des cadres salariés habitant en Auvergne-Rhône-Alpes déclarent qu’ils ont un emploi compatible avec le télétravail. Parmi eux, 74 % télétravaillent, ce qui correspond à 56 % de l’ensemble des cadres salariés.
Catégorie socio-professionnelle Salariés télétravaillant Salariés ayant un emploi compatible avec le télétravail Salariés télétravaillant lorsque leur emploi est compatible
Cadres et professions intellectuelles supérieures 56 76 74
Professions Intermédiaires 21 37 57
Employés 9 20 43
Ouvriers 0,003 1,49 ns*
  • * ns : non significatif.
  • Lecture : En moyenne sur les années 2023-2024, 76 % des cadres salariés habitant en Auvergne-Rhône-Alpes déclarent qu’ils ont un emploi compatible avec le télétravail. Parmi eux, 74 % télétravaillent, ce qui correspond à 56 % de l’ensemble des cadres salariés.
  • Champ : Salariés de 15 à 64 ans résidant en Auvergne-Rhône-Alpes.
  • Source : Insee, Enquête Emploi en Continu 2023-2024.

Figure 1Différences d’accès et de recours au télétravail selon la catégorie socio-professionnelle des salariés

  • Lecture : En moyenne sur les années 2023-2024, 76 % des cadres salariés habitant en Auvergne-Rhône-Alpes déclarent qu’ils ont un emploi compatible avec le télétravail. Parmi eux, 74 % télétravaillent, ce qui correspond à 56 % de l’ensemble des cadres salariés.
  • Champ : Salariés de 15 à 64 ans résidant en Auvergne-Rhône-Alpes.
  • Source : Insee, Enquête Emploi en Continu 2023-2024.

La structure de l’emploi dans la région n’est pas la même qu’en France de province, et elle explique en grande partie pourquoi le télétravail y est plus fréquent. Les salariés sont notamment plus souvent des cadres (24 % contre 19 %) et un peu moins souvent des ouvriers (21 % contre 23 %).

Alors que plus de la moitié des cadres télétravaille, cette proportion dépasse 64 % dans les activités spécialisées scientifiques et techniques et dans les activités financières et d’assurance. Ils sont même 80 % à télétravailler dans l’informatique-communication, où les outils de travail s’y prêtent particulièrement. Le télétravail est d’ailleurs plus intense dans ces activités : 77 % des cadres qui télétravaillent dans l’informatique ou la communication le pratiquent au moins deux jours par semaine, contre 54 % en moyenne pour les cadres.

Deux télétravailleurs salariés sur trois exercent dans l’industrie manufacturière, le commerce, l’informatique-communication, les activités spécialisées et techniques ou l’administration publique. Ce dernier secteur est peu marqué par le télétravail des cadres, mais les professions intermédiaires et les employés y télétravaillent plus qu’en moyenne (respectivement 50 % et 15 % d’entre eux).

Le télétravail découle principalement de la compatibilité des emplois

Par construction, le profil des télétravailleurs est très proche du profil des salariés dont l’emploi est compatible avec ce mode de travail (figure 2). Cependant, la possibilité théorique ne suffit pas. La décision de télétravailler lorsque son emploi le permet peut résulter d’un choix personnel, d’un choix de l’employeur et des accords d’entreprise.

Figure 2Télétravail selon les caractéristiques des salariés et des emplois

(en %)
Télétravail selon les caractéristiques des salariés et des emplois ((en %)) - Lecture : En moyenne sur les années 2023-2024, 22 % des salariés du secteur privé télétravaillent et 35 % déclarent que leur emploi est compatible avec ce mode de travail.
Caractéristiques Taux de télétravail Proportion d’emplois compatibles
Secteur privé 22 35
Fonction publique
État 26 40
Territoriale 17 32
Hospitalière 9 17
15-24 ans 8 18
25-49 ans 26 40
50-64 ans 18 29
Occupe son emploi depuis moins d’un an 14 27
Occupe son emploi depuis au moins un an 23 36
Temps partiel 12 23
Temps complet 24 37
Entreprise de moins de 50 personnes 14 26
Entreprise de 50 personnes ou plus 30 44
Habitant d’une commune de densité intermédiaire ou d’une commune rurale 18 29
Habitant d’une commune dense 29 43
  • Note : Au niveau national on remarque que les femmes salariés télétravaillent plus souvent que les hommes. Néanmoins, au niveau régional la taille de l’échantillon disponible ne permet pas de commenter ce résultat.
  • Lecture : En moyenne sur les années 2023-2024, 22 % des salariés du secteur privé télétravaillent et 35 % déclarent que leur emploi est compatible avec ce mode de travail.
  • Champ : Salariés de 15 à 64 ans résidant en Auvergne-Rhône-Alpes.
  • Source : Insee, Enquête Emploi en Continu 2023-2024.

Les salariés en emploi depuis moins d’un an pratiquent peu le télétravail, leurs emplois étant moins souvent compatibles. La moitié d’entre eux a un contrat court (CDD, intérim), ce qui est régulièrement associé à des catégories socioprofessionnelles et à des secteurs dans lesquels le télétravail n’est pas envisageable. Cependant, il reste un écart lorsque les emplois sont compatibles car de nombreux employeurs imposent une période sans télétravail lors d’une prise de poste : 51 % des salariés en emploi depuis moins d’un an pratiquent effectivement le télétravail contre 66 % des autres. Pour autant, la période sans télétravail semble plus courte pour les cadres, et il n’y a pas de différence significative entre le taux de recours des cadres selon qu’ils sont en emploi depuis plus ou moins d’un an.

En général, le télétravail est aussi lié à la taille de l’entreprise. Ainsi, dans les entreprises de 50 personnes ou plus, 69 % des salariés avec un emploi compatible pratiquent le télétravail, contre 54 % pour les entreprises de taille inférieure.

La localisation des lieux de résidence et de travail est un autre élément qui entre en compte. Parmi les salariés d’Auvergne-Rhône-Alpes ayant un emploi compatible avec le télétravail, 78 % de ceux qui travaillent à l'étranger ou dans un autre département que celui de leur lieu de résidence le pratiquent effectivement. Lorsque les salariés habitent dans le même département que leur lieu de travail, ils ne sont que 59 % à y avoir recours.

Le télétravail reste minoritaire parmi les salariés

Quatre salariés sur cinq ne télétravaillent pas. En particulier, 66 % des salariés déclarent que leur emploi n’est pas compatible avec ce mode de travail. Il y a donc plusieurs réalités différentes : d’une part, des salariés, souvent des cadres, concernés par le télétravail et tous les changements organisationnels que cela implique (pour le salarié ou l’entreprise, en termes d’aménagement de transport ...) ; et d’autre part, des salariés qui n’y ont pas accès, comme la plupart des ouvriers, les salariés de l’hébergement-restauration ou encore les salariés du domaine de la santé humaine et de l’action sociale [Privas, Roy, 2024, pour en savoir plus (1)].

Pour les 14 % de salariés qui ne télétravaillent pas alors que leur emploi le permettrait, 68 % affirment qu’ils n’ont pas souhaité le faire dans les quatre semaines précédant l’enquête. Pour les autres, la moitié n’a pas pu télétravailler à cause d’un refus de l’employeur et l’autre moitié évoque d’autres raisons.

Publication rédigée par :Cléo Borel Herbert, Christophe Privas (Insee)
Publication rédigée par :Cléo Borel Herbert, Christophe Privas (Insee)

Sources

À partir de 2021, les salariés interrogés dans l’enquête Emploi en continu répondent à plusieurs questions sur le télétravail, telles que la fréquence, le souhait et la possibilité de le pratiquer. L’enquête est menée en continu, sur l’ensemble des semaines de l’année, en France hors Mayotte. Chaque trimestre, environ 90 000 personnes de 15 ans ou plus vivant en logement ordinaire (c’est-à-dire hors foyers, hôpitaux, prisons, etc.) décrivent leur situation au cours d’une semaine donnée, dite « de référence ».

Définitions

Le télétravail consiste à réaliser des tâches qui auraient pu être exécutées sur le lieu habituel de travail, hors des locaux de son employeur, pendant ses horaires habituels de travail, en utilisant les technologies de l’information et de la communication (TIC).

On définit le taux de recours au télétravail comme le rapport entre le nombre de personnes qui télétravaillent et le nombre de personnes qui déclarent que leur emploi est compatible avec ce mode de travail.

Une précédente étude [Privas, Roy, 2024, pour en savoir plus (1)] estimait la part d’emplois télétravaillables en Auvergne-Rhône-Alpes à 38 % des emplois. Cette estimation était basée sur une classification établie à partir des nomenclatures des professions et non, comme ici, sur les déclarations des travailleurs eux-mêmes dans l’enquête Emploi. De plus, l’étude portait sur l’ensemble des emplois tandis que celle-ci se concentre uniquement sur les salariés.

Pour en savoir plus

(1) Privas C., Roy B., « Près de quatre emplois sur dix sont compatibles avec le télétravail », Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes no 182, novembre 2024.

(2) Askenazy P., Di Nallo U., Ramajo I., Thiounn C., « Télétravail et présentiel : le travail hybride, une pratique désormais bien ancrée dans les entreprises », Insee Analyses no 105, mars 2025.