Insee Flash Ile-de-France ·
Octobre 2025 · n° 105
Un établissement industriel francilien sur deux s’engage pour réduire son impact sur
l’environnement
En 2022, la moitié des établissements industriels d’Île-de-France employant 20 salariés ou plus ont engagé des dépenses pour protéger l’environnement, pour un montant total de 240 millions d’euros. Représentant près de 9 % du total national, ces dépenses prennent principalement la forme d’investissements et, dans une moindre mesure, d’études. Les investissements portent essentiellement sur le développement d’énergies renouvelables et l’amélioration de l’efficience énergétique. Les études traitent majoritairement de la protection de l’air et du climat. En Île-de-France, les établissements du secteur de l’énergie sont ceux qui dépensent le plus en faveur de l’environnement.
- 240 millions d’euros engagés pour la protection de l’environnement
- Deux tiers des dépenses régionales pour protéger l’environnement sont réalisées dans le secteur de l’énergie
- Près de la moitié des dépenses sont investies afin de réaliser des économies d’énergie ou de développer le recours aux énergies renouvelables
- Deux tiers des investissements spécifiques ont pour objet le pré-traitement, l’élimination et le traitement des rejets polluants
- Encadré - Réglementations environnementales et incitations gouvernementales
240 millions d’euros engagés pour la protection de l’environnement
En 2022, la moitié des établissements industriels d’Île-de-France employant 20 salariés ou plus ont engagé des dépenses destinées à réduire l’impact de leur activité sur l’environnement et à favoriser une gestion durable des ressources naturelles. Cette part est un peu moins élevée qu’au niveau national où 58 % de ces établissements ont engagé ce type de dépenses. Les établissements industriels franciliens ont ainsi dépensé 239,8 millions d’euros, soit 8,8 % du total national. Au sein des établissements ayant réalisé des dépenses antipollution, le montant moyen dépensé par salarié en Île-de-France est proche de celui observé en France (environ 1 750 euros).
Les normes environnementales liées à la production industrielle et les mesures d’accompagnement orientent les dépenses en vue de protéger l’environnement (encadré). Ainsi, les motivations mises en avant par les établissements franciliens qui engagent ce type de dépenses sont d’abord liées à des obligations réglementaires (72 %), puis à un engagement sociétal (52 %), un intérêt économique (50 %) ou un avantage fiscal (38 %). Par ailleurs, 19 % d’entre eux ont bénéficié d’une aide publique.
Les établissements industriels mettent en œuvre deux types de dépenses pour protéger l’environnement : des investissements, d’une part, et des études, d’autre part. Les investissements constituent l’essentiel de la dépense régionale (près de 80 %, soit 190,5 millions d’euros en 2022). Ils ont été réalisés par 40 % des établissements industriels. Deux types d’investissements sont distingués. Les premiers, dits spécifiques, correspondent à des achats de matériels entièrement dédiés à la protection de l’environnement (bassins de traitement des eaux usées, systèmes de collecte permettant le recyclage des déchets, filtres limitant l’émission dans l’atmosphère de substances polluantes, etc.). Ils représentent 87 % des dépenses d’investissement régionales. Les seconds, dits intégrés, consistent en l’acquisition d’équipements de production moins polluants, pour lesquels seul le surcoût lié à la meilleure performance environnementale est pris en compte. Un peu moins de 19 % des établissements franciliens ont réalisé uniquement des investissements spécifiques, 6 % ont opté uniquement pour des investissements intégrés, et 15 % ont engagé des dépenses pour les deux types d’investissements.
En dehors des dépenses d’investissement, les établissements engagent des dépenses pour conduire des études. Ces dernières permettent d’évaluer les conséquences de l’activité industrielle sur l’environnement ou de répondre à une obligation réglementaire. En 2022, un tiers des établissements industriels franciliens ont réalisé au moins une étude, pour un montant total de 49,3 millions d’euros. Les trois quarts de ce montant ont été consacrés en Île-de-France à des études en prévision d’un investissement, les autres étant des études réglementaires. Par ailleurs, un quart des établissements industriels franciliens ont mis en œuvre à la fois un investissement et une étude.
Deux tiers des dépenses régionales pour protéger l’environnement sont réalisées dans le secteur de l’énergie
Le secteur de l’énergie est de loin le secteur industriel qui dépense le plus dans la protection de l’environnement en Île-de-France : 155 millions d’euros y sont consacrés, soit 64 % de la dépense régionale contre 24 % en France (figure 1). L’Île-de-France est, à cet égard, atypique. Ce secteur ne représente pourtant que 20 % des salariés franciliens travaillant dans l’industrie, mais le montant moyen dépensé par salarié (4 300 euros) y est nettement supérieur à celui des autres secteurs industriels (840 euros).
A contrario, les secteurs comme l’industrie agroalimentaire ou la métallurgie ne réalisent chacun que 3,2 % de la dépense de protection de l’environnement en Île-de-France, soit nettement moins qu’à l’échelle nationale (respectivement 17 % et 14 %).
tableauFigure 1 – Répartition des établissements industriels et de leurs dépenses pour protéger l’environnement en Île-de-France et en France, par secteur d’activité, en 2022
Secteur d’activité | Proportion d’établissements | Part des dépenses | ||
---|---|---|---|---|
En Île-de-France | En France | En Île-de-France | En France | |
Énergie | 9,1 | 6,0 | 64,4 | 23,8 |
Autres industries | 24,7 | 23,9 | 6,1 | 9,2 |
Caoutchouc, plastique et minéraux | 8,5 | 10,5 | 6,1 | 8,9 |
Industries chimique et pharmaceutique | 7,8 | 5,4 | 6,1 | 13,1 |
Matériels de transport | 1,8 | 4,4 | 5,6 | 4,7 |
Matériel informatique, électronique, optique, électrique, machines et équipements n.c.a. | 17,9 | 12,9 | 3,8 | 4,6 |
Métallurgie et fabrication de produits métalliques | 13,0 | 17,2 | 3,2 | 13,8 |
Industries agroalimentaires | 15,4 | 18,7 | 3,2 | 16,8 |
Industries extractives et production de combustibles et de carburants | 1,8 | 1,0 | 1,5 | 5,1 |
Ensemble | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
- Lecture : En 2022, 9,1 % des établissements industriels franciliens réalisant des dépenses pour protéger l’environnement appartiennent au secteur de l’énergie. Ce secteur est à l’origine de 64,4 % des dépenses pour protéger l’environnement en Île-de-France.
- Champ : France, industries extractives et manufacturières (y compris artisanat commercial) et énergie, établissements de 20 salariés ou plus.
- Source : Insee, Enquête sur les investissements dans l'industrie pour protéger l'environnement (Antipol) 2022.
graphiqueFigure 1 – Répartition des établissements industriels et de leurs dépenses pour protéger l’environnement en Île-de-France et en France, par secteur d’activité, en 2022

- Lecture : En 2022, 9,1 % des établissements industriels franciliens réalisant des dépenses pour protéger l’environnement appartiennent au secteur de l’énergie. Ce secteur est à l’origine de 64,4 % des dépenses pour protéger l’environnement en Île-de-France.
- Champ : France, industries extractives et manufacturières (y compris artisanat commercial) et énergie, établissements de 20 salariés ou plus.
- Source : Insee, Enquête sur les investissements dans l'industrie pour protéger l'environnement (Antipol) 2022.
Près de la moitié des dépenses sont investies afin de réaliser des économies d’énergie ou de développer le recours aux énergies renouvelables
En 2022, en Île-de-France, comme au niveau national, près de la moitié des investissements antipollution sont réalisés dans le domaine de l’énergie. Ainsi, 30 % des investissements franciliens visent à produire de l’énergie à partir d’une source renouvelable et 17 % à améliorer l’efficacité énergétique dans le processus de production (figure 2). Cela contribue à décarboner l’industrie et à alléger la facture énergétique des établissements industriels. Les investissements dans le domaine des économies d’énergie sont le fait de près d’un quart des établissements industriels franciliens. En revanche, ceux dans les énergies renouvelables sont beaucoup plus concentrés puisque seuls 5,1 % des établissements industriels franciliens en réalisent.
Dans la région comme au niveau national, 12 % des établissements investissent dans la gestion de l’eau. Ce domaine constitue le troisième poste principal de dépenses d’investissement (15 % de la dépense d’investissement francilienne contre 16 % de la dépense d’investissement nationale). Si la collecte des déchets n’est que le sixième poste en part des dépenses d’investissement, elle est le deuxième domaine qui concerne le plus d’établissements (21 % des établissements industriels franciliens).
Les études préalables à un investissement peuvent être réalisées dans différents domaines. En Île-de-France, c’est le domaine de la protection de l’air et du climat qui concentre la plus forte dépense régionale (40 % contre 24 % au niveau national). Par ailleurs, les études en vue de réaliser des économies d’énergie ne représentent que 8 % de ces dépenses et celles sur les énergies renouvelables, 7 %. Ces niveaux sont nettement inférieurs à ceux observés en France entière (18 % et 10 %). Le domaine d’étude en vue d’un investissement qui concerne le plus d’établissements franciliens est, comme au niveau national, la collecte et le traitement des déchets (11 % des établissements industriels franciliens).
La moindre part des dépenses d’investissement ou d’études en Île-de-France s’explique en partie par le faible nombre d’établissements industriels catégorisés comme installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Ces ICPE représentent 30 % du tissu industriel francilien contre 45 % au niveau national.
tableauFigure 2 – Répartition des dépenses antipollution par domaine et type, en Île-de-France et en France en 2022
Domaine | Études préalables à un investissement | Investissement total | ||
---|---|---|---|---|
Île-de-France | France | Île-de-France | France | |
Énergies renouvelables | 7,1 | 10,1 | 30,4 | 19,9 |
Économies d’énergie | 8,0 | 18,3 | 17,1 | 25,3 |
Eaux usées et meilleure gestion de l’eau | 6,9 | 14,7 | 15,0 | 15,6 |
Sites, paysages et biodiversité | 0,6 | 2,5 | 11,3 | 5,5 |
Protection de l’air et du climat | 39,8 | 24,4 | 9,0 | 15,1 |
Collecte et traitement des déchets | 5,4 | 7,0 | 7,4 | 7,7 |
Sols, eaux souterraines et de surface | 0,5 | 4,2 | 5,3 | 8,6 |
Autres domaines* | 30,9 | 17,1 | 3,6 | 1,0 |
Bruits et vibrations | 0,8 | 1,7 | 0,9 | 1,3 |
Ensemble | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
- * Contient les dépenses réalisées dans le domaine de la réduction des gaz à effets de serre.
- Lecture : En Île-de-France, les dépenses dans le domaine des énergies renouvelables représentent 7,1 % des dépenses totales des études préalables à un investissement et 30,4 % des investissements pour protéger l’environnement, contre respectivement 10,1 % et 19,9 % en France.
- Champ : France, industries extractives et manufacturières (y compris artisanat commercial) et énergie, établissements de 20 salariés ou plus ; dépenses liées aux études réglementaires exclues.
- Source : Insee, Enquête sur les investissements dans l'industrie pour protéger l'environnement (Antipol) 2022.
graphiqueFigure 2 – Répartition des dépenses antipollution par domaine et type, en Île-de-France et en France en 2022

- * Contient les dépenses réalisées dans le domaine de la réduction des gaz à effets de serre.
- Lecture : En Île-de-France, les dépenses dans le domaine des énergies renouvelables représentent 7,1 % des dépenses totales des études préalables à un investissement et 30,4 % des investissements pour protéger l’environnement, contre respectivement 10,1 % et 19,9 % en France.
- Champ : France, industries extractives et manufacturières (y compris artisanat commercial) et énergie, établissements de 20 salariés ou plus ; dépenses liées aux études réglementaires exclues.
- Source : Insee, Enquête sur les investissements dans l'industrie pour protéger l'environnement (Antipol) 2022.
Deux tiers des investissements spécifiques ont pour objet le pré-traitement, l’élimination et le traitement des rejets polluants
Hormis ceux relatifs aux énergies renouvelables et aux économies d’énergie, les investissements spécifiques peuvent s’analyser selon leur finalité ou leur nature (figure 3). Un peu moins des deux tiers des investissements spécifiques consistent, en Île-de-France, à effectuer le pré-traitement, le traitement et l’élimination de la pollution et près d’un quart visent à la prévention de la pollution. Enfin, la valorisation des rejets polluants ainsi que la mesure et le contrôle représentent chacune 6 % des investissements spécifiques régionaux.
tableauFigure 3 – Répartition des dépenses des établissements industriels dans des investissements spécifiques pour protéger l’environnement, par nature, en 2022
Nature | Île-de-France | France |
---|---|---|
Pré-traitement, élimination et traitement | 64,3 | 60,0 |
Prévention des pollutions | 23,8 | 28,8 |
Valorisation | 6,3 | 5,8 |
Mesure et contrôle | 5,6 | 5,4 |
Ensemble | 100,0 | 100,0 |
- Lecture : En Île-de-France, 64,3 % des dépenses d’investissement spécifique pour protéger l’environnement ont pour nature le pré-traitement, l’élimination et le traitement de la pollution contre 60,0 % en France.
- Champ : France, industries extractives et manufacturières (y compris artisanat commercial) et énergie, établissements de 20 salariés ou plus ; investissements spécifiques hors domaines des économies d’énergie et des énergies renouvelables.
- Source : Insee, Enquête sur les investissements dans l'industrie pour protéger l'environnement (Antipol) 2022.
graphiqueFigure 3 – Répartition des dépenses des établissements industriels dans des investissements spécifiques pour protéger l’environnement, par nature, en 2022

- Lecture : En Île-de-France, 64,3 % des dépenses d’investissement spécifique pour protéger l’environnement ont pour nature le pré-traitement, l’élimination et le traitement de la pollution contre 60,0 % en France.
- Champ : France, industries extractives et manufacturières (y compris artisanat commercial) et énergie, établissements de 20 salariés ou plus ; investissements spécifiques hors domaines des économies d’énergie et des énergies renouvelables.
- Source : Insee, Enquête sur les investissements dans l'industrie pour protéger l'environnement (Antipol) 2022.
Encadré - Réglementations environnementales et incitations gouvernementales
La prise en compte des enjeux environnementaux liés à l’activité industrielle est à l’origine de la mise en place de diverses réglementations environnementales et fait l’objet d’incitations gouvernementales. Ainsi, la directive CS3D (Corporate Sustainability Due Diligence Directive) impose aux entreprises d’évaluer et d’atténuer les impacts négatifs de leurs activités sur l’environnement et sur les droits humains. En outre, des mécanismes comme les certificats d’économies d’énergie (CEE) ou les subventions des agences de l’eau encouragent les industriels à adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement. Le plan de décarbonation industriel annoncé en 2023 prévoit des aides ciblées pour accélérer les transitions énergétiques et environnementales. Ces politiques publiques visent à l’alignement des objectifs de l’industrie en France avec les enjeux climatiques globaux. Dans ce cadre, le plan France 2030 soutient la transition écologique en investissant dans des technologies innovantes et en favorisant la décarbonation de l’industrie. Enfin, à l’échelle régionale, le schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation 2022-2028 (SRDEII) y concourt également à travers un engagement massif dans la décarbonation des entreprises et vise à « être leader dans les innovations stratégiques au service de la décarbonation de l’industrie ».
Sources
L’enquête Antipol est une enquête annuelle adossée à un règlement européen permettant d’actualiser la connaissance sur le montant et la nature des études et des investissements pour protéger l’environnement. Ces dépenses peuvent être réalisées à l’initiative de l’établissement ou pour respecter la législation en vigueur. L’enquête couvre l’ensemble des établissements actifs de 20 salariés ou plus appartenant à l’industrie extractive, manufacturière ainsi qu’à la production d’électricité (sections B, C et D de la NAF rév. 2).
Pour en savoir plus
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(2) Vuillemin T., « Les dépenses antipollution dans l’industrie en 2023 - Les investissements pour réduire l’impact environnemental augmentent de plus de 10 % pour la deuxième année consécutive », Insee Première no 2071, septembre 2025.
(3) Novella S., Oujia S., « Six établissements industriels sur dix engagent des dépenses pour réduire leur impact sur l’environnement », Insee Flash Provence-Alpes-Côte d’Azur no 112, mai 2025.
(4) Vuillemin T., « Dépenses antipollution dans l’industrie en 2022 - Un établissement sur cinq ayant engagé une dépense pour réduire son impact sur l’environnement a bénéficié d’une aide publique », Insee Focus no 334, octobre 2024.