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Insee Focus · Septembre 2025 · n° 362
Insee FocusCréations d’emplois par catégorie d’entreprises entre 2012 et 2022 Des créations d’emplois portées surtout par les microentreprises et les PME

Mathieu Boittelle (Insee)

Entre 2012 et 2022, dans le secteur marchand non agricole, le nombre d’emplois salariés a augmenté dans toutes les catégories d’entreprises. Ces évolutions se décomposent en deux effets : les créations nettes d’emplois par catégorie d’entreprises d’une part, le transfert d’emplois entre catégories d’autre part via des changements de taille des entreprises ou via des opérations de rachats ou de cessions.

Les microentreprises, les petites et moyennes entreprises et celles de taille intermédiaire créent dans leurs établissements 1,9 million d’emplois salariés en France sur la période. Les microentreprises en créent près de la moitié, mais beaucoup d’entre elles changent de catégorie à la suite de leur croissance ou de leur rachat par des entreprises de plus grande taille, si bien que les effectifs salariés de cette catégorie augmentent peu finalement. Dans le même temps, les effectifs salariés dans les grandes entreprises augmentent sur la période bien qu’elles suppriment 173 000 emplois dans leurs établissements : les pertes d’emplois sont plus que compensées par des fusions-acquisitions ou des rachats d’établissements appartenant à de plus petites entreprises.

Dans quatre zones d’emploi sur cinq, on observe une création nette d’emplois. Les suppressions nettes ont lieu en dehors des grandes agglomérations.

Insee Focus
No 362
Paru le :Paru le24/09/2025

16,8 millions de salariés dans 1,7 million d’établissements employeurs

En 2022, en France, les 5,2 millions d’ des secteurs marchands hors agriculture emploient 16,8 millions de salariés à travers 1,7 million d’établissements employeurs.

Les entreprises sont constituées d’un ou plusieurs établissements locaux, dont la vie peut être affectée par divers événements : croissance ou décroissance de l’emploi, créations, cessations, cessions, etc. (sources). Ces événements démographiques peuvent modifier la taille des entreprises auxquelles ces établissements appartiennent, et les conduire à changer de , parmi les quatre existantes définies dans le décret d’application de la loi de modernisation de l’économie : , hors microentreprises, et .

En 2022, on compte environ 350 GE employant 4,6 millions de salariés, un peu plus de 7 000 ETI employant 4,2 millions de salariés, près de 180 000 PME employant 5,0 millions de salariés et environ 5 millions de microentreprises employant 3,1 millions de salariés.

173 000 emplois supprimés en dix ans dans les grandes entreprises

Entre 2012 et 2022, les microentreprises, les PME et les ETI créent dans leurs établissements respectivement 870 000, 654 800 et 346 300 emplois salariés, soit 1,9 million au total, alors que les grandes entreprises en suppriment 173 400 (figure 1, méthodes). Les créations et suppressions sont mesurées grâce à l’approche dite « dynamique », qui consiste à observer les variations d’effectifs au sein des établissements, et non à partir de la seule comparaison entre deux dates des stocks d’emplois par catégories d’entreprises, qui conduit à inclure l’impact des changements de catégorie, que ce soit par changement de taille ou par absorption ou cession d’établissements (encadré).

Figure 1 – Créations ou suppressions d’emplois salariés dans les établissements entre 2012 et 2022

en nombre d’emplois
Figure 1 – Créations ou suppressions d’emplois salariés dans les établissements entre 2012 et 2022 (en nombre d’emplois) - Lecture : Entre 2012 et 2022, 869 965 emplois salariés sont créés par les microentreprises : 484 355 dans les établissements pérennes (solde des emplois créés et supprimés) et 385 610 dans les établissements créés ou disparus sur la période.
Catégorie Solde des emplois des établissements pérennes Solde des emplois des établissements créés ou disparus Ensemble
Grandes entreprises -282 466 109 068 -173 398
Entreprises de taille intermédiaire (ETI) 134 176 212 148 346 324
Petites et moyennes entreprises (PME) 500 475 154 347 654 822
Microentreprises 484 355 385 610 869 965
  • Notes : La catégorie des PME n’inclut pas les microentreprises. Les créations et suppressions d’emplois dues aux changements de catégorie des entreprises ne sont pas comptabilisées.
  • Lecture : Entre 2012 et 2022, 869 965 emplois salariés sont créés par les microentreprises : 484 355 dans les établissements pérennes (solde des emplois créés et supprimés) et 385 610 dans les établissements créés ou disparus sur la période.
  • Champ : France hors Mayotte, entreprises non agricoles, emploi salarié.
  • Source : Insee, Clap, Flores, Lifi.

Figure 1 – Créations ou suppressions d’emplois salariés dans les établissements entre 2012 et 2022

  • Notes : La catégorie des PME n’inclut pas les microentreprises. Les créations et suppressions d’emplois dues aux changements de catégorie des entreprises ne sont pas comptabilisées.
  • Lecture : Entre 2012 et 2022, 869 965 emplois salariés sont créés par les microentreprises : 484 355 dans les établissements pérennes (solde des emplois créés et supprimés) et 385 610 dans les établissements créés ou disparus sur la période.
  • Champ : France hors Mayotte, entreprises non agricoles, emploi salarié.
  • Source : Insee, Clap, Flores, Lifi.

Les microentreprises et les ETI créent des emplois à la fois au sein des établissements pérennes et via la création de nouveaux établissements. Les PME créent surtout des emplois dans les établissements pérennes. Pour les grandes entreprises, la suppression nette d’emplois provient des établissements existants (y compris fusions-acquisitions et rachats), alors que la création d’établissements fait plus que compenser la perte d’emploi due aux établissements disparus.

Sur cette décennie, trois périodes se distinguent par leurs dynamiques spécifiques. En 2013 et 2014, les effets de la crise économique de 2009 se sont prolongés : 110 900 emplois ont été supprimés au total, principalement dans les grandes entreprises (-94 800). De 2015 à 2019, la reprise a été franche : 867 100 emplois ont été créés, dont 345 300 dans les microentreprises, 337 900 dans les PME, et 205 700 dans les ETI. Pour les grandes entreprises, le solde d’emploi est resté équilibré. Enfin, malgré une interruption brutale pendant la crise sanitaire, 941 500 emplois ont été créés depuis 2020 : le rythme des créations s’accélère surtout dans les établissements des microentreprises (+525 200), des PME (+330 500), et dans une moindre mesure dans ceux des ETI (+142 600), alors que les établissements des grandes entreprises suppriment à nouveau des emplois (-56 800).

Des créations d’emplois dans quatre zones d’emploi sur cinq

Entre 2012 et 2022, des emplois sont créés dans quatre sur cinq. Les grandes agglomérations connaissent presque toutes une évolution positive. Sur l’ensemble des vingt plus grandes zones d’emploi, toutes les catégories d’entreprises participent aux créations (+458 200 dans les microentreprises, +384 900 dans les PME, +232 000 dans les ETI), même si la contribution des grandes entreprises est faible (+6 000). Parmi ces vingt plus grandes zones d’emplois, l’emploi salarié stagne uniquement à Versailles‑Saint‑Quentin.

Plus de la moitié du total des créations d’emploi entre 2012 et 2022 est concentrée sur dix zones d’emploi (Paris, Lyon, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Lille, Montpellier, Rennes, Aix‑en‑Provence, Marseille) avec 918 200 emplois créés, alors qu’elles ne regroupent qu’un peu plus d’un tiers des salariés en fin de période. Dans chacune de ces zones, l’essentiel des créations provient des microentreprises (+358 300 au total), des PME (+320 200) et des ETI (+208 100) (figure 2). Les évolutions sont plus contrastées dans les grandes entreprises (+31 600 au total), avec des suppressions d’emplois dans trois de ces dix zones d’emploi.

Figure 2a – Créations et suppressions d’emplois salariés dans les grandes entreprises par zone d’emploi entre 2012 et 2022

en nombre d’emplois
Figure 2a – Créations et suppressions d’emplois salariés dans les grandes entreprises par zone d’emploi entre 2012 et 2022 (en nombre d’emplois) - Lecture : Entre 2012 et 2022, dans la zone d’emploi de Toulouse, les grandes entreprises ont créé 11 414 emplois salariés.
Code de la zone d’emploi Libellé de la zone d’emploi Créations ou suppressions nettes d'emplois
0051 Alençon -841
0052 Arles -56
0053 Avignon -2 804
0054 Beauvais -1 949
0055 Bollène-Pierrelatte -153
0056 Cosne-Cours-sur-Loire -28
0057 Dreux -384
0058 La Vallée de la Bresle-Vimeu -676
0059 Mâcon -889
0060 Nevers -1 637
0061 Nogent-le-Rotrou -653
0062 Redon -1 083
0063 Ussel -414
0064 Valréas -26
0101 Côte sous le vent -24
0102 Est Grande Terre 0
0103 Marie-Galante -16
0104 Région Pointoise -786
0105 Sud Basse-Terre -160
0201 Le Centre-Atlantique -106
0202 Le Centre agglomération -1 014
0203 Le Nord-Atlantique -27
0204 Le Nord-Caraibe -67
0205 Le Sud -39
0206 Le Sud-Caraibe -53
0301 Est-littoral 179
0302 Ouest-Guyanais 27
0303 Savanes -162
0401 L'Est -267
0402 L'Ouest 303
0403 Le Nord -621
0404 Le Sud -72
0601 Mayotte nd
1101 Cergy-Vexin -1 921
1102 Coulommiers 353
1103 Etampes -1 249
1104 Evry 1 181
1105 Fontainebleau-Nemours -444
1106 Marne-la-Vallée 5 465
1107 Meaux -998
1108 Melun -1 524
1109 Paris -9 348
1110 Provins -340
1111 Rambouillet -767
1112 Roissy -6 859
1113 Saclay 1 999
1114 Seine-Yvelinoise -6 622
1115 Versailles-Saint-Quentin -7 786
2401 Blois -778
2402 Bourges -893
2403 Chartres -1 894
2404 Châteaudun -230
2405 Châteauroux -1 332
2406 Chinon -213
2407 Gien -231
2408 Loches -490
2409 Montargis -1 145
2410 Orléans -1 254
2411 Pithiviers -131
2412 Romorantin-Lanthenay -612
2413 Tours -1 877
2414 Vendôme -177
2415 Vierzon -447
2701 Autun -277
2702 Auxerre -1 676
2703 Avallon -281
2704 Beaune -99
2705 Belfort -1 573
2706 Besançon -1 530
2707 Chalon-sur-Saône -913
2708 Charolais -1 183
2709 Châtillon-Montbard -154
2710 Creusot-Montceau -47
2711 Dijon -3 913
2712 Dole -133
2713 Lons-le-Saunier -513
2714 Montbéliard -5 509
2715 Pontarlier -223
2716 Saint-Claude -137
2717 Sens -687
2718 Vesoul -2 081
2801 Argentan -64
2802 Avranches -246
2803 Bernay -258
2804 Caen -2 589
2805 Cherbourg en Cotentin 2 125
2806 Coutances -126
2807 Dieppe-Caux maritime -388
2808 Evreux -1 012
2809 Flers -658
2810 Granville -153
2811 Honfleur Pont-Audemer -599
2812 L'Aigle -141
2813 Le Havre -3 787
2814 Lisieux -149
2815 Rouen -3 767
2816 Saint-Lô -427
2817 Vernon-Gisors -1 099
2818 Vire Normandie -36
2819 Yvetot-Vallée du Commerce -266
3201 Abbeville -134
3202 Amiens -1 015
3203 Arras 468
3204 Berck -373
3205 Béthune -1 547
3206 Boulogne-sur-Mer -719
3207 Calais -1 398
3208 Cambrai -240
3209 Château-Thierry -122
3210 Compiègne -1 238
3211 Creil 686
3212 Douai -844
3213 Dunkerque -1 644
3214 Laon -473
3215 Lens -1 259
3216 Lille 10 943
3217 Maubeuge -1 170
3218 Roubaix-Tourcoing -1 737
3219 Saint-Omer -1 081
3220 Saint-Quentin -1 969
3221 Soissons -770
3222 Valenciennes -1 913
4401 Bar-le-Duc 194
4402 Châlons-en-Champagne -1 884
4403 Charleville-Mézières -780
4404 Chaumont -796
4405 Colmar -730
4406 Épernay -236
4407 Épinal -1 680
4408 Forbach -480
4409 Haguenau -981
4410 Metz -3 444
4411 Mulhouse -7 043
4412 Nancy -4 602
4413 Reims -1 455
4414 Remiremont -546
4415 Romilly-sur-Seine -729
4416 Saint-Avold -1 135
4417 Saint-Dié-des-Vosges -962
4418 Saint-Louis 56
4419 Sarrebourg -453
4420 Sarreguemines -514
4421 Sedan -523
4422 Sélestat -311
4423 Strasbourg -967
4424 Thionville -3 098
4425 Troyes -2 023
4426 Verdun -434
4427 Vitry-le-François Saint-Dizier -774
5201 Ancenis -571
5202 Angers -1 639
5203 Challans -43
5204 Château-Gontier 59
5205 Châteaubriant 44
5206 Cholet -175
5207 Fontenay-le-Comte 8
5208 La Ferté-Bernard -97
5209 La Flèche -352
5210 La Roche-sur-Yon -944
5211 Laval 36
5212 Le Mans -2 120
5213 Les Herbiers-Montaigu 767
5214 Les Sables-d'Olonne -72
5215 Mayenne -184
5216 Nantes 7 824
5217 Pornic -36
5218 Sablé-sur-Sarthe 543
5219 Saint-Nazaire 1 573
5220 Saumur -398
5221 Segré-en-Anjou Bleu 37
5301 Auray -590
5302 Brest 2 301
5303 Carhaix-Plouguer -576
5304 Dinan -164
5305 Fougères 144
5306 Guingamp -80
5307 Lamballe-Armor 568
5308 Lannion -1 297
5309 Lorient -1 401
5310 Morlaix -1 243
5311 Ploërmel -53
5312 Pontivy-Loudéac -78
5313 Quimper -13
5314 Quimperlé 1 641
5315 Rennes 1 264
5316 Saint-Brieuc -699
5317 Saint-Malo -214
5318 Vannes -614
5319 Vitré 724
7501 Agen -652
7502 Angoulême -263
7503 Bayonne -1 107
7504 Bergerac 152
7505 Bordeaux 6 777
7506 Bressuire -363
7507 Brive-la-Gaillarde -1 277
7508 Châtellerault -348
7509 Cognac -106
7510 Dax -503
7511 Guéret -640
7512 La Rochelle 172
7513 La Teste-de-Buch -9
7514 Langon -172
7515 Lesparre-Médoc -71
7516 Libourne 109
7517 Limoges -2 364
7518 Marmande -305
7519 Mont-de-Marsan -35
7520 Niort -517
7521 Oloron-Sainte-Marie -342
7522 Pau -986
7523 Périgueux -1 132
7524 Poitiers -1 319
7525 Rochefort -87
7526 Royan -168
7527 Saint-Junien -241
7528 Saintes -630
7529 Sarlat-La-Canéda -385
7530 Thouars -13
7531 Tulle -639
7532 Villeneuve-sur-Lot -595
7601 Agde-Pézenas -232
7602 Albi 47
7603 Alès-Le Vigan -900
7604 Auch -664
7605 Bagnols-sur-Cèze -1 204
7606 Béziers -113
7607 Cahors -253
7608 Carcassonne-Limoux -770
7609 Castelsarrasin-Moissac -14
7610 Castres-Mazamet -616
7611 Figeac-Villefranche -241
7612 Foix-Pamiers -398
7613 Mende -246
7614 Millau -364
7615 Montauban 421
7616 Montpellier -229
7617 Narbonne -1 264
7618 Nîmes -1 075
7619 Nord-du-Lot -176
7620 Perpignan -579
7621 Rodez -841
7622 Saint-Gaudens -605
7623 Sète -215
7624 Tarbes-Lourdes -1 500
7625 Toulouse 11 414
8401 Annecy -1 441
8402 Aubenas -451
8403 Aurillac -557
8404 Belley -316
8405 Bourg en Bresse -494
8406 Bourgoin-Jallieu 558
8407 Chambéry -859
8408 Clermont-Ferrand -3 990
8409 Grenoble -5 250
8410 Issoire -463
8411 La Maurienne -321
8412 La Plaine du Forez -336
8413 La Tarentaise 404
8414 La Vallée de l'Arve 677
8415 Le Chablais -213
8416 Le Genevois Français -937
8417 Le Livradois -323
8418 Le Mont Blanc -415
8419 Le Puy-en-Velay -568
8420 Les Sources de la Loire -104
8421 Lyon 1 929
8422 Montélimar -554
8423 Montluçon -1 696
8424 Moulins -1 024
8425 Oyonnax -426
8426 Roanne -625
8427 Romans sur Isère 607
8428 Saint Etienne -4 787
8429 Saint Flour -149
8430 Tarare -293
8431 Valence -1 003
8432 Vichy -55
8433 Vienne-Annonay -1 439
8434 Villefranche-sur-Saône -80
8435 Voiron -253
9301 Aix-en-Provence 8 483
9302 Briançon -121
9303 Brignoles -296
9304 Cannes -2 430
9305 Carpentras -75
9306 Cavaillon -286
9307 Digne-les-Bains -397
9308 Draguignan -220
9309 Fréjus -455
9310 Gap -809
9311 Manosque -332
9312 Marseille -7 433
9313 Martigues-Salon -735
9314 Menton -398
9315 Nice -3 035
9316 Orange -183
9317 Sainte-Maxime -144
9318 Toulon -864
9401 Ajaccio -383
9402 Bastia -288
9403 Calvi -59
9404 Corte -32
9405 Ghisonaccia -45
9406 Porto-Vecchio 157
9407 Propriano -42
  • nd : non disponible.
  • Lecture : Entre 2012 et 2022, dans la zone d’emploi de Toulouse, les grandes entreprises ont créé 11 414 emplois salariés.
  • Champ : France hors Mayotte, entreprises non agricoles, emploi salarié.
  • Source : Insee, Clap, Flores, Lifi.

Figure 2a – Créations et suppressions d’emplois salariés dans les grandes entreprises par zone d’emploi entre 2012 et 2022

  • Lecture : Entre 2012 et 2022, dans la zone d’emploi de Toulouse, les grandes entreprises ont créé 11 414 emplois salariés.
  • Champ : France hors Mayotte, entreprises non agricoles, emploi salarié.
  • Source : Insee, Clap, Flores, Lifi.

Les pertes d’emplois se font donc surtout en dehors des grands pôles urbains. Dans les zones d’emploi où les effectifs sont en baisse, ce sont les grandes entreprises qui contribuent le plus aux suppressions d’emplois, suivies par les ETI. L’emploi dans les PME y est stable, alors que les microentreprises compensent une partie des pertes en créant des emplois salariés.

Les grandes entreprises gagnent des salariés grâce au rachat d’établissements d’entreprises plus petites

Pour chaque catégorie d’entreprises, la variation de l’emploi salarié se décompose en deux effets : l’effet des créations ou suppressions d’emplois salariés et celui des changements de catégorie d’entreprises. Grâce au second effet, les grandes entreprises gagnent 314 300 salariés entre 2012 et 2022, malgré une suppression nette de 173 400 emplois (figure 3). Des flux élevés sont en effet observés des ETI vers les grandes entreprises (+483 200 emplois). Certaines ETI franchissent le seuil de 5 000 salariés et entrent dans la catégorie des grandes entreprises. Surtout, de nombreuses ETI (et dans une moindre mesure des PME) sont rachetées par des grandes entreprises et deviennent alors rattachées à cette catégorie. Le développement des grandes entreprises se réalise souvent ainsi, par de la croissance externe, à travers des rachats ou des fusions-acquisitions.

Figure 3a – Évolution de l’emploi salarié dans les grandes entreprises selon les créations ou suppressions d’emplois et les changements de catégorie entre 2012 et 2022

en nombre d’emplois
Figure 3a – Évolution de l’emploi salarié dans les grandes entreprises selon les créations ou suppressions d’emplois et les changements de catégorie entre 2012 et 2022 (en nombre d’emplois) - Lecture : Entre 2012 et 2022, dans les grandes entreprises, 173 398 emplois salariés ont été supprimés. Dans le cadre de changements de catégorie, 483 239 emplois salariés proviennent d’ETI devenues des grandes entreprises et 2 630 sont perdus du fait des grandes entreprises devenues des microentreprises. Au bout du compte, les grandes entreprises comptent 314 257 emplois salariés de plus en dix ans.
Phénomène observé Évolution
Emplois créés ou supprimés -173 398
Flux avec les microentreprises -2 630
Flux avec les petites et moyennes entreprises (PME) 40 385
Flux avec les entreprises de taille intermédiaire (ETI) 483 239
Variation nette 314 257
  • Notes : La catégorie des PME n’inclut pas les microentreprises. Les effectifs des établissements qui entrent et sortent du champ sur la période ne sont pas représentés. Certaines entreprises sont caractérisées comme grande entreprise en fonction de leur total de bilan ou de leur chiffre d’affaires, et non de leurs seuls effectifs. Il est ainsi possible qu’une grande entreprise devienne une microentreprise (et réciproquement) sur la période, si son total de bilan ou son chiffre d’affaires vient à évoluer fortement.
  • Lecture : Entre 2012 et 2022, dans les grandes entreprises, 173 398 emplois salariés ont été supprimés. Dans le cadre de changements de catégorie, 483 239 emplois salariés proviennent d’ETI devenues des grandes entreprises et 2 630 sont perdus du fait des grandes entreprises devenues des microentreprises. Au bout du compte, les grandes entreprises comptent 314 257 emplois salariés de plus en dix ans.
  • Champ : France hors Mayotte, entreprises non agricoles, emploi salarié.
  • Source : Insee, Clap, Flores, Lifi.

Figure 3a – Évolution de l’emploi salarié dans les grandes entreprises selon les créations ou suppressions d’emplois et les changements de catégorie entre 2012 et 2022

  • Notes : La catégorie des PME n’inclut pas les microentreprises. Les effectifs des établissements qui entrent et sortent du champ sur la période ne sont pas représentés. Certaines entreprises sont caractérisées comme grande entreprise en fonction de leur total de bilan ou de leur chiffre d’affaires, et non de leurs seuls effectifs. Il est ainsi possible qu’une grande entreprise devienne une microentreprise (et réciproquement) sur la période, si son total de bilan ou son chiffre d’affaires vient à évoluer fortement.
  • Lecture : Entre 2012 et 2022, dans les grandes entreprises, 173 398 emplois salariés ont été supprimés. Dans le cadre de changements de catégorie, 483 239 emplois salariés proviennent d’ETI devenues des grandes entreprises et 2 630 sont perdus du fait des grandes entreprises devenues des microentreprises. Au bout du compte, les grandes entreprises comptent 314 257 emplois salariés de plus en dix ans.
  • Champ : France hors Mayotte, entreprises non agricoles, emploi salarié.
  • Source : Insee, Clap, Flores, Lifi.

Si elles perdent des emplois au profit des grandes entreprises, la croissance des ETI est néanmoins alimentée par les catégories d’entreprises inférieures, en particulier par les PME (+804 700 emplois). D’autre part, 346 300 emplois sont créés au sein des ETI. Au total, elles gagnent ainsi 682 800 emplois sur la période.

Les PME perdent des emplois au profit des ETI (et dans une moindre mesure des grandes entreprises), mais en gagnent 689 400 par le jeu des changements de catégorie avec les microentreprises. De fait, de nombreuses microentreprises deviennent des PME, pour l’essentiel à la suite d’une augmentation de leurs effectifs. Les PME créent par ailleurs 654 800 emplois. Finalement, elles gagnent 505 300 emplois entre 2012 et 2022.

Le nombre de salariés dans les microentreprises augmente peu sur dix ans, alors même qu’elles créent beaucoup d’emplois. Les 870 000 créations nettes d’emplois sont en effet compensées par la baisse de 700 300 emplois due aux changements de catégorie. Les microentreprises perdent surtout des emplois au profit des PME. Les échanges avec les ETI et les grandes entreprises sont quant à eux marginaux.

Encadré – Créations et suppressions d’emplois par catégorie d’entreprises : l’approche dynamique

S’il est relativement facile de décrire et de comparer, à une date donnée, les grands ensembles d’entreprises, étudier la dynamique de l’emploi par catégorie d’entreprises est beaucoup plus difficile : la variable étudiée (l’emploi) influe directement sur la variable qui sert à la catégoriser (la catégorie d’entreprises). En effet, quand une entreprise change de catégorie, par exemple de microentreprise à PME parce qu’elle a créé de l’emploi, faut-il attribuer l’augmentation de l’emploi aux microentreprises ou aux PME ? Cette question méthodologique a été largement débattue, notamment aux États-Unis au cours du XXe siècle [Ouvrir dans un nouvel ongletButani et al., 2006]. Plusieurs conventions sont possibles [Bacheré et al., 2021].

Proposée en 1996, l’approche dynamique a rassemblé le plus d’avis favorables dans les débats entre économistes et est donc utilisée dans cette étude. Elle consiste à répartir l’évolution de l’emploi entre les catégories d’entreprises en fonction des seuils les définissant. Par exemple, le seuil déterminant la limite entre les microentreprises et les PME est de 9 salariés. Ainsi, si une microentreprise compte 7 salariés en 2021 et devient une PME de 15 salariés en 2022, alors 2 emplois sont attribués aux créations d’emplois des microentreprises et 6 aux créations des PME. En revanche, si cette microentreprise est rachetée par une PME, il n’y a ni création ni suppression d’emploi : il y a un flux de 7 salariés des microentreprises vers les PME.

Publication rédigée par :Mathieu Boittelle (Insee)

Sources

Les données utilisées proviennent des données de démographie des établissements de 2012 à 2022 (stocks et transferts d’établissements, continuité économique, etc.), enrichies de données sur l’emploi issues des sources Clap (de 2012 à 2015) et Flores (à partir de 2016) et des informations sur le contour des entreprises issues de la source Lifi (liaisons financières) pour calculer les catégories d’entreprises. Des travaux méthodologiques ont été réalisés pour traiter les ruptures de séries et pour gérer au mieux les continuités économiques qui ont affecté des grands groupes (SNCF, La Poste, etc.). L’objectif est d’avoir une approche économique de la démographie des établissements en minimisant les effets administratifs.

Ces données permettent d’obtenir des évolutions d’emploi au niveau des zones d’emploi, en disposant d’informations précises sur les établissements et leur entreprise. Des écarts peuvent apparaître avec les Estimations d’emplois localisées, source de référence sur l’emploi et ses évolutions. Ils s’expliquent par des différences de champ, notamment par la prise en compte des intérimaires dans les estimations d’emplois.

Méthodes

Les créations d’emplois sont le résultat d’un solde positif entre les emplois créés et les emplois supprimés au niveau des établissements. À l’inverse, les suppressions d’emplois sont le résultat d’un solde négatif.

Pour déterminer la catégorie à laquelle une entreprise appartient, les données suivantes, afférentes au dernier exercice comptable clôturé et calculées sur une base annuelle, sont utilisées : l’effectif salarié, le chiffre d’affaires et le total du bilan. Dans cette étude, la catégorie des PME n’inclut pas les microentreprises.

Définitions

L’entreprise est la plus petite combinaison d’unités légales qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant d’une certaine autonomie de décision, notamment pour l’affectation de ses ressources courantes. Une unité légale peut être constituée d’un ou de plusieurs établissements.

Quatre catégories d’entreprises sont définies dans le décret d’application de la loi de modernisation de l’économie (décret no 2008‑1354) pour les besoins de l’analyse statistique et économique : les petites et moyennes entreprises dont les microentreprises, les entreprises de taille intermédiaire et les grandes entreprises.

Les petites et moyennes entreprises (PME) sont celles qui, d’une part, occupent moins de 250 personnes, d’autre part, ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 50 millions d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 43 millions d’euros. Parmi elles, les microentreprises occupent moins de 10 personnes et ont un chiffre d’affaires annuel ou un total de bilan n’excédant pas 2 millions d’euros.

Les entreprises de taille intermédiaire (ETI) sont des entreprises qui n’appartiennent pas à la catégorie des PME et qui, d’une part, occupent moins de 5 000 personnes, d’autre part, ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 1 500 millions d’euros ou un total de bilan n’excédant pas 2 000 millions d’euros.

Les grandes entreprises sont des entreprises non classées dans les catégories précédentes.

Une zone d’emploi est un espace géographique à l’intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent. Le découpage 2020 se fonde sur les flux de déplacement domicile‑travail des actifs observés lors du recensement de 2016.

Pour en savoir plus

Retrouvez plus de données en téléchargement.

Bacheré H., Mirouse B., « Une dynamique d’emploi spécifique dans les grandes entreprises », Insee Première no 1839, février 2021.

Bacheré H., Mirouse B., Brassier Z., « Décomposition de l’évolution de l’emploi par catégorie d’entreprise – Comparaison des méthodes et application à l’économie française », Documents de travail no H2021‑02, Insee, février 2021.

Bacheré H., « Une forte proportion des emplois créés entre 2009 et 2015 sont portés par les entreprises de taille intermédiaire », in Les entreprises en France, coll. « Insee Références », édition 2017.

Argouarc’h J., Cottet V., Debauche É., Smyk A., « Le cycle de l’emploi – Les petites entreprises ont été les premières à baisser leurs effectifs pendant la crise », Note de conjoncture, Insee, mars 2010.

Butani S. J., Werking G. S., Kapani V., Grden P.,
«Ouvrir dans un nouvel onglet A Multi-Dimensional Analysis of Size Class Methodologies and Employment Changes – March 1993-March 2003  », Office of Survey Methods Research, juin 2006.