Insee Analyses Occitanie · Septembre 2025 · n° 163

Des trajets domicile-travail moins émetteurs de gaz à effet de serre que la moyenne de province : des déplacements plus souvent en voiture mais plus courts

En 2021 en France, les déplacements pour se rendre au travail représentent en moyenne 42 % des distances parcourues par les actifs chaque année. Ces trajets domicile-travail occupent ainsi une place structurante dans les mobilités et contribuent significativement aux émissions de gaz à effet de serre (GES). La réduction de ces émissions constitue un enjeu majeur de la planification écologique. Pour atteindre les engagements climatiques de la France, chaque habitant devrait en moyenne émettre 2 tonnes d’équivalent CO₂ (tCO₂e) par an en 2050, alors qu’il en génère 9,4 en 2023 [SDES, 2025 ; pour en savoir plus (2)]. Les émissions de GES liées aux déplacements domicile-travail pèsent de manière importante dans l’empreinte carbone des Français. Leur réduction est donc un objectif primordial pour respecter les engagements pris.

En 2021 en Occitanie, 2,2 millions d’habitants se déplacent pour se rendre sur leur lieu de travail (navetteurs). Ces trajets génèrent 0,66 tCO₂e en moyenne par navetteur dans l’année (pour comprendre), soit un tiers déjà de l’objectif national d’émettre 2 tCO₂e par an et par personne. Les émissions régionales sont inférieures à la moyenne de France de province (0,71 tCO₂e par navetteur).

L’Occitanie se place en 4^e position des régions de province les moins émettrices pour les trajets domicile-travail, derrière Provence-Alpes-Côte d’Azur, la Corse et Auvergne-Rhône-Alpes. L’écart avec la France de province s’explique par des distances parcourues plus courtes. Néanmoins, l’utilisation des voitures et des motos est légèrement plus fréquente dans la région.

En 2021, la voiture et la moto sont de loin les modes de transport les plus fréquents, utilisés par 83,4 % des navetteurs (figure 1), contre 82,8 % en France de province. Les transports en commun sont utilisés par 6,9 % des navetteurs, le vélo par 3,6 % et enfin, 6,1 % des navetteurs vont travailler à pied.

Les navetteurs d’Occitanie travaillent en moyenne à 13,4 km de leur domicile. En prenant en compte les jours télétravaillés, les congés ou le temps partiel, ils parcourent en moyenne 96 km par semaine pour leurs déplacements domicile-travail. Ces distances sont un peu plus courtes qu’en France de province (14,5 km et 103 km par semaine).

Les véhicules motorisés des particuliers sont les plus polluants. En Occitanie en 2021, la voiture est responsable de 98,5 % des émissions de GES liées aux déplacements domicile-travail et la moto de 0,9 %. Les 0,6 % restants sont émis par les transports en commun. Les trajets en voiture émettent en moyenne 143 g de CO₂e par navetteur et par km, ceux en moto 91 g, contre seulement 13 g par km pour les transports en commun (figure 1). Le vélo et la marche n’émettent pas de gaz à effet de serre.

Si 10 % des navettes effectuées en voiture étaient réalisées en transports en commun, 9 % des émissions liées aux déplacements domicile-travail pourraient être évitées chaque année.

En Occitanie, le recours à un véhicule motorisé particulier reste également majoritaire pour les distances courtes. La moitié des navetteurs résident à moins de 8 km de leur lieu de travail. Ils habitent principalement en zone urbaine et même pour eux, l’utilisation d’un véhicule motorisé reste privilégiée (68 %).

En zone rurale, où la pratique du vélo et l’accès aux transports en commun sont moins faciles, le recours à la voiture ou à la moto pour ces navettes courtes est encore plus élevé (84 %).

Dans la région, 22 % des navetteurs parcourent au moins 20 km pour se rendre sur leur lieu de travail. Ces trajets sont responsables de 55 % des émissions de GES liées aux navettes domicile-travail (figure 2). Ces navetteurs cumulent distances longues à parcourir et recours quasi systématique à la voiture ou à un deux-roues motorisé (95 %). Parmi eux, ceux qui travaillent dans les pôles des aires d’attraction des villes (AAV) de Toulouse et de Montpellier utilisent un peu moins fréquemment ces modes de transport (91 %). L’offre de transports en commun y est plus développée. Habiter dans une commune équipée d’une gare SNCF diminue encore un peu plus l’utilisation de la voiture ou d’un deux-roues motorisé (84 %). Les navetteurs qui travaillent dans les pôles des autres grandes AAV françaises utilisent moins la voiture (moins de 80 % à Strasbourg, à Lyon, à Grenoble et à Lille). Ils se tournent également davantage vers les transports en commun lorsqu’ils résident à proximité d’une gare.

En 2021 en Occitanie, la moitié des navetteurs (52 %) vivent au sein des couronnes des AAV. Ils génèrent 65 % des émissions de GES des trajets domicile-travail dans la région. Les émissions par navetteur y sont importantes (0,82 tCO₂e par navetteur et par an). Elles sont particulièrement élevées dans les communes des AAV de Toulouse et de Montpellier les plus éloignées des pôles (figure 3). Parmi les couronnes des dix plus grandes aires d’attraction des villes, celle de Toulouse occupe la deuxième place derrière Bordeaux pour les émissions élevées de GES par actif résident (0,87 tCO₂e) . Des distances moyennes plus longues (19,4 km) et une utilisation plus fréquente de la voiture ou de la moto (91,6 %) (figure 4) expliquent ces émissions plus conséquentes. Les distances parcourues par les actifs de la couronne de Montpellier sont plus courtes (15,6 km en moyenne) mais le taux d’utilisation de la voiture ou de la moto est élevé (90 %). Parmi les dix plus grandes aires d'attraction des villes, la couronne de Montpellier se classe neuvième plus émettrice en termes d'émissions de GES grâce à ces trajets plus courts.