Insee Conjoncture Centre-Val de Loire · Juin 2025 · n° 55

L’activité économique marque le pas Note de conjoncture régionale - 1^er trimestre 2025

Le nombre d’heures rémunérées donne une mesure de la variation de l’activité économique. Cet indicateur reflète les évolutions de l’activité des entreprises afin de répondre aux fluctuations de la demande et des coûts de production. Les variations du volume d’heures rémunérées résultent de la modulation du nombre d’heures de travail des salariés en emploi et des mouvements de salariés (embauches, licenciements). Dans la région, le nombre global d’heures rémunérées est en baisse sur l’ensemble du premier trimestre 2025 par rapport à celui de l’année précédente.

En France, le produit intérieur brut (PIB) en volume rebondit modérément au premier trimestre 2025 (+0,1 % après arrondi) [Insee, mai 2025 ; pour en savoir plus (4)]. L’activité économique du Centre‑Val de Loire, mesurée par le volume d’heures rémunérées des salariés, est inférieure à celle du premier trimestre de l’année précédente (-0,8 %). En France hors Mayotte, le nombre d’heures rémunérées diminue également (-0,6 %). Dans la région, le nombre d’heures rémunérées est inférieur par rapport au même mois un an plus tôt en janvier (-0,5 %), février (-1,4 %) et mars (-0,5 %). La baisse est plus forte qu’au trimestre précédent (-0,3 %). Ce recul du nombre d’heures rémunérées pendant deux trimestres consécutifs est inédit depuis fin 2020. L’activité recule dans la plupart des départements de la région : seul le département d’Eure‑et‑Loir enregistre une hausse significative (+0,5 %). La baisse de l’activité est la plus importante dans l’Indre (-4,0 %).

Au premier trimestre 2025, le volume d’heures rémunérées est moins important qu’un an auparavant dans la construction (-1,8 %), dans les services principalement marchands (-1,0 %) et dans l’industrie (-0,9 %). L’activité croît seulement dans le secteur des services non marchands (+0,9 %) (figure 1).

L’emploi salarié est estimé grâce aux déclarations de données sociales des employeurs et des travailleurs indépendants [Insee, février 2025 ; pour en savoir plus (5)]. Au premier trimestre 2025, les tensions de recrutement continuent de se relâcher et s’accompagnent d’une « demande moins forte de travail de la part des entreprises » [Dares, mai 2025 ; pour en savoir plus (6)]. Dans la région, les effectifs salariés stagnent, pénalisés notamment par le secteur tertiaire marchand hors intérim et la construction.

Au premier trimestre 2025, l’emploi salarié stagne en Centre‑Val de Loire (-0,1 %) (figure 2), comme au niveau national. Dans la région, l’emploi salarié est en baisse dans le secteur tertiaire marchand hors intérim (-0,5 %) et la construction (-0,8 %) (figure 3). Le secteur tertiaire marchand hors intérim contribue le plus à la baisse de l’emploi salarié dans la région. L’emploi salarié est stable dans les secteurs des services non marchands et de l’industrie.

Après trois trimestres consécutifs de baisse et une perte de 3 100 salariés en 2024, les effectifs intérimaires rebondissent en Centre‑Val de Loire (1,4 % par rapport au trimestre précédent) (figure 4). Cette augmentation ne compense pas l’importante baisse en 2024 (-8,8 %). Par rapport au trimestre précédent, les effectifs intérimaires sont en progression dans le secteur tertiaire et stables dans les secteurs de l’industrie et la construction. En France hors Mayotte, l’emploi intérimaire diminue (-0,5 %) [Dares, mai 2025 ; pour en savoir plus (7)]. Les effectifs intérimaires croissent dans le Loiret (+4,8 %), l’Eure‑et‑Loir (+4,6 %) et l’Indre (+2,9 %).

Au premier trimestre 2025, les effectifs salariés sont en repli dans l’Indre‑et‑Loire (-0,3 %) et le Cher (-0,2 %) (figure 5). Dans ces deux départements, le secteur des services marchands hors intérim recule nettement. Les effectifs salariés progressent dans l’Eure‑et‑Loir (+0,3 %) soutenus par l’intérim et le secteur tertiaire marchand.

Le taux de chômage mesure la proportion parmi la population active des personnes sans emploi, qui cherchent activement un emploi et sont disponibles pour en occuper un. Le plein emploi ne correspond pas à une situation d’absence de chômage, car un chômage d’adaptation (aussi appelé frictionnel) est utile à la fluidité sur la marché du travail et à la transition entre deux emplois. En Centre‑Val de Loire, le taux de chômage s’est stabilisé en 2024 après une hausse continue tout au long de l’année 2023 (figure 6). Au premier trimestre 2025, il s’établit à 6,9 %, +0,1 point par rapport au trimestre précédent, au même niveau qu’au premier trimestre 2024. Il reste à un niveau bas par rapport aux années précédentes : il est inférieur de 2,9 points par rapport au pic de l’année 2015 et de 1,3 point par rapport au troisième trimestre 2020, durant la crise sanitaire. Il est inférieur de 0,5 point au taux de chômage national, en hausse de 0,1 point sur un trimestre. Cette augmentation s’accompagne d’une baisse de la population dans le halo du chômage de 0,3 point [Insee, mai 2025 ; pour en savoir plus (8)].

Le taux de chômage est supérieur par rapport au trimestre précédent dans tous les départements de la région (figure 7). La hausse est la plus forte dans le Cher (+0,2 point). Au premier trimestre 2025, le Loiret reste le département de la région où le taux de chômage est le plus haut (7,4 %), alors que le Loir‑et‑Cher demeure celui où il est le plus bas (6,2 %). Le taux de chômage dépasse 10 % dans deux zones d’emploi : celles de Vierzon et Montargis. Entre le quatrième trimestre 2024 et le premier trimestre 2025, il est stable ou quasi‑stable dans la plupart des zones d’emploi de la région (figure 8). Il est inférieur à 6,0 % dans les zones d’emploi de Chinon et Loches. Sur un an, la plus forte hausse se situe dans la zone d’emploi de Vendôme (+0,4 point), tandis que le taux de chômage recule le plus fortement dans celle de Châteauroux (-0,3 point).

Le chômage au sens du Bureau International du Travail (BIT) et l’inscription à France Travail en tant que demandeur d’emploi sont deux concepts distincts caractérisant les difficultés d’accès à l’emploi [Insee, février 2022 ; pour en savoir plus (9)]. Une personne inscrite à France Travail peut ne pas être au chômage au sens du BIT et inversement. L’inscription sur les listes de France Travail est une démarche administrative. Les personnes inscrites à France Travail au sein des catégories A, B et C sont tenues d’accomplir des actes positifs de recherche d’emploi. Parmi elles, certaines sont sans emploi (catégorie A) et les autres exercent une activité réduite (catégories B et C). À compter de janvier 2025, dans le cadre de la mise en œuvre de la loi pour le Plein Emploi, les demandeurs et bénéficiaires du RSA, les jeunes en recherche d’emploi suivis par les missions locales et les personnes en situation de handicap suivies par Cap’Emploi sont systématiquement inscrits à France Travail [France Travail, décembre 2024 ; pour en savoir plus (10)]. En excluant les publics concernés par cette réforme, le nombre d’inscrits à France Travail en catégorie A augmente au premier trimestre 2025 (figure 9).

En Centre‑Val de Loire, 163 650 personnes sont inscrites à France Travail en catégories A, B et C (hors bénéficiaires du RSA et jeunes en CEJ, Pacea ou AIJ) au premier trimestre 2025, soit une hausse de 1,9 %. En France hors Mayotte, le nombre d’inscrits augmente également (+2,3 %). Ceux n’ayant pas travaillé sur la période (catégorie A) sont plus nombreux qu’au trimestre précédent (+5,2 %), notamment du fait de la dispense d’actualisation des nouveaux inscrits non indemnisables. Le nombre d’inscrits à France Travail depuis plus d’un an diminue par rapport au quatrième trimestre 2024 (-0,2 %).

La déclaration préalable à l’embauche (DPAE) peut constituer un indicateur prévisionnel de l’évolution à court terme de l’emploi. En Centre‑Val de Loire, le nombre de déclarations préalables à l’embauche de plus d’un mois (CDI et CDD de plus d’un mois) diminue de 0,1 % au premier trimestre 2025 par rapport au quatrième trimestre 2024 (-3,0 % par rapport au premier trimestre 2024) [Urssaf, mai 2025 ; pour en savoir plus (11)].

Depuis la crise sanitaire, le nombre mensuel moyen d’offres collectées par France Travail avait augmenté continuellement jusqu’au troisième trimestre 2023. Au premier trimestre 2025, il diminue de 6,4 % par rapport au trimestre précédent (-5,4 % au niveau national).

Le nombre de créations d’entreprises est un indicateur de la croissance économique. Il reflète l’optimisme des entrepreneurs concernant les opportunités du marché. Le suivi des créations d’entreprises permet également d’observer l’impact des politiques gouvernementales sur l’évolution des secteurs et des formes d’entreprises. Au deuxième trimestre 2024, le nombre de créations d’entreprises était à son niveau le plus haut sur dix ans. Après deux trimestres consécutifs de baisse, il repart à la hausse lors du premier trimestre 2025 en Centre‑Val de Loire.

Le nombre de créations d’entreprises progresse de 1,8 % au premier trimestre 2025, après avoir connu une baisse de 1,1 % au cours du trimestre précédent (figure 10). Sur un an, le nombre de créations augmente légèrement (+0,8 %). Au premier trimestre 2025, la hausse concerne les entreprises classiques (+2,9 %) et les immatriculations des micro‑entrepreneurs (+1,2 %). Au sein des entreprises classiques, les créations de sociétés progressent alors que celles d’entreprises individuelles (hors immatriculations des micro‑entrepreneurs) diminuent. Parmi les 7 870 nouvelles entreprises en Centre‑Val de Loire, près des deux tiers sont des immatriculations de micro‑entrepreneurs. À l’échelle nationale, le nombre de créations diminue de 0,3 % par rapport au trimestre précédent : la hausse de 0,5 % de créations d’entreprises classiques ne compense pas le recul de 0,7 % des immatriculations de micro‑entrepreneurs.

Une entreprise est en situation de défaillance ou de dépôt de bilan à partir du moment où une procédure de redressement judiciaire ou de liquidation judiciaire est ouverte. La Banque de France collecte les décisions judiciaires auprès des greffes des tribunaux de commerce et des tribunaux de grande instance compétents en matière commerciale, afin de déterminer le volume de défaillances d’entreprises.

En Centre‑Val de Loire, 2 150 entreprises sont en situation de défaillance sur un an entre avril 2024 et mars 2025. Ce cumul des douze derniers mois est en hausse de 1,7 % par rapport aux douze mois précédents (entre avril 2023 et mars 2024). Cependant, après avoir atteint un point haut en décembre 2024 après le point bas pendant la crise sanitaire, les défaillances sont en recul sur les premiers mois de l’année 2025 (figure 11).

En France, la hausse est plus importante que dans la région. Le nombre de défaillances entre avril 2024 et mars 2025 est supérieur de 12,2 % par rapport à la période entre avril 2023 et mars 2024. Selon la Banque de France, le nombre de défaillances d’entreprises de taille intermédiaire et de grandes entreprises ne progresse plus depuis plusieurs mois, mais reste à un niveau plus élevé que sa moyenne avant la crise sanitaire [Banque de France, mai 2025 ; pour en savoir plus (12)].

Afin de contenir la hausse de l’inflation, la Banque Centrale Européenne (BCE) avait augmenté progressivement les taux d’intérêt directeurs dans la zone euro. La BCE a ainsi appliqué dix hausses consécutives du taux principal de refinancement en cinq ans [Vie publique, septembre 2023 ; pour en savoir plus (13)]. Ces hausses successives avaient conduit à un resserrement des crédits immobiliers souscrits par les particuliers.

Les huit baisses des taux directeurs de la BCE depuis juin 2024 [Banque de France, juin 2025 ; pour en savoir plus (14)], s’accompagnent logiquement d’un assouplissement des critères d’octroi des crédits immobiliers par les établissements de crédit et d’un rebond de la demande de prêts à l’habitat de la part des ménages [Banque de France, avril 2025 ; pour en savoir plus (15)].

Au premier trimestre 2025, la région enregistre 2 500 autorisations de construction de logements. Après une forte hausse de 19,2 % au dernier trimestre 2024 par rapport au précédent, le nombre d’autorisations diminue de 4,3 % début 2025 (figure 12). Les autorisations de logements collectifs, qui portaient la hausse au trimestre précédent, reculent (-8,0 %). Les autorisations de logements individuels progressent peu (+1,1 %). Le nombre total d’autorisations de logements est stable par rapport au premier trimestre 2024. Il augmente sur un an en France hors Mayotte (+2,8 %).

À l’instar du nombre de logements autorisés, celui de logements neufs mis en chantier en région Centre‑Val de Loire diminue par rapport au trimestre précédent (-3,1 %). Cette baisse concerne aussi bien la construction de logements collectifs (-4,5 %) que celle des logements individuels (-0,8 %). Le nombre de logements mis en chantier est également en recul en France hors Mayotte (-5,0 %).

En Centre‑Val de Loire, les emplois touristiques salariés représentaient 4,5 % de l’emploi salarié marchand en 2019 [Insee, décembre 2022 ; pour en savoir plus (16)]. L’enquête de fréquentation touristique comptabilise les nuitées passées dans les hébergements collectifs de tourisme.

La fréquentation touristique hôtelière en Centre‑Val de Loire au premier trimestre 2025 diminue de 5,5 % par rapport au premier trimestre 2024 (971 000 nuitées enregistrées). La fréquentation hôtelière a fortement diminué en mars (-11,3 %) et dans une moindre mesure en janvier (-3,7 %) par rapport au même mois de l’année précédente. En février, le nombre de nuitées augmente légèrement (+0,4 %). La période des vacances d’hiver située exclusivement en février cette année a probablement pénalisé le nombre de nuitées au mois de mars par rapport à l’année précédente.

L’Indre‑et‑Loire et le Loiret sont les départements les plus touristiques de la région (respectivement 283 000 et 237 000 nuitées enregistrées au premier trimestre 2025). La fréquentation hôtelière a décliné de 5,0 % dans le premier département et de 6,9 % dans le second par rapport à l’année précédente. La baisse est plus marquée dans le Loir‑et‑Cher (-12,9 %). Le nombre de nuitées progresse uniquement dans l’Eure‑et‑Loir (+2,4 %).

La baisse de fréquentation hôtelière s’explique par le recul de la fréquentation de la clientèle résidant en France (-5,7 % de visiteurs résidents) et de celle résidant à l’étranger (-4,3 % de visiteurs non‑résidents). Les touristes non‑résidents représentent 118 000 nuitées sur 971 000 nuitées dans les hôtels. Parmi eux, la clientèle en provenance des États‑Unis est la plus importante avec 15 700 nuitées. La clientèle européenne résidant à l’étranger est à l’origine de 87 000 nuitées passées dans les hôtels du Centre‑Val de Loire.