Insee Flash Guyane · Avril 2025 · n° 204

Le dynamisme démographique faiblit avec des naissances moins nombreuses - Bilan démographique 2024 en Guyane

Au 1^er janvier 2025, la population de la Guyane est estimée à 292 400 habitants. En dix ans, la population augmente en moyenne de 1,2 % par an (figure 1) soit 32 500 habitants supplémentaires, l’équivalent des communes de Remire-Montjoly et Papaichton réunies. Sur la même période, la population diminue en Guadeloupe (-0,5 % en moyenne par an) et en Martinique (-0,7 %), alors qu’elle augmente légèrement en France hexagonale (+0,3 %).

La population en Guyane poursuit sa progression, à une vitesse bien supérieure aux autres régions françaises, hors Mayotte. Néanmoins, son dynamisme s’atténue progressivement. En effet, le taux de croissance annuel moyen sur la période 2005-2015, était plus de deux fois plus élevé (+2,7 %).

En 2024, la croissance de la population guyanaise reste fondée sur un solde naturel excédentaire : +5 400 (figure 2). En effet, les naissances sont bien plus nombreuses que les décès, en lien avec la structure de la population guyanaise.

Outre le solde naturel, la dynamique démographique d’une région est donnée par le solde migratoire, c’est-à-dire la différence entre le nombre d’arrivées et le nombre de départs du territoire. En Guyane, il est négatif de manière ininterrompue depuis 2018 et contribue à contenir le dynamisme démographique. En 2024, la Guyane compte 4 800 départs de plus que d’arrivées. Sans la compensation par l’excédent naturel, ce déficit migratoire ferait baisser la population de la Guyane de 1,7 %.

En 2024, 6 600 enfants sont nés en Guyane. Les naissances sont moins nombreuses pour la troisième année consécutive. Toutes les régions françaises sont concernées par ce repli [Thélot H., 2025 ; pour en savoir plus (2)]. La Guyane enregistre la baisse des naissances la plus forte (−14,2 %) après la Martinique (−16,0 %), alors qu’en 2023, elle affichait la diminution la plus faible (−0,4 %). En 2024 le taux de natalité recule de 4 points en Guyane (données complémentaires 1) et atteint son niveau le plus bas depuis plus de 30 ans : 22,6 ‰. Ce taux reste toutefois le plus élevé des régions françaises, après Mayotte (27,7 ‰).

Le nombre de naissances dépend, d’une part, du nombre de femmes en âge d’avoir des enfants et, d’autre part, de leur fécondité. En Guyane, la baisse récente de la natalité s’illustre par une forte diminution de l’indice conjoncturel de fécondité en 2024. Il s’établit à 3,05 enfants par femme, contre 3,57 l’année précédente (données complémentaires 2). La fécondité en Guyane reste néanmoins nettement plus élevée qu’en Guadeloupe (1,75), Martinique (1,52) et France hexagonale (1,59), et au-delà du seuil de renouvellement des générations , estimé à 2,1 enfants par femme dans les pays développés.

Sur la dernière décennie, le taux de fécondité des femmes diminue pour toutes les tranches d’âge en Guyane, notamment chez les plus jeunes. Pour 100 femmes âgées de 15 à 24 ans, il s’établit à 8,8 enfants en 2024 contre 11,3 dix ans plus tôt (données complémentaires 3). Le taux de fécondité des femmes âgées de 25 à 29 ans, bien qu’il reste le plus élevé, diminue également, de 15,9 en 2014 à 15,0 en 2024. Parallèlement, la fécondité des trentenaires suit une évolution similaire : 14,6 enfants pour 100 femmes âgées de 30 à 34 ans en 2014 contre 13,1 en 2024. Pour les femmes âgées de 35 à 39 ans ce chiffre passe de 10,3 à 9,7, tandis qu’elle augmente légèrement chez les 40-50 ans, passant de 1,9 à 2,2. À un niveau plus agrégé, le taux de fécondité des femmes âgées de 15 à 50 ans a diminué en Guyane (9,9 en 2014 et 8,6 en 2024). Cette baisse s’accompagne toutefois d’une augmentation du nombre de femmes dans cette tranche d’âge, qui passe de 66 650 en 2014 à 77 000 en 2024. Ainsi, le nombre de naissances en 2024 reste proche de celui de 2014 (+0,1 %) (figure 2). Cette stabilité masque cependant des dynamiques contrastées : une forte hausse des naissances jusqu’en 2017, suivie d’une période de stabilisation jusqu’en 2021, puis d’un recul pour retrouver le niveau de 2014.

Par ailleurs, le nombre de naissances chez les mères âgées de 35 ans et plus a augmenté (+8,7 % pour les mères âgées de 35 à 39 ans et +36 % pour celles âgées de 40 à 50 ans), représentant 20 % des naissances en 2014 contre 23 % en 2024. À l’inverse, chez les femmes les plus jeunes, le nombre de naissances diminue ou se stabilise : -6,7 % pour les femmes entre 15 et 24 ans, +0,2 % pour celles entre 25 et 29 ans et -2,8 % pour celles entre 30 et 34 ans.

L’âge conjoncturel moyen à l’accouchement en Guyane est de 28,9 ans en 2024. Les femmes accouchent en moyenne plus tard en Martinique (30,0 ans), en Guadeloupe (30,6 ans) et en France hexagonale (31,2 ans).

En 2024, 280 bébés sont nés de mères mineures en Guyane, soit 4,2 % des naissances. Les naissances issues de mères mineures sont moins fréquentes en Guadeloupe et en Martinique (0,7 % pour les deux départements). En Hexagone, elles représentent 0,2 % des naissances.

Au 1^er janvier 2025, 47 % de la population a moins de 25 ans en Guyane (figure 3), contre 28 % de la population hexagonale. À l’inverse, 11 % des Guyanais ont au moins 60 ans, contre 28 % dans l’Hexagone. La jeunesse de la population guyanaise soutient à la fois un fort taux de natalité et un faible taux de mortalité. Celui-ci s’élève à 4,1 décès pour 1 000 habitants en 2024, en légère baisse par rapport à 2023. En 2024, 1 200 personnes domiciliées en Guyane sont décédées, un nombre comparable aux deux années précédentes.

Par ailleurs, la mortalité infantile reste élevée : en 2024, 60 nourrissons sont décédés avant leur premier anniversaire, portant le nombre de décès pour 1 000 enfants nés vivants à 9,4, taux le plus élevé depuis 2010. Celui de la France métropolitaine s’établit à 3,4 ‰.

L’espérance de vie à la naissance augmente en 2024. Entre 2023 et 2024 elle passe de 75,3 ans à 76,1 ans pour les hommes et de 81,4 ans à 81,8 ans pour les femmes. L’écart avec la France hexagonale reste élevé (-4,0 ans pour les hommes, -3,9 ans pour les femmes). L’espérance de vie est moins élevée qu’en 2015, où elle était de 77,0 ans pour les hommes et de 82,1 ans pour les femmes.

En Guyane, 600 mariages ont été célébrés en 2024 (estimation réalisée fin novembre 2024), un nombre stable par rapport à 2023.

Le solde naturel est mesuré à partir des statistiques d’état civil sur les naissances et les décès produites par l’Insee et basées sur des informations transmises par les mairies. Les naissances et les décès sont comptabilisées au lieu de domicile respectivement de la mère et du défunt. Les données sont définitives jusqu’en 2023 et estimées pour 2024.

Le solde migratoire est mesuré indirectement par différence entre, d’une part, l’évolution du niveau de la population entre deux années successives et, d’autre part, le solde naturel et les éventuels ajustements statistiques. Les évolutions du solde migratoire peuvent donc refléter des fluctuations des entrées et des sorties du territoire mais également l’aléa du sondage du recensement. Le solde migratoire est ainsi mesuré jusqu’à l’année précédent le dernier recensement disponible (ici 2021). Au-delà, il est conventionnellement fixé à la moyenne des trois derniers soldes connus.

Par rapport au bilan démographique 2023, le niveau de population en 2022 est rendu définitif (révision de -0,52 %) et ceux de 2023 et 2024 sont révisés (respectivement de -0,95 % et de -1,22 %). Le nombre de naissances et de décès en 2023 est désormais définitif, de même que les indicateurs démographiques (ICF, espérance de vie, etc.) relatifs à l’année 2021.