Insee Flash Guyane · Octobre 2024 · n° 195

En 2023, la fécondité reste élevée en Guyane, malgré une nouvelle baisse des naissances

Au 1^er janvier 2024, la population de la Guyane est estimée à 295 400 habitants, soit une hausse de 0,9 % en un an. Elle continue sa progression, contrairement à celles des Antilles françaises dont le recul démographique se poursuit depuis 2012. En dix ans, la population augmente en moyenne de 1,6 % par an pour une hausse totale de 43 000 habitants, l’équivalent des communes de Kourou et Macouria réunies. Sur la même période, la population diminue en Guadeloupe (-0,6 % en moyenne par an) et en Martinique (-0,9 %) alors qu’elle augmente en France métropolitaine (+0,3 %).

En 2023, 7 690 enfants sont nés en Guyane (figure 1), soit 30 de moins que l’année précédente. Les naissances sont moins nombreuses pour la deuxième année consécutive. En France le nombre de naissances n’a jamais été aussi bas depuis la Seconde Guerre mondiale. En 2023, il recule de 6,7 %. Toutes les régions françaises sont concernées par ce repli [Papon, 2024 ; pour en savoir plus (2)]. La Guyane enregistre la baisse la plus faible (-0,4%), alors qu’en 2022, elle affichait la diminution la plus forte (-5,0%). En conséquence, le taux de natalité recule de 0,4 point en Guyane. Il reste toutefois l’un des plus élevés des régions françaises et atteint 26,1 ‰ en 2023, valeur identique à celle de 2013.

Ce fléchissement récent de la natalité s’illustre par la baisse de l’indice conjoncturel de fécondité en 2023. Il s’établit en effet à 3,32 enfants par femme, contre 3,55 en 2022. La fécondité en Guyane reste néanmoins nettement plus élevée qu’en Guadeloupe (1,88), en Martinique (1,66) et en France (1,64) et largement au-delà du seuil de renouvellement des générations, estimé à 2,1 enfants par femme dans les pays développés.

Sur la dernière décennie, le taux de fécondité des femmes les plus jeunes a reculé passant de 8,0 enfants pour 100 femmes âgées de 15 à 19 ans en 2013 (16,9 pour les 20 à 24 ans) à 6,9 en 2023 (15,4 pour les 20 à 24 ans). Sur la même période, le taux de fécondité des femmes de 25 à 29 ans est resté stable (17,0 en 2013 et 17,1 en 2023). Celui des plus âgées a en revanche augmenté : en 2013, il naissait 13,6 enfants pour 100 femmes âgées de 30 à 34 ans (9,9 pour les 35-39 ans et 3,1 pour les 40-44 ans) contre 15,0 en 2023 (respectivement 10,7 et 3,9). À un niveau plus agrégé, le taux de fécondité des femmes âgées de 15 à 44 ans est resté stable en Guyane (11,4 en 2013 et 11,3 en 2023). Parallèlement, le nombre de femmes âgées de 15 à 44 ans croît au même rythme que le reste de la population guyanaise. Elles étaient 56 300 en 2013, elles sont 67 500 dix ans plus tard. Il en résulte une hausse du nombre de naissances de 18,7 % entre 2013 et 2023 (figure 2). Celui-ci augmente plus que la moyenne pour les femmes âgées de plus de 30 ans : +21,5 % pour les mères âgées de 30 à 34 ans et +32,4 % pour celles âgées de 35 à 39 ans. Le nombre de naissances de mères de 40 ans ou plus augmente quant à lui de 53,7 % sur cette période. Les naissances de mères âgées de plus de 30 ans contribuent ainsi à hauteur de 60 % de la hausse globale des naissances sur la décennie.

Pour les femmes plus jeunes, la hausse est plus modérée : +16,3 % pour les femmes entre 20 et 24 ans, +11,0 % pour celles entre 25 et 29 ans et 8 % pour les jeunes de moins de 20 ans.

L'âge moyen de la mère à la naissance est de 29,1 ans en 2023. Les femmes accouchent en moyenne plus tard en Martinique (30,3 ans), en Guadeloupe (30,5 ans) et en France métropolitaine (31,1 ans).

En 2023, 410 bébés sont nés de mères mineures en Guyane contre 370 en 2022, soit 5,0 % des naissances. Les naissances issues de mères mineures sont moins fréquentes en Guadeloupe (1,2 %) et en Martinique (1,0 %). En France métropolitaine, elles représentent 0,3 % des naissances.

En 2023, 3 690 interruptions volontaires de grossesse (IVG) sont réalisées en Guyane soit 30 de moins qu’en 2022 [Drees, 2024 ; pour en savoir plus (6)]. La Guyane est la région française avec le taux de recours à l’IVG le plus élevé (8,9 interruptions pour 1000 femmes âgées de 15 à 49 ans), alors qu’il est de 16,3 ‰ en France métropolitaine. Ce taux a augmenté de 9,4 points entre 2018 et 2023 dans la région.

En 2023, la croissance de la population guyanaise reste fondée sur un solde naturel excédentaire : +6 460. En effet, les naissances sont bien plus nombreuses que les décès, en lien avec la structure de la population guyanaise. En 2023, 48 % de la population a moins de 25 ans en Guyane (figure 3), contre 29 % de la population hexagonale. À l’inverse, 11 % des Guyanais ont au moins 60 ans, contre 28 % des Métropolitains. La jeunesse de la population guyanaise soutient à la fois un fort taux de natalité et un faible taux de mortalité. Celui-ci s’élève à 4,2 décès pour 1 000 habitants en 2023, un niveau stable par rapport à 2022. En 2023, 1 230 personnes domiciliées en Guyane sont décédées, soit 20 de plus qu’en 2022. Ce nombre de décès reste élevé par rapport à la situation avant la crise sanitaire (1 020 décès en 2019).

Néanmoins l’espérance de vie à la naissance augmente en 2023. Elle passe de 75,2 ans en 2022 à 76,1 ans pour les hommes et de 81,4 ans à 81,9 ans pour les femmes. L’écart avec la France métropolitaine reste élevé (4,0 ans pour les hommes, 3,9 ans pour les femmes). Il a toutefois diminué depuis la crise sanitaire en 2021. L’espérance de vie dans l’Hexagone dépassait alors celle de la Guyane : de 5,9 ans pour les hommes et de 5,3 ans pour les femmes.

Par ailleurs, la mortalité infantile reste élevée : en 2023, 70 nourrissons sont décédés avant leur premier anniversaire en Guyane, portant le nombre de décès pour 1 000 enfants nés vivants à 9,6. Celui de la France métropolitaine s’établit à 3,7 ‰.

La deuxième composante de la dynamique démographique est le solde migratoire, c’est-à-dire la différence entre le nombre d’arrivées et le nombre de départs du territoire. Il est négatif depuis 2018 et contribue à contenir le dynamisme démographique guyanais. En 2023, la Guyane a enregistré 3 970 départs de plus que d’arrivées. Sans la compensation par l’excédent naturel, ce déficit migratoire ferait baisser la population de la Guyane de 1,4 %. D’un côté, le territoire reste attractif en particulier vis-à-vis des populations jeunes des pays voisins. Mais, d’un autre côté, de nombreux jeunes Guyanais quittent la région à la recherche d’un premier emploi ou pour poursuivre des études [Demougeot, 2021 ; pour en savoir plus (5)]

En Guyane, 600 mariages (estimation réalisée fin novembre 2023) ont été célébrés, soit 40 de moins qu’en 2022. Depuis 2021, le nombre de mariages retrouve un niveau équivalent à la période antérieure à la crise sanitaire.