Insee Analyses Guadeloupe ·
Mars 2025 · n° 85
En 2022, la catégorie socio-professionnelle explique deux tiers des écarts salariaux
entre femmes et hommes dans les hauts salaires du privé en Guadeloupe
En Guadeloupe, en 2022, les salariés du secteur privé ont une rémunération médiane inférieure à ceux de la France hexagonale. Les écarts de salaires entre les femmes et les hommes sont moins prononcés en Guadeloupe qu’en France hexagonale, quel que soit le niveau de salaire considéré. Ces écarts, en faveur des hommes, sont plus élevés au sein des hauts salaires. La source de ces écarts est multiple. L’analyse des différences de caractéristiques entre les salariés permet d’en expliquer les trois quarts. En Guadeloupe, la catégorie socio-professionnelle est le principal facteur explicatif de la formation des inégalités entre hauts salaires masculins et féminins (61,8 %). L’âge en détermine 10,0 %. Le secteur d’activité et la taille de l'établissement explique également une faible partie de ces écarts (6,2 %).
- En Guadeloupe, le salaire médian du secteur privé est inférieur de 8,7 % à celui de l’Hexagone
- Dans les hauts salaires, l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes est moins élevé en Guadeloupe qu’en Hexagone
- En Guadeloupe l’âge explique 10,0 % des écarts salariaux entre les femmes et les hommes dans les hauts salaires
- Au sein des haut salaires de Guadeloupe, la catégorie socio-professionnelle explique près de deux tiers des écarts
- Le secteur d’activité et la taille de l'établissement expliquent une faible part des écarts dans les hauts salaires
- Encadré 1 - La spécificité du temps partiel
En Guadeloupe, le salaire médian du secteur privé est inférieur de 8,7 % à celui de l’Hexagone
En 2022, en Guadeloupe, les salaires sont plus concentrés dans le bas de la distribution qu’en France hexagonale (figure 1). Le niveau du salaire médian guadeloupéen, inférieur de 8,7 % à celui de l’Hexagone, témoigne de cette situation. Un salarié sur deux perçoit en effet moins de 1 828 euros mensuels net en Guadeloupe en équivalent temps plein (EQTP), contre 1 987 euros dans l’Hexagone. Par ailleurs, un salarié du privé sur dix (1er décile) gagne moins de 1 337 euros par mois, soit 8 euros de plus que le Smic. À l’autre extrémité de l’échelle des rémunérations, un salarié sur dix (9e décile) perçoit plus de 3 559 euros, soit 2,7 fois le Smic (3,0 en France hexagonale).
tableauFigure 1 – Distribution des salaires mensuels nets en équivalent temps plein (EQTP) en 2022
Salaires (en euros) | Guadeloupe | Hexagone |
---|---|---|
Moins de 1 200 | 1,7 | 1,7 |
1 200 à 1 400 | 13,6 | 7,5 |
1 400 à 1 600 | 18,3 | 15,6 |
1 600 à 1 800 | 14,7 | 14,6 |
1 800 à 2 000 | 10,7 | 11,2 |
2 000 à 2 200 | 8,0 | 8,8 |
2 200 à 2 400 | 6,1 | 6,9 |
2 400 à 2 600 | 4,9 | 5,4 |
2 600 à 2 800 | 3,7 | 4,4 |
2 800 à 3 000 | 2,9 | 3,5 |
3 000 à 3 200 | 2,4 | 2,9 |
3 200 à 3 400 | 1,8 | 2,4 |
3 400 à 3 600 | 1,6 | 2,0 |
3 600 à 3 800 | 1,3 | 1,7 |
3 800 à 4 000 | 1,1 | 1,4 |
4 000 à 4 200 | 0,9 | 1,2 |
4 200 à 4 400 | 0,8 | 1,0 |
4 400 à 4 600 | 0,6 | 0,9 |
4 600 à 4 800 | 0,5 | 0,8 |
4 800 à 5 000 | 0,5 | 0,7 |
5 000 à 5 200 | 0,4 | 0,6 |
5 200 à 5 400 | 0,4 | 0,5 |
5 400 à 5 600 | 0,3 | 0,4 |
5 600 à 5 800 | 0,3 | 0,4 |
Plus de 5 800 | 2,4 | 3,7 |
- Note : Certains salaires en EQTP sont inférieurs au Smic ; ceci est en effet permis par certains statuts. Cependant, l'existence de rémunérations inférieures au Smic peut aussi provenir d’incohérences entre salaires et durées travaillées dans les déclarations administratives, qui ne peuvent être toutes redressées.
- Lecture : En Guadeloupe, dans le secteur privé, 18,3 % des salariés gagnent entre 1 400 et 1 600 euros net par mois en EQTP.
- Champ : Guadeloupe et France hexagonale, salariés du privé, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs.
- Source : Insee, Base Tous Salariés 2022.
graphiqueFigure 1 – Distribution des salaires mensuels nets en équivalent temps plein (EQTP) en 2022

- Note : Certains salaires en EQTP sont inférieurs au Smic ; ceci est en effet permis par certains statuts. Cependant, l'existence de rémunérations inférieures au Smic peut aussi provenir d’incohérences entre salaires et durées travaillées dans les déclarations administratives, qui ne peuvent être toutes redressées.
- Lecture : En Guadeloupe, dans le secteur privé, 18,3 % des salariés gagnent entre 1 400 et 1 600 euros net par mois en EQTP.
- Champ : Guadeloupe et France hexagonale, salariés du privé, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs.
- Source : Insee, Base Tous Salariés 2022.
Dans les hauts salaires, l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes est moins élevé en Guadeloupe qu’en Hexagone
En Guadeloupe, les 10 % de femmes salariées du privé ayant les salaires les plus élevés perçoivent plus de 3 407 euros mensuels net en EQTP, soit 2,6 fois le Smic (figure 2). Ce montant atteint 3 746 euros pour leurs homologues masculins (2,8 fois le Smic). Cet écart de rémunération nette mensuelle entre les femmes et les hommes s’élève à 339 euros (9,1 %). Il est en revanche quasi nul pour les bas salaires (6 euros).
En France hexagonale, l’écart entre les rémunérations des femmes et des hommes est plus prononcé qu’en Guadeloupe, tout au long de la distribution des salaires. Il s’élève à 15,8 % pour les hauts salaires (9e décile). Ces disparités salariales reflètent en partie des différences en matière de quotité de travail (encadré 1). Dans les analyses de contributions des facteurs aux écarts des salaires qui suivent, cet effet est « neutralisé » en ne tenant compte que des salariés à temps complet présents au moins onze mois dans l’année sur leur poste (Champ restreint). Ceci entraîne mécaniquement une hausse des salaires versés. Toutefois cette prise en compte de la durée du travail entraîne une diminution de l’écart relatif entre le 9e décile des femmes et celui des hommes (8,9 % en Guadeloupe et 14,3 % en France hexagonale sur ce champ réduit).
En contrôlant les caractéristiques d’âge, de temps de travail, de type de contrat, de catégorie socio-professionnelle, de secteur d’activité et de taille de l’établissement afin qu’ils n’influencent plus la mesure, l’écart entre les femmes et les hommes dans les hauts salaires en Guadeloupe ne s’élèverait en effet plus qu’à 2,1 % (figure 3). Ainsi, la prise en compte de l’ensemble de ces caractéristiques permet d’expliquer les trois quarts (76,8 %) de l’écart initial (pour comprendre).
tableauFigure 2 – Distribution par sexe des salaires mensuels nets en équivalent temps plein (EQTP) en 2022
Quantiles | Guadeloupe | Hexagone | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Salaire hommes | Salaire femmes | Écart relatif (H-F)/H (en %) | Écart | Salaire hommes | Salaire femmes | Écart relatif (H-F)/H (en %) | Écart | |
1er décile | 1 341 | 1 335 | 0,5 | 6 | 1 432 | 1 393 | 2,7 | 39 |
1er quartile | 1 520 | 1 498 | 1,4 | 22 | 1 645 | 1 560 | 5,2 | 85 |
Médiane | 1 845 | 1 810 | 1,9 | 34 | 2 077 | 1 889 | 9,1 | 188 |
3e quartile | 2 498 | 2 451 | 1,9 | 47 | 2 909 | 2 549 | 12,4 | 360 |
9e décile | 3 746 | 3 407 | 9,1 | 339 | 4 309 | 3 628 | 15,8 | 681 |
Salaire moyen | 2 316 | 2 174 | 6,1 | 142 | 2 648 | 2 317 | 12,5 | 331 |
- Note : Les déciles partagent la population en dix et les quartiles la partagent en quatre.
- Lecture : Parmi les salariés du secteur privé en Guadeloupe, 25 % (1er quartile) des hommes gagnent moins de 1 520 euros et 25 % des femmes moins de 1 498 euros. L’écart de salaire entre eux s’élève à 22 euros, soit une différence de 1,4 %.
- Champ : Guadeloupe et France hexagonale, salariés du privé, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs.
- Source : Insee, Base Tous Salariés 2022.
En Guadeloupe l’âge explique 10,0 % des écarts salariaux entre les femmes et les hommes dans les hauts salaires
Dans le secteur privé, le salaire des femmes progresse avec l’âge mais moins vite que celui des hommes. Par conséquent, l’écart de salaire entre les femmes et les hommes augmente avec l’âge au fur et à mesure de la progression sur l’échelle des salaires (figure 4). En Guadeloupe, dans les hauts salaires, l’écart est de 2,0 % en faveur des femmes pour les 15-34 ans. En revanche, il est en faveur des hommes pour les 35 à 49 ans (8,8 %) et pour les plus de 50 ans (12,7 %). Or les hommes sont en moyenne plus âgés que les femmes (51 ans contre 50 ans) parmi les hauts salaires. Considérant la situation à âge équivalent, l’écart de rémunération diminuerait de 0,9 point de pourcentage, et s’élèverait à 8,0 %. Ainsi, l’âge explique 10,0 % des écarts de rémunération entre les femmes et les hommes (figure 3).
En France hexagonale, l’âge explique 14,4 % des écarts de rémunération dans les hauts salaires. En effet, les hommes sont plus âgés que les femmes (48 ans contre 46 ans). À âge égal, l’écart de salaire diminuerait de 2,1 points de pourcentage.
En revanche, dans les hauts salaires, le volume horaire de travail et le type de contrat n’ont pas d’influence sur les écarts de salaire dans les deux territoires.
tableauFigure 3 – Écart de salaire entre les femmes et les hommes, à caractéristiques équivalentes, dans les hauts salaires en 2022
Écarts de salaire | Guadeloupe | Hexagone | ||
---|---|---|---|---|
Hauts salaires | Part expliquée | Hauts salaires | Part expliquée | |
Écart initial entre les femmes et les hommes | 8,9 | // | 14,3 | // |
Écart à âge équivalent | 8,0 | 10,0 | 12,2 | 14,4 |
Écart à âge, temps de travail et type de contrat équivalents | 8,1 | -1,2 | 12,6 | -2,3 |
Écart à âge, temps de travail, type de contrat et CSP équivalents | 2,6 | 61,8 | 6,7 | 41,3 |
Écart à âge, temps de travail, type de contrat, CSP, secteur d’activité et taille de l’établissement équivalents | 2,1 | 6,2 | 6,6 | 0,5 |
Part expliquée des écarts | // | 76,8 | // | 58,5 |
- // : Sans objet.
- Lecture : En Guadeloupe, dans les hauts salaires du secteur privé, l’écart de salaire entre les femmes et les hommes serait de 8,0 % si les femmes et les hommes avaient le même âge. L’âge explique 10,0 % de l’écart de salaire initial entre les femmes et les hommes.
- Champ : Guadeloupe et France hexagonale, salariés du privé à temps complet ayant travaillé plus de 11 mois dans l’année, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs.
- Source : Insee, Base Tous Salariés 2022.
Au sein des haut salaires de Guadeloupe, la catégorie socio-professionnelle explique près de deux tiers des écarts
La catégorie socio-professionnelle est le facteur explicatif principal des écarts salariaux. En Guadeloupe, sur le champ restreint d’analyse, elle explique 61,8 % des écarts au sein des hauts salaires contre 41,3 % en France hexagonale. À âge, volume horaire de travail et type de contrat équivalents, si la répartition des femmes et des hommes au sein de chaque catégorie socio-professionnelle était similaire, l’écart ne serait plus que de 2,6 % en Guadeloupe et de 6,7 % en France hexagonale. En effet, parmi les hauts salaires, neuf salariés sur dix sont des cadres ou des professions intermédiaires [figure complémentaire 2 ; pour en savoir plus (1)]. Or les femmes sont plus représentées que les hommes parmi les cadres où l’écart de salaire leur est plus défavorable, que parmi les professions intermédiaires. En Guadeloupe les femmes avec de hauts salaires sont plus souvent cadres (65,7 %) que les hommes (63,2 %). Or pour ces dernières la rémunération nette mensuelle médiane est inférieure de 810 euros à celle de leurs homologues masculins (4 760 euros contre 5 570 euros) (figure 5). Les professions les plus courantes dans les hauts salaires de cette catégorie sont les cadres des services financiers, comptables, commerciaux et administratifs.
Les femmes avec de hauts salaires occupent moins souvent un poste de la catégorie des professions intermédiaires (22,5 %) que les hommes (25,1 %). Au sein de celle-ci, les hommes ont une rémunération nette mensuelle médiane plus élevée de 690 euros que les femmes (4 880 euros contre 4 190 euros). Les salariés exercent notamment les professions de techniciens en production et distribution d’énergie (97 % sont des hommes) et de chargés de la clientèle bancaire (79 % sont des femmes).
Parmi les hauts salaires, les postes d’employés et d’ouvriers sont moins nombreux. Les femmes occupent plus souvent des postes d’employés que les hommes (11,3 % contre 5,3 %). Au sein de cette catégorie, les hommes ont une rémunération nette mensuelle médiane plus élevée de 640 euros que les femmes (4 870 euros contre 4 230 euros). Parmi eux, 60 % sont des employés administratifs d’entreprise, notamment dans les services comptables, financiers, administratifs et commerciaux.
En Guadeloupe, la catégorie des ouvriers, la moins représentée dans les hauts salaires, est majoritairement composée d’hommes. Il s’agit principalement d’ouvriers qualifiés, dont plus de la moitié sont des dockers, des conducteurs d’engin lourd de levage, des monteurs câbleurs en électricité et des électromécaniciens d’entretien (industrie et transport).
tableauFigure 4 – Salaire net mensuel en équivalent temps plein en 2022 dans le secteur privé par décile, sexe et tranche d’âge
Décile | 15 à 34 ans | 35 à 49 ans | 50 ans et plus |
---|---|---|---|
1 | -1,7 | -0,7 | 2,0 |
2 | -2,9 | -0,4 | 1,7 |
3 | -2,8 | -2,1 | 0,1 |
4 | -4,6 | -2,4 | -1,1 |
5 | -6,2 | -4,0 | -1,5 |
6 | -8,2 | -3,4 | -1,5 |
7 | -8,8 | -1,4 | -0,7 |
8 | -6,9 | 2,6 | 4,6 |
9 | -1,8 | 8,8 | 12,7 |
- Lecture : En Guadeloupe, les salariés masculins à temps complet âgé de 35 à 49 ans, ayant travaillé plus de 11 mois dans l’année dans le secteur privé, gagnent 8,8 % de plus par mois que leurs homologues féminines au niveau du 9e décile.
- Champ : Guadeloupe, salariés du privé à temps complet ayant travaillé plus de 11 mois dans l’année, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs.
- Source : Insee, Base Tous Salariés 2022.
graphiqueFigure 4 – Salaire net mensuel en équivalent temps plein en 2022 dans le secteur privé par décile, sexe et tranche d’âge

- Lecture : En Guadeloupe, les salariés masculins à temps complet âgé de 35 à 49 ans, ayant travaillé plus de 11 mois dans l’année dans le secteur privé, gagnent 8,8 % de plus par mois que leurs homologues féminines au niveau du 9e décile.
- Champ : Guadeloupe, salariés du privé à temps complet ayant travaillé plus de 11 mois dans l’année, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs.
- Source : Insee, Base Tous Salariés 2022.
Le secteur d’activité et la taille de l'établissement expliquent une faible part des écarts dans les hauts salaires
En Guadeloupe, le secteur d’activité et la taille de l'établissement expliquent 6,2 % de l’écart salarial dans les hauts salaires. À âge, temps de travail, type de contrat et catégorie socio-professionnelle équivalents, si les hommes et les femmes étaient répartis de la même manière entre les secteurs d’activité et dans des établissements de même taille, l’écart de salaire serait de 2,1 %.
L’écart de rémunération résiduel, non expliqué, dans les hauts salaires relève des caractéristiques non prises en compte dans cette étude comme le diplôme, l’ancienneté sur le poste et dans l’entreprise, l’expérience professionnelle, le nombre d’enfants ou encore les pratiques salariales.
tableauFigure 5 – Médiane des hauts salaires en équivalent temps plein, par sexe et catégorie socio-professionnelle
Catégorie socio-professionnelle | Guadeloupe | Hexagone | ||
---|---|---|---|---|
Salaire médian mensuel | Part (%) | Salaire médian mensuel | Part (%) | |
Cadres | ||||
Hommes | 5 570 | 55 | 5 900 | 64 |
Femmes | 4 760 | 45 | 5 020 | 36 |
Professions intermédiaires | ||||
Hommes | 4 880 | 59 | 5 240 | 59 |
Femmes | 4 190 | 41 | 4 490 | 41 |
Employés | ||||
Hommes | 4 870 | 37 | 5 440 | 44 |
Femmes | 4 230 | 63 | 4 500 | 56 |
Ouvriers | ||||
Hommes | 5 260 | 95 | 5 060 | 85 |
Femmes | 4 380 | 5 | 4 400 | 15 |
- Lecture : En Guadeloupe, le salaire médian des femmes cadres percevant un haut salaire est de 4 760 euros par mois en équivalent temps plein et 45 % des cadres à hauts salaire sont des femmes.
- Champ : Guadeloupe et France hexagonale, salariés du privé, dont le salaire est supérieur au 9e décile, à temps complet ayant travaillé plus de 11 mois dans l’année, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs.
- Source : Insee, Base Tous Salariés 2022.
Encadré 1 - La spécificité du temps partiel
Les écarts de salaires entre femmes et hommes dans le secteur privé en Guadeloupe s’expliquent en partie par la proportion plus élevée de femmes à temps partiel : 24,1 % des femmes sont à temps partiel en 2022, pour 11,5 % des hommes. En Guadeloupe, toute quotité de travail confondue, la moitié des femmes salariées du secteur privé perçoivent au moins 1 810 euros nets mensuels en EQTP, soit 1,9 % de moins que leurs homologues masculins (1 845 euros). Or, en ne prenant que les salariés à temps partiel, ce même écart passe à 0,5 % en faveur des femmes, ce qui suggère que la quotité de travail est un déterminant dans la comparaison des écarts de rémunération. En ne tenant compte que des salariés à temps complet, l’écart au seuil des hauts salaires diminue : il passe de 9,1 % à 7,2 %. Néanmoins, ce choix n’exclut pas toutes les situations qui pourraient correspondre à du temps partiel, comme les salariés présents moins de onze mois dans l’année sur leur poste. En excluant également ces salariés du champ de l’étude, l’écart passe de 7,2 % à 8,9 %.
La compréhension de l’origine des écarts de rémunération entre femmes et hommes nécessite de séparer l’effet mécanique de la quotité de travail qui entraîne une augmentation de la rémunération avec le volume de travail. Comme la source utilisée ne permet pas une caractérisation fine de la quotité de travail d’une part, et une mesure de l’expérience professionnelle et de l’ancienneté sur le poste d’autre part, le choix a été fait de retirer du modèle explicatif de cette étude la population à temps partiel et présente moins de onze mois dans l’année sur leur poste. Cela permet d’étudier les sources des écarts de salaire sur une population plus homogène en termes de carrières, de primes d’ancienneté ou de performance.
Les femmes restant dans l’échantillon pourraient être confrontées à des dynamiques de « plafond de verre » qui limitent leur accession aux fonctions à haut revenu [Ponthieux, Meurs, 2015 ; pour en savoir plus (7)].
Pour comprendre
Dans cette étude, une méthode de décomposition par quantile est mise en œuvre [Firpo et al., 2009 ; pour en savoir plus (6)]. Cette dernière permet d’examiner les écarts de rémunération à différents points de la distribution des salaires. La première partie de la décomposition est qualifiée d’« expliquée » car elle correspond à la part de l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes qui résulte de différences dans leurs caractéristiques observables au niveau quantile (âge, volume horaire de travail, type de contrat de travail (CDD, CDI), catégorie socio-professionnelle, taille de l'établissement et secteur d’activité). La seconde est qualifiée au contraire d’« inexpliquée » car elle correspond à certaines caractéristiques inobservées dans cette étude comme le diplôme, l’ancienneté sur le poste, la quotité de travail, le nombre d’enfants, l’expérience professionnelle (variables non disponibles dans la Base Tous Salariés) ou certaines pratiques salariales.
Champ
Le champ retenu pour l’analyse descriptive est le suivant : les salariés du secteur privé en Guadeloupe et en France hexagonale (postes non annexes, hors apprentis, stagiaires, particuliers employeurs, agriculteurs et chefs d’entreprise) en 2022. Afin de corriger en partie l’effet des caractéristiques liées à l’ancienneté sur le poste, à l’expérience professionnelle, à la quotité de travail et au temps de travail qui sont absentes de la base tous salariés, le champ retenu de l’étude sur les hauts salaires est restreint aux salariés à temps complet présents au moins onze mois dans l’année sur leur poste. Ce champ restreint a été utilisé pour quantifier les sources des écarts de rémunération entre les femmes et les hommes dans les hauts salaires.
Sources
La base Tous salariés est une base statistique sur l’ensemble des salariés, produite à partir des déclarations administratives de leurs employeurs. Sur le champ privé, les salaires annuels et les effectifs sont principalement issus des déclarations sociales nominatives (DSN) que les entreprises adressent à l’administration et que l’Insee traite ensuite.
Définitions
La durée légale du travail effectif des salariés à temps complet est une durée de référence. Elle est fixée à 35 heures hebdomadaires (1 607 heures annuelles) pour toutes les entreprises.
Un temps partiel est un temps de travail inférieur à la durée légale du travail ou à la durée conventionnelle si celle-ci est inférieure. Il doit obligatoirement faire l’objet d’un contrat de travail écrit. Le travail à temps partiel peut être mis en place à l'initiative de l'employeur ou du salarié.
La quotité de travail est le pourcentage de temps de travail d’un salarié par rapport à la durée légale ou conventionnelle de travail. Un salarié à mi-temps a une quotité de travail de 50 %.
Le secteur privé s’entend au sens large, c’est-à-dire y compris entreprises publiques. Une entreprise publique est une entreprise sur laquelle l’État peut exercer directement ou indirectement une influence dominante du fait de la propriété ou de la participation financière, en disposant soit de la majorité du capital, soit de la majorité des voix attachées aux parts émises. Les entreprises publiques sont donc à bien distinguer de la fonction publique (qui regroupe les personnes morales et organismes soumis au droit administratif dans lequel le recrutement se fait sur la base du droit public).
Le salaire en équivalent temps plein (EQTP) est un salaire converti à un temps plein pendant toute l'année, quel que soit le volume de travail effectif. Par exemple, pour un agent ayant occupé un poste de travail pendant six mois à 80 % et ayant perçu un total de 10 000 euros, le salaire en EQTP est de 10 000/(0,5×0,8) = 25 000 euros par an. Pour calculer le salaire moyen en EQTP ou sa distribution, tous les postes y compris les postes à temps partiel sont pris en compte au prorata de leur volume de travail effectivement rémunéré (soit 0,5×0,8=0,4 EQTP dans l'exemple précédent).
Le salaire net (de prélèvements sociaux) est le salaire que perçoit effectivement le salarié avant prélèvement de l’impôt sur le revenu. Il s’obtient en retranchant du salaire brut les cotisations sociales salariales, la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS). Calculé à partir du salaire net fiscal (qui sert d’assiette à l’impôt sur le revenu), il ne comprend pas la participation et l’intéressement placés sur un plan d’épargne entreprise, car ceux-ci ne sont principalement pas imposables, mais comprend les cotisations patronales pour les complémentaires santé obligatoires.
Le salaire minimum interprofessionnel de croissance, plus connu sous l'acronyme Smic, anciennement salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), est, en France, le salaire minimum horaire en dessous duquel aucun salarié de plus de 18 ans ne peut être payé. Dans cette étude, la valeur du Smic mensuel net de référence (correspondant à un temps plein) est celle valable au 1er août 2022, soit 1 329 euros.
Pour en savoir plus
(1) Retrouvez davantage de données associées à cette publication en téléchargement.
(2) Chareyron S., Leborgne M., L’horty Y., « Ouvrir dans un nouvel ongletLes écarts de rémunération au recrutement des hommes et des femmes : une investigation en entreprise », Revue française d’économie, 37(1), 13-44, 2022.
(3) Godet F., Sanchez Gonzalez J., « Les salaires dans le secteur privé en 2022 », Insee Première no 1971, novembre 2023.
(4) Brefort M., Riem B., « Le temps de travail et le poste occupé : deux facteurs explicatifs majeurs des écarts de salaires femmes - hommes », Insee Analyses Hauts-de-France, mars 2023.
(5) Boutchenik B., Coudin E., Maillard S., « Les méthodes de décomposition appliquées à l’analyse des inégalités », Direction de la Méthodologie et de la Coordination Statistique et Internationale, avril 2019.
(6) Firpo S., Fortin N. M., Lemieux T., « Ouvrir dans un nouvel onglet Unconditional Quantile Regressions », Econometrica, 77(3) : 953-973, mai 2009.
(7) Ponthieux S., Meurs D., « Ouvrir dans un nouvel onglet Gender inequality », in Handbook of income distribution (Vol. 2, pp. 981-1146), Elsevier, 2015.