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Insee Analyses Grand Est · Mars 2024 · n° 176
Insee Analyses Grand EstCentrales nucléaires de Cattenom, Chooz et Nogent-sur-Seine : un effet économique marqué à proximité des établissements

Emmanuel Franco, Sylvain Moreau, Luc Naegele, Vincent Nieto (Insee)

L’effet économique de la présence des centrales nucléaires en activité dans la région Grand Est est estimé à plus de 7 000 emplois salariés en 2018-2019. Avec leurs familles, ces travailleurs représentent près de 20 000 personnes. L’emploi lié aux centrales de Cattenom, de Chooz et de Nogent-sur-Seine est concentré à proximité des trois établissements. Leur influence économique est importante dans les territoires où ils sont implantés. L’industrie représente plus de la moitié des emplois liés aux centrales.

Insee Analyses Grand Est
No 176
Paru le :Paru le12/03/2024

Cette étude fait partie d'une série de publications sur les centrales nucléaires du Grand Est.

Centrales nucléaires de Cattenom, Chooz et Nogent-sur-Seine : un effet économique marqué à proximité des établissements.
Publication rédigée par :Emmanuel Franco, Sylvain Moreau, Luc Naegele, Vincent Nieto (Insee)

7 250 emplois liés aux trois centrales nucléaires

Depuis 2020, le Grand Est compte huit réacteurs nucléaires électrogènes en fonctionnement exploités par le groupe EDF. D’une puissance électrique totale de 10,7 gigawatts, ils représentent 18 % du potentiel de production d’électricité d’origine nucléaire en France. Ils se répartissent sur les sites de Cattenom (Moselle), Chooz (Ardennes) et Nogent-sur-Seine (Aube).

Le nombre d’ à ces trois établissements du groupe EDF est estimé à 7 250 en moyenne entre 2018 et 2019 (figure 1). Les centrales nucléaires emploient directement 3 080 salariés et les commandes facturées par leurs fournisseurs génèrent 2 050 . Les dépenses de consommation des ménages de l’ensemble de ces salariés se traduisent en outre par 2 120 .

Figure 1Emploi et population liés à la présence des centrales nucléaires du Grand Est

Emploi et population liés à la présence des centrales nucléaires du Grand Est - Lecture : 3 080 salariés EDF travaillent dans l’une des trois centrales du Grand Est. Les ménages de ces salariés représentent 8 630 personnes résidant dans le Grand Est ou les départements proches. Les commandes de ces centrales génèrent 2 050 emplois dans les établissements des fournisseurs et prestataires. Les dépenses de consommation de la population résultant des effets direct et indirect génèrent 2 120 emplois.
Emploi et population Effet direct Effet indirect Effet induit Effet global
Emploi lié 3 080 2 050 2 120 7 250
Population liée 8 630 5 350 5 550 19 530
  • Lecture : 3 080 salariés EDF travaillent dans l’une des trois centrales du Grand Est. Les ménages de ces salariés représentent 8 630 personnes résidant dans le Grand Est ou les départements proches. Les commandes de ces centrales génèrent 2 050 emplois dans les établissements des fournisseurs et prestataires. Les dépenses de consommation de la population résultant des effets direct et indirect génèrent 2 120 emplois.
  • Champ : Région Grand Est et départements de l’Aisne, du Nord, de la Seine-et-Marne et de l’Yonne ; emploi au lieu de travail.
  • Sources : Insee, appariement Flores - Fichier tous salariés – FEE 2019 et recensement de la population 2018 ; EDF, salariés, commandes et sous-traitance 2018-2019.

Figure 1Emploi et population liés à la présence des centrales nucléaires du Grand Est

  • Lecture : 3 080 salariés EDF travaillent dans l’une des trois centrales du Grand Est. Les ménages de ces salariés représentent 8 630 personnes résidant dans le Grand Est ou les départements proches. Les commandes de ces centrales génèrent 2 050 emplois dans les établissements des fournisseurs et prestataires. Les dépenses de consommation de la population résultant des effets direct et indirect génèrent 2 120 emplois.
  • Champ : Région Grand Est et départements de l’Aisne, du Nord, de la Seine-et-Marne et de l’Yonne ; emploi au lieu de travail.
  • Sources : Insee, appariement Flores - Fichier tous salariés – FEE 2019 et recensement de la population 2018 ; EDF, salariés, commandes et sous-traitance 2018-2019.

En somme, à chaque dans les centrales nucléaires correspond 1,36 emploi supplémentaire dans la région (0,67 emploi indirect et 0,69 emploi induit). La à la présence des trois centrales, c’est-à-dire le nombre de personnes vivant dans les ménages des salariés constituant l’emploi lié, représente 19 530 personnes. Munie de quatre réacteurs, la centrale de Cattenom est l’une des premières de France en termes de puissance installée. Elle contribue pour moitié à l’impact sur l’emploi dans la région. Les centrales de Chooz et de Nogent-sur-Seine, comportant deux réacteurs, y contribuent chacune pour un quart. Les deux réacteurs de Fessenheim, aujourd’hui à l’arrêt, ne sont pas pris en compte dans ces estimations (encadré 1).

Une influence économique concentrée à proximité des centrales

La présence des centrales nucléaires a un effet significatif sur l’emploi des trois départements où elles sont implantées, tandis qu’il est beaucoup plus diffus dans les départements environnants (figure 2). Les des centrales, où leur influence économique est particulièrement prononcée, comptent 157 communes au total et forment trois zones autour des centrales, dans lesquelles se concentre l’emploi lié. L’emploi direct d’abord : l’ensemble des salariés EDF pris en compte travaillent en effet sur les sites des trois centrales. L’emploi indirect ensuite, puisque 80 % des emplois des fournisseurs sont localisés dans les territoires d’inscription de chacune des centrales. La plupart du temps, leurs interventions impliquent une présence humaine sur place, en particulier pour des prestations de gardiennage, accueil, ménage, nettoyage industriel ; pour ce type de services aux entreprises, la quasi-totalité de l’emploi indirect est localisé dans les territoires d’inscription. Les fournisseurs sont donc souvent implantés à proximité des centrales. Lorsque leurs établissements sont plus distants, ils peuvent employer des salariés travaillant habituellement à la centrale et résidant à proximité.

Figure 2Répartition de l’emploi lié aux centrales nucléaires du Grand Est

Répartition de l’emploi lié aux centrales nucléaires du Grand Est - Lecture : La communauté de communes de Cattenom et Environs compte 2 280 emplois liés à la présence des centrales nucléaires du Grand Est. À l’échelle du département de la Moselle, 1 % de l’emploi est lié aux trois centrales.
Code Libellé Emploi lié Part de l’emploi lié (%)
Département
02 Aisne 10 0,01
08 Ardennes 1 580 1,83
10 Aube 1 590 1,43
51 Marne 40 0,02
52 Haute-Marne 10 0,02
54 Meurthe-et-Moselle 110 0,04
55 Meuse 10 0,02
57 Moselle 3 490 1,00
59 Nord 150 0,01
67 Bas-Rhin 40 0,01
68 Haut-Rhin 70 0,02
77 Seine-et-Marne 110 0,02
88 Vosges 10 0,01
89 Yonne 30 0,03
Intercommunalité
200000545 CC des Portes de Romilly-sur-Seine 2 280 ///
200006716 CC du Nogentais 1 510 ///
200037133 CC du Provinois 1 350 ///
200039865 Metz Métropole 520 ///
200039949 CC Rives de Moselle 250 ///
200040251 CC Bassée-Montois 120 ///
200041515 CC du Bassin de Pont-à-Mousson 110 ///
200041630 CA Ardenne Métropole 80 ///
200042190 CA de la Porte du Hainaut 70 ///
200043396 CA Maubeuge Val de Sambre 50 ///
200057958 CA Paris - Vallée de la Marne 50 ///
200066009 CA Mulhouse Alsace Agglomération 50 ///
200066025 CC Pays Rhin - Brisach 50 ///
200066835 CC de Sézanne-Sud Ouest Marnais 50 ///
200067213 CU du Grand Reims 50 ///
200067486 CC Bouzonvillois-Trois Frontières 40 ///
200067502 CA Saint-Avold Synergie 40 ///
200067650 CC Houve-Pays Boulageois 40 ///
200067759 CC Vallées et Plateau d'Ardenne 30 ///
200067957 CC Haut Chemin-Pays de Pange 30 ///
200068666 CA de Saint-Dizier Der et Blaise 30 ///
200069250 CA Troyes Champagne Métropole 30 ///
200070126 CC Seine et Aube 20 ///
200070290 CC Coeur du Pays Haut 20 ///
200070738 CC Mad et Moselle 20 ///
200070845 CC Orne Lorraine Confluences 20 ///
200071066 CA de Saint-Dié-des-Vosges 10 ///
240800821 CC Ardenne 10 ///
241000488 CC de l'Orvin et de l'Ardusson 10 ///
245400262 CA de Longwy 10 ///
245400676 Métropole du Grand Nancy 10 ///
245700372 CA de Forbach Porte de France 10 ///
245700398 CC de Freyming-Merlebach 10 ///
245700695 CC de Cattenom et Environs 10 ///
245701164 CC du Warndt 10 ///
245701222 CA du Val de Fensch 10 ///
245701271 CC du Pays Orne Moselle 10 ///
245701354 CC de l'Arc Mosellan 10 ///
245701362 CA Portes de France-Thionville 10 ///
245701404 CC du Pays Haut Val d'Alzette 10 ///
245900410 Métropole Européenne de Lille 10 ///
245900428 CU de Dunkerque 10 ///
245901160 CA Valenciennes Métropole 10 ///
246700488 Eurométropole de Strasbourg 10 ///
246800676 CC de la Vallée de la Doller et du Soultzbach 10 ///
246800726 CA Colmar Agglomération 10 ///
247700057 CA Melun Val de Seine 10 ///
247700107 CC Pays de Montereau 10 ///
248900334 CA du Grand Sénonais 10 ///
248900896 CC Yonne Nord 10 ///
  • Note : L’emploi lié à la présence des centrales est la somme de l’emploi direct (salariés EDF), indirect (commandes des centrales) et induit (consommation des ménages des salariés constituant l’emploi direct et indirect). Le territoire d’inscription d’une centrale est un ensemble de communes où son influence économique est significative (plus de 2,5 % de la population liée à la centrale). Les intercommunalités où moins de cinq emplois sont liés aux centrales ne sont pas représentées.
  • Lecture : La communauté de communes de Cattenom et Environs compte 2 280 emplois liés à la présence des centrales nucléaires du Grand Est. À l’échelle du département de la Moselle, 1 % de l’emploi est lié aux trois centrales.
  • Champ : Emploi au lieu de travail.
  • Sources : Insee, appariement Flores - Fichier tous salariés – FEE 2019 et recensement de la population 2018 ; EDF, salariés, commandes et sous-traitance 2018-2019.

Figure 2Répartition de l’emploi lié aux centrales nucléaires du Grand Est

  • Note : L’emploi lié à la présence des centrales est la somme de l’emploi direct (salariés EDF), indirect (commandes des centrales) et induit (consommation des ménages des salariés constituant l’emploi direct et indirect). Le territoire d’inscription d’une centrale est un ensemble de communes où son influence économique est significative (plus de 2,5 % de la population liée à la centrale). Les intercommunalités où moins de cinq emplois sont liés aux centrales ne sont pas représentées.
  • Lecture : La communauté de communes de Cattenom et Environs compte 2 280 emplois liés à la présence des centrales nucléaires du Grand Est. À l’échelle du département de la Moselle, 1 % de l’emploi est lié aux trois centrales.
  • Champ : Emploi au lieu de travail.
  • Sources : Insee, appariement Flores - Fichier tous salariés – FEE 2019 et recensement de la population 2018 ; EDF, salariés, commandes et sous-traitance 2018-2019.

Enfin, les emplois induits correspondent à la consommation des salariés constituant les emplois directs et indirects ainsi qu’à celle de leur famille. Dans cette étude, on fait l'hypothèse que cette consommation s'effectue dans les établissements les plus proches du domicile. Or, la plupart des salariés habitent non loin de leur lieu de travail : les trois quarts des salariés EDF constituant l’emploi direct résident au sein du territoire d’inscription de la centrale qui les emploie. Ce phénomène est plus net dans le territoire enclavé de Chooz, où vivent près de neuf salariés sur dix ; il l'est moins à Cattenom, où 69 % de l'emploi direct se trouve dans le territoire d'inscription. Ainsi, l’emploi induit tend à se concentrer dans les territoires d'inscription et plus particulièrement dans leurs principales agglomérations. Les prises en compte (commerces et services) sont en effet plus fréquemment situées dans les espaces urbains.

Les territoires d’inscription sont des zones d’influence économique géographiquement restreinte. Toutefois, au-delà de ces zones, la consommation des travailleurs liés aux centrales et de leurs familles profite aux pôles urbains voisins. Ainsi, la ville de Metz, située à 40 km de Cattenom, compte une centaine d’emplois liés à la centrale, dont plus des deux tiers sont des emplois induits.

Au-delà des frontières régionales, l’effet économique de la présence des trois centrales est de moindre ampleur, avec un emploi lié sur six. Moins de 300 salariés concernés par ces centrales travaillent dans les départements du Nord, de la Seine-et-Marne et, dans une moindre mesure, de l’Yonne et de l’Aisne. Il s'agit d'emplois liés aux centrales de Chooz et surtout de Nogent-sur-Seine, proches de ces départements. Le reste du territoire national totalise environ 900 emplois liés aux trois centrales nucléaires du Grand Est.

Trois zones d’influence aux dynamiques contrastées

Les trois zones d'influence économique des centrales du Grand Est sont toutes situées aux frontières de la région. Chooz est dans la pointe de Givet bordée par la Belgique, Cattenom jouxte le Luxembourg et l'Allemagne. Quant à Nogent-sur-Seine, elle est toute proche de l’Île-de-France (qui comprend 18 des communes du territoire d'inscription) et de la Bourgogne-Franche-Comté.

Ces trois territoires cumulent près de 220 000 habitants en 2018, qui résident souvent dans des communes peu ou très peu denses. Ainsi, 45 % d’entre eux en moyenne vivent dans des territoires ruraux, soit 4 points de plus que dans la région. La part de ruraux est majoritaire dans les territoires d'inscription de Nogent-sur-Seine et de Chooz. Elle est plus contenue dans celui de Cattenom (35 %) en raison de la présence des centres urbains intermédiaires de Thionville et de Yutz, et de sa proximité avec un grand centre urbain, la métropole de Metz (figure 3).

Figure 3Principales caractéristiques des territoires d’inscription des centrales nucléaires du Grand Est

Principales caractéristiques des territoires d’inscription des centrales nucléaires du Grand Est - Lecture : La population résidant au sein du territoire d’inscription de la centrale de Chooz s’élève à 33 300 personnes, dont 10,8 % sont liées à la présence des centrales nucléaires de la région. Le marché du travail du territoire d'inscription de Cattenom est déséquilibré, car il y a 67 emplois dans le territoire pour 100 actifs occupés qui y résident.
Caractéristiques Cattenom Chooz Nogent-sur-Seine
Nombre d’habitants 127 900 33 300 58 100
Part de la population liée aux trois centrales (en %) 3,4 10,8 4,9
Part de la population vivant dans des communes peu denses ou très peu denses (en %) 35 53 62
Évolution de la population 1990-2019 (en % par an) 0,6 -0,9 0,3
Évolution de la population active 1990-2019 (en % par an) 1,2 -0,5 0,3
Part de l'industrie dans l'emploi en 1975 (en %) 29 65 40
Part de l'industrie dans l'emploi en 2019 (en %) 14 32 17
Nombre d'emplois pour 100 actifs occupés 67 90 83
Actifs occupés travaillant hors frontières (en %) 46 8 0
  • Note : Le territoire d’inscription d’une centrale est un ensemble de communes où son influence économique est significative (plus de 2,5 % de la population liée à la centrale).
  • Lecture : La population résidant au sein du territoire d’inscription de la centrale de Chooz s’élève à 33 300 personnes, dont 10,8 % sont liées à la présence des centrales nucléaires de la région. Le marché du travail du territoire d'inscription de Cattenom est déséquilibré, car il y a 67 emplois dans le territoire pour 100 actifs occupés qui y résident.
  • Sources : Insee, appariement Flores - Fichier tous salariés - FEE 2019 et recensements de la population ; EDF, salariés, commandes et sous-traitance 2018-2019. 

La zone d'influence économique de Cattenom est également située dans l'aire d'attraction du Luxembourg, pays dans lequel travaille près de la moitié des actifs résidents du territoire d’inscription. De même, de nombreux actifs de la zone de Nogent-sur-Seine ont un emploi en Île-de-France. Avec la proximité de Luxembourg et de Paris, pôles d'emploi très dynamiques, ces deux territoires attirent de nouveaux habitants. Après une phase de forte désindustrialisation, ils retrouvent aujourd’hui une croissance démographique, très importante à Cattenom, et un peu plus mesurée à Nogent-sur-Seine. La démographie de Chooz ne bénéficie pas de locomotive équivalente et la population y diminue de près de 1 % par an au cours des trois dernières décennies. Dans ce territoire plus réduit, l'influence de la centrale s’avère plus intense et concerne un habitant sur dix, et a contribué à freiner son fort déclin démographique. La présence de la centrale participe également de façon prépondérante à la place importante de l'industrie dans l'économie locale : le secteur représente encore un tiers de l'emploi (deux fois moins qu’en 1975).

L’industrie représente plus de la moitié de l’emploi lié aux centrales

La présence des centrales stimule d’abord l’emploi industriel, qui représente 3 830 emplois, soit 53 % de l’emploi lié (figure 4). Les emplois directs des trois établissements EDF dont l’activité principale est la production d’électricité y contribuent largement. En outre, 700 emplois industriels relèvent de l’emploi indirect. Une des principales activités concernées, avec 240 emplois, est le traitement et l’élimination des déchets dangereux (Orano). Les autres fournisseurs exercent des activités variées, surtout dans l’industrie manufacturière — fabrication, installation et réparation de structures métalliques, de machines et équipements mécaniques, d’ouvrages en métaux ou d’équipements électriques, mécanique industrielle — et la distribution de vapeur et d’air conditionné. Ces entreprises fournissent du matériel ou participent à des opérations ponctuelles de maintenance de l’outil de production. La part de l’industrie dans l’emploi indirect varie selon les centrales en fonction des opérations programmées (maintenance, sécurité...). Ainsi, en 2018-2019, elle est élevée à Cattenom (45 %) et plus réduite à Nogent-sur-Seine (18 %), Chooz étant dans une situation intermédiaire (28 %) (encadré 2).

Figure 4Emploi lié aux centrales nucléaires du Grand Est selon le secteur d’activité

(en %)
Emploi lié aux centrales nucléaires du Grand Est selon le secteur d’activité ((en %)) - Lecture : En 2018-2019, l’industrie représente 53 % de l’emploi lié aux centrales nucléaires de la région, dont 43 % pour la production d’électricité.
Emploi lié Production d’électricité Autre industrie Services aux entreprises Construction Commerce, transport, hébergement, restauration Administration publique, santé, enseignement, action sociale Services divers
Part des emplois liés 42,5 10,4 11,8 8,2 8,9 14,6 3,6
  • Lecture : En 2018-2019, l’industrie représente 53 % de l’emploi lié aux centrales nucléaires de la région, dont 43 % pour la production d’électricité.
  • Champ : Région Grand Est et départements de l’Aisne, du Nord, de la Seine-et-Marne et de l’Yonne ; emploi au lieu de travail.
  • Sources : Insee, appariement Flores - Fichier tous salariés - FEE 2019 et recensement de la population 2018 ; EDF, salariés, commandes et sous-traitance 2018-2019.

Figure 4Emploi lié aux centrales nucléaires du Grand Est selon le secteur d’activité

  • Lecture : En 2018-2019, l’industrie représente 53 % de l’emploi lié aux centrales nucléaires de la région, dont 43 % pour la production d’électricité.
  • Champ : Région Grand Est et départements de l’Aisne, du Nord, de la Seine-et-Marne et de l’Yonne ; emploi au lieu de travail.
  • Sources : Insee, appariement Flores - Fichier tous salariés - FEE 2019 et recensement de la population 2018 ; EDF, salariés, commandes et sous-traitance 2018-2019.

Les services aux entreprises sont le premier secteur à bénéficier de l’emploi indirect lié aux centrales, avec 860 emplois. Plus de la moitié de ces salariés travaillent dans des entreprises fournissant aux centrales des prestations de nettoyage industriel, de gardiennage, de ménage. Pour ces activités, chacune des trois centrales mobilise environ 160 salariés, soit 480 emplois indirects au total. Les emplois restant relèvent des activités spécialisées, scientifiques et techniques et correspondent principalement à des prestations d’analyses et d’études techniques. Par ailleurs, 380 salariés du secteur de la construction interviennent sur les sites des centrales et réalisent des travaux allant de l’isolation ou de l’installation électrique à la construction de bâtiments ou de routes. L’emploi indirect représente deux tiers de l’emploi lié dans la construction, les 220 emplois restant proviennent de l’emploi induit.

Enfin, les secteurs de l’administration publique, de la santé et de l’action sociale, de l’enseignement, du commerce, des transports et de la restauration représentent 1 960 emplois, soit 27 % de l’emploi lié. Ce sont principalement des emplois induits par les dépenses des salariés et de leurs familles dans les territoires où ils résident. En effet, l’emploi indirect est réduit dans ces secteurs hormis pour les activités de transport et entreposage.

Encadré 1 - Fessenheim et Chooz-A : trois réacteurs nucléaires à l’arrêt

Depuis 2020, la région Grand Est compte trois réacteurs nucléaires à l’arrêt, un à Chooz et deux à Fessenheim (Haut-Rhin). Toutefois l’arrêt de la production ne signifie pas la disparition de l’emploi lié. Ainsi, le réacteur expérimental de Chooz-A, construit et mis en service durant les années 1960, est déconnecté du réseau depuis 1991 et en cours de démantèlement depuis 2010. En 2018-2019, 24 salariés EDF y sont affectés pour encadrer les opérations. De construction plus récente, la centrale nucléaire de Fessenheim est mise en service en 1978 et à l’arrêt depuis 2020. Plus de 600 salariés y travaillent en 2019 ; en 2021, l’emploi direct s’élève toujours à près de 400 salariés qui préparent le démantèlement. L’emploi lié à Chooz-A est compris dans l’étude mais pas celui lié à Fessenheim.

Encadré 2 - L’emploi des fournisseurs stimulé par le programme industriel d’EDF

Au regard de la tendance des dix années précédentes, le montant des commandes facturées par les fournisseurs des centrales est élevé durant la période étudiée, alors que la production électrique a ralenti (figure 5) en raison du programme industriel d’EDF. D’une part, les investissements importants engagés par EDF depuis 2015 pour améliorer la sûreté et prolonger la durée de vie des centrales (Grand carénage) impliquent de nombreux contrôles et le remplacement de certains équipements coûteux. D’autre part, le calendrier des opérations de maintenance est chargé pour les trois centrales étudiées de 2018 à 2020 (figure 6). À Chooz et à Nogent-sur-Seine, en particulier, l’ensemble des réacteurs sont concernés en 2019 ou en 2020 par une visite décennale menée par l’Autorité de sûreté nucléaire. Ces visites imposent un arrêt des réacteurs le temps de subir un examen approfondi ou d’en remplacer certains composants. En outre, dans la mesure où ces opérations sont externalisées, elles stimulent l’emploi des fournisseurs des centrales, qui sont davantage sollicités.

EDF

Figure 5Montant des commandes facturées et production d’électricité des centrales nucléaires du Grand Est

(en % de la moyenne annuelle 2010-2019)
Montant des commandes facturées et production d’électricité des centrales nucléaires du Grand Est ((en % de la moyenne annuelle 2010-2019) ) - Lecture : En 2018, la production de la centrale de Nogent-sur-Seine est inférieure de 6 % à la production annuelle moyenne 2010-2019, tandis que le montant des commandes est supérieur de 20 % au total facturé annuel moyen 2010-2019.
Centrale nucléaire Année Montant des commandes Production
Cattenom 2018 103 93
2019 114 93
Moyenne 2010-2019 100 100
Chooz 2018 93 108
2019 127 89
Moyenne 2010-2019 100 100
Nogent-sur-Seine 2018 120 94
2019 136 89
Moyenne 2010-2019 100 100
  • Lecture : En 2018, la production de la centrale de Nogent-sur-Seine est inférieure de 6 % à la production annuelle moyenne 2010-2019, tandis que le montant des commandes est supérieur de 20 % au total facturé annuel moyen 2010-2019.
  • Champ : Centrales nucléaires du Grand Est en activité fin 2020.
  • Sources : EDF ; International Atomic Energy Agency, Power Reactor Information System ; traitements Insee.

Figure 5Montant des commandes facturées et production d’électricité des centrales nucléaires du Grand Est

  • Lecture : En 2018, la production de la centrale de Nogent-sur-Seine est inférieure de 6 % à la production annuelle moyenne 2010-2019, tandis que le montant des commandes est supérieur de 20 % au total facturé annuel moyen 2010-2019.
  • Champ : Centrales nucléaires du Grand Est en activité fin 2020.
  • Sources : EDF ; International Atomic Energy Agency, Power Reactor Information System ; traitements Insee.

Figure 6Programme industriel

Programme industriel - Lecture : En 2018, deux réacteurs de la centrale de Cattenom sont arrêtés pour rechargement et un réacteur pour une visite décennale.
Centrale nucléaire 2017 2018 2019 2020
Cattenom ASR, VP 2 ASR, VD 3 VP ASR, VP
Chooz 2 VP VP VD VD
Nogent-sur-Seine VP VP VD VD
  • Note : ASR = arrêt pour simple rechargement, VP = visite partielle, VD = visite décennale. En 2018, d’autres travaux importants ont lieu à la centrale de Nogent-sur-Seine.
  • Lecture : En 2018, deux réacteurs de la centrale de Cattenom sont arrêtés pour rechargement et un réacteur pour une visite décennale.
  • Champ : Centrales nucléaires du Grand Est en activité fin 2020.
  • Sources : EDF ; ASN.

Encadré 3 - Partenariat

Cette étude a été réalisée dans le cadre d’un partenariat entre la direction régionale de l’Insee du Grand Est, Électricité de France et la Préfecture de la région Grand Est.

Publication rédigée par :Emmanuel Franco, Sylvain Moreau, Luc Naegele, Vincent Nieto (Insee)

Pour comprendre

Les estimations d’emploi et de population liés sont réalisées à l’échelle de la région Grand Est, élargie aux départements susceptibles d’être concernés par les centrales proches des frontières régionales du fait de leur proximité géographique (Aisne, Nord, Seine-et-Marne, Yonne), et à l’échelle de l’ensemble de la France métropolitaine.

L’emploi direct est mesuré à partir des données fournies par EDF. Il inclut les salariés d’EDF dépendant administrativement de la centrale, ainsi que les salariés d’autres services dès lors qu’ils travaillent en permanence dans les locaux de l’établissement. Pour la centrale de Chooz, le site de Chooz-A en cours de démantèlement est également pris en compte.

Pour estimer l’emploi indirect d’un établissement fournisseur, le montant des commandes facturées à EDF en 2018-2019 est rapporté à la richesse dégagée de l’établissement au sens du Fichier Économique Enrichi (FEE). Celle-ci permet de ventiler le chiffre d’affaires de l’entreprise entre ses différents établissements en fonction de leur masse salariale. La part de l’emploi de l’établissement fournisseur lié aux commandes de la centrale correspond au rapport entre le montant des commandes et la richesse dégagée. En complément, les données de présence de salariés d’entreprises extérieures sur le site de la centrale, fournies par EDF, sont utilisées pour affiner les estimations. Ces données mesurent le nombre de salariés mis à disposition par des sous-traitants, présents au 31 décembre et travaillant dans les locaux EDF depuis plus d’un an (en équivalent temps plein). Elles sont utilisées dès lors que le nombre d’emplois sur site est cohérent avec le nombre de salariés de l’établissement fournisseur résidant à proximité de la centrale. Les emplois indirects sont alors localisés à la centrale, ces salariés pouvant cependant dépendre d’établissements qui en sont éloignés. Seuls les fournisseurs facturant un montant total supérieur à 10 000 euros en 2018-2019 sont pris en compte, ils représentent 99 % du total facturé.

La population liée est mesurée, pour l’emploi direct, en fonction des données fournies par EDF sur la résidence des salariés et la taille de leurs ménages. Pour l’emploi indirect et induit, ces caractéristiques sont déterminées à partir des lieux de résidence des salariés issus de la BTS et de la taille des ménages par commune issue du RP.

Publication rédigée par :Emmanuel Franco, Sylvain Moreau, Luc Naegele, Vincent Nieto (Insee)

Sources

Les sources mobilisées combinent des données fournies par EDF concernant l’emploi, les commandes facturées à la centrale nucléaire et l’effectif des salariés d’entreprises sous-traitantes travaillant sur le site de la centrale en 2018-2019, avec des sources Insee, Fichier localisé des rémunérations et de l’emploi salarié (Flores) 2019, Base tous salariés (BTS) 2019, Fichier économique enrichi 2019, Recensement de la population (RP) 2018. Les données sur la population et les évolutions d’emploi sur le temps long proviennent des RP. Les évolutions d’emploi 2008-2019 sont issues de Flores et du dispositif Connaissance locale de l’appareil productif (Clap). Les caractéristiques des entreprises proviennent de Sirene/Sirus et des fichiers Liaisons financières (Lifi), hormis pour l’emploi issu de Flores.

Définitions

L’emploi direct est le nombre de salariés employés par EDF travaillant sur le site de la centrale nucléaire.

L’emploi indirect des fournisseurs est mesuré au prorata du poids des commandes facturées à la centrale dans leur chiffre d’affaires estimé, et en tenant compte des salariés de ces entreprises travaillant sur le site de la centrale.

L’emploi induit est une estimation des emplois salariés générés par les dépenses de consommation des salariés constituant l’emploi direct et indirect et leurs familles.

L’emploi lié à la présence de la centrale est la somme de l’emploi direct, indirect et induit.

La population liée est le nombre de personnes dans les ménages des salariés constituant l’emploi direct, indirect et induit.

Le territoire d’inscription d’une centrale est un ensemble de communes où l’effet économique de sa présence est significatif. Il regroupe des communes contiguës dont la part de population liée à la centrale est supérieure au seuil d’influence économique, fixé à 2,5 %, ou appartenant à la même intercommunalité que la centrale. Des communes ont pu être ajoutées ou retirées pour des raisons de contiguïté.

Les activités présentielles sont les activités mises en œuvre localement pour la production de biens et de services visant la satisfaction des besoins de personnes présentes dans la zone, qu'elles soient résidentes ou touristes.

Pour en savoir plus

(1) Franco E. et al., « La centrale de Cattenom, grand établissement industriel aux portes du Luxembourg  », Insee Flash Grand Est, no 84, janvier 2024.

(2) Franco E. et al., « La pointe de Givet, dans les Ardennes, fortement marquée par la présence de la centrale de Chooz  », Insee Flash Grand Est, no 85, janvier 2024.

(3) Franco E. et al., « La centrale de Nogent-sur-Seine, dans la zone d’attractivité de l’Île-de-France  », Insee Flash Grand Est, no 86, janvier 2024.

(4) Ébro A. et Gass C., « 3 700 emplois liés à la centrale nucléaire de Cattenom et 61 communes concernées dans le Grand Est », Insee Analyses Grand Est, no 91, février 2019.

(5) Gass C. et Moreau S., « Une inscription territoriale diffuse pour la centrale nucléaire de Fessenheim », Insee Analyses Alsace, no 2, juillet 2014.