Insee Analyses Centre-Val de Loire · Juillet 2023 · n° 99

Malgré la désindustrialisation, encore un emploi régional sur cinq dans les activités de production concrète

En 2019, 1 015 000 emplois sont situés en région Centre-Val de Loire, soit une augmentation du nombre d’emplois de 8,5 % entre 1990 et 2019. L’évolution de l’emploi total est comparable à celle de la population observée sur la même période. Le nombre d’emplois en Centre-Val de Loire n’a que peu évolué sur la période 2009-2019, après une forte croissance entre 1990 et 2009 (7,5 %).

L’analyse des fonctions exercées par les actifs aide à appréhender les mutations de l’économie et les spécificités locales de l’emploi. Les professions sont réparties en quinze fonctions (pour comprendre), certaines d'entre elles interviennent dans les différentes étapes de la production, d'autres sont plutôt tournées vers les services à la population. Ces fonctions sont regroupées en quatre familles : les fonctions à orientation présentielle et les fonctions métropolitaines représentent une part croissante de l’emploi, tandis que le poids des fonctions de production concrète se contracte et celui des fonctions transversales reste relativement stable (figure 1). L’emploi est principalement concentré dans les grandes métropoles, la répartition des fonctions d’emploi traduit la spécialisation économique des territoires et l’influence des grands pôles urbains.

La croissance de l’emploi en région est portée par le dynamisme de l’axe ligérien. Dans les zones d’emploi de Tours et Chinon, l’emploi total a augmenté de 0,7 % par an en moyenne entre 1999 et 2019 et de 0,5 % dans celle d’Orléans. La situation est plus contrastée dans les franges franciliennes, où seule la zone d’emploi de Montargis a gagné des emplois. Dans la zone d’emploi de Pithiviers et à un degré moindre dans celle de Chartres, le nombre d’emplois décroît de façon régulière sur les deux décennies (respectivement -0,4 % et -0,1 % par an en moyenne). Dans la zone de Dreux, le léger rebond de la période 2009-2019 ne suffit pas à compenser la baisse observée entre 1999 et 2009 (-0,3 % par an).

En 2019, les fonctions à orientations présentielles (administration publique, éducation et formation, distribution, santé et action sociale, services de proximité) pèsent le plus en Centre-Val de Loire. Elles représentent 40,1 % de l’emploi total, soit une augmentation de 26,5 % depuis 1990. Cette évolution est liée à la fois à la croissance de la population mais aussi à son vieillissement, les besoins en termes de services de santé et d’action sociale étant par exemple plus importants pour les seniors. La part de ces fonctions dans l’emploi dépasse la moyenne régionale dans le département d’Indre-et-Loire, où la part des emplois dans les fonctions de santé et d’action sociale est plus importante, et dans les départements du Cher et de l’Indre qui comptent relativement plus d’emplois dans les fonctions d’administration publique (données complémentaires 1).

La part des fonctions transversales (entretien, réparation et transport, logistique) est quant à elle restée relativement stable depuis 1990. Elle s’élève à 17,2 % en 2019 dans la région et à 18,5 % dans le Loiret, département où le poids des emplois en lien avec le transport et la logistique est le plus important (11 % des emplois).

Si les emplois des fonctions métropolitaines ont augmenté encore plus rapidement que les emplois de celles à orientation présentielle (+27,4 %), ils sont en proportion moins nombreux et représentent 22,4 % de l’emploi total en 2019 (figure 1). La région Centre-Val de Loire arrive au 8^e rang des régions métropolitaines selon la part de l’emploi dans les fonctions métropolitaines. Ce rang est le même qu’en classant les régions selon la part des habitants résidant dans une aire d’attraction des villes de plus de 50 000 habitants.

Les emplois métropolitains se concentrent dans les zones d’emploi de l’axe ligérien, dans la zone d’emploi de Chartres et à un degré moindre dans celle de Bourges (figure 2). Plus d’un emploi sur quatre dans les aires d’attraction des villes d’Orléans et de Tours est métropolitain. La part des emplois dans les fonctions métropolitaines est liée à la taille des aires d’attraction des villes et les rangs sont globalement respectés. L’aire de Tours figure ainsi au 14^e rang national en termes de volume d’emplois métropolitains et au 15^e rang sur le nombre d’habitants. L’aire d’attraction d’Orléans gagne quatre places sur le rang du volume d’emplois métropolitains (16^e) par rapport à son rang sur le nombre d’habitants (20^e). Entre 2009 et 2019, la croissance de l’emploi total et la part des fonctions métropolitaines est supérieure à la moyenne régionale dans les zones d’emploi d’Indre-et-Loire. Dans les zones d’emploi de Chartres, Vendôme et Cosne-Cours sur Loire, l’augmentation annuelle de la part des emplois des fonctions métropolitaines est plus rapide que dans la région entre 2009 et 2019, alors même que le nombre d’emplois a décru durant la décennie.

Les fonctions de production concrète représentent un emploi régional sur cinq en 2019 (20,4 %), soit un niveau supérieur de 3,5 points à celui de la France métropolitaine (16,9 %). La région Centre-Val de Loire se classe au 4^e rang des régions métropolitaines sur le poids de la production concrète dans l’emploi total après la Bourgogne-Franche-Comté, les Pays de la Loire et la Normandie. En région, la part de la production concrète est supérieure à 30 % dans les zones d’emploi de Gien, Vendôme et Nogent-le-Rotrou spécialisées dans l’industrie et dans la zone de Cosne-Cours-sur-Loire, à cheval sur les régions Centre-Val de Loire et Bourgogne-Franche-Comté (figure 3).

Toutefois, les conséquences de la désindustrialisation n’épargnent pas la région et se sont traduites à long terme par un recul du poids des activités productives dans l’économie. La part des fonctions de production concrète a ainsi baissé de douze points entre 1990 et 2019. Sur cette période, la part des fonctions de fabrication a baissé de plus de six points (10,8 % en 2019) et celle des fonctions agricoles a été divisée par deux (3,3 % en 2019). Le poids de l’agriculture demeure élevé dans les départements du Cher et de l’Indre (plus de 5 % des emplois) à l’instar de celui de la fabrication dans l’Indre et le Loir-et-Cher avec environ un emploi sur huit occupé dans ces fonctions. Le recul de la production concrète est plus prégnant dans les zones d’emploi des franges franciliennes et dans la zone d’emploi de Tours avec un taux de variation annuel moyen supérieur à -1,3 % entre 2009 et 2019.

Les emplois de cadres se concentrent surtout dans les territoires urbains et denses et ne concernent pas dans les mêmes proportions les différentes fonctions d’emploi. En Centre-Val de Loire, 13,4 % des emplois occupés sont des emplois de cadres. Ils sont surreprésentés dans les fonctions métropolitaines (29,3 % des emplois) et sous-représentés dans les fonctions de production concrète et dans les fonctions transversales (respectivement 3,1 % et 5,4 % des emplois). Dans les fonctions métropolitaines, la part des emplois d’encadrement tend à décroître avec la taille de l’agglomération.