Insee Analyses Centre-Val de Loire ·
Mai 2023 · n° 95
En 2050, le vieillissement de la population serait limité autour d’Orléans, de Tours
et de Dreux Dynamiques démographiques en Centre-Val de Loire, projections
En 2023 dans la région Centre-Val de Loire, les habitants âgés de 65 ans ou plus sont légèrement plus nombreux que ceux de moins de 20 ans : 104 seniors pour 100 jeunes. Ce ratio est en augmentation constante depuis des années. Dans l’hypothèse d’une poursuite des tendances actuelles, le nombre de seniors continuerait à croître et celui de jeunes à baisser. Le vieillissement de la population s’accentuerait jusqu’en 2040 pour se stabiliser à 140 seniors pour 100 jeunes en 2050 (530 000 jeunes pour 739 000 seniors). Le vieillissement serait limité dans les territoires de l’axe ligérien et dans les franges franciliennes.
Cette publication présente des projections de population du poids des différentes générations. Afin d’étudier le phénomène du vieillissement de la population à un échelon infra-départemental, un découpage du territoire respectant les limites des intercommunalités à fiscalité propre a été constitué. Ce découpage en 25 territoires suffisamment peuplés permet de proposer des projections de population basées notamment sur des hypothèses de poursuite des tendances démographiques récentes. Un état des lieux récent du vieillissement de la population au sein de ces 25 territoires est dressé dans la publication Insee Flash n° 68.
- Le nombre de seniors augmenterait, le nombre de jeunes diminuerait
- Le vieillissement de la population s’accentuerait jusqu’en 2040
- En 2050, les jeunes seraient aussi nombreux que les seniors autour d’Orléans
- La part des habitants d’au moins 85 ans atteindrait 10 % de la population dans certains territoires en 2050
Le nombre de seniors augmenterait, le nombre de jeunes diminuerait
En 2023, la région Centre-Val de Loire compte presque d’autant d’habitants de moins de 20 ans (592 000 « jeunes ») que de personnes âgées de 65 ans ou plus (613 000 « seniors »). Ces populations représentent respectivement 23 % et 24 % de la population, et la population de 20 à 64 ans, qui rassemble la grande majorité des actifs, représente un peu plus de la moitié de la population.
Cet équilibre entre les différentes générations pourrait fortement évoluer dans les années à venir.
En effet, dans une hypothèse de poursuite des tendances actuelles (en matière de fécondité, de migrations ou de mortalité), le nombre de seniors augmenterait de 21 % et le nombre de jeunes baisserait de 11 % entre 2023 et 2050. La région Centre-Val de Loire compterait 529 600 jeunes et 738 900 seniors en 2050, soit respectivement 21 % et 30 % de la population régionale projetée (données complémentaires). La population âgée de 20 à 64 ans ne serait plus majoritaire.
La baisse du nombre de jeunes et de leur proportion dans la population correspond à la prolongation d’une tendance de fond de baisse du nombre de naissances. Les femmes en âge de procréer (de 15 à 49 ans) sont de moins en moins nombreuses. Particulièrement, le nombre de femmes aux âges les plus féconds (de 25 à 34 ans) a diminué de 14 400 en Centre-Val de Loire entre 2008 et 2023. Cette diminution a été plus forte sur les cinq dernières années (-8 200). Dans le même temps le nombre d’enfants par femme continuerait sa baisse amorcée en 2010. Dans les trois scénarios retenus, l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) s’établit à 1,8 enfant par femme de 2023 à 2050, un nombre inférieur au seuil de renouvellement des générations (2,07 enfants par femme). Ces chiffres sont cohérents avec les comportements observés depuis quelques années. Enfin les différents scénarios reproduisent les comportements migratoires passés et donc un déséquilibre entre les départs et les arrivées au profit de régions plus attractives telles que l’Île-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes ou l’Occitanie.
L’augmentation du nombre de seniors à l’horizon 2050 est la résultante de plusieurs facteurs. C’est d’abord, jusqu’en 2040 environ, la poursuite de la conséquence de l’arrivée dans ces tranches d’âges de générations nombreuses nées entre la fin de la guerre et le 1er choc pétrolier (1946-1973) en remplacement de générations précédentes qui étaient moins nombreuses. C’est aussi le résultat de la progression de l’espérance de vie, aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Dans la région, l’espérance de vie à la naissance des femmes est ainsi passée de 79,1 ans en 1980, à 83,0 ans en 2000 et 85,0 ans en 2020, pendant que celle des hommes passait de 71,3 ans, à 75,6 ans, puis 79,3 ans.
Dans l’hypothèse d’une moindre progression de l’espérance de vie, les seniors pourraient représenter 28 % de la population. À l’opposé, cette part serait de 31 % dans le cas d’un scénario avec une plus forte progression de l’espérance de vie (pour comprendre : déclinaison selon trois scénarios de projection).
La proximité relative de ces chiffres montre la faible sensibilité aux hypothèses de l’augmentation très nette du nombre de seniors dans les prochaines décennies.
Pour l’évolution du nombre de jeunes en revanche, si la baisse du nombre de femmes en âge d’avoir des enfants présente la même inertie, les hypothèses du nombre d’enfants par femmes ou de comportement migratoires des jeunes ou de leurs parents, pourraient naturellement être très différentes des évolutions tendancielles.
Le vieillissement de la population s’accentuerait jusqu’en 2040
En 2023, la région Centre-Val de Loire compte donc plus de seniors que de jeunes : 104 seniors pour 100 jeunes, contre 95 seniors pour 100 jeunes en 2019. Si les tendances récentes de fécondité, de mortalité et de migrations observées se prolongeaient (pour comprendre), le nombre de seniors pour 100 jeunes augmenterait en 2030 : 121 seniors pour 100 jeunes. Le vieillissement de la population croîtrait encore en 2040 et se stabiliserait jusqu’en 2050 (140 seniors pour 100 jeunes) (figure 1).
tableauFigure 1 – Nombre d’habitants âgés d’au moins 65 ans pour 100 habitants de moins de 20 ans entre 2019 et 2050
Année | Principal | Espérance de vie, hypothèse basse | Espérance de vie, hypothèse haute |
---|---|---|---|
2019 | 95 | 95 | 95 |
2023 | 104 | 104 | 105 |
2030 | 121 | 120 | 123 |
2040 | 139 | 134 | 145 |
2050 | 140 | 130 | 149 |
- Champ : région Centre-Val de Loire.
- Sources : Insee, Recensement de la population 2019, estimations de population 2023 (données provisoires) ; Omphale 2022 (scénario principal, espérance de vie haute, espérance de vie basse).
graphiqueFigure 1 – Nombre d’habitants âgés d’au moins 65 ans pour 100 habitants de moins de 20 ans entre 2019 et 2050

- Lecture : la ligne horizontale représente la valeur pour laquelle les seniors sont aussi nombreux que les jeunes. À partir de 2023, les seniors sont plus nombreux que les jeunes, quelque soit le scénario retenu.
- Champ : région Centre-Val de Loire.
- Sources : Insee, Recensement de la population 2019, estimations de population 2023 (données provisoires) ; Omphale 2022 (scénario principal, espérance de vie haute, espérance de vie basse).
Dans l’hypothèse d’une moindre progression de l’espérance de vie, le nombre de seniors pour 100 jeunes augmenterait également moins rapidement entre 2023 et 2040 (de 104 à 134) et diminuerait légèrement entre 2040 et 2050 (de 134 à 130). Si l’espérance de vie augmentait plus vite, le vieillissement de la population serait plus important : le rapport atteindrait 149 seniors pour 100 jeunes à l’horizon 2050. Néanmoins, le vieillissement progresserait entre 2040 et 2050 à un rythme inférieur à celui de la décennie précédente. Ce ralentissement correspond aux arrivées dans la tranche d’âge des plus de 65 ans des générations un peu moins nombreuses nées à partir du milieu des années 1970. Parallèlement, les premières générations du baby-boom seront dans les âges de mortalité élevée.
Le rapport de la population âgée de 20 à 64 ans, qui peut être considérée comme étant en âge de travailler, sur de celle des seniors baisserait. La région compterait 166 habitants âgés de 20 à 64 ans pour 100 seniors en 2050. En 2023, la région compte 223 habitants âgés de 20 à 64 ans pour 100 seniors (figure 2).
tableauFigure 2 – Rapport du nombre de seniors au nombre de jeunes et de la population d’âge actif au nombre de seniors
Niveau géographique | Nombre de 65 ans ou plus pour 100 habitants de moins de 20 ans | Nombre de 20-64 ans pour 100 habitants de 65 ans ou plus | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
2023 | 2030 | 2040 | 2050 | 2023 | 2030 | 2040 | 2050 | |
Cher | 133 | 157 | 180 | 175 | 188 | 164 | 146 | 145 |
Eure-et-Loir | 88 | 110 | 136 | 140 | 246 | 207 | 176 | 164 |
Indre | 153 | 174 | 196 | 189 | 170 | 150 | 130 | 131 |
Indre-et-Loire | 101 | 115 | 130 | 129 | 238 | 206 | 183 | 179 |
Loir-et-Cher | 119 | 145 | 168 | 166 | 197 | 174 | 151 | 147 |
Loiret | 86 | 100 | 116 | 117 | 252 | 227 | 200 | 190 |
Centre-Val de Loire | 104 | 121 | 139 | 140 | 223 | 195 | 173 | 166 |
- Champ : départements du Centre-Val de Loire.
- Sources : Insee, Omphale 2022 (scénario central), estimations de population 2023 (données provisoires).
En 2050, les jeunes seraient aussi nombreux que les seniors autour d’Orléans
Le vieillissement serait contenu dans le département du Loiret (117 seniors pour 100 jeunes en 2050), plus prononcé dans le département de l’Indre (189 seniors pour 100 jeunes). Dans les territoires (pour comprendre) autour de l’axe ligérien et dans les franges franciliennes, le vieillissement serait limité entre 2019 et 2050. À l’horizon 2050, les jeunes seraient plus nombreux que les seniors autour d’Orléans dans deux scenarios de projection sur trois : celui de prolongement des tendances (76 100 jeunes pour 74 300 seniors) et celui où l’espérance de vie ralentirait (76 000 jeunes pour 69 900 seniors) (figure 3). Dans le scénario de prolongement des tendances, le nombre de seniors pour 100 jeunes serait le plus faible dans les territoires autour des métropoles (respectivement 98 seniors et 110 pour Orléans et Tours), ainsi que dans les territoires d’Artenay et Dreux (respectivement 104 seniors et 110 seniors pour 100 jeunes). À l’opposé, il serait le plus élevé dans les territoires d’Argenton-sur-Creuse et du Blanc (respectivement 275 et 242 seniors pour 100 jeunes).
Entre 2019 et 2050, le vieillissement serait le plus lent dans le territoire d’Orléans où le nombre de seniors pour 100 jeunes passerait de 68 à 98. Inversement, il serait le plus marqué dans le territoire d’Amboise où le nombre de seniors pour 100 jeunes progresserait de 97 à 215.
Le territoire d’Orléans compterait 222 personnes âgées de 20 à 64 ans, considérées en âge de travailler, pour 100 seniors en 2050, tandis que ce rapport serait de 102 pour 100 seniors dans le territoire d’Argenton-sur-Creuse.
La part des habitants d’au moins 85 ans atteindrait 10 % de la population dans certains territoires en 2050
En 2023 dans la région Centre-Val de Loire, 4,0 % des habitants sont âgés d’au moins 85 ans, soit 101 900 personnes. Au niveau départemental, la proportion la plus faible concerne le Loiret (3,4 %), la plus élevée l’Indre (5,2 %). Dans les territoires, elle est plus basse dans le territoire d'Artenay (2,7 %), plus importante dans les territoires du Blanc et d’Argenton-sur-Creuse (respectivement 7,0 % et 6,3 %)
Dans l’hypothèse d’une poursuite des tendances récentes, cette proportion progresserait pour atteindre 7,2 % en 2050 dans la région. En cas de ralentissement ou d’accélération de la croissance de l’espérance de vie, la part des habitants âgés d’au moins 85 ans serait respectivement de 6,2 % et 8,4 % en 2050, ce qui représenterait entre 151 600 et 215 000 habitants.
En 2050, les habitants âgés d’au moins 85 ans seraient sur-représentés dans les territoires du Blanc, d’Argenton-sur-Creuse et d’Amboise avec une proportion de plus de 10 % de la population.
tableauFigure 3 – Rapport du nombre de seniors au nombre de jeunes par territoireEn 2019
Libellé de la zone | Habitants en 2019 |
---|---|
Beauce et Forêt | 62,5 |
Grand Chartres | 75,7 |
Grand Châteaudun et Perche | 121,1 |
Grand Sud Lédocarien | 130,3 |
Grand Tours | 84,4 |
Indre Méridionale | 169,9 |
Indre occidentale | 191,0 |
Les Loges | 79,0 |
Montargoise et Rives du Loing | 92,0 |
Nord Indroligérien | 68,6 |
Nord Loirétain | 82,5 |
Bourges et centre Chérien | 102,4 |
Orléans Métropole | 68,2 |
Ouest Indroligérien | 102,3 |
Pays de Dreux | 64,5 |
Perche et Vendômois | 128,3 |
Sud Indroligérien | 131,7 |
Terres du Val de Loire | 82,9 |
Coeur de Beauce | 78,4 |
Couronne Cher-Nord | 137,5 |
Couronne Cher-Sud | 151,3 |
Est Indroligérien | 96,5 |
Est Loirétain | 111,8 |
Grand Blois | 90,5 |
Grand Centre Indrien | 113,5 |
- Lecture : en 2019, dans le territoire du Blanc, les seniors sont 1,9 fois plus nombreux que les jeunes.
- Champ : territoires (regroupement d'EPCI) du Centre-Val de Loire.
- Source : Insee, Recensement de la population 2019.
graphiqueFigure 3 – Rapport du nombre de seniors au nombre de jeunes par territoireEn 2019

- Lecture : en 2019, dans le territoire du Blanc, les seniors sont 1,9 fois plus nombreux que les jeunes.
- Champ : territoires (regroupement d'EPCI) du Centre-Val de Loire.
- Source : Insee, Recensement de la population 2019.
Pour comprendre
Dans cette étude, une partition du Centre-Val de Loire a été définie pour analyser le vieillissement de la population. Elle découpe la région en 25 territoires et a été construite en regroupant des intercommunalités (établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre) via une classification non supervisée à l’échelle départementale selon l’évolution de la population, la part de personnes âgées, la part de celles âgées d’au moins 85 ans vivant dans une commune rurale, le taux de migration, la part de la population hors ménages âgée d’au moins 85 ans résidant dans un service de moyen ou long séjour, la part des logements selon l’âge de la personne de référence, la densité de population et le nombre de seniors pour 100 jeunes.
Les projections infranationales à l’horizon 2050 de cette étude sont obtenues à partie du modèle Omphale, en projetant d’année en année les pyramides des âges des différents territoires. L’évolution de la population par sexe et âge repose sur des hypothèses d’évolution de trois composantes : la fécondité, la mortalité et les migrations (flux internes à la France et solde migratoire avec l’étranger). Ces hypothèses sont appliquées aux quotients observés initialement sur la zone d’intérêt. Le point de départ des projections est le recensement de la population 2018.
Le scénario de projection principalement utilisé dans cette étude (appelé « principal ») décline localement les évolutions nationales basées sur l’observation du passé récent (hors pandémie de Covid-19) pour les 25 territoires de la région. Il reprend les hypothèses du scénario « central » : un solde migratoire avec l’étranger de +70 000 personnes par an à compter de 2021, une fécondité stable à partir de 2023 (indicateur conjoncturel de fécondité égal à 1,8) et des gains d’espérance de vie (femmes : 85,4 ans en 2018 et 90 ans en 2070, hommes : 79,5 en 2018 et 87,5 en 2070). Le scénario « espérance de vie basse » repose sur les mêmes hypothèses de fécondité et de migrations avec l’étranger, mais sur une progression moins grande de l’espérance de vie (femmes : 85,4 ans en 2018 et 86,5 ans en 2070, hommes : 79,5 en 2018 et 84,0 en 2070). Le scénario « espérance de vie haute » repose sur les mêmes hypothèses de fécondité et de migrations avec l’étranger, mais sur une progression plus rapide de l’espérance de vie (femmes : 85,4 ans en 2018 et 93,5 ans en 2070, hommes : 79,5 en 2018 et 91,0 en 2070). Les populations locales projetées sont calées sur les projections départementales.
Sources
Insee, estimations de la population 2023, Omphale 2022, Recensement de la population 2019.
Définitions
L’indicateur conjoncturel de fécondité d’une année donnée mesure le nombre d’enfants qu’aurait une femme tout au long de sa vie si les taux de fécondité observés à chaque âge l’année considérée demeuraient inchangés. C’est un indicateur synthétique de la fécondité de l’année considérée.
L’espérance de vie à la naissance pour une année donnée représente la durée de vie moyenne – autrement dit l’âge moyen au décès – d’une génération fictive soumise aux conditions de mortalité de l’année. C’est un indicateur synthétique de la mortalité de l’année considérée.
En 2019 en Centre-Val de Loire, le taux d’activité (rapport entre le nombre d’actifs, c’est-à-dire les personnes en emploi et chômeurs, et l’ensemble de la population) à 20 ans et 65 ans vaut respectivement 57 % et 9 %. Il est maximal à 45 ans (94 %).
Pour en savoir plus
Fegar T., Missamou K. et Simonovici M., « Vieillissement limité à proximité de l’Île-de-France et des métropoles », Insee Flash Centre-Val de Loire no 68, mai 2023.
Verdu F., Tillard T., « Moins d’habitants en Centre-Val de Loire à l’horizon 2070 », Insee Flash Centre-Val de Loire no 58, novembre 2022.
Collard A., Simonovici M., « Depuis 2010, les naissances diminuent en Centre-Val de Loire malgré une fécondité supérieure à la moyenne française », Insee Flash Centre-Val de Loire no 46, décembre 2021.
Toulemon L. et al., « Ouvrir dans un nouvel ongletLa population française devrait continuer de vieillir d’ici un demi-siècle », Ined, Population et Sociétés no 597, février 2022.