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Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté · Janvier 2023 · n° 163
Insee Flash Bourgogne-Franche-ComtéLe chauffage au fioul, encore très répandu en zone rurale

Chantal Prenel (Insee)

En Bourgogne-Franche-Comté, 202 000 ménages, soit 15,5 % des foyers, se chauffent au fioul. La région se positionne en première place des régions de France métropolitaine pour le recours à ce type de combustible. Plus rural qu’urbain, ce mode de chauffage est très présent le long de la frontière suisse et dans le Morvan. Il est davantage utilisé dans les logements anciens, principalement des maisons, et concerne surtout des ménages d’agriculteurs ou de retraités.

Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté
No 163
Paru le :Paru le17/01/2023
Infographie - Le chauffage au fioul, encore très répandu en zone rurale
Publication rédigée par :Chantal Prenel (Insee)

202 000 ménages ont recours au fioul

En Bourgogne-Franche-Comté, 202 000 ménages ont recours au fioul pour chauffer leur résidence principale. Depuis le 1er juillet 2022, ils sont directement concernés par l’interdiction de remplacer leur chaudière défaillante pour un même type d’installation, en raison du caractère très polluant de ce mode de chauffage.

Un ménage sur six se chauffe au fioul

Le chauffage au fioul reste encore très présent dans l’habitat de la région. Il est même plus fréquent que dans toutes les autres régions de France métropolitaine. Ce mode de chauffage concerne 15,5 % des ménages en Bourgogne-Franche-Comté, un niveau proche de la région Grand Est (14,7 %) et de la Bretagne (14,2 %) mais bien au-dessus de celui de l’Île-de-France (5,5 %) ou encore de la Corse (2,4 %).

Dans tous les départements de Bourgogne-Franche-Comté, la part des foyers se chauffant au fioul dépasse la moyenne métropolitaine (10,5 %), sans pour autant atteindre celle des départements très ruraux du sud du Massif Central comme la Lozère (33,7 %) ou encore le Cantal (25,8 %) (figure 1). Dans la région, les résidences principales sont davantage chauffées au fioul en Haute-Saône et dans le Jura qu’en Saône-et-Loire et en Côte-d’Or.

Figure 1Part des résidences principales chauffées principalement au fioul

en %
Part des résidences principales chauffées principalement au fioul (en %)
code du département Département Part des résidences principales chauffées principalement au fioul
01 Ain 14,6
02 Aisne 17,3
03 Allier 12,9
04 Alpes-de-Haute-Provence 18,5
05 Hautes-Alpes 21,5
06 Alpes-Maritimes 9,7
07 Ardèche 20,4
08 Ardennes 15,6
09 Ariège 11,0
10 Aube 11,2
11 Aude 7,7
12 Aveyron 23,0
13 Bouches-du-Rhône 7,6
14 Calvados 12,8
15 Cantal 25,8
16 Charente 13,7
17 Charente-Maritime 11,0
18 Cher 12,7
19 Corrèze 17,5
21 Côte-d'Or 11,7
22 Côtes-d'Armor 18,9
23 Creuse 23,2
24 Dordogne 16,7
25 Doubs 17,9
26 Drôme 13,6
27 Eure 13,7
28 Eure-et-Loir 14,2
29 Finistère 17,4
30 Gard 9,9
31 Haute-Garonne 4,3
32 Gers 16,9
33 Gironde 3,5
34 Hérault 4,6
35 Ille-et-Vilaine 9,2
36 Indre 15,5
37 Indre-et-Loire 8,3
38 Isère 11,5
39 Jura 21,0
40 Landes 6,7
41 Loir-et-Cher 13,9
42 Loire 13,1
43 Haute-Loire 24,0
44 Loire-Atlantique 5,7
45 Loiret 8,7
46 Lot 23,2
47 Lot-et-Garonne 15,9
48 Lozère 33,7
49 Maine-et-Loire 11,9
50 Manche 14,9
51 Marne 10,4
52 Haute-Marne 18,9
53 Mayenne 16,0
54 Meurthe-et-Moselle 8,8
55 Meuse 21,3
56 Morbihan 13,7
57 Moselle 13,9
58 Nièvre 15,2
59 Nord 4,6
60 Oise 12,2
61 Orne 22,3
62 Pas-de-Calais 9,2
63 Puy-de-Dôme 11,2
64 Pyrénées-Atlantiques 5,0
65 Hautes-Pyrénées 7,5
66 Pyrénées-Orientales 6,2
67 Bas-Rhin 18,5
68 Haut-Rhin 16,3
69 Rhône 6,6
70 Haute-Saône 21,2
71 Saône-et-Loire 12,7
72 Sarthe 10,1
73 Savoie 15,6
74 Haute-Savoie 18,6
75 Paris 3,8
76 Seine-Maritime 9,6
77 Seine-et-Marne 6,0
78 Yvelines 7,0
79 Deux-Sèvres 20,4
80 Somme 17,6
81 Tarn 17,1
82 Tarn-et-Garonne 14,7
83 Var 7,8
84 Vaucluse 13,0
85 Vendée 15,5
86 Vienne 16,8
87 Haute-Vienne 13,8
88 Vosges 17,5
89 Yonne 15,0
90 Territoire de Belfort 15,1
91 Essonne 6,2
92 Hauts-de-Seine 6,5
93 Seine-Saint-Denis 4,1
94 Val-de-Marne 6,3
95 Val-d'Oise 5,5
2A Corse-du-Sud 1,8
2B Haute-Corse 2,9
  • Source : Insee, Recensement de la population 2019

Figure 1Part des résidences principales chauffées principalement au fioul

  • Source : Insee, Recensement de la population 2019

Un mode de chauffage plus rural qu’urbain

Plus des trois quarts des résidences principales de la région chauffées au fioul se situent dans les . Dans celles-ci, 23 % des ménages y ont recours contre 8 % dans les . Comme le bois, sa livraison est possible quel que soit son lieu de résidence. En revanche, en milieu rural où l’habitat est dispersé, la mise en place des infrastructures de raccordement au gaz est peu rentable, rendant son utilisation moins fréquente. Le chauffage électrique est tout aussi présent que le fioul. Son installation est moins coûteuse que celle d’une chaudière à gaz ou au fioul. Toutefois, il n’est pas adapté aux grandes surfaces habitables et aux logements mal isolés en raison du prix plus élevé de l’électricité (encadré).

Le long de la frontière suisse et dans le Morvan, une large part des résidences principales sont chauffées au fioul (figure 2). Ainsi, dans les intercommunalités de Frasne, du Russey et de Montbenoît, plus du tiers des ménages utilisent ce type de combustible. Cette part dépasse les 30 % dans celles de Saulieu, d’Arnay-le-Duc et de Château-Chinon situées dans le Morvan.

Figure 2Part des résidences principales chauffées principalement au fioul

  • Carte lissée, les données ne sont pas diffusables
  • Source : Insee, Recensement de la population 2019

Davantage de chauffage au fioul dans les maisons et les logements anciens

Le chauffage au fioul concerne surtout les maisons et d’autant plus en Bourgogne-Franche-Comté qu’en moyenne métropolitaine : 21 % contre 16 %. Les maisons se situent pour la majorité d’entre elles en zone rurale, plus propice à utiliser ce type de combustible. En revanche, les appartements sont localisés en grande majorité en milieu urbain où la densité d’habitations favorise les infrastructures de raccordement. Ainsi, la moitié des logements collectifs sont chauffés au gaz de ville, contre seulement 5 % au fioul.

Le fioul est également très répandu dans les habitations anciennes. Or, celles-ci sont très fréquentes dans la région, puisque 48 % des résidences principales ont été construites avant 1970, contre 43 % en moyenne dans l’Hexagone. L’Île-de-France et les Hauts-de-France détiennent un parc de logements tout aussi ancien. Toutefois, dans ces régions plus fortement urbanisées, le raccordement au gaz est plus aisé qu’en Bourgogne-Franche-Comté, région la plus rurale de France [Insee Analyses Bourgogne-Franche-Comté n° 103].

Les agriculteurs et les seniors plus souvent chauffés au fioul

Dans le contexte actuel d’inflation, les plus âgés, les ménages d’agriculteurs et les habitants des zones rurales sont davantage exposés à une perte de leur pouvoir d’achat. Elle est imputable en grande partie au coût de l’énergie, dont le renchérissement affecte leurs dépenses de chauffage et de déplacements. Or, ce sont ces mêmes populations qui utilisent davantage le fioul dont le prix a pratiquement doublé entre juin 2021 et 2022.

Les seniors se chauffent plus souvent au fioul que les plus jeunes. Un quart des personnes de 75 ans ou plus ont recours à ce mode de chauffage, contre 12 % des moins de 50 ans. Les retraités sont donc davantage concernés par l’interdiction de remplacement de leur chaudière au fioul à compter de juillet 2022 lorsque celle-ci devra être changée. Ils ne sont pas les seuls. Les agriculteurs, résidant pour la majorité dans des communes rurales, sont également nombreux à utiliser le fioul comme mode de chauffage principal.

Encadré - Les différents modes de chauffage

Le fioul est un moyen de chauffage de plus en plus délaissé. La part des résidences principales qui l’utilisent a été divisée par deux entre 1982 et 2019. Les chocs pétroliers des années 1970 ont entraîné une forte augmentation de son coût et les chaudières ont été peu à peu remplacées par des systèmes utilisant un combustible moins onéreux. Dès les années 1990, le gaz devient le mode de chauffage le plus répandu. Il présente l’avantage d’une continuité d’approvisionnement lorsque le raccordement au gaz de ville est possible et surtout de moins peser sur le budget des ménages, comparé à l’électricité. Le prix du gaz (8,86 euros TTC pour 100 kWh en juin 2022) est bien inférieur à celui du fioul (17,02 euros) et de l’électricité (20,39 euros ). Il rejette aussi moins de gaz à effet de serre que le fioul : 227 g de CO2 émis par kWh contre 324. En termes de rejet de carbone, le chauffage au bois est le plus performant (moins de 30 g) pour un tarif comparable au gaz. Le bois est en outre un combustible renouvelable.

Sources : Sdes, base Dido pour les prix ; Ademe, base carbone 2018 pour les émissions de CO2.

Évolution du combustible de chauffage utilisé à titre principal dans les résidences principales de Bourgogne-Franche-Comté

en %
Évolution du combustible de chauffage utilisé à titre principal dans les résidences principales de Bourgogne-Franche-Comté (en %)
Année Fioul Gaz Électricité
1982 33,2 15,1 7,1
1990 25,1 23,2 14,0
1999 24,5 31,4 15,5
2006 23,2 35,9 17,1
2016 15,5 35,8 20,3
2019 15,5 34,3 21,4
  • Source : Insee, Recensements de la population

Évolution du combustible de chauffage utilisé à titre principal dans les résidences principales de Bourgogne-Franche-Comté

  • Source : Insee, Recensements de la population
Publication rédigée par :Chantal Prenel (Insee)
Publication rédigée par :Chantal Prenel (Insee)

Définitions

Une commune rurale est une commune peu dense ou très peu dense au sens de la grille communale de densité. Les communes denses ou de densité intermédiaire sont dites urbaines.

Pour en savoir plus

« Guerre et prix », Insee Note de conjoncture, juin 2022.

Tribout X., Brion D., Perron P., « Chauffer correctement son logement grèverait le budget d’un quart des ménages de Bourgogne-Franche-Comté », Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté n° 84, juin 2019.

Logeais C., Loones F., « Bourgogne-Franche-Comté, première région rurale de France », Insee Flash Bourgogne-Franche-Comté n° 123, avril 2021.