Séries longues sur les salaires dans le secteur privé Base Tous salariés - Insee Résultats

Chiffres détaillés
Insee Résultats
Paru le :Paru le29/11/2022
Insee Résultats- Novembre 2022

Le pouvoir d’achat du salaire net dans le secteur privé a progressé de 17,8% entre 1996 et 2020

Insee Résultats

Paru le :29/11/2022

Entre 1996 et 2020, le salaire net moyen en équivalent temps plein des salariés du secteur privé a augmenté de 17,8 %, en euros constants (c’est-à-dire corrigé de l’inflation), soit de 0,6 % par an en moyenne. Le salaire des ouvriers a progressé de 18,5 % sur cette période, soit plus rapidement que celui des autres catégories socioprofessionnelles (+12,9 % pour les employés, +6,6 % pour les cadres et +4,5 % pour les professions intermédiaires). Les salaires d’une partie des employés et des ouvriers, notamment les moins qualifiés, sont proches du Smic et peuvent bénéficier de ce fait de ses revalorisations, directement ou par un effet de diffusion, au travers notamment d’accords de branches. Les salaires des cadres sont quant à eux davantage sensibles aux chocs conjoncturels car ils intègrent une part variable liée à la performance, en général plus importante que les pour les autres catégories socioprofessionnelles.

Sur une période plus récente, entre la crise économique de 2008-2009 et 2019, le salaire net en équivalent temps plein a progressé en moyenne de 4,6 % en euros constants dans le privé, soit une hausse de 0,5 % en moyenne par an. En 2020, année du début de la crise sanitaire liée à l'épidémie du Covid, le salaire net moyen en EQTP a augmenté de 3,1 % sur un an en euros constants. L’ampleur de cette augmentation est en trompe l'oeil : elle résulte davantage des modifications temporaires dans la composition de l’emploi, imputables à la crise sanitaire, que de progressions salariales individuelles. Ainsi, à catégorie socioprofessionnelle, secteur d’activité et condition d’emploi constants, le salaire net a progressé de 1,5 % en euros constants.

L’écart de salaire moyen en équivalent temps plein entre femmes et hommes dans le privé est de 14,8 % en 2020, en incluant apprentis et stagiaires (en les excluant, il est de 15,2%). Cet écart résulte pour partie des différences de structure des emplois des femmes et des hommes, notamment par secteur et niveau de qualification. Il s’est réduit de près de 7,6 points, soit d’un tiers, par rapport à son niveau de 1996. En effet, le salaire net moyen des femmes a progressé plus rapidement que celui des hommes sur la période : + 0,9 % par an en moyenne en euros constants pour les premières, contre + 0,5 % pour les seconds. La réduction de l’écart salarial entre femmes et hommes résulte notamment de la hausse de la part des femmes parmi les emplois les plus qualifiés (en particulier parmi les cadres, leur part passant de 24 % en 1996 à 36 % en 2020), même si elles demeurent minoritaires parmi les emplois les mieux rémunérés.

Sources

Séries longues sur les salaires en France

Les séries longues de salaires nets annuels en équivalent temps plein (EQTP) d’une part, des temps complets d’autre part, sont élaborées à partir des données issues des bases « Tous salariés ». Ces bases sont elles-mêmes constituées à partir de deux principales sources administratives :

  • les déclarations sociales nominatives (DSN) ;
  • les déclarations annuelles de données sociales (DADS).

Les DADS, qui existent depuis 1951 (puis les DSN depuis 2017), sont des déclarations sociales administratives de quasiment tous les établissements employeurs auprès des régimes général et agricole de sécurité sociale, sur les rémunérations versées à chacun de leurs salariés.

L’ensemble de ces séries longues de salaires a fait l’objet d’une rétropolation, c’est-à-dire de traitements statistiques consistant à ajuster les observations passées pour corriger des diverses ruptures liées aux changements de sources (par exemple, passage des DADS aux DSN principalement en 2017), aux changements de nomenclatures (par exemple, passage à la nomenclature d’activités française NAF rév.2 en 2008), à des changements de concept (par exemple, intégration des cotisations patronales de complémentaire santé obligatoires - CPCSO - en 2013 dans l’assiette sur laquelle s’appuie le calcul du salaire net), etc. En d’autres termes, les séries ont été ajustées de sorte que les évolutions qu’elles mesurent reflètent la réalité économique des dynamiques salariales et non les effets dus à des changements de la mesure statistique.

Les séries longues de salaires nets annuels en équivalent temps plein (EQTP) sont disponibles sur une période remontant à 1996 ; celles de salaires nets annuels des temps complets sont disponibles sur plus longue période, certaines remontant même jusqu’en 1951. Par ailleurs, deux ruptures de série majeures mais anciennes n’ont pu être corrigées : celle liée au changement de la nomenclature de professions et catégories socioprofessionnelles de 1982 et celle liée au changement de la nomenclature d’activités de 1993. Deux jeux de séries longues dans chacune de ces deux anciennes nomenclatures et disponibles sur des périodes s’arrêtant respectivement en 1982 et 1992 sont toutefois laissées à disposition de l’utilisateur dans la présente publication (tableaux TC02A et TC04A/TC05A).

Les séries longues en lien avec les paramètres salariaux légaux (Smic, plafond de Sécurité sociale, taux de prélèvements sociaux, etc.) sont calculées par l’Insee directement à partir des valeurs fixées par la législation sociale. Les séries longues relatives au salaire horaire de base des ouvriers sont produites par la Dares à partir de l’enquête Acemo (Activité et conditions d’emploi de la main-d’œuvre).

Sauf mention contraire explicite, les séries de salaires (niveaux ou évolutions de salaires) sont exprimées en euros courants, c’est-à-dire non corrigées de l’inflation. En particulier, les deux jeux de séries évoqués supra et s’arrêtant en 1982 et 1992 sont, comme toutes les autres séries, convertis en euros même si la monnaie nationale en vigueur sur les périodes concernées était le franc.

Les séries de salaires explicitement présentées comme étant exprimées en euros constants sont corrigées de l’inflation : elles reflètent l’évolution du pouvoir d’achat des salaires. À titre d’exemple, un salaire annuel passant de 20 000 euros à 21 000 euros entre deux dates augmente de 5% en euros (courants) ; si l’inflation sur la même période est également de 5%, le salaire sera resté stable en euros constants ; en d’autres termes, son pouvoir d’achat aura stagné.

Définitions

Poste de travail :

Dans les statistiques d'emploi et de salaire, un poste de travail (ou poste) correspond à la relation entre un salarié et un établissement pendant une période donnée. Ainsi, un salarié qui travaille dans deux établissements (à une date donnée ou sur une certaine période, par exemple une année) occupe deux postes. Inversement, plusieurs contrats de travail entre le salarié et le même établissement (à une date donnée ou successivement sur une certaine période) ne constituent qu'un seul poste.
Remarque :
Le poste de travail est l’unité statistique de base pour les résultats issus des bases « Tous salariés », Siasp (système d'information des agents du secteur public), Clap (connaissance locale de l'appareil productif) et Flores (fichier localisé des rémunérations et de l’emploi salarié), qui succède à Clap à partir de 2017.
Les séries longues de salaires étant élaborées à partir des bases Tous salariés, l’unité statistique de base pour leur construction est également le poste de travail.

Salaire :

Le salaire est le paiement du travail convenu entre un salarié et son employeur au titre du contrat de travail dans le secteur privé et pour les agents contractuels dans la fonction publique, ou de l’emploi pour les fonctionnaires.
Il comprend le salaire de base (ou traitement indiciaire dans la fonction publique) mais aussi les primes, la rémunération des heures supplémentaires ou complémentaires effectuées, l’épargne salariale (intéressement, participation, abondement), d’autres indemnités et rémunérations annexes (indemnité de résidence, supplément familial, etc.) et les avantages en nature.
Le salaire brut correspond à l’intégralité des sommes perçues par le salarié avant déduction des cotisations salariées de sécurité sociale, de la contribution sociale généralisée (CSG) et de la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS). Le salaire net (de prélèvements sociaux) est le salaire que perçoit effectivement le salarié (en espèces ou en nature). Il est net de toutes cotisations sociales, de CSG et de CRDS mais pas du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu.
Rapporté à une unité de volume de travail qui peut être une heure ou un équivalent temps plein, le salaire horaire ou le salaire en EQTP permettent de comparer des emplois ou des postes de travail de durée et de temps de travail différents.

Salaire en équivalent temps plein (EQTP) :

Le salaire en équivalent temps plein (EQTP) est un salaire converti à un temps plein pendant toute l'année, quel que soit le volume de travail effectif. Par exemple, pour un agent ayant occupé un poste de travail pendant six mois à 80 % et ayant perçu un total de 10 000 euros, le salaire en EQTP est de 10 000/(0,5*0,8) = 25 000 euros par an.
Pour calculer le salaire moyen en EQTP ou sa distribution, tous les postes y compris les postes à temps partiel sont pris en compte au prorata de leur volume de travail effectif (soit 0,5*0,8=0,4 EQTP dans l'exemple précédent).

Champ

Les séries longues de salaires nets annuels en équivalent temps plein et des temps complets portent, depuis 2000 sur la France hors Mayotte. Les variations de champ géographique dans le passé (liées à la disponibilité de données dans les départements d’outre-mer) sont précisées dans chaque tableau contenant les séries.

Ces séries portent sur l’ensemble des salariés du secteur privé, à l’exclusion des salariés du secteur agricole et des particuliers-employeurs. Leur champ inclut en particulier les bénéficiaires de contrats aidés ou de professionnalisation. En outre, à la différence des données publiées dans l’ Insee Première n°1898 sur les salaires du privé en 2020 et de celles - hors séries longues - mises à disposition dans l’outil de datavisualisation associé, le champ des séries longues publiées dans cet Insee Résultats inclut également les apprentis et stagiaires, afin de disposer d’un champ homogène sur longue période.

Le secteur privé s’entend au sens large, c’est-à-dire y compris entreprises publiques. Une entreprise publique est une entreprise sur laquelle l'État peut exercer directement ou indirectement une influence dominante du fait de la propriété ou de la participation financière, en disposant soit de la majorité du capital, soit de la majorité des voix attachées aux parts émises. Les entreprises publiques sont donc à bien distinguer de la fonction publique (qui regroupe les personnes morales et organismes soumis au droit administratif dans lequel le recrutement se fait sur la base du droit public). 

Pour en savoir plus

Insee, Outil de datavisualisation des salaires.

Godet F., Sueur É., « Percevoir un bas salaire dans le secteur privé : seule une petite majorité s'en est sortie quatre ans plus tard », Insee Première n° 1923, septembre 2022.

Sanchez Gonzalez J., Sueur É., « Les salaires dans le privé en 2020. Des évolutions atypiques du fait de la crise sanitaire  », Insee Première n° 1898, avril 2022.

Frel Cazenave É., Guggemos F., « Avec le dispositif de chômage partiel, les revenus professionnels des salariés n’ont, en moyenne, pas baissé en 2020 », in Emploi, Chômage, Revenus du Travail, coll. « Insee Références », juin 2021.

Berger E., Clé É., « Le pouvoir d’achat du salaire net dans le secteur privé a progressé de 13,1 % entre 1996 et 2018 », Insee Focus n° 230, avril 2021.

Frel Cazenave É., Guggemos F., « Prime exceptionnelle de pouvoir d’achat en 2019 : entre hausse des salaires et aubaine pour les entreprises », in Emploi, Chômage, Revenus du Travail, coll. « Insee Références », juillet 2020.

Georges-Kot S., « Écarts de rémunération femmes-hommes : surtout l’effet du temps de travail et de l’emploi occupé », Insee Première n° 1803, juin 2020.

Berger E. Bonnet O., « Les hauts salaires dans le secteur privé. Davantage de directeurs que de traders et de footballeurs », Insee Première n° 1800, mai 2020.