Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes · Novembre 2022 · n° 111

En 2022, l'abstention progresse surtout à l'élection présidentielle Élections présidentielle et législatives

Parmi les personnes résidant en Auvergne-Rhône-Alpes, 5 320 100 sont inscrites sur les listes électorales en 2022, soit 90,9 % des personnes en âge de voter contre 91,5 % au niveau national. Ce taux d’inscription est faible ; seules Provence-Alpes-Côte d’Azur, Île-de-France et Bourgogne-Franche-Comté affichent un score inférieur.

Le premier semestre 2022 a été marqué par deux échéances politiques majeures, l’élection présidentielle (les 10 et 24 avril), puis les élections législatives (les 12 et 19 juin). En Auvergne-Rhône-Alpes, 15,4 % des inscrits n'ont, à aucun tour de scrutin, fait usage de leur droit de vote. Cette abstention systématique se situe juste en dessous de celle de la France métropolitaine (15,8 %) mais loin des niveaux atteints dans les Hauts-de-France (18,2 %), en Normandie (17,8 %) ou en Corse (17,3 %).

À l’inverse, 35,8 % des inscrits ont voté chaque dimanche d’élection. Ce vote systématique est en légère progression par rapport à 2017 (+ 0,6 point) (figure 1), mais cette hausse reste inférieure à celle de la France métropolitaine (+ 1,1 point).

Près de la moitié des inscrits (48,8 %) n’a donc voté qu’à une partie des scrutins. Ce vote intermittent est majoritaire, comme dans les autres régions françaises. Il est cependant en recul de 3,1 points par rapport à 2017. La part des personnes qui ne votaient pas à tous les tours en 2017 s'est amoindrie au profit de celles qui n'ont participé à aucun scrutin en 2022.

L’élection présidentielle mobilise traditionnellement beaucoup plus que les élections législatives. En 2022, sept inscrits sur dix se sont déplacés ou ont donné procuration (encadré) en Auvergne-Rhône-Alpes lors des deux dimanches de la présidentielle, alors qu’ils n’étaient que quatre sur dix à aller voter pour les législatives. Deux inscrits sur dix ont voté par ailleurs uniquement aux deux tours de la présidentielle.

L’engouement pour la présidentielle diminue toutefois, car l’abstention pour ce scrutin croît, passant de 13,9 % en 2017 à 16,3 % en 2022, au détriment du vote à chacun des deux tours.

Le second tour de la présidentielle, en proposant le même duel que celui de 2017, a peut-être suscité moins d’intérêt que le 1^er tour où les électeurs pouvaient trouver un candidat proche de leur sensibilité politique. En revanche, la participation a été relativement identique aux législatives 2017 et 2022 avec une abstention s’élevant en moyenne à 42 %. L’augmentation de l’abstention systématique aux dépens du vote intermittent en 2022 reflète surtout une différence de comportement lors du scrutin présidentiel.

Plus les électeurs sont âgés et plus ils font usage de leur droit de vote à chaque tour de scrutins (figure 2). Les 80 ans ou plus font exception avec une abstention systématique record (31 %) sans doute en lien avec la perte d’autonomie.

Parmi les autres électeurs, plus de deux électeurs de moins de 40 ans sur dix s’abstiennent systématiquement de voter, et d’autant plus avant 25 ans. Ce type de comportement est plus fréquent que le vote systématique. Toutefois, avant 40 ans, près de six personnes sur dix choisissent majoritairement de voter de façon intermittente.

Après 40 ans, la participation progresse et le vote systématique concerne un tiers des 40-49 ans et jusqu’à plus de la moitié des 70-79 ans. À ces âges, seul un électeur sur dix ne vote pas du tout, délaissant de plus en plus le vote intermittent.

Le profil des abstentionnistes est globalement le même pour les élections présidentielle et législatives. Les inscrits de moins de 40 ans s’abstiennent massivement ; ils sont deux sur dix pour la présidentielle et six sur dix pour les législatives. Les 40-59 ans semblent bouder plus souvent les élections législatives. Ainsi, parmi eux, les quinquagénaires ne sont que 7,9 % à s’abstenir à la présidentielle contre 31,0 % aux législatives, soit 3,9 fois plus (contre 2,6 en moyenne).

Comparée aux scrutins de 2017, l’abstention systématique augmente pour toutes les classes d’âge à l’exception des 25-29 ans qui votent davantage à tous les tours. La hausse de l’abstention systématique est particulièrement forte pour les personnes de 30 à 39 ans qui passe de 13,2 % à 21,5 % en cinq ans.

Votants systématiques et abstentionnistes ont des profils diamétralement opposés (figure 3). Plus les électeurs ont un niveau de diplôme élevé, plus ils se rendent aux urnes à chaque tour. Ainsi, quatre diplômés de l’enseignement supérieur sur dix votent de façon systématique alors que les personnes sans diplôme ne sont que deux sur dix à le faire. A contrario, plus leur niveau de diplôme est faible et plus souvent ils s’abstiennent : trois personnes sans diplôme sur dix ne se sont pas rendues aux urnes.

De la même manière, les cadres font plus fréquemment usage de leur droit de vote que les ouvriers. Près d’un cadre sur deux s’est rendu aux urnes pour les quatre tours. Cette part est deux fois plus faible pour les ouvriers qui s’abstiennent à 19,2 % alors que seuls 5,4 % des cadres le font. Cette différence se retrouve entre les personnes de niveau de vie les plus élevées et les moins aisées.

Ce constat se retrouve dans la géographie de la participation électorale qui reflète le profil des personnes résidentes. Le vote systématique est ainsi plus présent dans le rural périurbain (40,2 % contre 35,8 % en moyenne), là où le niveau de vie est le plus élevé.

À l’inverse, les électeurs vivant en milieu urbain, où se concentrent les populations pauvres, s’abstiennent plus souvent (16,8 % contre 15,4 %).