Insee Flash Auvergne-Rhône-Alpes · Juin 2022 · n° 104

Impact démographique de la crise sanitaire - Une baisse du nombre des naissances

Avec une natalité en berne et une surmortalité, l’écart entre le nombre de naissances et celui des décès, jusqu’ici fortement positif, se réduit (encadré).

En 2021, 87 300 bébés sont nés en Auvergne-Rhône-Alpes, après 86 500 en 2020. Par rapport à 2019, le déficit de naissances, de 3 % en 2020, est encore de l’ordre de 2 % en 2021 (figure 1).

Le nombre de naissances baisse depuis plusieurs années. L’année 2020 marque une accélération. Malgré un rebond en 2021, la région ne retrouve pas son niveau d’avant-crise et la tendance à la baisse se poursuit. Elle s’inscrit dans une dynamique nationale ; le phénomène est cependant légèrement plus marqué en Auvergne-Rhône-Alpes. En France métropolitaine, le nombre de naissances a baissé de seulement 2 % en 2020 par rapport à 2019.

Les seules régions qui parviennent à dépasser le niveau de naissances d’avant-crise sont la Bretagne et les Pays de la Loire (+ 2 % de naissances par rapport à 2019), l’Occitanie (+ 1 %) et la Nouvelle-Aquitaine (+ 0,5 %).

La baisse de la natalité s’est installée durablement depuis 2014. Cependant, l’impact de la crise sanitaire sur les projets des couples est visible avec une baisse notable fin 2020 et début 2021. Habituellement creux pour les naissances, le mois de novembre est marqué en 2020 par un nombre de naissances particulièrement bas (– 7 % des naissances par rapport à novembre 2019) (figure 2). Cette situation perdure jusqu’en février 2021 avec une baisse importante en janvier (– 15 % par rapport à janvier 2019 et – 12 % par rapport à 2020). Neuf mois après le premier confinement, ce résultat témoigne pour la première fois des répercussions de la crise sanitaire sur la natalité.

Février 2021 est lui aussi marqué par un nombre de naissances historiquement bas. Le mois de février est également un creux annuel saisonnier des naissances, même si la baisse entre janvier et février 2021 reste moindre par rapport aux années précédentes. Les naissances de mars et avril, qui correspondent aux bébés conçus à l’été 2020, dans un contexte de levée des restrictions sanitaires, repartent à la hausse et sont quasiment au même niveau que 2019. Si les parents semblent avoir repoussé leurs projets d’enfants pendant le premier confinement, leur comportement paraît s’être modifié lors du deuxième confinement, fin 2020. Les naissances continuent d’augmenter en août et septembre 2021, contrairement aux années précédentes où la baisse des naissances était devenue saisonnière. Le nombre de naissances dépasse même celui de 2019 entre septembre et décembre 2021, avec un pic en octobre 2021, soit des bébés conçus fin 2020 – début 2021, à la sortie du deuxième confinement. Malgré la perspective d’un nouveau confinement en mars 2021, les parents ne semblent pas renoncer ou décaler leur projet de créer ou d’agrandir leur famille. De nombreuses naissances sont enregistrées jusqu’en décembre 2021. Si, en janvier 2022, le nombre de naissances reste inférieur aux années précédentes, les naissances de février et mars 2022 semblent indiquer une tendance proche des années d’avant-crise.

Au sein de la région, la baisse des naissances de 2020 est particulièrement sensible dans la Drôme, l’Allier et en Ardèche (– 5 %, – 6,5 % et – 7,5 %). En Haute-Savoie, département le plus fortement affecté par le nombre de décès pendant la crise, les couples semblent avoir moins renoncé qu’ailleurs à leurs projets de famille. Comme en Isère et dans l’Ain, la baisse est plus contenue (– 1 % pour l’Isère et – 1,5 % pour l’Ain et la Haute-Savoie). Seul le Cantal enregistre une hausse de ses naissances en 2020 (+ 1 %), mais elle s’oppose à une forte baisse constatée l’année précédente. Les autres départements sont proches de la moyenne régionale (– 3 %).

En 2021, les naissances baissent pour la deuxième année consécutive dans le Rhône, la Loire et l’Isère. Le Rhône, qui garde cependant le nombre de naissances par habitant le plus fort de la région, contribue fortement à cette baisse (5 % de naissances en moins par rapport à 2019). Les autres départements connaissent un rebond en 2021. La Savoie et la Haute-Savoie retrouvent même leur niveau d’avant-crise, ou le dépassent (Haute-Loire, Ain, Cantal).