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Insee Flash Ile-de-France · Juin 2022 · n° 69
Insee Flash Ile-de-FranceL’Île-de-France concentre plus de la moitié des salariés français du secteur « information et communication »

Sébastien Biju-Duval, Justine Herbet (Insee)

En 2019, 6 millions de salariés travaillent en Île-de-France. La région, fortement tertiarisée, se distingue de la province par la surreprésentation de certaines activités, notamment celles à forte valeur ajoutée. L’économie francilienne est ainsi spécialisée dans l’information et la communication, les activités scientifiques et techniques et les activités financières et d’assurance. Le secteur du commerce, de la réparation d’automobiles et celui de l’administration publique, bien que non spécifiques de l’Île-de-France, restent fortement pourvoyeurs d’emplois dans la région.

Insee Flash Ile-de-France
No 69
Paru le :Paru le21/06/2022

Près d’un quart des emplois salariés français sont localisés en Île-de-France

L’Île-de-France regroupe 6 millions de salariés et 24 % des emplois salariés français, soit deux fois plus qu’en Auvergne-Rhône-Alpes, deuxième région française en nombre d’emplois. Cependant, toutes les activités ne sont pas représentées de la même façon au sein de la région. Neuf salariés sur dix en Île-de-France travaillent ainsi dans le secteur tertiaire. À l’inverse, du fait de la forte urbanisation de la région, les salariés dans le secteur de l’agriculture y sont très peu nombreux.

L’Île-de-France : une région fortement tertiarisée

En 2019, le tertiaire marchand emploie 3 750 000 salariés en Île-de-France. Les « activités spécialisées, scientifiques et techniques et les activités des services administratifs et de soutien » constituent le principal secteur marchand employeur de la région avec 1 124 000 salariés (figure 1). Leur poids dans l’emploi régional est deux fois plus élevé qu’en province. Il s’agit en particulier d’activités de services administratifs et de soutien aux entreprises ou de recherche et développement (CNRS, CEA par exemple).

Les activités de « l’information et de la communication » sont 3,5 fois plus présentes en Île-de-France qu’en province. Elles forment le secteur le plus spécifique de la région avec 423 000 salariés, soit 53 % des emplois français (figure 2). Les principaux groupes de l’édition, de l’audiovisuel ou de la diffusion, comme France Télévisions, Radio France à Paris, et TF1 dans les Hauts-de-Seine, sont ainsi implantés sur le territoire francilien.

Les activités financières et d’assurances sont également caractéristiques de l’Île-de-France, avec 39 % des effectifs nationaux et 336 000 emplois salariés. Les emplois dans ce secteur représentent dans l’emploi régional une proportion deux fois plus importante qu’en province. De nombreuses banques telles que la Banque de France, la Société Générale et le Crédit Agricole sont implantées dans la région. Il en est de même pour les entreprises dans le secteur des assurances, comme AXA, Allianz ou Generali.

Avec 717 500 salariés, le secteur « commerce ; réparations d’automobiles et de motocycles » est fortement pourvoyeur d’emplois en Île-de-France. Cependant, son poids dans l’emploi total (12 %) est proche de celui observé en province. Cette activité n’est donc pas spécifique à l’Île-de-France.

Figure 1Emplois salariés en Île-de-France en 2019 et leur évolution depuis 1989, par secteur d’activité

Emplois salariés en Île-de-France en 2019 et leur évolution depuis 1989, par secteur d’activité - Lecture : le secteur du « commerce ; réparation d’automobiles et de motocycles » regroupe 717 500 salariés franciliens en 2019, soit 22,8 % de l’emploi français dans ce secteur. En Île-de-France, l’emploi salarié dans ce secteur a augmenté de 7,5 % depuis 1989.
Secteur d’activité Effectifs salariés Île-de-France 2019 Part dans l’emploi français de ce secteur (en %) Évolution totale de l’emploi salarié francilien entre 1989 et 2019 (en %)
Administration publique, enseignement, santé humaine et action sociale 1 499 177 29,5 76,3
Activités spécialisées, scientifiques et techniques ; services administratifs et de soutien 1 123 682 32,2 77,2
Commerce ; réparation d'automobiles et de motocycles 717 484 22,8 7,5
Information et communication 423 510 52,7 76,8
Autres activités de services 377 655 19,2 16,5
Transports et entreposage 375 175 26,8 20,1
Activités financières et d'assurance 335 936 38,7 13,8
Hébergement et restauration 316 814 29,6 65,4
Construction 300 652 21,6 -12,7
Fabrication de matériels de transport 158 988 11,3 -62,9
Activités immobilières 81 015 32,9 20,0
Fabrication d'autres produits industriels 80 159 21,9 -0,4
Cokéfaction et raffinage 70 641 16,8 -49,7
Fabrication d'équipements électriques, électroniques, informatiques ; fabrication de machines 68 375 19,9 -49,4
Industries extractives, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution 53 952 9,3 -16,0
Agriculture, sylviculture et pêche 5 080 2,0 -7,3
Fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac 1 558 17,8 -61,7
Ensemble 5 989 853 24,1 17,2
  • Lecture : le secteur du « commerce ; réparation d’automobiles et de motocycles » regroupe 717 500 salariés franciliens en 2019, soit 22,8 % de l’emploi français dans ce secteur. En Île-de-France, l’emploi salarié dans ce secteur a augmenté de 7,5 % depuis 1989.
  • Source : Estel 1989-2019.

Figure 2Indice de spécificité sectorielle pour l’Île-de-France

Indice de spécificité sectorielle pour l’Île-de-France - Lecture : la part des emplois du secteur « information et communication » dans l’emploi total est 3,5 fois plus importante en Île-de-France qu’en province.
Secteur d’activité Indice de spécificité
Information et communication 3,50
Activités financières et d'assurance 2,00
Activités spécialisées, scientifiques et techniques ; services administratifs et de soutien 1,90
Activités immobilières 1,40
Autres activités de services 1,30
Hébergement et restauration 1,20
Transports et entreposage 1,10
Commerce ; réparation d'automobiles et de motocycles 0,92
Fabrication d'autres produits industriels 0,89
Construction 0,83
Fabrication d'équipements électriques, électroniques, informatiques ; fabrication de machines 0,81
Administration publique, enseignement, santé humaine et action sociale 0,75
Cokéfaction et raffinage 0,59
Fabrication de denrées alimentaires, de boissons et de produits à base de tabac 0,52
Fabrication de matériels de transport 0,38
Industries extractives, énergie, eau, gestion des déchets et dépollution 0,30
Agriculture, sylviculture et pêche 0,06
  • Lecture : la part des emplois du secteur « information et communication » dans l’emploi total est 3,5 fois plus importante en Île-de-France qu’en province.
  • Source : Flores 2019.

Figure 2Indice de spécificité sectorielle pour l’Île-de-France

  • Lecture : la part des emplois du secteur « information et communication » dans l’emploi total est 3,5 fois plus importante en Île-de-France qu’en province.
  • Source : Flores 2019.

1 500 000 emplois dans le tertiaire non marchand

Le tertiaire non marchand est également fortement présent en Île-de-France avec 1 500 000 salariés travaillant dans le secteur de « l’administration publique, enseignement, santé humaine et action sociale ». C’est le secteur le plus pourvoyeur d’emplois dans la région. Au-delà des services des collectivités territoriales (Région, conseils départementaux, communes, etc.), un nombre important de services de l’État, d’établissements d’enseignement et d’établissements hospitaliers sont implantés dans la région. Néanmoins, la part de l’emploi salarié non marchand dans l’ensemble de l’emploi régional est moins élevée qu’en province.

Deux fois moins d’emplois dans l’industrie en 30 ans

En 2019, 430 000 salariés travaillent dans le secteur de l’industrie, principalement dans les Hauts-de-Seine et les Yvelines : ces deux départements concentrent 39 % des effectifs salariés régionaux. En 30 ans, l’emploi industriel a été divisé par deux. En particulier, le nombre d’emplois dans le secteur de la fabrication de matériels de transports a baissé de 63 % sur la période.

Avec 300 700 salariés, le secteur de la construction représente 5 % de l’emploi total de la région, une proportion un peu plus faible que celle observée en province (5,7 %). Depuis 1989, l’emploi salarié dans ce secteur a baissé de 13 %.

Encadré - Une surreprésentation des secteurs à forte valeur ajoutée en Île-de-France

Le PIB de l’Île-de-France s’élève à 710,1 milliards d’euros en 2020 et représente 31 % du PIB français. L’Île-de-France est ainsi la première région contributrice au PIB national.

Le , également appelé productivité apparente du travail, s’établit à 111 000 euros en Île-de-France, 1,5 fois plus que sur l’ensemble de la France métropolitaine. Ce PIB par emploi élevé s’explique par la surreprésentation des secteurs à forte valeur ajoutée. Ainsi, le secteur des activités scientifiques et techniques représente 21 % de la valeur ajoutée en Île-de-France contre 14 % au niveau national.

Publication rédigée par :Sébastien Biju-Duval, Justine Herbet (Insee)

Pour comprendre

Les chiffrages d’emploi proviennent des Estimations d’emploi localisées (Estel) annuelles, sur la période de 1989 à 2019. Ils prennent en compte la totalité des emplois salariés, c’est-à-dire les emplois salariés du privé, mais aussi du public, sur les activités marchandes et non marchandes.

L’indice de spécificité sectorielle permet de comparer le poids d’un secteur dans l’activité d’un territoire par rapport à son poids dans un autre territoire. Par exemple, en Île-de-France, en 2019, pour les activités financières et d’assurance, il est égal à 2,0. Cela signifie que ce secteur est relativement 2 fois plus important en Île-de-France qu’en moyenne dans le reste de la France. Dans cette étude, les indices de spécificité ont été calculés à partir des données de Flores 2019 (Fichier localisé des rémunérations et de l’emploi salarié).

La NAF, nomenclature d'activités française, est une nomenclature des activités économiques productives, principalement élaborée pour faciliter l'organisation de l'information économique et sociale. La version en vigueur de la nomenclature (NAF rév. 2) comporte plusieurs niveaux emboîtés. Le plus regroupé classe les activités économiques productives en 10 catégories et le plus détaillé en 732 groupes. La classification en 17 sections a été retenue pour avoir une vision d’ensemble sur l’activité économique et sociale dans la région.

Définitions

Le PIB par emploi rapporte le PIB de la zone au nombre d’emplois de la zone considérée. Il mesure la richesse créée par emploi. Ce ratio ne tient compte que du seul facteur travail comme ressource mis en œuvre. La productivité dépend en effet de l’ensemble des facteurs de production et de la façon dont ils sont combinés.

Pour en savoir plus

Gérardin M., « Produits intérieurs bruts régionaux de 2000 à 2020 - D’importantes disparités, de l’outre-mer à l’Île‑de‑France », Insee Première n° 1900, mai 2022.

Fauret C., Lebeaupin F., « Les nouvelles zones d’emploi franciliennes : principalement métropolitaines ou résidentielles », Insee Analyses Île-de-France n° 120, septembre 2020.

Floch J.-M., « Contrôle des établissements par les centres de décision - L’Île-de-France, au centre du réseau de relations », Insee Analyses n° 42, décembre 2018.

Omont L., « Qu’est-ce qu’une entreprise francilienne ? », Insee Analyses Île-de-France n° 66, septembre 2017.