Insee Analyses Centre-Val de Loire ·
Mai 2022 · n° 85
Un ménage agricole sur sept vit sous le seuil de pauvreté en Centre-Val de Loire
En 2019, 2,3 % des ménages actifs de Centre-Val de Loire sont des ménages agricoles, soit 15 700 ménages. Leur niveau de vie annuel médian est plus élevé que celui de l’ensemble des ménages actifs. Toutefois, ce niveau de vie varie fortement en fonction de l’orientation agricole des territoires. Les ménages agricoles sont ainsi, malgré tout, plus souvent touchés par la pauvreté, et en particulier par une pauvreté intense, que l’ensemble des ménages actifs.
En moyenne, moins de 40 % des ressources des ménages agricoles sont issues de l’activité agricole. L’essentiel de leurs revenus provient donc d’autres activités ou du patrimoine, principalement sous la forme de revenus fonciers. Là encore, de fortes disparités existent selon l’orientation des territoires.
Les espaces du nord de la Loire se caractérisent par les exploitations de céréales et d’autres grandes cultures. Les possibilités d'irrigation entraînent de meilleurs rendements et ainsi des revenus agricoles plus élevés. Dans le territoire viticole du département du Cher, la production du vin Sancerre AOP permet à certains ménages agricoles de percevoir de très hauts revenus. À l’inverse, les ménages agricoles des terres d’élevages du sud de la Loire ont un faible niveau de vie, et nombre d’entre eux vivent en dessous du seuil de pauvreté.
- Entre 2 000 et 3 000 ménages agricoles dans chaque département de la région Centre-Val de Loire
- Moins de 40 % des revenus des ménages agricoles sont directement issus de l’activité agricole
- Des territoires viticoles à ceux d’élevage, de grands écarts de niveaux de vie
- L’agriculture céréalière : l’irrigation entraîne de plus hauts rendements dans le nord de la région
- La viticulture : le Sancerre AOP permet une plus forte valorisation dans le département du Cher
- Encadré 1 - Les ménages agricoles aux revenus agricoles négatifs
- Encadré 2 - Le réseau d’information comptable agricole (RICA)
- Encadré 3 – Partenariat
Entre 2 000 et 3 000 ménages agricoles dans chaque département de la région Centre-Val de Loire
En 2019, 15 700 ménages agricoles, c’est-à-dire ayant des revenus agricoles non salariaux non nuls, résident en Centre-Val de Loire, soit 46 000 personnes. Ils représentent 2,3 % des ménages actifs de la région (au 8ᵉ rang des régions hors Île-de-France), comme dans l’ensemble de la France de province. La région détient 2,4 millions d’hectares de surface agricole utile (SAU), s’étendant sur 61 % du territoire centrais, soit 9 % de la SAU française.
Chaque département du Centre-Val de Loire compte entre 2 000 et 3 000 ménages agricoles. L’Indre-et-Loire est le département avec le plus grand nombre de ménages agricoles, mais ces derniers ne représentent que 1,9 % des ménages actifs du département. Cette part est encore plus faible dans le Loiret (1,5 %). Le nombre de ménages agricoles est un peu moins élevé dans l’Indre et le Cher, mais c’est dans ces départements qu’ils constituent la plus grande part des ménages actifs (respectivement 4,9 % et 3,1 %).
Moins de 40 % des revenus des ménages agricoles sont directement issus de l’activité agricole
tableauFigure 1 – Décomposition du revenu disponible des ménages agricoles en 2019, selon la production agricole dominante du territoire
Type de territoire selon la production agricole dominante | Revenu disponible médian (euros) | Contribution Revenu agricole (%) | Contribution Salaires et traitements (%) | Contribution Indemnités de chômage (%) | Contribution Autres revenus activités non salariées (%) | Contribution pensions et retraites (%) | Contribution Revenu du patrimoine (%) | Contribution Prestations sociales (%) | Contribution Impôts (%) |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Céréales et/ou oléoprotéagineuses | 48 690 | 35,7 | 47,9 | 1,6 | 9,0 | 4,4 | 18,9 | 3,1 | -20,6 |
Autres grandes cultures | 54 795 | 42,1 | 41,3 | 1,2 | 6,8 | 3,7 | 24,6 | 2,4 | -22,1 |
Autres productions végétales | 53 431 | 29,7 | 57,3 | 1,9 | 8,9 | 4,7 | 17,6 | 2,7 | -22,8 |
Viticulture | 55 280 | 59,6 | 34,2 | 1,1 | 9,9 | 3,0 | 17,0 | 2,0 | -26,8 |
Bovins viande | 33 648 | 34,2 | 42,8 | 2,1 | 8,8 | 6,7 | 15,2 | 5,9 | -15,7 |
Polyélevage et/ou autres productions animales | 37 674 | 35,0 | 46,1 | 2,4 | 9,2 | 3,9 | 14,6 | 5,5 | -16,7 |
Polyculture | 49 072 | 34,7 | 49,7 | 1,7 | 8,1 | 5,6 | 18,5 | 3,2 | -21,5 |
Polyculture et polyélevage | 41 453 | 39,1 | 43,2 | 1,6 | 8,9 | 4,7 | 15,5 | 4,6 | -17,6 |
Ensemble ménages agricoles en Centre-Val de Loire | 46 477 | 38,7 | 45,2 | 1,6 | 8,6 | 4,5 | 18,6 | 3,4 | -20,6 |
Ensemble ménages agricoles France de province | 42 067 | 35,6 | 46,2 | 1,8 | 9,0 | 5,2 | 17,8 | 4,3 | -19,9 |
Ensemble ménages actifs en Centre-Val de Loire | 36 388 | 1,2 | 89,5 | 3,4 | 5,4 | 5,3 | 5,3 | 6,6 | -16,7 |
- Lecture : en Centre-Val de Loire, en 2019, pour 120,6 euros perçus, 38,7 proviennent de revenus agricoles, 45,2 de salaires et traitements, 1,6 d’indemnités du chômage, 8,6 d’autres revenus d’activités non salariées, 4,5 de pensions et retraites, 18,6 de revenu du patrimoine, 3,4 de prestations sociales et 20,6 d’impôts sont déduits, aboutissant à un total de 100 euros de revenu disponible.
- Champ : Centre-Val de Loire ; ménages fiscaux ayant des revenus agricoles et dont le référent a moins de 65 ans.
- Source : Insee, Filosofi 2019
En 2019, le revenu disponible médian des ménages agricoles en Centre-Val de Loire est de 46 477 euros. Toutefois, les revenus agricoles ne représentent que 38,7 % du revenu disponible total. Les revenus des ménages agricoles proviennent aussi d’activités non agricoles, salariées ou non, et du patrimoine. En particulier, près des trois quarts des ménages agricoles déclarent des revenus salariés. Ces autres revenus peuvent être sans lien avec l’activité agricole (par exemple, le travail du conjoint hors de la sphère agricole) ou provenir indirectement de celle-ci (salaires agricoles, retraites agricoles, foncier de terres agricoles…).
La contribution des revenus agricoles au revenu total du ménage n’est pas la même selon la spécialisation dominante des espaces agricoles. Ainsi, au niveau des territoires avec une orientation dominante des exploitations en élevage de « bovins viande » (cf. définition OTEX), qui se caractérisent par le revenu disponible annuel médian des ménages le plus bas (33 648 euros), la contribution du revenu agricole est l’une des plus faibles, à 34,2 %. À l’inverse, au sein des espaces de viticulture, les ménages agricoles combinent le revenu disponible médian le plus élevé avec la plus forte contribution du revenu agricole au total de ce revenu disponible (59,6 %).
Néanmoins, une faible contribution des revenus agricoles n’est pas toujours synonyme de faible revenu du ménage : par exemple, la part des revenus agricoles dans les territoires spécialisés dans les « autres productions végétales » (principalement des cultures de légumes, fruits et horticulture) est inférieure à 30 %, alors que les revenus disponibles de ces ménages font partie des plus élevés de l’ensemble des ménages agricoles. C’est pour cette orientation agricole que les contributions des salaires sont les plus fortes, à 57,3 %.
Par ailleurs, la part des revenus du patrimoine est la plus faible dans les territoires où les revenus disponibles sont aussi les plus faibles, principalement des régions d’élevage : élevage de bovins viande, polyculture et/ou autres productions animales, polyculture et/ou polyélevage.
tableauFigure 2 – Contribution des revenus agricoles au revenu disponible des ménages agricoles en 2019
Code région agricole | Libellé région agricole | Part des revenus agricoles dans revenu disponible (%) |
---|---|---|
63 | Orléanais | 29,3 |
65 | Sologne Viticole | 47,1 |
66 | Val de Loire | 43,6 |
67 | Val de Loire | 24,6 |
68 | Vallée et Coteaux de le Loire | 33,1 |
69 | Région de Sainte Maure | 41,6 |
70 | Champagne Berrichonne | 30,1 |
71 | Région viticole à l’Est de Tours | 45,7 |
72 | Fôret d’Amboise | 8,5 |
73 | Plateau de Mettray | 18,8 |
74 | Bassin de Savigne | 41,5 |
75 | Perche Vendômois | 45,5 |
76 | Faux Perche | 44,2 |
179 | Vallée de Germigny | 31,5 |
334 | Drouais Thimerais | 36,0 |
338 | Gâtinais Pauvre | 38,4 |
339 | Gâtinais Riche | 43,9 |
340 | Puisaye | 37,9 |
341 | Beauce Dunoise | 41,1 |
342 | Beauce Riche | 45,0 |
343 | Sologne | 24,3 |
344 | Vallée de la Loire | 33,0 |
346 | Gâtine Tourangelle | 40,6 |
348 | Richelais | 37,5 |
350 | Vallée et Coteaux du Loir | 37,4 |
434 | Champagne Berrichonne | 34,9 |
435 | Plateaux Bocagers de la Touraine Méridionale | 40,1 |
436 | Boischaut du Sud | 32,1 |
437 | Marche | 29,9 |
438 | Région des Brandes | 34,2 |
439 | Pays fort et Sancerrois | 63,8 |
- Champ : régions agricoles 2020 ; ménages fiscaux ayant des revenus agricoles et dont le référent a moins de 65 ans.
- Source : Insee, Filosofi 2019
graphiqueFigure 2 – Contribution des revenus agricoles au revenu disponible des ménages agricoles en 2019

- Champ : régions agricoles 2020 ; ménages fiscaux ayant des revenus agricoles et dont le référent a moins de 65 ans.
- Source : Insee, Filosofi 2019
Les différences dans la composition du revenu selon l’orientation technico-économique s’observent géographiquement. La contribution des revenus agricoles au revenu disponible est la plus forte (plus de 47 %) dans les territoires viticoles de la région, le Pays Fort et Sancerrois, le Val de Loire à proximité de Nevers, et de la Sologne viticole. Cette spécialisation génère une production à haute valeur ajoutée par la commercialisation d’un produit transformé, qui bénéficie de plus d’une appellation d’origine protégée (AOP) réputée.
Dans une moindre mesure, dans les deux régions de la Beauce et du Gâtinais au nord de la Loire, caractérisées par la culture de céréales et d’oléoprotéagineux, le revenu disponible des ménages agricoles se compose, là aussi, d’une forte part des revenus agricoles (plus de 35 %). La nappe de Beauce fournit une ressource souterraine pour l’irrigation de ces zones. Celle-ci permet de limiter les aléas liés à la sécheresse et de diversifier les cultures en rendant possible des rotations avec la betterave sucrière, la pomme de terre, l’oignon qui peuvent par ailleurs se révéler plus rentables que les céréales.
À l’inverse, les ménages agricoles de la région forestière de Sologne, de la Champagne Berrichonne et du Boichaut du Sud se caractérisent par une plus faible participation des revenus agricoles à l’ensemble de leurs ressources (moins de 35 %). C’est d’ailleurs en Sologne que la contribution des revenus du patrimoine est la plus élevée.
Ces revenus patrimoniaux sont essentiellement des revenus fonciers, correspondant souvent à des fermages, issus de terres possédées par l’agriculteur et louées par la société dont il est associé. Selon le recensement agricole de 2020, en Centre-Val de Loire, 331 000 ha sont concernés par un fermage à un associé propriétaire soit 13,8 % des surfaces agricoles utiles de la région.
Des territoires viticoles à ceux d’élevage, de grands écarts de niveaux de vie
tableauFigure 3 – Niveau de vie des ménages agricoles en 2019, selon la production agricole dominante du territoire
Type de territoire selon la production agricole dominante | Nombre de ménages agricoles | Répartition des ménages (en %) | Niveau de vie annuel (en euros) | Taux de pauvreté (en %) | |||
---|---|---|---|---|---|---|---|
1er décile (D1) | Médiane | 9e décile (D9) | Rapport interdécile (D9/D1) | ||||
Céréales et/ou oléoprotéagineuses | 4 933 | 31,5 | 12 405 | 26 293 | 50 459 | 4,1 | 11,2 |
Autres grandes cultures | 2 127 | 13,6 | 12 630 | 28 621 | 57 422 | 4,5 | 10,9 |
Autres productions végétales | 600 | 3,8 | 12 733 | 29 048 | 61 384 | 4,8 | 10,7 |
Viticulture | 948 | 6,0 | 13 262 | 29 642 | 65 512 | 4,9 | 9,6 |
Bovins viande | 637 | 4,1 | 9 139 | 19 089 | 34 797 | 3,8 | 24,4 |
Polyélevage et/ou autres productions animales | 914 | 5,8 | 9 471 | 21 194 | 39 115 | 4,1 | 19,8 |
Polyculture | 1 655 | 10,6 | 12 635 | 25 973 | 52 300 | 4,1 | 11,5 |
Polyculture et polyélevage | 3 825 | 24,4 | 10 058 | 22 379 | 40 804 | 4,1 | 16,6 |
Ensemble Centre-Val de Loire 1 | 15 682 | 100,0 | 11 432 | 25 047 | 50 024 | 4,4 | 13,4 |
Ensemble France de province 1 | 317 463 | 100 | 10 377 | 22 416 | 44 733 | 4,3 | 16,9 |
- 1 Pour quelques ménages agricoles, il n’a pas été possible de dégager une production agricole dominante de la commune. La somme des nombres de ménages agricoles par production agricole dominante est par conséquent légèrement inférieure au nombre total de ménages agricoles.
- Lecture : en Centre-Val de Loire, en 2019, 4 933 ménages agricoles exercent leur activité au sein de l’Otex Céréales et/ou oléoprotéagineuses soit 31,5 % des ménages agricoles. Leur taux de pauvreté est de 11,2 %. La moitié des ménages agricoles de cette catégorie d’Otex ont un niveau de vie annuel de 26 293 euros. Les 10 % les plus pauvres gagnent moins de 12 405 euros et les 10 % les plus riches plus de 50 459 euros soit 4,1 fois plus.
- Champ : Centre-Val de Loire ; ménages fiscaux ayant des revenus agricoles et dont le référent a moins de 65 ans.
- Source : Insee, Filosofi 2019
Le niveau de vie médian annuel des ménages agricoles en Centre-Val Loire est de 25 047 euros, soit 3 228 euros de plus que celui des ménages actifs (21 819 euros). Les ménages agricoles pauvres sont cependant nombreux. Dans la région, le taux de pauvreté de la population des ménages agricoles est en effet plus élevé que celui de l’ensemble de la population des ménages actifs (13,4 % contre 11,7 %). Le taux de pauvreté des ménages agricoles est néanmoins plus faible qu’en France de province (16,9 %).
tableauFigure 4a – Taux de pauvreté en 2019
Taux de pauvreté | |
---|---|
Ménages agricoles en Centre-Val de Loire | 13,4 |
Ménages actifs en Centre-Val de Loire | 11,7 |
Ménages agricoles en France de province | 16,9 |
Ménages actifs en France de province | 12,3 |
- Lecture : en Centre-Val de Loire en 2019, 13,4 % des ménages agricoles vivent sous le seuil de pauvreté.
- Champ : Centre-Val de Loire et France de province ; population des ménages fiscaux dont le référent a moins de 65 ans.
- Source : Insee, Filosofi 2019
graphiqueFigure 4a – Taux de pauvreté en 2019

- Lecture : en Centre-Val de Loire en 2019, 13,4 % des ménages agricoles vivent sous le seuil de pauvreté.
- Champ : Centre-Val de Loire et France de province ; population des ménages fiscaux dont le référent a moins de 65 ans.
- Source : Insee, Filosofi 2019
La moitié des ménages agricoles pauvres de la région ont un niveau de vie inférieur d’au moins 30,5 % au seuil de pauvreté. Cet écart n’est que de 17,5 % pour l’ensemble des ménages actifs pauvres. Les ménages agricoles centrais sont ainsi non seulement plus souvent pauvres que les ménages actifs, mais aussi marqués par une intensité de la pauvreté plus forte. Cette intensité est plus élevée de trois points dans la région qu’au niveau de la France de province (27,4 %).
Les disparités de revenus sont en effet plus grandes parmi les ménages agricoles qu’au sein de l’ensemble des actifs. Dans la région, les 10 % des ménages agricoles les plus riches ont un niveau de vie au moins égal à 50 024 euros (9ᵉ décile), alors que les 10 % les plus pauvres ont au maximum un niveau de vie de 11 432 euros (1ᵉʳ décile). Le niveau de vie des plus riches est ainsi 4,4 fois supérieur à celui des plus pauvres (4,3 fois pour la France de province). Cet écart est bien plus important que dans l’ensemble des ménages actifs (où le niveau de vie des plus riches est 2,9 fois supérieur à celui des plus pauvres). Cette différence s’explique principalement par le fait que le niveau de vie des ménages agricoles les plus riches est bien plus élevé que celui des ménages actifs les plus riches (il dépasse 50 024 euros pour les premiers, contre 36 174 euros pour les seconds). Elle est renforcée par la situation des ménages les plus pauvres : le niveau de vie des 10 % des ménages agricoles les plus pauvres est inférieur à 11 432 euros, contre 12 613 euros pour les ménages actifs.
Par ailleurs, près de huit ménages agricoles sur dix déclarent des revenus d'activité non agricoles. Ceux-ci semblent plus épargnés par la pauvreté (10,5 %) et déclarent un revenu disponible médian élevé (51 329 euros). Toutefois, du fait d’un plus grand nombre de personnes par ménage, leur niveau de vie médian est équivalent à celui de l’ensemble des ménages agricoles.
C’est dans les territoires de viticulture et d’autres productions végétales que le niveau de vie des plus riches est le plus élevé. Il dépasse respectivement 65 512 euros et 61 384 euros pour les 10 % des ménages agricoles les plus riches. C’est aussi dans ces espaces que le niveau de vie médian est le plus haut. Les ménages de ces deux orientations agricoles sont également les moins concernés par la pauvreté monétaire.
À l’inverse, c’est pour l’élevage de bovins viande et le polyélevage et/ou autres productions animales que le niveau de vie des plus riches est le moins haut, dépassant respectivement 34 797 euros et 39 115 euros pour les 10 % des ménages agricoles les plus aisés. Ces spécialisations agricoles se caractérisent aussi par un niveau de vie médian plus faible et un taux de pauvreté élevé. Leurs revenus agricoles constituent moins de 35 % de leurs ressources et ceux provenant d’autres activités sont également faibles. Ainsi, seuls les deux tiers des ménages des territoires d’exploitation de bovins viande déclarent des revenus d’activité non agricoles, contre 82 % des ménages des territoires de grandes cultures. Moins souvent pluriactifs, ces ménages sont alors très exposés à la pauvreté : un sur cinq vit sous le seuil de pauvreté.
tableauFigure 5 – Répartition du niveau de vie annuel médian des ménages agricoles en 2019, par région agricole
Code région agricole | Libellé région agricole | Niveau de vie médian (annuel en euros) |
---|---|---|
63 | Orléanais | 24 023 |
65 | Sologne Viticole | 27 189 |
66 | Val de Loire | 23 289 |
67 | Val de Loire | 31 258 |
68 | Vallée et Coteaux de le Loire | 29 676 |
69 | Région de Sainte Maure | 23 186 |
70 | Champagne Berrichonne | 26 011 |
71 | Région viticole à l’Est de Tours | 31 763 |
72 | Fôret d’Amboise | 25 973 |
73 | Plateau de Mettray | 30 146 |
74 | Bassin de Savigne | 18 825 |
75 | Perche Vendômois | 25 926 |
76 | Faux Perche | 25 731 |
179 | Vallée de Germigny | 19 598 |
334 | Drouais Thimerais | 29 187 |
338 | Gâtinais Pauvre | 24 648 |
339 | Gâtinais Riche | 27 363 |
340 | Puisaye | 21 491 |
341 | Beauce Dunoise | 28 531 |
342 | Beauce Riche | 30 818 |
343 | Sologne | 23 328 |
344 | Vallée de la Loire | 25 475 |
346 | Gâtine Tourangelle | 25 188 |
348 | Richelais | 23 859 |
350 | Vallée et Coteaux du Loir | 21 807 |
434 | Champagne Berrichonne | 25 655 |
435 | Plateaux Bocagers de la Touraine Méridionale | 22 592 |
436 | Boischaut du Sud | 19 079 |
437 | Marche | 18 438 |
438 | Région des Brandes | 22 608 |
439 | Pays fort et Sancerrois | 27 241 |
- Champ : Régions agricoles 2020 ; ménages fiscaux ayant des revenus agricoles et dont le référent a moins de 65 ans.
- Source : Insee, Filosofi 2019
graphiqueFigure 5 – Répartition du niveau de vie annuel médian des ménages agricoles en 2019, par région agricole

- Champ : Régions agricoles 2020 ; ménages fiscaux ayant des revenus agricoles et dont le référent a moins de 65 ans.
- Source : Insee, Filosofi 2019
Les régions agricoles bordant la Loire et au nord de cette dernière correspondent notamment à des territoires de viticulture, de production de céréales et/ou oléoprotéagineuses et d’autres grandes cultures (betteraves sucrières, pomme de terre, oignon, légumes de plein champ). Elles se caractérisent ainsi par des niveaux de vie élevés (médiane annuelle supérieure à 25 800 euros). À l’opposé, les espaces de polyculture, de polyélevage et d’exploitations de bovins pour la production de viande du sud de la Loire ont un niveau de vie annuel médian plus faible.
Par ailleurs, les revenus agricoles sont par nature beaucoup plus variables que les revenus provenant d’autres activités. Les écarts de revenus entre les différentes spécialités peuvent donc fluctuer en fonction des cours des matières premières, tout autant du côté des coûts que des recettes.
L’agriculture céréalière : l’irrigation entraîne de plus hauts rendements dans le nord de la région
Au sein de l’activité à dominante céréalière, deux espaces agricoles se distinguent. Dans le premier, formé des départements du Cher, de l’Indre et de l’Indre-et-Loire, les ménages agricoles sont globalement moins riches que la moyenne régionale de cette orientation agricole : le niveau de vie annuel médian s’élève à 24 758 euros et le taux de pauvreté à 12,9 % (contre respectivement 26 293 euros et 11,2 % pour la région).
Dans le second territoire composé des départements d’Eure-et-Loir, du Loir-et-Cher et du Loiret, le niveau de vie médian est plus élevé avec 27 525 euros annuels et le taux de pauvreté est plus faible (10 %). Dans l’Eure-et-Loir, les revenus agricoles sont particulièrement élevés en raison de hauts rendements céréaliers grâce à la présence de la nappe phréatique la plus étendue d’Europe (nappe de Beauce). Cette dernière permet de diversifier l’assolement avec des cultures, à plus forte rentabilité, nécessitant de l’irrigation.
La viticulture : le Sancerre AOP permet une plus forte valorisation dans le département du Cher
Les appellations d’origine contrôlée (AOC) sont présentes dans tous les départements de la région, mais elles n’ont pas toutes la même valorisation commerciale. Ainsi, le pays Sancerrois est caractérisé par une production et une vente d’un vin AOP (appellation d’origine protégée) à forte valeur ajoutée. Le Cher réunit moins d’un quart des ménages agricoles des territoires viticoles du Centre-Val de Loire, mais 35,1 % du total régional de leur revenu disponible. Le taux de pauvreté dans les territoires de viticulture du département est 4,4 fois plus faible que dans la région (2,7 % contre 11,8 %). De plus, le niveau de vie annuel médian des ménages agricoles résidant dans les espaces viticoles du Cher atteint 44 012 euros, valeur bien plus élevée que pour l’ensemble des ménages agricoles de ce même département (23 490 euros, soit une différence de 20 522 euros). Même pour les 10 % les plus pauvres, les ménages viticoles du Cher ont un niveau de vie supérieur de 6 893 euros à celui de leurs homologues des autres départements du Centre-Val de Loire. Pour les 10 % les plus riches, cet écart avec le reste de la région monte à 42 574 euros.
Encadré 1 - Les ménages agricoles aux revenus agricoles négatifs
tableauFigure 6 – Part des ménages agricoles avec revenu agricole négatif en 2019, par spécialisation agricole
Type de territoire selon la production agricole dominante | Part dans l’ensemble des ménages agricoles |
---|---|
Viticulture | 9,0 |
Bovins viande | 11,6 |
Polyculture et Polyélevage | 13,0 |
Autres grandes cultures | 13,1 |
Polyélevage et/ou autres productions animales | 13,6 |
Ensemble Centre-Val de Loire | 13,8 |
Polyculture | 14,9 |
Céréales et/ou oléoprotéagineuses | 15,2 |
Autres productions végétales | 17,5 |
- Lecture : en Centre-Val de Loire, en 2019, les ménages agricoles avec revenu agricole négatif représentent 13,8 % de l’ensemble des ménages agricoles.
- Champ : Centre-Val de Loire ; ménages fiscaux ayant des revenus agricoles et dont le référent a moins de 65 ans.
- Source : Insee, Filosofi 2019
graphiqueFigure 6 – Part des ménages agricoles avec revenu agricole négatif en 2019, par spécialisation agricole

- Lecture : en Centre-Val de Loire, en 2019, les ménages agricoles avec revenu agricole négatif représentent 13,8 % de l’ensemble des ménages agricoles.
- Champ : Centre-Val de Loire ; ménages fiscaux ayant des revenus agricoles et dont le référent a moins de 65 ans.
- Source : Insee, Filosofi 2019
Des revenus agricoles négatifs ne sont pas toujours synonymes de difficultés financières. En effet, dans des cas d’optimisations fiscales et sociales, par l’intermédiaire d’investissements par exemple, le montant déclaré du revenu agricole peut être négatif, mais être compensé par des revenus du patrimoine ou des aides. De plus, en raison de la volatilité des revenus agricoles, leur montant peut être négatif une année donnée, sans l’être l’année précédente, ni l’année suivante.
En 2019 en Centre-Val Loire, 2 170 ménages agricoles déclarent des revenus agricoles négatifs, soit 13,8 % du total des ménages agricoles de la région. Ce niveau est plus élevé qu’en France de province (11,8 %). Leur niveau de vie annuel médian se limite à 17 343 euros, soit 7 704 euros de moins que pour l’ensemble des ménages agricoles (25 047 euros). Leur taux de pauvreté culmine à 36,6 % dans la région (même niveau qu’en France de province), contre 13,4 % tous ménages agricoles confondus.
Au-delà de ces tendances générales, ces ménages à revenus agricoles négatifs regroupent des situations très diverses. Parmi ceux-ci, les 10 % les plus pauvres ont un niveau de vie au moins 9 fois plus faible que celui des 10 % les plus riches. Le niveau de vie de ces ménages les plus pauvres est très bas. L’intensité de la pauvreté est ainsi très marquée : le niveau de vie médian des ménages pauvres est 42,8 % en dessous du seuil de pauvreté pour les ménages agricoles à revenu agricole négatif, contre 30,5 % pour l’ensemble des ménages agricoles.
En outre, les revenus agricoles négatifs sont plus fréquents pour certaines spécialisations agricoles, comme sur les territoires de production de céréales et/ou oléoprotéagineuses ou d’autres productions végétales. Ce constat, valable pour 2019, peut toutefois varier en fonction des prix de vente et d’achat des matières premières.
La part des ménages dont le revenu agricole est négatif est moins grande dans d’autres territoires, comme les territoires viticoles où le niveau de vie est plus haut, ou ceux d’élevage de bovins viande qui se caractérisent pourtant par des niveaux de vie modestes. Ces derniers semblent être plus prudents face aux investissements, ainsi moins souvent déduits de leur exercice comptable.
Encadré 2 - Le réseau d’information comptable agricole (RICA)
En 2020, le Centre-Val de Loire compte 19 919 exploitations, dont 11 751 spécialisées en grandes cultures, 1 962 spécialisées en polyculture et/ou polyélevage, 1 481 en bovins viande et 1 283 en viticulture. La surface moyenne est de 115 ha par exploitation. L’agriculture régionale compte 32 908 emplois à temps plein, assumés à 58 % par les chefs d’exploitation et co-exploitants. Les membres de la famille travaillant de manière permanente sans le statut de chef ou de co-exploitant représentent 2 577 emplois à temps plein (4 056 personnes). 7 657 emplois à temps plein sont assumés par des salariés permanents non familiaux (9 160 personnes). Le travail saisonnier représente 3 562 équivalents temps plein.
D’après les résultats comptables, le revenu disponible (excédent brut d’exploitation – charges financières – charges sociales de l’exploitant – remboursement d’emprunts moyen et long terme), qui se rapproche d’un revenu agricole, s’élève à 23 400 € par unité de travail agricole non salariée (UTANS) en 2019. Des disparités fortes existent selon l’orientation technico-économique de l’exploitation. Ainsi, les exploitations de céréales et oléoprotéagineuses ont un revenu disponible de 18 219 €/UTANS, celles spécialisées en autres grandes cultures obtiennent un revenu disponible de 39 242 €/UTANS, tandis que les élevages de bovins viande ne dégagent que 17 325 €/UTANS, le plus faible parmi les exploitations régionales. Ce revenu disponible peut servir à autofinancer des investissements ou à rémunérer les chefs d’exploitation.
En 2019, 8 % des exploitations montrent un revenu disponible négatif pour la deuxième année consécutive. Cette part est particulièrement importante dans les exploitations de céréales et oléoprotéagineuses, dans celles spécialisées en élevage porcin et en bovins lait.
En 2020, 54 % des terres exploitées sont en fermage auprès d’un tiers, 16 % sont la propriété de l’exploitant individuel ou de la société exploitante, 15 % sont louées auprès d’un associé propriétaire et 15 % sont louées auprès d’un associé locataire.
La charge liée aux fermages est variable. Les exploitations de céréales et oléoprotéagineuses et celles d’autres grandes cultures paient les montants les plus élevés : 18 410 € et 20 610 € respectivement, pour une moyenne régionale de 16 500 €. Les exploitations de bovins viande paient les fermages les moins élevés, avec 10 220 € en moyenne. Ramenés à l’hectare, les fermages les plus chers sont ceux des parcelles viticoles, à 530 € en moyenne, contre 85 €/ha pour les fermages des exploitations de bovins viande et 135 €/ha de moyenne régionale. La surface relativement modeste des exploitations viticoles permet de limiter le coût total des fermages dans ces exploitations.
Encadré 3 – Partenariat
Cette étude a été réalisée dans le cadre d’un partenariat entre la Direction régionale de l’Insee Centre-Val de Loire (Insee) et de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt du Centre-Val de Loire (DRAAF).
Pour comprendre
Le revenu total d’un ménage agricole peut être composé de revenus de plusieurs natures comme des revenus agricoles, patrimoniaux ou encore salariés. Dans le fichier statistique Filosofi (Fichier Localisé Social et Fiscal), la part du type de revenu désigne sa représentation dans le revenu total sans correction des impôts. Selon sa nature, le revenu n’étant pas soumis à la même fiscalité, la décomposition du revenu disponible n’est pas certaine. Cette correction de l’impôt dépend de l’ensemble des revenus soumis à des fiscalités différentes et à la progressivité de l’impôt, et ne peut être répartie entre les différentes composantes. Le ratio est appelé « contribution ou participation » au revenu disponible.
Les régions agricoles ont été définies à partir de 1946 pour caractériser des zones agricoles homogènes. Ce zonage a ensuite donné lieu à plusieurs actualisations, la plus récente remontant à 2017. Une région agricole couvre un nombre entier de communes et peut s’étendre sur plusieurs départements. La France métropolitaine est découpée en 432 régions agricoles.
Sources
Les statistiques sur les revenus sont issues du Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) de 2019. Le champ couvert est celui de l’ensemble des ménages fiscaux ordinaires de France métropolitaine, de la Martinique et de la Réunion, dont le revenu disponible est positif ou nul et dont le référent fiscal a moins de 65 ans.
Source micro-économique, le réseau d’information comptable agricole (RICA) permet d’appréhender la situation économique et financière des exploitations agricoles dans leur diversité.
Le RICA recueille les informations comptables d’un échantillon d’environ 82 000 exploitations agricoles dans toute l’Union européenne selon des définitions communes. L’échantillon RICA de 7 200 exploitations en France métropolitaine en 2019 représente 289 000 moyennes et grandes exploitations, c’est-à-dire celles dont la production brute standard (PBS) est supérieure ou égale à 25 000 euros.
En Centre-Val de Loire, l’échantillon est composé de 395 exploitations pour l’exercice comptable 2019.
Le recensement agricole permet de collecter de nombreuses données sur l’ensemble des exploitations françaises tous les dix ans. Opération centrale de la statistique agricole, le recensement est aussi une des plus importantes opérations statistiques réalisées en France.
Le recensement concerne l’ensemble des exploitations agricoles, qu’elles soient grandes ou petites, que l’agriculture corresponde à l’activité principale ou secondaire de l’exploitant. Afin d’assurer une couverture complète du monde agricole, ce sont ainsi plus de 500 000 unités qui sont interrogées.
Pour chaque exploitation, plus de 900 données sont recueillies sur les superficies cultivées, les cheptels, la main-d’œuvre, les modes de production et de commercialisation ainsi que les activités de diversification et de transformation des produits à la ferme.
Définitions
Les ménages agricoles étudiés sont les ménages qui, dans leur déclaration de revenus, ont déclaré des revenus agricoles non nuls et dont le référent fiscal est âgé de 16 à 64 ans. Ainsi défini à partir des déclarations fiscales, le nombre de ménages agricoles est cohérent avec celui dont au moins un membre est agriculteur exploitant dans le recensement de la population. Les revenus agricoles correspondent aux bénéfices agricoles nets de déficits. Ils peuvent donc être négatifs.
Les ménages actifs seront définis comme l’ensemble des ménages fiscaux de la source Filosofi (millésime 2019) respectant simultanément les 3 critères suivants :
- revenus disponibles positifs ou nuls,
- revenus d’activité salariée ou non salariée non nuls,
- référent fiscal âgé de moins de 65 ans.
La superficie agricole utilisée (SAU) est une notion normalisée dans la statistique agricole européenne. Elle comprend les terres arables (y compris pâturages temporaires, jachères, cultures sous abri, jardins familiaux…), les surfaces toujours en herbe et les cultures permanentes (vignes, vergers…).
Un ménage est susceptible de percevoir des revenus agricoles uniquement s’il comporte (au moins) un agriculteur exploitant. Les revenus agricoles correspondent alors aux bénéfices agricoles de l’exploitation, nets de déficits, auxquels est ajoutée la CSG (contribution sociale généralisée) agricole. Il s’agit de revenus non salariés. Le revenu cadastral des exploitations forestières est lui aussi intégré aux revenus agricoles.
Orientation technico-économique des exploitations agricoles (OTEX) : la production brute standard (PBS) décrit un potentiel de production des exploitations. Les surfaces de culture et les cheptels de chaque exploitation sont valorisés selon des coefficients. Ces coefficients de PBS ne constituent pas des résultats économiques observés. Ils doivent être considérés comme des ordres de grandeur définissant un potentiel de production de l’exploitation par hectare ou par tête d’animal présent. Pour la facilité de l’interprétation, la PBS est exprimée en euros, mais il s’agit surtout d’une unité commune qui permet de hiérarchiser les productions entre elles. La contribution de chaque culture et cheptel permet de classer l’exploitation agricole dans une orientation technico-économique (OTEX) selon sa production principale. L'OTEX est une classification européenne.
La nomenclature française de diffusion regroupe habituellement les OTEX en 15 orientations. Pour cette étude, l’Insee et la DRAAF du Centre-Val de Loire ont procédé à d’autres regroupements d’OTEX. L’objectif de cette nomenclature régionale est double : parvenir à des groupes suffisamment grands en Centre-Val de Loire pour être diffusables en respectant les règles du secret statistique, tout en maintenant une cohérence des spécialisations agricoles au sein de ces groupes.
Les regroupements d’OTEX utilisés dans l’étude sont détaillés dans les données complémentaires.
Le niveau de vie est le revenu disponible qui tient compte de la composition du ménage. Il correspond au revenu disponible divisé par le nombre d’unités de consommation (UC). Celles-ci sont calculées de la façon suivante :
- 1 UC pour le premier adulte du ménage,
- 0,5 UC pour les autres personnes de 14 ans ou plus,
- 0,3 UC pour les enfants de moins de 14 ans.
Le taux de pauvreté monétaire correspond à la proportion de personnes dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. Le seuil de pauvreté est fixé à 60 % du niveau de vie médian, selon les conventions européennes, soit en 2019 à 13 224 euros par an.
L’intensité de la pauvreté permet d’apprécier à quel point le niveau de vie de la population pauvre est éloigné du seuil de pauvreté. Comme Eurostat, l’Insee mesure cet indicateur comme l’écart relatif entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté. Plus cet indicateur est élevé et plus la pauvreté est dite intense, au sens où le niveau de vie des plus pauvres est très inférieur au seuil de pauvreté. Formellement, il est calculé de la manière suivante : (seuil de pauvreté – niveau de vie médian de la population pauvre) / seuil de pauvreté. Cet indicateur est usuellement présenté sous la forme d’un pourcentage.
Les agriculteurs exploitants regroupent les personnes qui exercent à titre professionnel une activité agricole, en qualité de chef d’exploitation, d’associé d’exploitation ou d’aide familial non salarié.
Les prélèvements privés réalisés par les agriculteurs exploitants dans la trésorerie de leur exploitation sont comptabilisés dans les revenus agricoles s’ils constituent une rémunération (non salariale) de ces exploitants. En revanche, lorsque ces prélèvements privés traduisent une consommation des apports en capital de l’exploitant (par exemple des ventes de terrain ou de machines-outils), ils ne sont pas comptabilisés dans les revenus agricoles, tout comme les plus-values éventuelles sur ces opérations.
D’autres revenus en lien avec l’activité agricole ne sont pas, eux non plus, comptabilisés dans les revenus agricoles : la location des terres agricoles, la retraite agricole, l’hébergement et la restauration à la ferme, ou encore les revenus salariaux perçus en tant que salariés agricoles.
Le revenu disponible d’un ménage comprend les revenus d’activité (nets des cotisations sociales), les revenus du patrimoine, les transferts en provenance d’autres ménages et les prestations sociales (y compris les pensions de retraite et les indemnités de chômage), nets des impôts directs.
Champ
La présente étude porte sur les ménages agricoles, définis comme les ménages déclarant des revenus agricoles non nuls, c’est-à-dire soit strictement positifs, soit strictement négatifs. Toutefois, un autre critère est appliqué pour toutes les données présentées dans l’étude (y compris dans l’encadré 1 relatif aux ménages à revenus agricoles négatifs) : les ménages, qu’ils soient agricoles ou plus généralement actifs, doivent déclarer un revenu disponible positif ou nul.
Ce champ a été fixé au niveau national, pour des raisons de comparabilité des différents travaux régionaux de l’Insee. Il s’agit en effet du champ habituel de diffusion par l’Insee des indicateurs de revenus issus de la source Filosofi. Les ménages aux revenus disponibles négatifs sont exclus, car ils peuvent correspondre à des situations atypiques. Ils peuvent aussi rendre certains indicateurs impossibles à interpréter, comme le rapport entre les 10 % les plus riches et les 10 % les plus pauvres (qui est susceptible d’être négatif si les ménages les plus pauvres ont un revenu disponible négatif).
En 2019, en Centre-Val de Loire, 640 ménages déclarant un revenu agricole non nul ont un revenu disponible négatif. Pour 593 d’entre eux, le revenu agricole est aussi négatif. Le revenu disponible médian de ce type de ménage est en déficit de 11 565 euros.
Par définition, la totalité de cette population des ménages à revenu disponible négatif vit sous le seuil de pauvreté monétaire. Par conséquent, la prise en compte de ces derniers au sein de l’ensemble des ménages agricoles augmenterait le taux de pauvreté de 2,5 points au niveau régional.
Cependant, il existe des disparités géographiques quant à leur répartition. Ainsi, les ménages agricoles avec un revenu disponible négatif sont proportionnellement plus représentés dans le Cher et le Loiret. Dans ces départements, ils représenteraient respectivement 5,3 % et 4,6 % de l’ensemble d’un champ qui regrouperaient les ménages agricoles avec revenu disponible positif ou négatif. À l’inverse, cette proportion se limiterait à 3,2 % dans le département d’Eure-et-Loir.
Leur part dépend aussi de l’orientation du territoire. Elle atteindrait 4,8 % du champ complété des ménages agricoles au sein des espaces de polyculture et polyélevage, mais seulement 2,3 % pour les autres productions végétales.
tableauTaux de pauvreté des ménages agricoles en 2019, dans le champ de l’étude et dans le champ complété
Département | Champ de l’étude | Champ complété |
---|---|---|
Cher | 16,0 | 19,4 |
Eure-et-Loir | 8,4 | 10,6 |
Indre | 18,9 | 21,2 |
Indre-et-Loire | 13,1 | 15,2 |
Loir-et-Cher | 12,5 | 14,8 |
Loiret | 12,6 | 15,7 |
Centre-Val de Loire | 13,4 | 15,9 |
- Champ : Centre-Val de Loire ; ménages fiscaux ayant des revenus agricoles et dont le référent a moins de 65 ans, en incluant ou non les ménages à revenu disponible négatif.
- Source : Insee, Filosofi 2019
graphiqueTaux de pauvreté des ménages agricoles en 2019, dans le champ de l’étude et dans le champ complété

- Champ : Centre-Val de Loire ; ménages fiscaux ayant des revenus agricoles et dont le référent a moins de 65 ans, en incluant ou non les ménages à revenu disponible négatif.
- Source : Insee, Filosofi 2019
Pour en savoir plus
Bordet-Gaudin R., Logeais C., Ulrich A., « Le niveau de vie des ménages agricoles est plus faible dans les territoires d’élevage » Insee Première n° 1876, octobre 2021.
Hurard C., Merel A., Mura B., (Insee), Borgne E., Gourlaouen Y., Paillette E., (Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt) « Les revenus des ménages agricoles normands, plus faibles dans les territoires d’élevage » Insee Analyses Normandie n° 96, octobre 2021.
Belhakem N., Borey G., Dufeutrelle J., « Des revenus agricoles élevés mais des disparités importantes » Insee Analyses Hauts-de-France n° 119, décembre 2020.
Février M., Marguerite E., (Insee), Auzet L., Bellanger R., (Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt) « En Bretagne, les revenus des ménages agricoles sont, plus qu’ailleurs, liés à l’activité de l’exploitation » Insee Analyses Normandie n° 97, novembre 2020.
Piet L., Chatellier V., Delame N., Desjeux Y., Jeanneaux P., Laroche-Dupraz C., Ridier A., Veysset P., « Ouvrir dans un nouvel ongletHétérogénéité, déterminants et soutien du revenu des agriculteurs français » Notes et études socio-économiques n° 49. Ministère de l’Agriculture, octobre 2021.