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Insee Première · Octobre 2021 · n° 1876
Insee PremièreLe niveau de vie des ménages agricoles est plus faible dans les territoires d’élevage

Régine Bordet-Gaudin, Caroline Logeais, Amandine Ulrich (Insee)

En France, les trois quarts des agriculteurs exploitants sont des hommes, et plus de la moitié ont 50 ans ou plus. Le niveau de vie médian des ménages agricoles est comparable à celui de l’ensemble des ménages ayant des revenus d’activité. Cependant, les disparités au sein des ménages agricoles sont plus fortes et ils sont plus souvent touchés par la pauvreté monétaire.

En moyenne, seul un tiers des ressources des ménages agricoles provient de l’activité agricole. La majorité de leurs revenus sont issus d’autres activités, en particulier celles du conjoint, et un cinquième sont issus du patrimoine, notamment sous la forme de fermages. Cette répartition est très hétérogène selon l’orientation agricole des territoires.

Les revenus agricoles sont plus faibles dans les territoires d’élevage que dans ceux de production végétale. Ils sont particulièrement bas dans les territoires d’élevage de bovins viande. En revanche, ils sont souvent plus élevés dans les territoires viticoles et dans ceux combinant diverses grandes cultures.

Une population plus masculine et plus agée

En 2017, en France, l’agriculture génère 1,7 % de la valeur ajoutée de l’économie. Elle mobilise 399 000 de moins de 65 ans, soit 1,5 % des personnes en emploi. Cette part s’élève à plus de 2,5 % en Bretagne et en Nouvelle-Aquitaine alors qu’elle atteint à peine 0,5 % en Île-de-France. Plus de 40 % des agriculteurs habitent en Nouvelle-Aquitaine, Occitanie ou Auvergne-Rhône-Alpes.

La profession est peu féminisée : les trois quarts des agriculteurs sont des hommes, contre la moitié de l’ensemble des actifs en emploi. Elle est également plus âgée : la moitié des agriculteurs ont 50 ans ou plus, contre une personne sur trois en emploi (figure 1). Dès lors, le renouvellement des générations est un enjeu fort pour la profession, de même que la transmission des exploitations.

Les agriculteurs, même les plus jeunes, sont plus souvent mariés que l’ensemble des personnes en emploi : 58 % contre 44 %. Ils résident également davantage avec un conjoint ou un parent retraité. Les agriculteurs conservent un fort ancrage territorial. Conséquence du mode de transmission des exploitations souvent familial, les trois quarts habitent dans leur département de naissance contre moins de la moitié des actifs en emploi.

Les agriculteurs sont en moyenne moins diplômés que l’ensemble des personnes en emploi. Cependant, leur niveau de formation s’est fortement élevé, notamment depuis qu’il est nécessaire d’avoir un baccalauréat professionnel ou une équivalence pour obtenir des aides à l’installation. Lorsqu’ils ont moins de 40 ans, 80 % des agriculteurs possèdent un diplôme de niveau baccalauréat ou plus, contre 72 % des personnes en emploi.

Figure 1 – Pyramide des âges des agriculteurs exploitants en 2017

en %
Figure 1 – Pyramide des âges des agriculteurs exploitants en 2017 (en %) - Lecture : parmi l’ensemble des agriculteurs exploitants, 2,84 % sont des hommes âgés de 55 ans. Parmi l’ensemble des actifs, ceux-ci ne sont que 1,27 %.
Âge en années Femmes Hommes Ensemble
Agriculteurs exploitants Ensemble des personnes en emploi Agriculteurs exploitants Ensemble des personnes en emploi Agriculteurs exploitants Ensemble des personnes en emploi
15 ans 0,00 0,02 0,01 0,06 0,01 0,08
16 ans 0,00 0,05 0,02 0,13 0,02 0,18
17 ans 0,01 0,07 0,03 0,17 0,04 0,24
18 ans 0,01 0,17 0,06 0,29 0,07 0,46
19 ans 0,01 0,29 0,11 0,40 0,12 0,69
20 ans 0,03 0,42 0,18 0,54 0,21 0,96
21 ans 0,03 0,52 0,24 0,63 0,27 1,15
22 ans 0,05 0,65 0,33 0,72 0,38 1,37
23 ans 0,06 0,75 0,40 0,81 0,46 1,56
24 ans 0,10 0,85 0,46 0,90 0,56 1,75
25 ans 0,10 0,94 0,60 0,99 0,70 1,93
26 ans 0,13 0,99 0,64 1,04 0,77 2,03
27 ans 0,18 1,03 0,75 1,09 0,93 2,12
28 ans 0,20 1,06 0,87 1,12 1,07 2,18
29 ans 0,24 1,09 0,89 1,15 1,13 2,24
30 ans 0,22 1,10 1,07 1,18 1,29 2,28
31 ans 0,24 1,11 1,14 1,19 1,38 2,30
32 ans 0,27 1,13 1,21 1,21 1,48 2,34
33 ans 0,30 1,16 1,25 1,24 1,55 2,40
34 ans 0,30 1,18 1,32 1,26 1,62 2,44
35 ans 0,37 1,19 1,32 1,28 1,69 2,47
36 ans 0,36 1,21 1,32 1,29 1,68 2,50
37 ans 0,39 1,20 1,37 1,29 1,76 2,49
38 ans 0,37 1,19 1,44 1,28 1,81 2,47
39 ans 0,40 1,19 1,47 1,28 1,87 2,47
40 ans 0,45 1,20 1,49 1,28 1,94 2,48
41 ans 0,45 1,23 1,62 1,32 2,07 2,55
42 ans 0,50 1,27 1,67 1,35 2,17 2,62
43 ans 0,60 1,32 1,77 1,40 2,37 2,72
44 ans 0,65 1,34 1,89 1,42 2,54 2,76
45 ans 0,61 1,36 2,01 1,44 2,62 2,80
46 ans 0,72 1,35 2,11 1,43 2,83 2,78
47 ans 0,73 1,32 2,19 1,41 2,92 2,73
48 ans 0,70 1,33 2,23 1,39 2,93 2,72
49 ans 0,81 1,33 2,35 1,39 3,16 2,72
50 ans 0,82 1,32 2,48 1,39 3,30 2,71
51 ans 0,92 1,32 2,70 1,38 3,62 2,70
52 ans 1,00 1,31 2,72 1,37 3,72 2,68
53 ans 1,03 1,28 2,84 1,35 3,87 2,63
54 ans 1,03 1,26 2,82 1,32 3,85 2,58
55 ans 1,16 1,23 2,84 1,27 4,00 2,50
56 ans 1,10 1,18 2,75 1,22 3,85 2,40
57 ans 1,10 1,12 2,76 1,16 3,86 2,28
58 ans 1,12 1,06 2,72 1,08 3,84 2,14
59 ans 1,12 0,97 2,56 0,97 3,68 1,94
60 ans 0,92 0,74 1,99 0,64 2,91 1,38
61 ans 0,78 0,57 1,58 0,49 2,36 1,06
62 ans 0,52 0,34 1,08 0,35 1,60 0,69
63 ans 0,43 0,26 0,83 0,27 1,26 0,53
64 ans 0,33 0,20 0,66 0,21 0,99 0,41
65 ans 0,31 0,12 0,51 0,15 0,82 0,27
66 ans 0,25 0,08 0,45 0,12 0,70 0,20
67 ans 0,21 0,06 0,35 0,09 0,56 0,15
68 ans 0,16 0,05 0,29 0,08 0,45 0,13
69 ans 0,17 0,04 0,22 0,06 0,39 0,10
70 ans 0,12 0,03 0,18 0,05 0,30 0,08
71 ans 0,07 0,03 0,11 0,04 0,18 0,07
72 ans 0,07 0,02 0,10 0,03 0,17 0,05
73 ans 0,06 0,02 0,08 0,02 0,14 0,04
74 ans 0,05 0,01 0,06 0,02 0,11 0,03
75 ans ou plus 0,49 0,14 0,56 0,14 1,05 0,28
Ensemble 25,93 48,37 74,07 51,64 100,00 100,00
  • Lecture : parmi l’ensemble des agriculteurs exploitants, 2,84 % sont des hommes âgés de 55 ans. Parmi l’ensemble des actifs, ceux-ci ne sont que 1,27 %.
  • Champ : France métropolitaine, Martinique et La Réunion.
  • Source : Insee, recensement de la population 2017.

Figure 1 – Pyramide des âges des agriculteurs exploitants en 2017

  • Lecture : parmi l’ensemble des agriculteurs exploitants, 2,84 % sont des hommes âgés de 55 ans. Parmi l’ensemble des actifs, ceux-ci ne sont que 1,27 %.
  • Champ : France métropolitaine, Martinique et La Réunion.
  • Source : Insee, recensement de la population 2017.

De fortes disparités de niveau de vie au sein des ménages agricoles

Au sein des , 50 % des personnes ont un niveau de vie par unité de consommation inférieur à 22 200 euros par an en 2018 (figure 2). Ce  est comparable à celui de l’ensemble des membres des ménages qui perçoivent des revenus d’activité.

Les disparités de niveaux de vie sont cependant plus fortes. Le niveau de vie des 10 % des personnes les plus modestes ne dépasse pas 9 800 euros par an. Il est 4,7 fois inférieur à celui des 10 % les plus aisées qui disposent d’au moins 46 500 euros. Parmi l’ensemble des ménages ayant des revenus d’activité, cet écart n’est que de 3,3.

Figure 2 – Niveau de vie des ménages agricoles selon la production agricole dominante du territoire en 2018

Figure 2 – Niveau de vie des ménages agricoles selon la production agricole dominante du territoire en 2018 - Lecture : dans les territoires viticoles, 10 % des ménages agricoles ont un niveau de vie annuel inférieur à 11 270 euros.
Type de territoire selon la production agricole dominante Nombre de ménages agricoles Répartition des ménages
(en %)
Niveau de vie annuel
(en euros)
Taux de pauvreté
(en %)
1er décile (D1) Médiane 9e décile (D9) Rapport interdécile D9/D1
Bovins viande 11 240 3,3 8 570 18 420 32 800 3,8 25,1
Ovins, caprins et autres herbivores 15 310 4,5 8 640 18 610 34 590 4,0 25,5
Bovins mixte 30 000 8,9 9 130 19 060 34 460 3,8 22,8
Bovins lait 19 260 5,7 9 930 20 350 36 400 3,7 19,2
Polyculture-polyélevage 128 670 38,0 9 270 21 520 43 190 4,7 19,7
Granivores 30 520 9,0 10 670 21 750 40 560 3,8 15,9
Cultures fruitières et autres cultures permanentes 5 860 1,7 8 560 21 760 49 620 5,8 23,3
Grandes cultures1 29 510 8,7 11 140 25 780 51 220 4,6 13,5
Viticulture 37 770 11,2 11 270 26 330 58 820 5,2 13,4
Maraîchage, horticulture 6 540 1,9 10 230 26 740 64 030 6,3 16,2
Autres grandes cultures2 18 560 5,5 12 540 28 340 62 250 5,0 10,8
Ensemble3 338 480 100,0 9 830 22 210 46 520 4,7 18,1
  • 1. Territoires spécialisées en céréaliculture et en culture de plantes oléagineuses et protéagineuses.
  • 2. Territoires combinant céréales, plantes oléagineuses et protéagineuses, plantes sarclées ou spécialisées en culture de plantes sarclées, légumes frais.
  • 3. Ensemble des ménages agricoles, y compris ceux ne résidant pas dans un territoire Otex.
  • Lecture : dans les territoires viticoles, 10 % des ménages agricoles ont un niveau de vie annuel inférieur à 11 270 euros.
  • Champ : France métropolitaine, Martinique et La Réunion ; ménages fiscaux ayant des revenus agricoles et dont le référent a moins de 65 ans.
  • Source : Insee, Filosofi 2018.

Les ménages agricoles sont également davantage exposés à la pauvreté monétaire : 18 % de leurs membres vivent sous le (13 000 euros par an pour une personne seule en 2018), contre 13 % des membres des ménages ayant des revenus d’activité. La pauvreté y est de surcroît plus intense : le niveau de vie médian des personnes pauvres est de 9 400 euros, soit 1 300 euros de moins qu’au sein des ménages pauvres ayant des revenus d’activité.

Alors que leur niveau de vie médian est équivalent à celui de l’ensemble des ménages ayant des revenus d’activité, les ménages dont le référent fiscal est agriculteur ont des conditions de vie globalement plus favorables : le taux de pauvreté en conditions de vie des exploitants agricoles est deux fois moindre que celui de l’ensemble de la population. Compte tenu de la nature de leur activité, une partie des dépenses privées des ménages agricoles (logement, dépenses d’énergie, etc.) peuvent être intégrées dans les comptes de l’exploitation. Plus souvent propriétaires de leur habitation que l’ensemble des ménages, ils ont moins souvent des difficultés de logement. Ils sont également moins affectés par des . En revanche, ils sont plus souvent sujets à des insuffisances de ressources (figure 3).

Figure 3 – Taux de pauvreté en conditions de vie et difficultés rencontrées, par catégorie socio-professionnelle en France métropolitaine en 2019

en %
Figure 3 – Taux de pauvreté en conditions de vie et difficultés rencontrées, par catégorie socio-professionnelle en France métropolitaine en 2019 (en %) - Lecture : en France, en 2019, 6,1 % des agriculteurs exploitants sont considérés comme pauvres en conditions de vie. Ils sont 14,6 % à souffrir d’insuffisance de ressources, 7,2 % ont des retards de paiement, 4,9 % souffrent de restrictions de consommation et 4,2 % ont des difficultés de logement.
Catégorie socio-professionnelle Taux de pauvreté en conditions de vie*
(au moins 8 difficultés sur 27)
Insuffisance de ressources*
(au moins 3 insuffisances sur 6)
Retards de paiement*
(au moins un retard sur 3)
Restrictions de consommation*
(au moins 4 restrictions sur 9)
Difficultés de logement*
(au moins 3 difficultés sur 9)
Agriculteurs exploitants 6,1 14,6 7,2 4,9 4,2
Artisans, commerçants, chefs d'entreprise 11,9 14,3 8,4 11,6 7,3
Cadres supérieurs 2,6 5,5 2,7 1,7 3,8
Professions intermédiaires 6,9 11,2 5,9 5,4 6,7
Employés 20,8 24,5 13,3 18,9 11,7
Ouvriers 16,8 21,4 15,8 16,9 9,3
Retraités 9,7 8,8 3,5 13,2 2,7
Ensemble 11,7 13,3 7,5 12,5 6,1
  • * Au sens de l'indicateur français, un ménage est considéré comme pauvre en conditions de vie s'il subit au moins 8 privations parmi une liste de 27 possibles regroupées en 4 dimensions : insuffisance de ressources, retards de paiement, restrictions de consommation et difficultés de logement. Toutes les définitions sont disponibles.
  • Note : les autres inactifs n'apparaissent pas dans le tableau mais sont pris en compte dans la ligne « Ensemble ».
  • Lecture : en France, en 2019, 6,1 % des agriculteurs exploitants sont considérés comme pauvres en conditions de vie. Ils sont 14,6 % à souffrir d’insuffisance de ressources, 7,2 % ont des retards de paiement, 4,9 % souffrent de restrictions de consommation et 4,2 % ont des difficultés de logement.
  • Champ : France métropolitaine.
  • Source : Insee, SRCV-Silc 2004 à 2019.

Le niveau de vie des ménages agricoles est le plus élevé en Île-de-France. Il est globalement plus important dans le nord-est de la France et beaucoup plus faible dans le Sud, notamment en Lozère, Creuse, Ariège, Ardèche, et plus encore en Martinique et à La Réunion (figure 4).

Figure 4 – Niveau de vie annuel médian des ménages agricoles en 2018

en euros
Figure 4 – Niveau de vie annuel médian des ménages agricoles en 2018 (en euros)
Ain 23 380
Aisne 28 780
Allier 19 280
Alpes-de-Haute-Provence 19 220
Hautes-Alpes 18 980
Alpes-Maritimes 19 370
Ardèche 17 330
Ardennes 23 860
Ariège 17 320
Aube 32 470
Aude 19 710
Aveyron 19 290
Bouches-du-Rhône 23 900
Calvados 21 100
Cantal 18 670
Charente 24 260
Charente-Maritime 24 410
Cher 23 600
Corrèze 19 580
Côte-d'Or 26 590
Côtes-d'Armor 23 050
Creuse 17 270
Dordogne 19 660
Doubs 22 900
Drôme 20 830
Eure 24 190
Eure-et-Loir 29 630
Finistère 22 260
Corse-du-Sud 19 430
Haute-Corse 17 340
Gard 19 800
Haute-Garonne 23 140
Gers 22 000
Gironde 25 720
Hérault 19 930
Ille-et-Vilaine 21 110
Indre 21 050
Indre-et-Loire 23 750
Isère 21 800
Jura 22 180
Landes 23 930
Loir-et-Cher 24 600
Loire 18 290
Haute-Loire 17 740
Loire-Atlantique 20 970
Loiret 25 610
Lot 19 340
Lot-et-Garonne 22 210
Lozère 17 110
Maine-et-Loire 20 510
Manche 19 550
Marne 31 100
Haute-Marne 22 770
Mayenne 18 860
Meurthe-et-Moselle 23 530
Meuse 23 020
Morbihan 21 860
Moselle 24 980
Nièvre 18 200
Nord 25 610
Oise 29 840
Orne 19 250
Pas-de-Calais 23 070
Puy-de-Dôme 20 320
Pyrénées-Atlantiques 19 750
Hautes-Pyrénées 19 660
Pyrénées-Orientales 18 690
Bas-Rhin 28 100
Haut-Rhin 27 990
Rhône 21 880
Haute-Saône 20 880
Saône-et-Loire 21 960
Sarthe 21 040
Savoie 23 320
Haute-Savoie 23 920
Paris 53 850
Seine-Maritime 25 350
Seine-et-Marne 33 120
Yvelines 37 440
Deux-Sèvres 21 410
Somme 27 190
Tarn 19 000
Tarn-et-Garonne 19 970
Var 20 950
Vaucluse 23 150
Vendée 21 600
Vienne 22 290
Haute-Vienne 18 800
Vosges 19 600
Yonne 25 160
Territoire de Belfort 22 160
Essonne 33 550
Hauts-de-Seine 48 340
Seine-Saint-Denis 28 050
Val-de-Marne 37 250
Val-d'Oise 31 610
Martinique 14 850
La Réunion 13 290
Guadeloupe nd
Guyane nd
Mayotte nd
  • Champ : France métropolitaine, Martinique et La Réunion ; ménages fiscaux ayant des revenus agricoles et dont le référent a moins de 65 ans.
  • Source : Insee, Filosofi 2018.

Figure 4 – Niveau de vie annuel médian des ménages agricoles en 2018

  • Champ : France métropolitaine, Martinique et La Réunion ; ménages fiscaux ayant des revenus agricoles et dont le référent a moins de 65 ans.
  • Source : Insee, Filosofi 2018.

Seul un tiers des revenus des ménages agricoles provient de l’activité agricole

Le moyen annuel des ménages agricoles s’élève à 52 400 euros en 2018. Un tiers provient de l’activité agricole, soit 17 700 euros (figure 5).

La majorité de leurs ressources sont issues d’autres revenus d’activité. D’un montant de 30 100 euros, ceux-ci sont composés, pour l’essentiel, de salaires, qui proviennent notamment de l’activité de leur conjoint. En effet, lorsqu’il travaille, le conjoint de l’agriculteur est salarié dans sept cas sur dix. L’agriculteur lui-même peut également exercer une activité salariée en dehors de l’exploitation. Un agriculteur sur cinq est ainsi bi-actif. En outre, d’autres activités développées au sein de l’exploitation peuvent générer des revenus, comme la vente de produits artisanaux ou le tourisme à la ferme qui ne sont pas comptabilisés en revenu agricole.

Les revenus du patrimoine constituent la troisième source de revenus la plus importante des ménages agricoles, soit 20 % de leur revenu disponible. Il s’agit essentiellement de revenus fonciers, correspondant à des fermages, souvent issus de terres possédées par l’agriculteur et louées par la société dont il est associé. De manière générale, le patrimoine des agriculteurs repose davantage sur leur patrimoine professionnel et moins sur les actifs financiers et immobiliers.

Figure 5a - Revenu disponible moyen des ménages agricoles selon la production agricole dominante du territoire en 2018

en euros
Figure 5a - Revenu disponible moyen des ménages agricoles selon la production agricole dominante du territoire en 2018 (en euros) - Lecture : dans les territoires d'élevage bovins viande, le revenu disponible annuel s'élève en moyenne à 38 060 euros en 2018. 11 340 proviennent notamment de l'activité agricole.
Revenu annuel moyen
Bovins viande 38 060
Bovins mixte 40 388
Ovins, caprin, Autres herbivores 40 945
Bovins lait 44 396
Granivores 48 999
Polyculture-polyélevage 49 596
Cultures fruitières, Autres cultures permanentes 52 784
Grandes cultures 1 57 396
Viticulture 60 721
Autres grandes cultures 2 67 230
Maraîchage, horticulture 68 602
Ensemble 3 52 398
  • 1. Territoires spécialisées en céréaliculture et en culture de plantes oléagineuses et protéagineuses.
  • 2. Territoires combinant céréales, plantes oléagineuses et protéagineuses, plantes sarclées ou spécialisées en culture de plantes sarclées, légumes frais.
  • 3. Ensemble des ménages agricoles, y compris ceux ne résidant pas dans un territoire Otex.
  • Lecture : dans les territoires d'élevage bovins viande, le revenu disponible annuel s'élève en moyenne à 38 060 euros en 2018. 11 340 proviennent notamment de l'activité agricole.
  • Champ : France métropolitaine, Martinique et La Réunion ; ménages fiscaux ayant des revenus agricoles et dont le référent a moins de 65 ans.
  • Source : Insee, Filosofi 2018.

Figure 5a - Revenu disponible moyen des ménages agricoles selon la production agricole dominante du territoire en 2018

  • 1. Territoires spécialisées en céréaliculture et en culture de plantes oléagineuses et protéagineuses.
  • 2. Territoires combinant céréales, plantes oléagineuses et protéagineuses, plantes sarclées ou spécialisées en culture de plantes sarclées, légumes frais.
  • 3. Ensemble des ménages agricoles, y compris ceux ne résidant pas dans un territoire Otex.
  • Lecture : dans les territoires d'élevage bovins viande, le revenu disponible annuel s'élève en moyenne à 38 060 euros en 2018. 11 340 proviennent notamment de l'activité agricole.
  • Champ : France métropolitaine, Martinique et La Réunion ; ménages fiscaux ayant des revenus agricoles et dont le référent a moins de 65 ans.
  • Source : Insee, Filosofi 2018.

Des disparités de revenus liées surtout à la nature des productions agricoles

Les revenus des ménages agricoles présentent de fortes disparités selon l’orientation agricole des territoires ( ; figure 6). Celles-ci s’expliquent surtout par des écarts importants de revenus agricoles et de patrimoine. Elles reposent donc en partie sur la nature, les modes de production et de valorisation des produits. Ainsi, en 2018, les revenus générés par l’activité agricole des ménages des territoires viticoles sont 1,9 fois supérieurs à ceux des territoires d’élevage bovin. Ce ratio est de 2,0 pour les revenus du patrimoine alors qu’il n’est que de 1,4 pour les revenus issus d’autres activités. Ces derniers dépendent du contexte économique local, du niveau de salaire offert et des facilités pour rejoindre un pôle d’emploi. Les revenus agricoles sont cependant sujets à de fortes variations d’une année sur l’autre, notamment du fait des conditions climatiques qui peuvent avoir un impact sur les volumes et la qualité des productions, ainsi que de la volatilité des prix sur les marchés internationaux. Ils dépendent aussi de l’évolution des charges de fonctionnement, des investissements de l’année et des subventions perçues.

Figure 6 – Répartition des communes selon la production agricole dominante au 1er janvier 2019 (Otex)

  • Note :
  • - Grandes cultures : céréaliculture et culture de plantes oléagineuses et protéagineuses,
  • - autres productions animales : ovins, caprins et autres herbivores – diverses combinaisons de granivores,
  • - autres productions végétales : autres grandes cultures - cultures fruitières ou autres cultures permanentes - maraîchage et horticulture.
  • Champ : France métropolitaine, Martinique et La Réunion.
  • Source : Agreste, recensement agricole 2010, géographie au 01/01/2019, calcul Draaf Bourgogne-Franche-Comté.

Élevage de bovins viande : les revenus agricoles et le niveau de vie les plus faibles

Globalement, les ménages agricoles disposent des revenus agricoles les plus faibles dans les territoires d’élevage. C’est particulièrement le cas dans les territoires de production de bovins viande ou mixte, d’ovins ou de caprins où vivent 17 % des ménages agricoles. Leurs revenus agricoles constituent 30 % de leurs ressources. Ceux provenant d’autres activités étant également faibles, ces ménages sont très exposés à la pauvreté : une personne sur quatre vit sous le seuil de pauvreté.

Dans les territoires d’élevage de bovins viande, les revenus tirés de l’activité agricole sont les plus bas : 11 300 euros en 2018. Le niveau de vie de ces ménages agricoles y est aussi le plus faible. Peu d’éleveurs ont un emploi complémentaire en dehors de l’exploitation. Installés le plus souvent à la campagne, leur éloignement des pôles d’emplois limite la bi-activité. Par ailleurs, ils vivent plus souvent seuls que les autres agriculteurs, et bénéficient donc moins souvent des revenus d’un conjoint ou d’un autre membre de la famille.

L’élevage de bovins viande est surtout situé dans le centre de la France. En Saône-et-Loire, territoire d’élevage charolais sous indication géographique protégée, les revenus agricoles sont un peu plus élevés qu’ailleurs. L’élevage de bovins mixte, associant l’élevage de bovins viande et de bovins lait, s’exerce principalement dans l’ouest de la région Auvergne-Rhône-Alpes et l’est de la Nouvelle-Aquitaine, ainsi que dans les Pays de la Loire et en Normandie. Deux tiers des ménages agricoles des territoires d’élevage d’ovins ou de caprins résident en Nouvelle-Aquitaine ou en Occitanie.

Élevage de bovins lait et de granivores : des revenus agricoles plus importants que dans les autres territoires d’élevage

Les ménages agricoles des territoires d’élevage de vaches laitières ou de granivores (volaille, porc, etc.) ont des revenus agricoles plus élevés que dans les autres territoires de productions animales. Ces revenus contribuent aussi un peu plus fortement aux ressources des ménages.

Dans les territoires d’élevage laitier, les revenus agricoles sont en moyenne de 17 000 euros en 2018 et ils constituent 38 % des revenus des ménages agricoles. Les couples de deux agriculteurs exploitants sont relativement nombreux. Aussi, les autres sources de rémunérations sont faibles. La traite et le soin engendrant des astreintes quotidiennes, le conjoint participe davantage aux activités de l’exploitation. Du fait de cette activité prenante, ce sont les éleveurs qui exercent le moins souvent une activité secondaire salariée (13 %). Les exploitations laitières sont nombreuses près de la frontière suisse. Dans le massif jurassien, les revenus des ménages agricoles tirés de cette activité sont élevés. La production laitière y est plus rémunératrice, surtout destinée à la fabrication de fromages d’appellation d’origine protégée (AOP) renommés. L’élevage de vaches laitières est aussi très répandu en Normandie, où les revenus agricoles sont cependant bien plus faibles. Le lait, essentiellement utilisé par l’industrie agroalimentaire, y est moins rémunérateur.

Dans les territoires d’élevage de granivores, les revenus agricoles s’élèvent en moyenne à 21 200 euros et représentent 43 % des ressources du ménage. En conséquence, les ménages sont moins touchés par la pauvreté que dans les autres territoires d’élevage. La majorité réside en Bretagne et dans les Pays de la Loire, principales régions productrices de porcs et de volailles de chair.

Maraîchage et horticulture : des revenus agricoles faibles qui contribuent peu aux ressources des ménages

Globalement, les revenus agricoles des ménages des territoires de productions végétales sont plus élevés que ceux des territoires d’élevage. Ils sont cependant très hétérogènes de part la diversité des cultures présentes sur le territoire national.

Ainsi, au sein des territoires orientés dans la production végétale, les revenus agricoles des ménages agricoles sont les plus faibles dans les territoires de maraîchage et d’horticulture. De 13 100 euros en moyenne en 2018, ils ne composent qu’un cinquième de leurs ressources. Ces ménages, ne représentant que 2 % des ménages agricoles en France, bénéficient en revanche d’autres sources de revenus bien plus rémunératrices, provenant de salaires et de revenus du patrimoine. Aussi, leurs ressources sont en moyenne supérieures de 30 % au revenu disponible moyen de l’ensemble des ménages agricoles. Les territoires de maraîchage et d’horticulture sont principalement implantés dans le bassin méditerranéen, en Île-de-France et le long de la façade atlantique.

Grandes cultures spécialisées et cultures fruitières : des revenus agricoles proches de la moyenne

Dans les territoires de grandes cultures spécialisés en céréaliculture et en culture de plantes oléagineuses (colza, tournesol, soja, etc.) et protéagineuses (lentille, pois, etc.), les ménages agricoles ont des revenus agricoles plus importants, proches de la moyenne. De plus, leurs revenus du patrimoine et d’autres activités sont conséquents. En effet, les conjoints sont davantage salariés et plus diplômés que dans les autres territoires. En outre, un quart des agriculteurs exerce une activité secondaire salariée, proche d’un temps complet pour 40 % d’entre eux. Les grandes cultures spécialisées sont présentes dans de nombreuses régions françaises, sur un arc reliant le nord de la Nouvelle-Aquitaine à la région Grand Est. Dans l’Eure-et-Loir et la Seine-et-Marne, les revenus agricoles sont particulièrement élevés, en raison de hauts rendements céréaliers sur de grandes exploitations. Ces cultures sont également implantées au sud-ouest de l’Occitanie, où les revenus agricoles sont cependant bien plus faibles.

Dans les territoires de cultures fruitières ou d’autres cultures permanentes (pépinières, arbres de Noël, joncs, etc.), les ménages agricoles ont des revenus tirés de l’activité agricole supérieurs à ceux des territoires de grandes cultures, mais ceux issus d’autres activités sont plus faibles ; ces ménages sont davantage exposés à la pauvreté. Ils résident principalement dans la moitié sud de la France.

Autres grandes cultures et viticulture : les revenus agricoles les plus élevés

Les revenus agricoles sont encore plus élevés dans les territoires orientés dans les autres grandes cultures ainsi que dans les territoires viticoles. Ils constituent plus de 40 % des ressources des ménages agricoles. Ceux-ci bénéficient aussi d’autres sources de revenus conséquents.

Dans les communes spécialisées dans les autres grandes cultures, où les exploitations combinent diverses grandes cultures telles que céréales, plantes oléagineuses et protéagineuses, plantes sarclées (pomme de terre, betterave, etc.), cultures de légumes, les revenus agricoles des ménages atteignent 28 200 euros. De plus, un quart des agriculteurs exerce une autre activité salariée. Parmi ces bi-actifs, un sur cinq est cadre. Dans ces territoires, le niveau de vie des ménages agricoles est le plus élevé. Ces territoires regroupent seulement 5 % des ménages agricoles, qui résident en majorité dans les Hauts-de-France et dans les départements voisins, territoires de production de betteraves et de pommes de terre notamment.

11 % des ménages agricoles habitent dans une commune viticole. 46 % se concentrent dans seulement quatre départements. Les revenus tirés de la production viticole y sont cependant très hétérogènes. Ils sont très élevés dans les territoires producteurs de Champagne et de Bourgogne. Ils sont plus limités en Gironde, et particulièrement bas dans l’Hérault et l’Aude où les vignobles produisent des vins AOP et d’autres vins moins rémunérateurs.

Polyculture et polyélevage : des revenus intermédiaires entre production animale et production végétale

Les territoires de polyculture et de polyélevage, présents en France, regroupent près de 40 % des ménages agricoles. Leur niveau de ressources est médian entre les ménages agricoles des territoires de productions animales et ceux des territoires tournés vers les productions végétales. Leurs revenus agricoles sont assez faibles, 15 800 euros en moyenne, et leurs autres sources de revenus d’un montant proche de la moyenne des ménages agricoles.

Ces ménages sont cependant moins sujets à des variations brutales de revenus du fait de la diversité des productions agricoles. La polyculture-polyélevage, notamment dans sa forme à visée agroécologique, permet sans doute une meilleure résilience face aux aléas climatiques et économiques.

Publication rédigée par :Régine Bordet-Gaudin, Caroline Logeais, Amandine Ulrich (Insee)

Sources

Cette étude analyse les conditions de vie des ménages agricoles sur leur territoire de résidence.

Les statistiques présentées ici sont issues du Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) de 2018. Le champ couvert est celui de l’ensemble des ménages fiscaux ordinaires de France métropolitaine, de la Martinique et de La Réunion, dont le revenu disponible est positif ou nul et dont le référent fiscal a moins de 65 ans. Les caractéristiques des agriculteurs exploitants sont issues de l’exploitation du recensement de la population de 2017.

Définitions

Les agriculteurs exploitants regroupent les personnes qui, d’après le recensement de la population, exercent à titre professionnel une activité agricole, en qualité de chef d’exploitation, d’associé d’exploitation ou d’aide familial non salarié.

Les ménages agricoles ont, sur leur déclaration de revenus, déclaré des revenus agricoles non nuls. Ainsi défini à partir des déclarations fiscales, le nombre de ménages agricoles est cohérent avec celui dont au moins un membre est agriculteur exploitant dans le recensement. Les revenus agricoles correspondent aux bénéfices agricoles nets de déficits. Ils peuvent donc être négatifs. Les ménages ayant des revenus d’activité désignent ceux qui ont déclaré des revenus d’activité salariée ou non salariée non nuls.

Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation. Il est donc le même pour tous les individus d’un ménage. Le niveau de vie médian est celui au-dessus duquel se situe la moitié de la population, l’autre moitié se situant en dessous.

Une personne est considérée comme pauvre lorsqu’elle vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. Ce seuil est égal à 60 % du niveau de vie médian de l’ensemble des résidents en France.

Les restrictions de consommation courante correspondent à la part de ménages cumulant au moins quatre des restrictions suivantes : acheter de la viande, des vêtements neufs, posséder deux paires de chaussures, partir en vacances une semaine, recevoir parents ou amis, acheter des cadeaux, remplacer des meubles, maintenir son logement à la bonne température, ne pas avoir de repas complet une journée au cours des deux dernières semaines.

Le revenu disponible d’un ménage comprend les revenus d’activité (nets des cotisations sociales), les revenus du patrimoine, les transferts en provenance d’autres ménages et les prestations sociales (y compris les pensions de retraite et les indemnités de chômage), nets des impôts directs.

Chaque commune est caractérisée selon l’orientation technico-économique (Otex) dominante des exploitations agricoles présentes. L’Otex d’une exploitation dépend de la production dominante, c’est-à-dire celle qui génère au moins les deux tiers de la production brute standard. En 2017, neuf agriculteurs sur dix résident dans une commune ayant la même Otex que celle où ils travaillent.

Pour en savoir plus

Fiche « Patrimoine brut des ménages », in Revenus et patrimoine des ménages, coll. « Insee Références », édition 2021.

Guillet X., Lauraire P., « Le compte provisoire de l’agriculture pour 2020 », Insee Première n° 1868, juillet 2021.

Devauvre N., « Ouvrir dans un nouvel ongletRésultats économiques des exploitations agricoles - France - Chiffres clés 2019 », Agreste Chiffres et données n° 2021-2, février 2021.

Chardon O., Jauneau Y., Vidanlec J., « Les agriculteurs : de moins en moins nombreux et de plus en plus d’hommes », Insee Focus n° 212, octobre 2020.

Piet L., Depeyrot J.-N., « Ouvrir dans un nouvel ongletDéterminants, hétérogénéité et soutien du revenu des agriculteurs français », CEP Analyse n° 152, août 2020.