Insee Conjoncture Nouvelle-Aquitaine · Avril 2022 · n° 31

Une activité néo-aquitaine toujours dynamique fin 2021 en dépit du contexte sanitaire Note de conjoncture régionale - 4ᵉ trimestre 2021

Au quatrième trimestre 2021, l’activité économique en Nouvelle-Aquitaine, mesurée par le nombre d’heures rémunérées, est supérieure de 2,9 % à son niveau du même trimestre de 2019 (figure 1). Cette évolution résulte de la reprise de l’activité économique depuis juin en partie liée à la suppression des dernières mesures pesant sur certains secteurs (restauration, loisirs, etc.) avec une accélération sur le dernier trimestre. Au niveau national, l’activité reprend aussi, mais les heures rémunérées n’augmentent que de 1,3 % par rapport à 2019 ; la Nouvelle-Aquitaine est la deuxième région où la progression par rapport à 2019 est la plus dynamique derrière la Bretagne.

Le montant des transactions par carte bancaire est supérieur à 2019 depuis le mois de mai 2021 grâce à une incitation forte à l’utilisation de ce mode de paiement, au relèvement du plafond du paiement sans contact et à la levée de restrictions avant la saison estivale (figure 2). Au quatrième trimestre, il augmente par rapport à fin 2019 de 10,7 % en Nouvelle-Aquitaine et de 7,6 % au niveau national. Cependant, ces transactions sont moins dynamiques qu’au troisième trimestre (+ 13,6 %). En effet, après une forte hausse en octobre (+ 14,3 %), les transactions ralentissent en novembre (+ 9,0 %) et décembre (+ 9,2 %). La fin de l’année est marquée par de nouvelles mesures prises pour faire face à la « cinquième vague » de l’épidémie de Covid-19 due à la forte contagiosité du variant Omicron : port du masque de nouveau obligatoire dans tous les lieux qui accueillent du public, fermeture des discothèques à compter du 10 décembre, concerts et feux d'artifice interdits pour le Nouvel An, maintien de l’interdiction de danser dans les bars et les restaurants. Ces mesures limitent les dépenses par carte bancaire notamment pour les fêtes de fin d’année : le montant de ces transactions ne progresse que de 6,6 % la semaine du 1ᵉʳ de l’An en Nouvelle-Aquitaine et + 4,5 % en France.

En Nouvelle-Aquitaine, l’embellie constatée au cours du premier semestre pour l’emploi salarié (hors intérim) se ternit un peu sur la fin de l’année, la progression étant divisée par 2 (+ 0,4 % au troisième trimestre et + 0,5 % au quatrième) (figure 3). La région suit la tendance nationale. Néanmoins, avec une augmentation de 2,5 % de l’emploi salarié par rapport à fin 2019, la région a rattrapé le retard pris au plus fort de la pandémie. Par ailleurs, le recours à l’intérim s’intensifie en cette fin d’année avec + 5,1 % par rapport au trimestre précédent et + 10,9 % par rapport au quatrième de 2019. C’est la première fois en deux ans qu’il dépasse son niveau d’avant-crise. De plus, la décrue du recours à l’activité partielle se poursuit : après un recul massif au troisième trimestre (– 86 %), le nombre d’heures consommées diminue encore de 38 % au dernier trimestre en Nouvelle-Aquitaine.

Toutefois, les difficultés de recrutement perdurent. Elles concernent toujours le bâtiment et l’industrie, notamment l’agroalimentaire. Les services sont globalement moins touchés par ces tensions sur le marché du travail même si les transports et la restauration y sont encore confrontés. Ce manque de main-d’œuvre peut s’expliquer par un redémarrage massif de l’activité mais aussi par des conditions d’emploi peu favorables à certains métiers. À tel point que de nombreuses entreprises anticipent de fortes hausses de salaire : d’après l’enquête nationale de conjoncture, les secteurs les plus touchés par les difficultés de recrutement sont ceux où la part des chefs d’entreprises anticipant des augmentations salariales est la plus forte, comme le transport routier de marchandises ou l’agroalimentaire.

Dans ce contexte, les offres d’emploi collectées par Pôle emploi sont toujours plus nombreuses. En Nouvelle-Aquitaine, elles progressent de 13 % par rapport au troisième trimestre et dépassent de 31 % le niveau de fin 2019. D’autre part, les déclarations d’embauche sont supérieures de 2 % au trimestre précédent ; pour les contrats de plus d’un mois (CDD ou CDI), elles sont en léger repli après deux trimestres particulièrement prolifiques correspondant à la reprise de certaines activités suite à la levée de restrictions sanitaires. Néanmoins, leur nombre reste très au-dessus de celui d’avant-crise (+ 17 %).

Par ailleurs, l’apprentissage accroît progressivement son attractivité depuis 2015. Plus de 60 000 contrats débutent au cours de l’année 2021 soit un tiers de plus que l’année précédente mais surtout un nombre deux fois plus élevé qu’en 2019.

Après s’être stabilisé au troisième trimestre, le taux de chômage est en retrait de 0,6 point au niveau régional comme au niveau national pour s’établir respectivement à 6,6 % et 7,4 %. En Nouvelle-Aquitaine, il est inférieur de 0,9 point à son niveau de fin 2019. Cette situation est le résultat combiné de l’augmentation de la population active occupée due, en grande partie, au succès des contrats en alternance et de la diminution des demandeurs d’emploi. Dans la région, ce dernier se replie de 3,7 % par rapport au trimestre précédent. Pôle emploi en dénombre 2,7 % de moins que fin 2019. Ce trimestre encore, la baisse concerne davantage les jeunes de moins de 25 ans avec un recul de 6,2 % sur un trimestre et de 9,3 % par rapport à la situation d’avant-crise. De plus, pour le troisième trimestre consécutif, les demandeurs d’emploi de longue durée sont moins nombreux (– 4,2 % par rapport au troisième trimestre) retrouvant ainsi leur niveau de fin 2019.

En Nouvelle-Aquitaine, le nombre de permis de construire délivrés baisse par rapport au trimestre précédent (– 9 %) et au quatrième trimestre 2019 (– 11 %). L’augmentation aux deuxième et troisième trimestres se traduit en fin d’année par une accélération du nombre de logements commencés (+ 27 % par rapport au trimestre précédent) qui se rapproche alors de celui d’avant-crise (figure 4). Les difficultés d’approvisionnement dans la construction peuvent avoir induit le report de certaines mises en chantier, et les tensions sur le marché du travail limitent probablement l’essor de l’emploi. Ainsi, l’emploi (hors intérim) progresse légèrement au quatrième trimestre (+ 0,7 %) et son niveau reste de 6,3 % supérieur à celui de fin 2019. Le nombre d’heures rémunérées croît de 2,4 % par rapport au même trimestre de 2019, comme au trimestre précédent, contre + 4,5 % au cours du premier semestre. Le secteur suit les tendances de l’habitat individuel qui représente une grande partie des permis de construire et donc des mises en chantier.

Au quatrième trimestre, les heures rémunérées dans l’industrie sont toujours en retrait par rapport à 2019 (– 1,6 %). Parmi les cinq sous-secteurs industriels, seules la fabrication de denrées alimentaires et de boissons et la fabrication d’équipements électriques, électroniques, informatiques et machines dépassent leur niveau d’activité du quatrième trimestre 2019 (respectivement + 1,0 % et + 1,7 % d‘heures rémunérées). Au sein de l’industrie agroalimentaire, qui était en retrait au troisième trimestre par rapport à 2019, l’industrie alimentaire reprend des couleurs avec un volume d’heures rémunérées supérieur à celui de la fin 2019, contrairement à celle des boissons. Le secteur le plus touché par le recul d’activité est la fabrication de matériels de transport (– 11 % par rapport à la même période de 2019) et plus particulièrement la fabrication d’automobiles (– 21 %), toujours soumises à des difficultés d’approvisionnement.

Parallèlement, la légère progression des effectifs industriels (hors intérim) tout au long de l’année ne permet pas encore au secteur de retrouver le niveau d’emploi d’avant-crise.

La reprise dans le tertiaire marchand, entamée au mois de juin, se renforce jusqu’à la fin de l’année. L’emploi progresse de 0,7 % par rapport au trimestre précédent et l’excédent d’heures rémunérées s’accentue par rapport à la même période de 2019 (+ 4,3 %). Depuis le troisième trimestre, le volume d’heures rémunérées dépasse son niveau de 2019 dans tous les secteurs, sauf le transport et entreposage pour lequel le déficit se réduit (– 0,7 % au quatrième trimestre après – 1,9 %). Ce trimestre, le regain d’activité se renforce encore dans les activités immobilières, l’information-communication et les activités scientifiques et techniques : le volume d’heures rémunérées dépasse celui de 2019 (respectivement + 11 %, + 10 %, et + 9 %). Les emplois sont également plus nombreux qu’en 2019 sauf pour les activités immobilières.

Au dernier trimestre 2021, la fréquentation des hôtels néo-aquitains rattrape son niveau de 2019 avec 3,2 millions de nuitées. Sur cette période, l’activité des hôtels de France métropolitaine résiste moins bien : le nombre de nuitées diminue de 12,4 % entre 2019 et 2021, notamment en Île-de-France où la clientèle étrangère n’a pas récupéré son niveau d’avant-crise. Après la Corse, la Nouvelle-Aquitaine (– 0,3 %) figure parmi les régions qui s’en tirent le mieux, devant la Bretagne (– 0,6 %) et les Pays de la Loire (– 2,8 %). Le tourisme professionnel est bien reparti, avec 52 % des nuitées assurées par la clientèle d’affaires dans la région.

Amorcée durant l’été, la reprise d’une activité normale dans l’hébergement-restauration se renforce avec, au quatrième trimestre, 3,2 % d’heures rémunérées et 5 % d’emplois de plus qu’en 2019. La contribution de ce secteur à l’activité économique de la région n’est plus négative mais reste limitée (figure 5).

Cependant, les mesures sanitaires mises en place pour les fêtes de fin d’année entraînent un repli de l’activité au mois de décembre. Ainsi, le chiffre d’affaires dans l’hôtellerie régresse de 4,1 % en décembre par rapport à 2019, alors qu’il progressait en octobre (+ 0,9 %) et en novembre (+ 5,1 %). Dans la restauration, déjà impactée par la mise en place du pass sanitaire au mois d’août, la situation s’est dégradée en décembre avec une baisse près de deux fois plus importante du chiffre d’affaires que les mois précédents (– 8,5 % en décembre contre – 4,7 % en novembre).

En Nouvelle-Aquitaine, l’activité comme les effectifs sont quasi stables par rapport au trimestre précédent et en hausse par rapport à la fin 2019 : + 4,3 % d’heures rémunérées et + 1,8 % d’emplois. L’enseignement est de nouveau le secteur où l’essor de l’activité est le plus remarquable avec + 10,6 % d’heures rémunérées par rapport au dernier trimestre 2019 et des effectifs en hausse de 3,9 %. Dans la santé, la dynamique de l’activité est la même depuis le début de l’année avec, chaque trimestre, + 2 % d’heures rémunérées par rapport à la même période de 2019. Fin 2021, le niveau d’emploi y est supérieur de 4,6 % à celui d’avant-crise.

Après une fin 2020 particulièrement riche en créations d’entreprises, l’année 2021 est caractérisée par un moindre intérêt pour l’entrepreneuriat en Nouvelle-Aquitaine. En effet, au quatrième trimestre, le nombre de créations est de nouveau en retrait par rapport à la période précédente (– 1,5 %) alors qu’il progresse de 1,9 % au niveau national. Toutefois, il est nettement supérieur à son niveau d’avant-crise (+ 14,4 %) (figure 6). Le ralentissement de la fin d’année est dû en grande partie au recul des créations de micro-entreprises (– 2,1 %) et entièrement imputable au secteur du commerce, transports, hébergement et restauration. En effet, dans ce secteur, les créations sont en repli de – 8,6 % par rapport au troisième trimestre alors que dans l’industrie, la construction et les services, elles progressent respectivement de + 4,5 %, + 1,8 % et + 0,8 %.

Au quatrième trimestre, le nombre de défaillances d’entreprises reste nettement inférieur à son niveau de 2019. Sur l’année, le recul atteint – 47 % en Nouvelle-Aquitaine, similaire à celui de la France. La reprise économique entamée au troisième trimestre et les mesures de soutien aux entreprises qui perdurent permettent de limiter les défaillances.

Emploi salarié

Créations d’entreprises

Nomenclature