Insee Conjoncture Normandie · Avril 2022 · n° 31

En Normandie, l’activité dépasse son niveau d’avant-crise au 4ᵉ trimestre 2021 Note de conjoncture régionale - 4ᵉ trimestre 2021

Le nombre d’heures rémunérées – un indicateur du niveau d’activité – avait fortement subi l’impact du premier confinement (une chute de près d’un tiers entre avril 2019 et avril 2020 ; figure 1). Le 3ᵉ trimestre 2021 a marqué le retour au niveau d’avant-crise, à l’échelle normande comme à l’échelle nationale. La fin de l’année 2021 a même permis une reprise de la croissance du nombre d’heures rémunérées en Normandie, avec 1,4 % de hausse mensuelle moyenne sur le dernier trimestre 2021 par rapport à la même période de 2019. Dans la région, le dynamisme se retrouve dans tous les départements au 4ᵉ trimestre 2021, à des degrés divers, le Calvados profitant le plus de ce rebond (+ 2,8 % de hausse moyenne mensuelle sur la période).

D’un point de vue sectoriel, les services, marchands comme non marchands, tirent le plus la croissance de l’activité en Normandie, hormis l’hôtellerie encore impactée par la crise (- 3 % en moyenne mensuelle au 4ᵉ trimestre 2021 par rapport à 2019). À l’inverse, l’industrie normande n’a pas encore retrouvé son niveau de 2019 (- 2 % en moyenne mensuelle par rapport à 2019).

Le montant des transactions par carte bancaire est un bon indicateur de la consommation des ménages. Son repli avait été particulièrement marqué lors de chacune des trois périodes de fermeture des commerces dits « non-essentiels » en 2020 puis en 2021 (figure 2). Depuis la mi-mai 2021, les paiements par carte bancaire en Normandie se sont stabilisés au-delà de 10 % au-dessus de leur niveau d’avant-crise en 2019, tendance qui perdure toujours à la fin de l’année 2021 et au début de 2022. Sur le plan national, le niveau de la consommation des ménages est légèrement inférieur par rapport à l’échelle régionale, se situant entre + 5 % et + 10 % au 4ᵉ trimestre 2021 par rapport à la même période de 2019.

Au 4ᵉ trimestre 2021, le cumul sur 12 mois des logements commencés augmente légèrement (+ 1 %) en Normandie après une diminution au trimestre précédent (figure 3). Les mises en chantier augmentent dans le Calvados (+ 10 %) et dans l’Orne (+ 5 %). Elles diminuent pour le deuxième trimestre consécutif en Seine-Maritime (- 4 %) et pour la première fois depuis plus d’un an dans l’Eure (- 5 %). Elles sont stables dans la Manche.

Le nombre de logements autorisés à la construction, au cours des douze derniers mois, diminue après deux trimestres de hausse. Au 4ᵉ trimestre 2021, il baisse de 2 % dans la région, alors qu’il est stable au niveau national. La baisse concerne la Seine-Maritime (- 9 %) et le Calvados (- 2 %). Dans les autres départements normands, le nombre de logements autorisés à la construction augmente (+ 3 % dans l’Eure, + 8 % dans la Manche et + 17 % dans l’Orne).

La surface des locaux commencés sur un an recule au niveau régional (- 9 %), plus qu’au niveau national (- 1 %). La baisse est imputable aux départements de la Manche (- 47 %) et de l’Eure (- 31 %). La surface des locaux commencés augmente en Seine-Maritime (+ 27 %) et dans le Calvados ( + 8 %). Elle est stable dans l’Orne.

En Normandie, la fréquentation hôtelière n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant-crise mais l’écart continue de se réduire. Le nombre de nuitées au 4ᵉ trimestre 2021 est inférieur de 5 % par rapport au 4ᵉ trimestre 2019 (contre respectivement - 50 % et - 13 % aux 2ᵉ et 3ᵉ trimestres 2021), un recul moins prononcé qu’au niveau métropolitain (- 12 %).

Le 3ᵉ trimestre 2021 avait permis aux hôteliers de se rapprocher du niveau de chiffre d’affaires d’avant-crise, sans toutefois l’atteindre. Le 4ᵉ trimestre 2021 confirme cette tendance, avec un repli compris entre - 2 % et - 9 % selon les mois par rapport à 2019 (figure 4). Les hôteliers normands bénéficient d’une situation plus favorable qu’au niveau national (entre - 8 % et - 10 % selon les mois par rapport à 2019). Au niveau départemental, la situation de la Manche est la moins favorable de la région, avec un chiffre d’affaires du secteur hôtelier en baisse de 14 % au 4ᵉ trimestre 2021 par rapport à 2019, alors que la baisse était de 8 % au trimestre précédent.

Entre septembre et novembre 2021, les restaurateurs ont maintenu un niveau d’activité proche de celui d’avant-crise, avec entre + 1 % et - 2 % par rapport à la même période, deux ans auparavant. Le mois de décembre a cependant été moins favorable au secteur en Normandie (- 5 %), notamment dans l’Eure (- 9 %). Au niveau métropolitain, le chiffre d’affaires des restaurateurs est en hausse sur chacun des six derniers mois de 2021 par rapport à 2019.

Au 4ᵉ trimestre 2021, l’emploi salarié se stabilise en Normandie (+ 0,1 % après + 0,5 % au précédent trimestre), alors qu’il progresse toujours en France hors Mayotte (+ 0,4 % après + 0,5 % ; figure 5). En Normandie, l’emploi privé croît un peu moins qu’au niveau national (+ 0,3 % contre + 0,6 %) et l’emploi public baisse de façon plus importante (- 0,7 % contre - 0,2 %). Dans l’ensemble, l’emploi salarié normand progresse de 2,2 % sur un an et dépasse de plus de 1 % son niveau d’avant-crise (4ᵉ trimestre 2019).

Comme au niveau national, l’intérim normand croît vivement ce trimestre (+ 4,5 %), après plusieurs trimestres de hausses plus modérées (figure 7). En Normandie comme en France hors Mayotte, l’intérim dépasse de plus de 5 % son niveau d’avant-crise.

L’emploi salarié hors intérim diminue très légèrement en Normandie ce trimestre (- 0,1 % après + 0,4 % au précédent trimestre), alors qu’il augmente au niveau national (+ 0,3 %). Dans la région, seule la construction fait mieux qu’au précédent trimestre (+ 0,6 % après + 0,2 % ; figure 6). L’industrie repart très légèrement à la baisse (- 0,1 %), du fait notamment d’une détérioration dans le secteur des matériels de transport (- 1,1 %). Le tertiaire marchand progresse de 0,2 %, soit sensiblement moins qu’au précédent trimestre (+ 0,7 %) ; l’hôtellerie-restauration et le commerce progressent toujours, mais les services aux ménages diminuent de 1,1 % (après + 1,4 %). Le tertiaire non marchand recule de 0,5 %, après cinq trimestres de hausses consécutives. Au final, tous les principaux secteurs sauf l’industrie ont dépassé leur niveau d’avant-crise, notamment la construction (près de + 4 %).

Au 4ᵉ trimestre 2021, l’emploi salarié progresse dans le Calvados (+ 0,7 %) et l’Orne (+ 0,3 %). Il est quasiment stable en Seine-Maritime et dans la Manche, et diminue dans l’Eure (- 0,2 % ; figure 8). L’intérim progresse dans tous les départements, surtout dans l’Orne (+ 12,0 %) et la Seine-Maritime (+ 6,2 %). Hors intérim, le tertiaire marchand se démarque dans le Calvados (+ 1,3 %) et l’industrie dans la Manche (+ 0,5 %). Le tertiaire non marchand diminue dans tous les départements, notamment dans l’Eure (- 0,8 %), la Manche (- 0,6 %), et la Seine-Maritime (- 0,6 %). Au final, tous les départements ont dépassé d’environ 1 % leur niveau d’emploi salarié d’avant-crise.

Au 4ᵉ trimestre 2021, le taux de chômage baisse : - 0,8 point en Normandie et - 0,6 point en France hors Mayotte. Ce recul intervient après trois trimestres de quasi-stabilité (figure 9). Le taux de chômage s’établit ainsi à 7,0 % en Normandie et à 7,4 % au niveau national. Dans la région, c’est le plus faible taux enregistré depuis début 2008 ; il se situe 1,1 point en dessous de son niveau d’avant-crise (- 0,8 point en France hors Mayotte).

Dans les départements normands, le taux de chômage au 4ᵉ trimestre 2021 fluctue entre 5,0 % dans la Manche et 8,0 % en Seine-Maritime. Il baisse de 0,9 point en Seine-Maritime et de 0,6 ou 0,7 point dans les autres départements. Dans tous les départements normands, le taux de chômage est inférieur de près de 1 point à son niveau d’avant-crise.

Le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi en catégories A, B, C (tenus de rechercher un emploi) est toujours en diminution en Normandie (- 4 % au 4ᵉ trimestre 2021 par rapport au trimestre précédent), comme au niveau national (figure 10). Sur un an, leur nombre baisse de 7 % dans la région (- 6 % au niveau France entière). Au 4ᵉ trimestre 2021, le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans continue de baisser (- 6 %), comme celui des personnes inscrites depuis plus d’un an (- 5 % sur le trimestre et - 9 % sur un an). La diminution du nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A (sans activité) se poursuit au 4ᵉ trimestre 2021 (- 6 %).

Au 4ᵉ trimestre 2021, le nombre de demandeurs d’emploi baisse à nouveau dans tous les départements normands, de - 3,6 % dans l’Orne à - 4,4 % dans le Calvados. Sur un an, il diminue dans tous les départements normands, entre - 6,4 % dans l’Eure et - 8,5 % dans la Manche. Le nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans tout comme celui des personnes inscrites depuis plus d’un an diminue sensiblement ce trimestre dans tous les départements normands. C’est également le cas des inscrits à Pôle emploi de catégorie A ; sur un an, leur nombre recule de plus de 13 % dans tous les départements normands (de - 13,5 % dans l’Eure à - 17,2 % dans la Manche).

Au 4ᵉ trimestre 2021, les créations d’entreprises diminuent à nouveau en Normandie par rapport au trimestre précédent (- 5 %) et augmentent au niveau national (+ 2 % ; figure 11). Le secteur des services explique à lui seul cette baisse (- 11 %). Les créations d’entreprises augmentent dans l’industrie et le regroupement commerce, transports, hébergement et restauration (+ 3 %) et sont stables dans la construction. Les créations de micro-entreprises reculent plus que celles d’entreprises classiques (- 5 % contre - 1 %).

Sur un an, les créations d’entreprises baissent de 5 % en Normandie et de 2 % France entière. Tous les secteurs sont concernés par la baisse dans la région (entre - 3 % et - 11 %).

Au 4ᵉ trimestre 2021, le nombre de défaillances d’entreprises cumulé sur 12 mois se stabilise en Normandie (+ 0,8 %) et au niveau national (- 0,1 %). Il diminue dans Ie Calvados (- 7 %) et l’Eure (- 3 %) et augmente dans la Manche (+ 9 %), l’Orne (+ 5 %) et la Seine-Maritime (+ 2 %). Le nombre de défaillances augmente à nouveau dans la région dans les secteurs de la construction (+ 12 %) et de l’hébergement et restauration (+ 12 %), après plus de deux ans de baisse ininterrompue.