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Insee Flash Bretagne · Février 2022 · n° 81
Insee Flash BretagneUn Finistérien sur deux réside dans l’espace rural

Simon Bertin, Florence Le Bris (Insee)

La population du Finistère réside pour moitié dans l’espace rural. C’est un peu moins que dans l’ensemble de la région. Par rapport à l’espace urbain, le rural se caractérise par une présence plus importante des couples et des familles, particulièrement dans le rural proche des grands pôles. Si la croissance de population est plus forte dans le rural que dans l’urbain, celle-ci reste modérée par rapport au reste de la région. Elle est principalement soutenue par les installations dans les territoires ruraux. Près de la moitié des habitants de l’espace rural finistérien habitent dans une commune littorale.

Insee Flash Bretagne
No 81
Paru le :Paru le03/02/2022

Cette publication fait partie d’une série sur l'espace rural en Bretagne et dans les quatre départements de la région.

L’ est composé des communes à faible densité de population (encadré). Dans le Finistère, 88 % des communes sont définies comme rurales (figure 1). En 2018, la moitié (51 %) des habitants du département résident dans l’espace rural, soit une proportion légèrement inférieure à la moyenne régionale (54 %).

Dans le Finistère, une proportion importante de communes sont à la fois rurales et sous l’influence d’un pôle urbain, en particulier ceux de Brest et Quimper (45 %, soit 5 points de plus que dans la région). Elles concentrent près de 30 % de la population du département.

Les communes rurales dites autonomes représentent 43 % des communes du département mais ne réunissent que 22 % de ses habitants. Dans le Finistère, seules douze communes sont classées dans l’espace rural très peu dense, elles représentent moins de 1 % des habitants.

Le rural proche des villes attire les familles, comme dans l’ensemble de la région

De même qu’au niveau régional, les couples avec enfant(s) sont en proportion plus nombreux dans l’espace rural que dans l’urbain, en particulier dans le rural sous l’influence d’un pôle où ils représentent près de la moitié des ménages (figure 2). Cette catégorie d’espace permet souvent en effet de concilier plus facilement un accès aux pôles d’emploi et un moindre coût du logement. Ainsi, les jeunes de moins de 15 ans sont surreprésentés dans l’espace rural sous influence d’un pôle (19 % de la population, contre 16 % dans l’espace urbain comme dans le rural autonome).

Les personnes de 65 ans ou plus sont plus présentes dans l’espace rural autonome (26 % de la population, contre 21 % dans le rural sous influence d’un pôle et dans l’urbain).

Figure 2Répartition des ménages par type de famille selon le type d’espace dans le Finistère

en %
Répartition des ménages par type de famille selon le type d’espace dans le Finistère (en %)
Couples sans enfant Couples avec enfant(s) Familles monoparentales Personnes seules Autres situations
Ensemble 28,3 41,5 8,8 16,8 4,6
Urbain 23,6 36,4 10,7 22,8 6,4
Rural 27,3 46,1 7,7 14,9 3,9
Rural autonome très peu dense 29,3 36,9 7,1 22,3 4,4
Rural autonome peu dense 28,3 42,0 8,3 16,9 4,5
Rural sous faible influence d’un pôle 27,2 47,1 7,4 14,6 3,8
Rural sous forte influence d’un pôle 26,1 51,4 7,2 12,1 3,2
  • Source : Insee, recensement de la population 2017.

Figure 2Répartition des ménages par type de famille selon le type d’espace dans le Finistère

  • Source : Insee, recensement de la population 2017.

Dans le rural, les emplois agricoles mais aussi industriels sont davantage présents

Le secteur tertiaire non marchand, qui comprend l’administration publique, l’enseignement, la santé et l’action sociale, est, quel que soit le type d’espace, le plus gros employeur. Dans le département, ce secteur correspond en 2017 à 30 % des emplois de l’espace rural (contre 39 % dans l’espace urbain), soit 2 points de plus que dans l’ensemble du rural breton. Le commerce, le transport et l’hébergement-restauration représentent 20 % des emplois en milieu rural, à peu près la même proportion que dans l’urbain (21 %). Les emplois dans l’industrie, en proportion un peu moins nombreux dans le Finistère qu’au niveau régional, sont bien plus présents dans l’espace rural que dans l’urbain (16 % contre 11 %). Le secteur de l’agriculture représente 11 % des emplois dans l’espace rural, un peu plus que dans l’ensemble du rural breton (10 %), contre 1,5 % dans l’espace urbain finistérien.

Une assez bonne accessibilité aux services de la vie courante dans l’espace rural autonome

L’espace rural autonome se caractérise par une moindre proximité des principaux par rapport à l’espace rural sous l’influence d’un pôle urbain et à l’espace urbain. Cependant, dans le département, 85 % des habitants du rural autonome ont accès à ces services en au maximum 7 minutes, soit une proportion équivalente à celle dans l’espace rural autonome d’Ille-et-Vilaine (86 %) et bien supérieure à celles observées dans le Morbihan et les Côtes-d’Armor (respectivement 80 % et 71 % des habitants du rural autonome). De surcroît, près d’un habitant sur trois (29 %) peut y accéder en moins de 4 minutes. Cette proportion est deux fois plus forte que dans le Morbihan et les Côtes-d’Armor pour le même type d’espace, et également supérieure à celle observée en Ille-et-Vilaine (24 %).

Une croissance démographique modérée dans le département et dans l’espace rural

Que ce soit dans l’espace urbain (+ 0,1 % par an en moyenne entre 2008 et 2018) ou dans l’espace rural (+ 0,4 %), la croissance démographique dans le Finistère est inférieure à celle de la région (respectivement + 0,4 % et + 0,7 %).

Au sein de l’espace rural, sur la période 2008-2018, les naissances sont un peu moins nombreuses que les décès (solde naturel négatif). En revanche, les arrivées sont plus importantes que les départs (solde migratoire positif) (figure 3).

Figure 3Taux de variation annuel moyen de la population dans le Finistère sur la période 2008-2018

en %
Taux de variation annuel moyen de la population dans le Finistère sur la période 2008-2018 (en %) - Lecture : le taux de variation annuel moyen est la somme des contributions des soldes naturel et migratoire.
Contribution du solde naturel Contribution du solde migratoire Taux d’évolution annuel moyen
Ensemble -0,1 0,3 0,2
Urbain 0,0 0,1 0,1
Rural -0,1 0,5 0,4
Rural autonome très peu dense -0,7 -0,1 -0,8
Rural autonome peu dense -0,4 0,5 0,1
Rural sous faible influence d'un pôle -0,1 0,4 0,3
Rural sous forte influence d'un pôle 0,3 0,6 0,9
  • Lecture : le taux de variation annuel moyen est la somme des contributions des soldes naturel et migratoire.
  • Source : Insee, recensements de la population 2008 et 2018.

Figure 3Taux de variation annuel moyen de la population dans le Finistère sur la période 2008-2018

  • Lecture : le taux de variation annuel moyen est la somme des contributions des soldes naturel et migratoire.
  • Source : Insee, recensements de la population 2008 et 2018.

Comme dans le reste de la région, la croissance démographique est plus forte dans l’espace rural, notamment dans le rural sous influence d’un pôle urbain. La tendance est cependant à un ralentissement de cette croissance démographique (+ 0,9 % par an en moyenne entre 2008 et 2013, puis 0,4 % par an entre 2013 et 2018).

Des communes plus densément peuplées dans le rural littoral

Le Finistère est le département français comptant le plus de communes littorales (113). Parmi elles, 98 sont des communes rurales. Près de la moitié des habitants de l’espace rural finistérien (48 %) vivent au sein d’une commune littorale. Ces communes rurales littorales se distinguent par leur densité de population supérieure aux communes rurales non littorales (110 hab./km² en moyenne, contre 61 hab./km²). Entre 2008 et 2018, la population s’est accrue en moyenne de 0,1 % par an dans ces communes, contre 0,6 % par an pour les communes rurales non littorales. Dans cet espace rural du littoral, un habitant sur trois est retraité, contre un sur quatre dans les communes rurales non littorales.

Autre particularité des communes rurales littorales, 28,5 % des logements sont des résidences secondaires (contre 7,1 % des logements des communes rurales non littorales). À l’inverse, les logements vacants y sont plus rares (6,2 % du parc de logements, contre 8,8 % dans le rural non littoral), signe d’un marché du logement plus tendu.

Encadré – Une redéfinition de l’espace rural

Des travaux ont récemment présenté la nouvelle définition de l’espace rural [D’Alessandro, Levy, Regnier, 2021]. Les territoires ruraux désignent désormais l’ensemble des communes peu denses ou très peu denses au sens de la . Un critère de type fonctionnel est également pris en compte : le degré d’influence d’un pôle d’emploi, selon le zonage en .

L’espace rural est ainsi divisé en deux grandes catégories de communes :

  • Les communes rurales hors influence d’un pôle (le rural « autonome ») sont les communes rurales situées hors des aires d’attraction des villes ainsi que celles appartenant à la couronne d’une aire de moins de 50 000 habitants. On distingue parmi elles les communes très peu denses et les communes peu denses ;
  • Les communes rurales sous l’influence d’un pôle sont les communes rurales appartenant à la couronne d’une aire de 50 000 habitants ou plus. Cette catégorie peut être divisée en deux sous-catégories de communes : celles sous faible influence, dont 15 à 30 % des actifs occupés travaillent dans le pôle de leur aire, et celles sous forte influence, dont au moins 30 % des actifs occupés travaillent dans le pôle de leur aire.

Cette approche permet de définir un continuum, allant des espaces ruraux les plus isolés et les moins peuplés jusqu’aux espaces les plus urbanisés.

Publication rédigée par :Simon Bertin, Florence Le Bris (Insee)

Définitions

Les catégories d’espaces ruraux sont détaillées dans l’encadré.

Le « panier de la vie courante » comprend 22 équipements ou services, retenus en fonction de la proximité, de la mobilité qu’ils impliquent, de l’importance qui leur est donnée au quotidien et de leur fréquence d’usage (par exemple : école élémentaire, bureau de poste, médecin, station-service, boulangerie, pharmacie, supermarché, banque, police-gendarmerie).

Pour prendre en compte la population communale et sa répartition dans l’espace, la grille communale de densité, mise à jour en 2020, s’appuie sur la distribution de la population à l’intérieur de la commune en découpant le territoire en carreaux de 1 kilomètre de côté. Elle permet ainsi de distinguer quatre catégories de communes : les communes densément peuplées, les communes de densité intermédiaire, les communes peu denses, les communes très peu denses.

L’aire d’attraction d’une ville est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle de population et d’emploi ainsi que son aire d’influence (couronne) mesurée par les déplacements domicile-travail. Les aires sont classées en quatre catégories suivant le nombre total d’habitants de l’aire.

Pour en savoir plus

Auzet L., Maillochon A. (Insee), « Le rural en Bretagne : un espace attractif », Insee Flash Bretagne, n° 72 (2021, avr.)

D’Alessandro C. (Cnis), Levy D. (Insee), Regnier T. (ENS), « Une nouvelle définition du rural pour mieux rendre compte des réalités des territoires et de leurs transformations », in La France et ses territoires, coll. « Insee Références », édition 2021 (2021, avr.)