Insee Flash Nouvelle-Aquitaine · Septembre 2021 · n° 69

Bordeaux-Euratlantique : un recours des résidents plus fréquent à la voiture et aux transports en commun pour se rendre au travail

Les modalités de déplacement, et tout particulièrement les déplacements domicile-travail, constituent un aspect majeur des opérations d’aménagement urbain telles que celle de l’opération d’intérêt national (OIN) Bordeaux-Euratlantique. En Nouvelle-Aquitaine, la voiture constitue le premier mode de transport pour aller travailler, et ce, même pour les trajets les plus courts. Il en est de même dans l’aire d’attraction de Bordeaux même si les actifs utilisent plus souvent les transports en commun que dans les aires d’attraction françaises de taille comparable. En outre, avec un quart de ses résidents se rendant au travail en vélo ou à pied, Bordeaux se classe dans le top 3 des villes françaises, après Grenoble et Strasbourg.

L’Établissement public d’aménagement (EPA) Bordeaux-Euratlantique met en œuvre depuis bientôt 10 ans l’une des plus vastes opérations d’aménagement en France. Il a une double mission d’aménagement urbain et de développement économique sur un territoire de 738 hectares nommé « Euratlantique », de part et d’autre de la Garonne, couvrant partiellement trois communes : Bègles, Bordeaux et Floirac (figure 1). Dans ce cadre, l’EPA a notamment pour objectif de créer des quartiers mixtes et de rapprocher l’emploi du domicile.

En 2016, avant l’implantation de nouveaux logements et de nouvelles activités, les 9 400 personnes en emploi résidant dans Euratlantique privilégient la voiture et les transports en commun pour aller travailler, et ce, encore plus fréquemment que les 101 100 actifs occupés de la zone « Bordeaux hors Euratlantique » (BHE) (méthodologie).

La voiture arrive en tête des modes de transports utilisés pour les déplacements domicile-travail, et plus encore dans Euratlantique (47 % contre 44 % dans BHE), avec 4400 utilisateurs (figure 2). Toutefois, les plus forts recours s’observent à Bègles Faisceau, Bègles Garonne et Bas Floirac, motivés par l’offre plus réduite en transports en commun dans ces territoires. Les hommes en emploi résidant dans Euratlantique optent davantage pour la voiture que ceux de BHE (55 % contre 49 %), tout comme les personnes seules et les adultes d’un couple sans enfant. De même, les plus âgés privilégient la voiture pour aller travailler, tandis que les plus jeunes empruntent majoritairement les transports en commun. Néanmoins, les jeunes habitant Euratlantique utilisent plus souvent leur voiture (37 % des 15-24 ans en emploi, contre 31 % dans BHE).

Quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle, l’utilisation de la voiture est plus fréquente dans Euratlantique que dans BHE. Cet écart est davantage marqué pour les artisans, commerçants et professions libérales, mais aussi pour les professions intermédiaires. Toutes les catégories privilégient la voiture à l’exception des employés, plus adeptes des transports en commun, et ce, aussi bien dans Euratlantique que dans BHE. Ce constat se retrouve également dans d’autres grandes villes comme Strasbourg, Lille, Lyon et Paris : les employés parcourent en moyenne la plus petite distance pour aller travailler, ce qui pourrait expliquer leur plus fort recours aux transports collectifs.

Les transports en commun constituent le deuxième mode de déplacement, avec une plus forte utilisation dans Euratlantique (32 % contre 26 % dans BHE). Compte tenu d’une très bonne desserte autour du pôle de la gare, Saint-Jean Belcier se distingue en étant l’unique quartier d’Euratlantique où les transports en commun prennent le pas sur la voiture, avec quatre usagers sur dix parmi les personnes en emploi. Vient ensuite Garonne Eiffel, en lien probable avec la proximité d’une ligne de tramway desservant la Benauge. Dans les autres quartiers, le recours aux transports en commun est plus faible, l’offre y étant moins développée.

Parmi les femmes en emploi, celles qui vivent dans Euratlantique empruntent nettement plus les transports en commun. Ceux-ci représentent d’ailleurs leur premier mode de déplacement, à l’inverse de celles de BHE qui favorisent majoritairement la voiture pour se rendre au travail. De même, les adultes en emploi des familles monoparentales recourent plus fréquemment aux transports collectifs (40 % contre 26 %). Garonne Eiffel, deuxième quartier avec le plus fort taux d’utilisateurs, est également celui avec la plus forte proportion de familles monoparentales. Le recours aux transports en commun est plus fréquent dans Euratlantique (par rapport à BHE), quels que soient l’âge et la catégorie socioprofessionnelle.

Les déplacements à pied ferment la marche des modes de transports. Ils sont encore moins fréquents dans Euratlantique (7 % contre 11 % dans BHE) ; en effet, en 2016, les nombreuses discontinuités piétonnes, peu propices aux trajets piétons sécurisés et agréables, peuvent expliquer ce moindre attrait. Cependant, les usages sont là encore assez hétérogènes, avec une pratique plus marquée dans les quartiers Saint-Jean Belcier et Garonne Eiffel, sans pour autant égaler le niveau de BHE.

De façon générale, les femmes optent plus souvent pour la marche que les hommes, aussi bien dans Euratlantique que dans le reste de Bordeaux.

Les personnes en emploi vivant seules dans Euratlantique, de même que les plus jeunes (15-24 ans), comptent moitié moins d’adeptes par rapport à BHE. Enfin, artisans et employés figurent parmi les catégories socioprofessionnelles avec les plus forts écarts de recours à la marche entre Euratlantique et BHE.