Insee Flash Hauts-de-France ·
Août 2021 · n° 122Dégradation financière pour un habitant sur quatre lors du premier confinement
En mai 2020, d’après l’enquête EpiCov, le niveau de vie de près d’un habitant sur quatre des Hauts-de-France s’est dégradé suite au premier confinement de mars 2020, soit un taux supérieur à la moyenne nationale. La région se caractérise en effet par un recours plus important au chômage partiel alors que le télétravail y a été moins utilisé qu’ailleurs. L’Aisne est le département où la baisse du niveau de vie a touché le plus de ménages (26 %), la Somme le moins (20 %).
Près d’un quart des personnes voient leur situation se dégrader
En Hauts-de-France, selon l’enquête EpiCov (sources), 24 % des personnes âgées de 15 ans ou plus déclarent en mai 2020 que leur niveau de vie s’est dégradé depuis le début du premier confinement 2 mois plus tôt. Cette proportion est supérieure d’un point à la moyenne nationale. Elle varie sensiblement selon les régions, de 18 % en Bretagne à près de 26 % en Corse et en Île-de-France (figure 1).
tableauFigure 1 – Part des personnes ayant perçu une dégradation de leur situation financière lors du premier confinement
Département | Part (en %) |
---|---|
Seine-Saint-Denis | 33,9 |
Haute-Corse | 28,5 |
Guadeloupe | 28,2 |
Val-de-Marne | 27,4 |
Seine-et-Marne | 27,0 |
Alpes-Maritimes | 26,7 |
Bouches-du-Rhône | 26,4 |
Essonne | 25,8 |
Aisne | 25,6 |
Haute-Savoie | 25,3 |
Gironde | 25,2 |
Martinique | 25,1 |
Var | 24,9 |
Aude | 24,8 |
Savoie | 24,6 |
Val-d'Oise | 24,5 |
Nord | 24,4 |
Gard | 24,4 |
Isère | 24,3 |
Oise | 24,1 |
Haute-Garonne | 24,1 |
Hautes-Alpes | 23,9 |
Vaucluse | 23,9 |
Corse-du-Sud | 23,9 |
Haut-Rhin | 23,8 |
Hérault | 23,8 |
Ardèche | 23,8 |
Pas-de-Calais | 23,7 |
Paris | 23,6 |
Eure | 23,6 |
Rhône | 23,4 |
Dordogne | 23,3 |
Loiret | 23,2 |
Bas-Rhin | 23,2 |
Pyrénées-Orientales | 23,2 |
Hauts-de-Seine | 22,9 |
Corrèze | 22,9 |
Seine-Maritime | 22,8 |
Tarn-et-Garonne | 22,7 |
Yvelines | 22,3 |
Yonne | 22,3 |
Meuse | 22,3 |
Ain | 22,3 |
Alpes-de-Haute-Provence | 22,3 |
Loire-Atlantique | 22,2 |
Landes | 22,2 |
Eure-et-Loir | 22,1 |
Haute-Vienne | 22,1 |
Loire | 22,1 |
Lot-et-Garonne | 22,0 |
Vosges | 21,9 |
Indre-et-Loire | 21,8 |
Calvados | 21,6 |
La Réunion | 21,4 |
Marne | 21,3 |
Charente-Maritime | 21,3 |
Pyrénées-Atlantiques | 21,3 |
Nièvre | 21,2 |
Loir-et-Cher | 21,1 |
Doubs | 21,1 |
Vendée | 21,1 |
Charente | 21,1 |
Drôme | 21,1 |
Mayenne | 21,0 |
Côte-d'Or | 20,9 |
Moselle | 20,9 |
Ardennes | 20,8 |
Meurthe-et-Moselle | 20,8 |
Creuse | 20,8 |
Ariège | 20,6 |
Somme | 20,4 |
Puy-de-Dôme | 20,3 |
Territoire de Belfort | 20,2 |
Gers | 19,8 |
Lot | 19,8 |
Tarn | 19,7 |
Aube | 19,6 |
Sarthe | 19,6 |
Morbihan | 19,6 |
Saône-et-Loire | 19,5 |
Haute-Marne | 19,5 |
Haute-Loire | 19,3 |
Allier | 19,2 |
Cher | 19,0 |
Jura | 19,0 |
Cantal | 18,8 |
Lozère | 18,7 |
Vienne | 18,5 |
Manche | 18,4 |
Indre | 18,3 |
Haute-Saône | 18,0 |
Maine-et-Loire | 17,9 |
Ille-et-Vilaine | 17,8 |
Hautes-Pyrénées | 17,5 |
Côtes-d'Armor | 17,2 |
Aveyron | 17,2 |
Deux-Sèvres | 17,1 |
Finistère | 17,0 |
Orne | 16,6 |
- Source : Inserm-Drees, enquête EpiCov, vague 1
graphiqueFigure 1 – Part des personnes ayant perçu une dégradation de leur situation financière lors du premier confinement
Le premier confinement a davantage touché les plus pauvres
Les ménages ayant déjà un faible niveau de vie avant le confinement ont vu leur situation se dégrader davantage. Ainsi, dans la région, parmi les 10 % de ménages aux revenus les plus faibles, 32 % déclarent que leur niveau de vie a baissé. Cela ne concerne que 16 % des personnes appartenant aux 10 % des ménages au niveau de vie les plus élevés. Les Hauts-de-France ayant un des taux de pauvreté parmi les plus importants de France (18 %, soit 4 points de plus qu’en moyenne nationale), les conséquences financières du premier confinement y ont été plus marquées qu’ailleurs. Le même phénomène s’observe en Corse où 19 % des ménages vivent en situation de pauvreté.
Plus de chômage partiel et moins de télétravail
En dehors du taux de pauvreté, le recours à l’activité partielle est un facteur pouvant expliquer la diminution du niveau de vie des ménages depuis le début de la crise sanitaire. En effet, ce dispositif ne compense pas intégralement les baisses de salaire liées à l’arrêt de l’activité. En Hauts-de-France, il a été plus souvent utilisé qu’en moyenne nationale. Ainsi, près de 38 % des personnes résidant dans la région déclarent avoir été mises au chômage partiel pendant le premier confinement, contre 36 % en France (figure 2). Conséquence de cette plus forte proportion, le recours au télétravail y a été moins répandu : 25 % contre 28 % au niveau national. Ce moindre recours est lié en partie à la nature du tissu productif, la proportion de métiers non télétravaillables comme ceux occupés par certains ouvriers étant plus forte dans la région qu’ailleurs.
Une situation plus dégradée dans l’Aisne
L’Aisne est le département de la région où la proportion de ménages touchés par le premier confinement est la plus élevée. 26 % déclarent ainsi une dégradation de leur situation financière, soit 2 points de plus qu’en moyenne régionale. Ce constat peut s’expliquer par des taux de pauvreté (18,4 %) et de chômage (11 %) plus marqués dans ce département. Un ménage sur cinq considère par ailleurs leur niveau de vie comme étant « difficile » ou « impossible sans faire de dette » alors que cette proportion n’est que de 15 % en région (13 % au niveau national ) (figure 2). Au cours du premier confinement, seulement 20 % des personnes en emploi ont été mis en télétravail, soit 5 points de moins qu’en moyenne régionale.
Une situation plus favorable dans la Somme
Un habitant sur cinq de la Somme déclare une baisse de niveau de vie avec la crise sanitaire, soit la proportion la plus faible observée dans les Hauts-de-France. La situation plus favorable de ce département est liée en partie à un moindre effet du confinement sur l’emploi. Par exemple, le recours au chômage partiel y a été inférieur de 3,5 points à celui en région.
Dans le Nord, l’Oise et le Pas-de-Calais, la baisse du niveau de vie des ménages se situe au niveau de la moyenne régionale (24 %). Pourtant, les caractéristiques sociodémographiques des habitants dans ces départements sont différentes. Les personnes qui estiment avoir un niveau de vie « aisé » sont ainsi sur-représentées dans le Nord et l’Oise. À l’inverse, la proportion de ménages vivant sous le seuil de pauvreté est plus marquée dans le Pas-de-Calais.
tableauFigure 2 – Principaux indicateurs par département (en %)
Recours au télétravail | Recours au chômage partiel | Niveau de vie jugé « difficile » ou « impossible sans faire de dette » | Niveau de vie jugé « aisé » | |
---|---|---|---|---|
Aisne | 19,8 | 37,1 | 20,1 | 7,6 |
Nord | 28,1 | 39,3 | 14,4 | 11,2 |
Oise | 24,3 | 39,5 | 14,8 | 10,9 |
Pas-de-Calais | 17,9 | 34,4 | 15,0 | 9,0 |
Somme | 20,5 | 33,9 | 15,4 | 8,7 |
Hauts-de-France | 24,6 | 37,4 | 15,2 | 10,1 |
France | 28,1 | 35,6 | 13,3 | 12,9 |
- Note de lecture : dans les Hauts-de-France, 24,6 % des habitants ont eu recours au télétravail, 37,4 % au chômage partiel et 10,1 % estiment que leur niveau de vie est aisé.
- Source : Inserm-Drees, enquête EpiCov, vague 1
Sources
L’enquête Épidémiologie et conditions de vie (EpiCov) a été mise en place par la Drees, l’Inserm, Santé Publique France et l’Insee dans le contexte de la pandémie de Covid-19. Son objectif est double : estimer la dynamique de l’épidémie à un niveau national et départemental, et étudier l’effet du confinement et de l’épidémie sur les conditions de vie. La première vague de l’enquête s’est déroulée entre le 2 mai et le 2 juin 2020, à cheval entre le confinement de la population et le début du déconfinement. 135 000 personnes âgées de 15 ans ou plus au 1er janvier 2020, résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons, en France métropolitaine, en Martinique, en Guadeloupe et à la Réunion, ont été sélectionnées dans la base Fidéli 2018 de l’Insee et interrogées. D’autres vagues d’enquête ont été conduites fin 2020 et en 2021.
Définitions
Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d’un même ménage. Les unités de consommation sont généralement calculées selon l’échelle d’équivalence dite de l’OCDE modifiée qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans.
Une personne est considérée comme pauvre au sens monétaire si elle vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. Ce seuil est fixé à 60 % du niveau de vie médian des ménages français. En 2018, il est de 1 086 € par mois pour une personne seule. Le niveau de vie médian partage la distribution nationale des niveaux de vie en deux sous-populations égales. La première moitié de la population perçoit moins que ce niveau de vie médian, et la seconde davantage.
Le chômage partiel ou technique est un dispositif qui permet à l’employeur en difficulté de faire prendre en charge par l’État tout ou partie du coût de la rémunération des salariés. Pour réduire les conséquences économiques liées à la crise sanitaire, le décret n° 2020-325 du 25 mars 2020 relatif à l’activité partielle a largement étendu la possibilité de recours à ce dispositif, réduit le délai d’acceptation et augmenté l’allocation compensatrice versée aux entreprises. Pendant la période du 1er confinement, un salarié en activité partielle percevait au minimum 70 % de sa rémunération brute (environ 84 % du salaire net), sans que ce montant puisse être inférieur au Smic. Ici, sont prises en compte les personnes s’étant déclarées au moins en partie au chômage partiel ou technique (certaines pouvant l’être totalement).
Pour en savoir plus
Des conséquences financières du premier confinement plus ou moins marquées selon les territoires, Insee Première n°1850, avril 2021
Plus d’un demi-million de personnes proches du seuil de pauvreté, Insee Flash Hauts-de-France n°119, avril 2021
563 500 salariés, non-salariés et intérimaires travaillent dans des secteurs très fortement impactés par la crise sanitaire, Insee Flash Hauts-de-France n°98, juin 2020