563 500 salariés, non-salariés et intérimaires travaillent dans des secteurs très fortement impactés par la crise sanitaire
Depuis le début de la crise sanitaire, les secteurs d’activité connaissent des ralentissements économiques d’ampleur variable. Dans les Hauts-de-France, 427 100 salariés, 75 200 non-salariés et 61 200 intérimaires exercent dans des secteurs très fortement impactés par la crise, c’est-à-dire dont l’activité est réduite de plus de deux tiers. Cela représente 23 % des salariés et 42 % des non-salariés de la région. Ces parts sont cependant légèrement inférieures au niveau national du fait de la présence moins marquée dans la région de secteurs parmi les plus fortement impactés comme l'hébergement et la restauration. Plus d’un tiers des salariés des secteurs les plus ralentis sont employés par de petites structures de moins de 10 salariés. Dans les zones d’emploi de la région, les situations sont variables suivant la structure sectorielle. Les zones industrielles, en particulier celles spécialisées dans la fabrication de matériels de transport (Valenciennois et Douaisis), ou encore les zones touristiques (Berck et Abbeville) sont parmi les plus touchées.
Les secteurs très fortement impactés emploient près d’un quart des salariés de la région
Les mesures mises en place pour contenir l’épidémie de coronavirus ont des conséquences sur le fonctionnement de l’économie. Les secteurs d'activité connaissent des ralentissements économiques d’ampleur variable. Ils emploient dans les Hauts-de-France 1 860 000 salariés et 180 700 non salariés à titre principal. Dans les secteurs très fortement impactés par la crise sanitaire (méthodologie), l'activité est réduite de plus de deux tiers par rapport à une période normale. Il s'agit notamment de la restauration, l'hébergement, le commerce non alimentaire ou encore la construction. Ces activités emploient 563 500 personnes dans la région : 427 100 salariés, 75 200 non-salariés à titre principal et 61 200 intérimaires, dont près des deux tiers des salariés et non-salariés exercent dans le commerce non alimentaire et la construction (figure 1).
tableauFigure 1 – Plus du tiers des salariés des secteurs très fortement impactés travaillent dans le commerce non alimentaireNombre d’emplois occupés par secteur, dans les secteurs très fortement impactés (en milliers)
Salariés | Non-salariés à titre principal | |
---|---|---|
Commerce non alimentaire | 171,194 | 26,952 |
Construction | 107,760 | 20,774 |
Hébergement restauration | 58,187 | 11,409 |
Autres activités de services | 54,956 | 15,942 |
Fabrication matériel transport, cokéfaction | 34,979 | 0,062 |
- Note de lecture : En Hauts-de-France, 171 200 salariés et 27 000 non-salariés à titre principal travaillent dans le secteur du commerce non alimentaire, réparations d’automobile et de motocycles, secteur très fortement impacté, c’est-à-dire dont l’activité est réduite de plus de deux tiers.
- Source : Insee, Clap 2015, emploi salarié au 31/12, bases non-salariés 2015, non-salariés à titre principal actifs au 31/12.
graphiqueFigure 1 – Plus du tiers des salariés des secteurs très fortement impactés travaillent dans le commerce non alimentaireNombre d’emplois occupés par secteur, dans les secteurs très fortement impactés (en milliers)
Les activités qui connaissent les plus forts ralentissements regroupent donc près de 23 % des salariés et 42 % des non-salariés de la région. Ces parts sont cependant inférieures de 2 points à la France métropolitaine du fait de la moindre présence dans la région de certaines activités parmi les plus touchées (hébergement-restauration en particulier). Bien que moins nombreux, les non-salariés sont nettement plus touchés que les salariés en proportion (1,8 fois plus), car très présents dans les secteurs en panne d’activité : le commerce non alimentaire, l'hébergement-restauration, certaines activités de services telles que la coiffure et les soins de beauté mais aussi la construction.
D’autres secteurs sont considérés comme fortement impactés, c’est-à-dire que la réduction de leur activité est estimée d'un tiers à deux tiers. Il s’agit notamment des activités scientifiques et services administratifs, transport et entreposage, ainsi que la plupart des secteurs industriels. Ils emploient 602 500 salariés dans la région, soit 32 % des salariés et 50 800 non-salariés à titre principal, soit 28 % des non-salariés.
Au total, les Hauts-de-France comptent donc 1 029 600 salariés (55 % des salariés) et 126 000 non salariés (70 % des non-salariés) travaillant dans des secteurs fortement ou très fortement impactés par le ralentissement économique.
Les petites structures très touchées par la crise
Dans les secteurs très fortement impactés, 35 % des salariés travaillent dans un établissement de moins de 10 salariés (figure 2) alors que dans l’ensemble des secteurs d’activité, cette part est 2 fois moins importante. La part de salariés travaillant dans une petite structure est légèrement inférieure au niveau métropolitain (38 %), le tissu productif régional se composant globalement d’établissements de plus grande taille qu’au niveau national.
tableauFigure 2 – Plus du tiers des salariés des secteurs très fortement impactés travaillent dans des structures de moins de 10 salariésRépartition des salariés en fonction du niveau d’impact sectoriel et de la taille de l’établissement (%)
Moins de 10 salariés | De 10 à 49 salariés | De 50 à 249 salariés | 250 salariés et plus | |
---|---|---|---|---|
Très fortement impacté | 35 | 35 | 12 | 18 |
Fortement impacté | 13 | 28 | 23 | 36 |
Plus modérément impacté | 11 | 21 | 35 | 33 |
- Source : Insee, Clap 2015, emploi salarié au 31/12.
graphiqueFigure 2 – Plus du tiers des salariés des secteurs très fortement impactés travaillent dans des structures de moins de 10 salariésRépartition des salariés en fonction du niveau d’impact sectoriel et de la taille de l’établissement (%)
Certaines zones, à dominante industrielle ou touristique, particulièrement impactées par la crise
L’impact de la crise sanitaire est variable selon les zones d'emploi de la région et dépend de leur structure sectorielle. Les zones les plus concernées sont localisées dans le bassin minier où l’empreinte industrielle est plus forte et au niveau du littoral où le tourisme est plus développé. Le poids des secteurs très fortement impactés dans l’emploi salarié varie ainsi de 16 % dans la zone d'emploi de la Thiérache à 29 % dans celle de Valenciennes (figure 3). Pour 6 zones d’emploi, au moins un quart des salariés sont concernés : Valenciennes, Berck-Montreuil, Roubaix-Tourcoing, Roissy-Sud-Picardie, Abbeville et Douai.
tableauFigure 3 – À Valenciennes et Berck-Montreuil, les secteurs très fortement impactés représentent près de 29 % des salariésPoids des secteurs très fortement impactés dans l’emploi salarié par zone d’emploi
Code de la zone d’emploi | Libellé | Poids des secteurs très fortement impactés dans l’emploi salarié (en %) |
---|---|---|
0056 | Roissy - Sud Picardie | 26,8 |
2201 | Château-Thierry | 21,6 |
2202 | Tergnier | 18,4 |
2203 | La Thiérache | 16,0 |
2204 | Laon | 22,0 |
2205 | Saint-Quentin | 21,9 |
2206 | Soissons | 23,0 |
2207 | Beauvais | 22,9 |
2208 | Compiègne | 24,2 |
2209 | Abbeville | 26,0 |
2210 | Amiens | 20,6 |
2211 | Péronne | 17,0 |
3110 | Roubaix - Tourcoing | 27,8 |
3111 | Lille | 21,4 |
3112 | Dunkerque | 19,7 |
3113 | La Flandre - Lys | 24,5 |
3114 | Douai | 25,6 |
3115 | Valenciennes | 28,9 |
3116 | Cambrai | 22,9 |
3117 | Maubeuge | 20,4 |
3121 | Arras | 21,0 |
3122 | Lens - Hénin | 24,9 |
3123 | Béthune - Bruay | 23,7 |
3124 | Saint-Omer | 18,5 |
3125 | Calais | 20,8 |
3126 | Boulogne-sur-mer | 21,0 |
3127 | Berck - Montreuil | 28,6 |
- Source : Insee, Clap 2015, emploi au 31/12.
graphiqueFigure 3 – À Valenciennes et Berck-Montreuil, les secteurs très fortement impactés représentent près de 29 % des salariésPoids des secteurs très fortement impactés dans l’emploi salarié par zone d’emploi
La zone d'emploi de Valenciennes est la plus touchée en termes d’emplois. Le secteur de la fabrication de matériels de transport, le plus impacté par la crise, y est en effet très présent. A titre d’exemple, y sont notamment implantés de grands établissements comme Toyota, Peugeot-Citroën, Bombardier ou Alstom (1er rang régional pour son volume d'emplois). Au final, les secteurs très fortement touchés représentent 28,9 % de l’emploi salarié dans cette zone. De même, dans la zone d’emploi de Douai, plus d’un salarié sur quatre est employé dans un secteur très fortement impacté par la crise (présence d’un grand établissement de Renault à Cuincy).
Par ailleurs, les zones touristiques situées au niveau du littoral subissent de plein fouet les effets de la crise sanitaire. En particulier, la zone d'emploi de Berck-Montreuil est la 2e zone la plus impactée de la région. Les secteurs très fortement impactés y représentent 29 % des salariés. Cela s’explique notamment par la forte présence de l'hébergement-restauration, qui occupe 7 % des salariés, soit 2,1 fois plus que la moyenne régionale. La zone d'emploi d'Abbeville est dans une situation comparable, bien que l'hébergement-restauration y soit un peu moins présent (5 % des emplois salariés). Dans cette zone, 26 % des salariés travaillent dans un secteur très fortement impacté.
Le commerce non alimentaire est également très fortement touché par la crise. Il est largement surreprésenté dans la zone d'emploi de Roubaix-Tourcoing (17 % des salariés contre 9 % en moyenne), notamment du fait de la présence de grands établissements de la vente à distance ou en magasin (La Redoute, Kiabi, ...). Roubaix-Tourcoing est ainsi la 3e zone d'emploi de la région avec la part de salariés exerçant dans des secteurs très fortement impactés la plus élevée (près de 28 %).
À l’inverse, dans les zones d’emploi de la Thiérache, Péronne, Saint-Omer ou encore Dunkerque, les activités les plus touchées par la crise sont sous-représentées. Les parts de salariés travaillant dans un secteur très fortement impacté y sont inférieures à 20 %. Dans ces zones, les poids du commerce non alimentaire, de l’hébergement-restauration ou encore de la construction y sont souvent plus faibles qu'en moyenne régionale.
Pour comprendre
Les secteurs économiques ont été classés selon l’intensité de la baisse d’activité qu’ils connaissent au niveau national selon la note de conjoncture de l’Insee du 23 avril. Cette classification s’est appuyée sur les éléments fournis par l’analyse de la baisse d’activité au niveau national avec l’approche du PIB et la connaissance des fermetures réglementaires. L’étude a été réalisée sur les établissements et non les entreprises. On considère donc ici le secteur de chaque établissement (APET).
Secteurs dont l’activité est réduite d’au moins deux tiers (très fortement impactés) :
- Fabrication matériel transport, cokéfaction :
- C19 : cokéfaction et raffinage
- C29 : Industrie automobile
- C30 : Fabrication d’autres matériels de transport
- Construction :
- F41 : Construction de bâtiments
- F42 : Génie civil
- F43 : Travaux de construction spécialisés
- Commerce non alimentaire :
- G45 : Commerce et réparation d’automobiles et de motocycles
- G46 hors 46.2 et 46.3 : Commerce de gros, à l’exception des automobiles et des motocycles hors commerce de gros de produits agricoles bruts et d’animaux vivants (46.2) et commerce de gros de produits alimentaires, boissons et tabac (46.3)
- G47 hors 47.11 et 47.2 : Commerce de détail, à l’exception des automobiles et des motocycles hors commerce de détail non spécialisé à prédominance alimentaire (47.11) et commerce de détail alimentaire en magasin spécialisé (47.2)
- Hébergement restauration :
- I55 : Hébergement
- I56 : Restauration
- Autres activités de services :
- N78, uniquement 78.2 : activités des agences de travail temporaire
- R90 : Activités créatives, artistiques et de spectacle
- R91 : Bibliothèques, archives, musées et autres activités culturelles
- R92 : Organisation de jeux de hasard et d’argent
- R93 : Activités sportives, récréatives et de loisirs
- S94 : Activités des organisations associatives
- S95 : Réparation d’ordinateurs et de biens personnels et domestiques
- S96 : Autres services personnels
- T97 : Activités des ménages en tant qu’employeurs de personnel domestique
- T98 : Activités indifférenciées des ménages en tant que producteurs de biens et services pour usage propre
- U99 : Activités des organisations et organismes extraterritoriaux
Secteurs dont l’activité est réduite d’un tiers à moins de deux tiers (fortement impactés) :
- Fabrication équipements, machines :
- C26 : Fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques
- C27 : Fabrication d’équipements électriques
- C28 :Fabrication de machines et équipements
- Fabrication autres produits industriels hors pharmacie :
- C13 : Fabrication de textiles
- C14 : Industrie de l’habillement
- C15 : Industrie du cuir et de la chaussure
- C16 : Travail du bois et fabrication d’articles en bois et en liège, à l’exception des meubles ; fabrication d’articles en vannerie et sparterie
- C17 : Industrie du papier et du carton
- C18 : Imprimerie et reproduction d’enregistrements
- C20 : Industrie chimique
- C22 : Fabrication de produits en caoutchouc et en plastique
- C23 : Fabrication d’autres produits minéraux non métalliques
- C24 : Métallurgie
- C25 : Fabrication de produits métalliques, à l’exception des machines et des équipements
- C31 : Fabrication de meubles
- C32 : Autres industries manufacturières
- C33 : Réparation et installation de machines et d’équipements
- Transport entreposage :
- H49 : Transports terrestres et transport par conduites
- H50 : Transports par eau
- H51 : Transports aériens
- H52 : Entreposage et services auxiliaires des transports
- H53 : Activités de poste et de courrier
- Production films, programmation activités informatiques :
- J59 : Production de films cinématographiques, de vidéo et de programmes de télévision ; enregistrement sonore et édition musicale
- J62 : Programmation, conseil et autres activités informatiques
- Activités immobilières :
- L68 : Activités immobilières
- Activités scientifiques, services administratifs :
- M69 : Activités juridiques et comptables
- M70 : Activités des sièges sociaux ; conseil de gestion
- M71 : Activités d’architecture et d’ingénierie ; activités de contrôle et analyses techniques
- M72 : Recherche-développement scientifique
- M73 : Publicité et études de marché
- M74 : Autres activités spécialisées, scientifiques et techniques
- M75 : Activités vétérinaires
- N77 : Activités de location et location-bail
- N78, hors 78.2 : Activités liées à l’emploi hors agences de travail temporaire
- N79 : Activités des agences de voyage, voyagistes, services de réservation et activités connexes
- N80 : Enquêtes et sécurité
- N81 : Services relatifs aux bâtiments et aménagement paysager
- N82 : Activités administratives et autres activités de soutien aux entreprises
- Enseignement culturel, médecins et dentistes, action sociale sans hbt :
- 85.5 : Autres activités d’enseignement (disciplines sportives, activités de loisir, enseignement culturel, enseignement de la conduite,..)
- 86.2 : Activités des médecins et des dentistes
- Q88 : Action sociale sans hébergement.
Les autres secteurs sont considérés comme plus modérément impactés.
Les emplois salariés sont issus de Clap 2015, effectifs au 31 décembre. Les emplois non salariés sont issus de la base non-salariés 2015. On conserve les non-salariés à titre principal en activité au 31 décembre. Les effectifs d’emplois intérimaires sont issus des estimations d’emploi localisées au 4e trimestre 2015.