Le marché du travail en Centre-Val de Loire : des dynamiques marquées par le tissu productif local et les échanges avec les régions voisines

Depuis 2006, la population active a progressé nettement moins rapidement en Centre-Val de Loire (+1,1 %) qu’en France de province (+5,4 %) et s’établit à 1 184 400 individus en 2016. Deux raisons expliquent cette moindre croissance. D’une part, le solde migratoire a nettement diminué au cours des dix dernières années. Il reste positif mais devient presque nul. D’autre part, la transformation de la pyramide des âges de la population y est plus intense qu’ailleurs : outre le vieillissement de la population, la région perd des habitants entre 25 et 55 ans. Cette situation régionale masque des situations territoriales contrastées où trois dynamiques se distinguent (figure 1).

La croissance de l’emploi et l’attractivité résidentielle sont les plus fortes dans les zones d’emploi d’Orléans, Tours, Blois et Chinon, situées sur l’axe ligérien. Elles constituent un espace de transition entre le Grand Ouest et l’Île-de-France. Au nord de la région – où l’on trouve les zones d’emploi de Dreux, Chartres, Pithiviers et Montargis – le marché du travail est marqué par les échanges avec le bassin parisien et caractérisé par un nombre important de navetteurs qui travaillent en Île-de-France. Dépourvu de grandes métropoles et éloigné des territoires dynamiques, le sud de la région souffre d’un manque d’attractivité pour attirer de nouveaux habitants ou de nouveaux emplois. Sur la période 2006-2016, l’emploi comme la population recule dans les zones d’emploi de Bourges, Châteauroux, Gien, Loches, Romorantin-Lanthenay et Vierzon.

Les zones d’emploi situées sur les franges franciliennes sont marquées par l’intensité des échanges avec l’Île-de-France. Le nombre de personnes qui y résident mais n’y travaillent pas est élevé (figure 2) : la zone d’emploi de Dreux est la première de la région en nombre de navetteurs (28 000). Celle de Chartres est la deuxième avec 27 900 navetteurs quotidiens, ce qui représente un tiers des actifs occupés de la zone. Ces navetteurs sont plus qualifiés que les actifs occupant un emploi sur place. Ainsi, dans la zone d’emploi de Chartres, la proportion de cadres (7,6 %) est parmi les plus élevées de la région (7,0 %).

Les navetteurs sont moins nombreux dans les zones d’emploi de Pithiviers et de Montargis mais leur part dans la population active occupée reste élevée (respectivement 40,1 % et 25,6 % des actifs). Ils sont cependant moins qualifiés : respectivement 11,7 % et 11,0 % sont des ouvriers non qualifiés (contre 9,3 % dans la zone d’emploi de Dreux et 7,2 % dans celle de Chartres). Dans la zone d’emploi de Pithiviers, où l’industrie représente 30,1 % des emplois, la part des cadres est faible (4,2 %), comme dans celle de Montargis (5,3 %). Leur lieu de travail est moins souvent situé à Paris.

Parmi les activités présentes, l’industrie pharmaceutique est particulièrement bien implantée dans les zones d’emploi de Chartres et Dreux. Celle de Montargis se démarque surtout dans le secteur de la fabrication du caoutchouc et du plastique. La zone d’emploi de Pithiviers est quant à elle spécialisée dans la fabrication du bois et du papier. Ces deux derniers secteurs, ont été plus affectés par la crise de 2008, ce qui a contribué à la hausse du chômage dans ces deux zones d’emploi entre 2006 et 2016.

Depuis 2006, les franges franciliennes connaissent un recul de leur attractivité résidentielle qui fait reculer le nombre d’actifs de 1 300 individus.

L’axe ligérien – formé par les zones d’emploi d’Orléans, de Tours, de Blois et de Chinon – constitue le principal moteur de la croissance de la population active de la région. L’emploi augmente sur l’ensemble de cet axe entre 2006 et 2016 (+ 1 600 actifs). Pour autant, la zone d’emploi d’Orléans, dynamique avant la crise économique de 2008, perd des emplois entre 2006 et 2016 (figure 3). L’augmentation du nombre d’actifs dans cette zone (+ 6 400 actifs sur cette dernière période) s’est largement traduite par une hausse du nombre de demandeurs d’emploi (8 000 actifs de plus se déclarant au chômage). Dans la zone d’emploi de Tours, le solde d’actifs ayant un emploi entre 2006 et 2016 a fortement diminué par rapport aux périodes précédentes mais demeure positif.

C’est dans la zone d’emploi de Chinon - où se situe une centrale nucléaire qui emploie plus de 1 500 personnes - que la part de navetteurs entrants est la plus élevée : sur la période 2006-2016, pour 100 navetteurs sortant, 147 navetteurs viennent y travailler (figure 4). La zone d’emploi de Tours attire de nouveaux actifs : les migrations résidentielles y sont élevées avec 122 actifs qui s’y installent pour 100 qui la quittent. La spécialisation de la zone dans la fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques avec la présence de STMicroelectronics participe de cette attractivité. Les migrations résidentielles sont aussi importantes à Orléans mais leur solde est négatif sur la période malgré une spécialisation dans l’industrie pharmaceutique qui contribue à l’attractivité de la zone.

Comme la zone d’emploi de Chinon, celle de Blois est spécialisée dans le secteur de la production et distribution de gaz, d’électricité, de vapeur et d’air conditionné, avec la présence d’une centrale nucléaire à Saint-Laurent-Nouan, qui emploie près de 900 personnes.

Situées à l’ouest de l’axe ligérien, les zones d’emploi de Vendôme et de Châteaudun ont une économie plus résidentielle. Pour 100 personnes qui en déménagent entre 2006 et 2016, 111  s’installent dans la zone d’emploi de Vendôme et 120 dans celle de Châteaudun. Ces marchés locaux sont moins porteurs d’emplois et leur nombre d’actifs occupant un emploi recule de 3 100 individus entre 2006 et 2016. La zone d’emploi de Nogent-le-Rotrou, située au sud des franges franciliennes et plus éloignée de l’axe ligérien, connaît une très forte baisse de l’emploi sur la période, ainsi qu’une baisse d’actifs importante due à l’effet des migrations résidentielles.

À l’est de l’axe ligérien, les zones de Romorantin-Lanthenay et Loches ont un profil très résidentiel. Le total d’actifs y est stable sur la période 2006-2016 quand l’emploi y est en baisse, malgré une forte attractivité résidentielle.

Le sud de la région souffre d’une moindre attractivité résidentielle des personnes en âge d’être actif. Entre 2006 et 2016, plus de la moitié de sa perte d’actifs est due à des actifs qui déménagent hors des zones d'emploi concernées. La baisse de l’emploi concerne les cinq zones d’emploi du Berry (figure 5). Celles de Bourges et de Châteauroux connaissent entre 2006 et 2016 les deux plus importantes diminutions d’emploi de la région (respectivement - 4 900 actifs occupés et - 8 000 actifs occupés). Dans les zones d’emploi de Châteauroux et de Vierzon, l’effet démographique est négatif et entraîne une baisse du nombre d’actifs sur la période.

L’industrie est sur-représentée dans le Berry. La zone d’emploi de Bourges est notamment spécialisée dans la fabrication d’équipements électriques et la métallurgie et celle de Châteauroux dans le textile. Or, la crise de 2008 a profondément marqué ce secteur. L’emploi dans l’industrie des zones de Bourges et de Châteauroux a ainsi chuté respectivement de 21,9 % et de 17,2 % entre 2006 et 2016 avec en conséquence un taux de chômage plus élevé (figure 6) dans les deux départements de l’Indre et du Cher. Le taux de chômage atteint en particulier 13,4 % dans la zone d’emploi de Vierzon en 2016. Par ailleurs, l’augmentation de l’activité féminine, qui porte la hausse de la population active de la région entre 2006 et 2016, ne s’observe pas dans le Berry.