Les agriculteurs : de moins en moins nombreux et de plus en plus d'hommes
Agriculteurs en polyculture-élevage, éleveurs de bovins, céréaliers, viticulteurs, maraîchers, patrons pêcheurs, entrepreneurs de travaux agricoles, etc. : en France, en près de quarante ans, alors que la taille des exploitations a augmenté, la part des agriculteurs exploitants dans l'emploi a fortement diminué, passant de 7,1 % en 1982 à 1,5 % en 2019.
En 2019, les trois quarts des agriculteurs exploitants sont des hommes, une proportion en hausse depuis quarante ans, et plus de la moitié sont âgés de 50 ans ou plus.
En moyenne, les agriculteurs ont une durée de travail hebdomadaire plus élevée que l'ensemble des personnes en emploi, et ils travaillent très fréquemment le samedi ou le dimanche.
- Quatre fois moins d'agriculteurs exploitants qu'il y a quarante ans
- La majorité des agriculteurs exploitants n'emploient aucun salarié
- Les trois quarts des agriculteurs sont des hommes
- Plus d'un agriculteur sur deux est âgé de 50 ans ou plus
- Un tiers des agriculteurs sont titulaires d'un BEP ou CAP
- Une durée de travail élevée et étalée sur tous les jours de la semaine
Quatre fois moins d'agriculteurs exploitants qu'il y a quarante ans
En 2019, en France, environ 400 000 personnes en emploi au sens du Bureau international du travail (BIT) sont, dans leur emploi principal, agriculteurs exploitants, soit 1,5 % de l'emploi total (figure 1). Parmi eux, 7 % effectuent des activités liées à l’exploitation de ressources naturelles, mais ne possèdent pas d’exploitation agricole ; ils sont entrepreneurs de travaux agricoles, exploitants forestiers, patrons pêcheurs ou aquaculteurs.
Dans un contexte de gains de productivité du travail agricole et d'augmentation de la taille des exploitations, en près de quarante ans, la proportion des agriculteurs exploitants a fortement diminué. En 1982, on comptait 1,6 million d'agriculteurs, soit 7,1 % de l'emploi total. Dans le même temps, le nombre d’ouvriers agricoles, rattachés au groupe social des ouvriers, a lui aussi baissé, mais dans une moindre mesure : de 310 000 en 1982 à 250 000 en 2019.
tableauFigure 1 – Part des agriculteurs exploitants dans l’emploi total entre 1982 et 2019
Femmes | Hommes | Ensemble | |
---|---|---|---|
1982 | 6,7 | 7,3 | 7,1 |
1983 | 6,8 | 7,2 | 7,1 |
1984 | 7,0 | 7,6 | 7,3 |
1985 | 6,6 | 7,3 | 7,0 |
1986 | 5,9 | 6,9 | 6,5 |
1987 | 5,7 | 6,9 | 6,4 |
1988 | 5,4 | 6,5 | 6,0 |
1989 | 5,1 | 6,2 | 5,7 |
1990 | 4,6 | 5,7 | 5,2 |
1991 | 4,5 | 5,3 | 4,9 |
1992 | 4,2 | 5,0 | 4,6 |
1993 | 3,7 | 4,4 | 4,1 |
1994 | 3,4 | 4,2 | 3,8 |
1995 | 3,1 | 3,9 | 3,5 |
1996 | 2,9 | 3,7 | 3,4 |
1997 | 2,7 | 3,6 | 3,2 |
1998 | 2,4 | 3,4 | 2,9 |
1999 | 2,3 | 3,3 | 2,8 |
2000 | 2,0 | 3,1 | 2,6 |
2001 | 2,0 | 3,0 | 2,5 |
2002 | 2,0 | 3,1 | 2,6 |
2003 | 2,0 | 3,7 | 2,9 |
2004 | 1,9 | 3,2 | 2,6 |
2005 | 1,5 | 3,2 | 2,4 |
2006 | 1,6 | 3,4 | 2,6 |
2007 | 1,3 | 2,8 | 2,1 |
2008 | 1,1 | 2,4 | 1,8 |
2009 | 1,2 | 2,8 | 2,0 |
2010 | 1,2 | 2,8 | 2,0 |
2011 | 1,2 | 2,8 | 2,0 |
2012 | 1,1 | 2,7 | 2,0 |
2013 | 1,2 | 2,8 | 2,0 |
2014 | 1,1 | 2,6 | 1,9 |
2015 | 1,0 | 2,5 | 1,8 |
2016 | 1,0 | 2,5 | 1,8 |
2017 | 0,9 | 2,3 | 1,6 |
2018 | 0,8 | 2,2 | 1,5 |
2019 | 0,8 | 2,1 | 1,5 |
- Lecture : en 2019, 2,1 % des hommes en emploi sont agriculteurs exploitants.
- Champ : France hors Mayotte, population des ménages, personnes en emploi.
- Source : Insee, enquêtes Emploi, séries longues sur le marché du travail.
graphiqueFigure 1 – Part des agriculteurs exploitants dans l’emploi total entre 1982 et 2019
La majorité des agriculteurs exploitants n'emploient aucun salarié
En 2019, près des trois quarts des agriculteurs exploitants n'emploient aucun salarié : 69 % sont à leur compte sans avoir de salarié et 5 % sont des aides familiaux (figure 2a). Quand ils sont employeurs, les agriculteurs exploitants ont souvent peu de salariés : dans 53 % des cas, ils en ont un seul et dans 33 % des cas ils en ont entre deux et quatre ; seuls 5 % ont au moins dix salariés. En 2019, près de 40 % des agriculteurs exercent leur activité dans le cadre d'une société.
tableauFigure 2a - Les agriculteurs exploitants* par statut, selon le sexe, en 2019
Non employeurs | Employeurs | Aides familiaux | Ensemble | |
---|---|---|---|---|
Femmes | 67,1 | 20,4 | 12,5 | 100,0 |
Hommes | 69,9 | 28,4 | 1,7 | 100,0 |
Ensemble | 69,0 | 26,0 | 5,0 | 100,0 |
- * Emploi principal.
- Lecture : en 2019, 69,9 % des hommes agriculteurs exploitants sont non employeurs.
- Champ : France hors Mayotte, population des ménages, personnes en emploi, agriculteurs exploitants.
- Source : Insee, enquête Emploi 2019.
graphiqueFigure 2a - Les agriculteurs exploitants* par statut, selon le sexe, en 2019
Les trois quarts des agriculteurs sont des hommes
En 2019, 73 % des agriculteurs exploitants sont des hommes (figure 3a), contre 52 % de l'ensemble des personnes en emploi. La proportion d'hommes atteint 90 % chez les entrepreneurs de travaux agricoles, exploitants forestiers indépendants, patrons pêcheurs et aquaculteurs. Les femmes qui sont agricultrices dans leur emploi principal ont plus souvent que les hommes le statut d'aide familial (12 % contre 2 %).
En 1982, 61 % des agriculteurs étaient des hommes, soit une proportion comparable à celle observée sur l'ensemble des personnes en emploi (59 %). Depuis, la part des hommes au sein des agriculteurs n'a cessé d'augmenter, alors que l'ensemble des emplois s'est féminisé. Le recul de la part des femmes au sein des personnes ayant un emploi principal d'agriculteur s'explique en premier lieu par le fait qu'il y a de moins en moins de conjointes d'agriculteurs qui sont elles aussi agricultrices. Ainsi, en 1982, près de 60 % des hommes agriculteurs avaient une conjointe agricultrice ; cette proportion est de 19 % en 2019.
tableauFigure 3a – Structure par sexe des agriculteurs exploitants* en 1982 et 2019
Femmes | Hommes | Ensemble | ||
---|---|---|---|---|
Agriculteurs exploitants | 1982 | 38,7 | 61,4 | 100,0 |
2019 | 26,6 | 73,4 | 100,0 | |
Personnes en emploi | 1982 | 40,5 | 59,5 | 100,0 |
2019 | 48,5 | 51,5 | 100,0 |
- * Emploi principal.
- Lecture : en 2019, 26,6 % des agriculteurs exploitants sont des femmes.
- Champ : France hors Mayotte, population des ménages, personnes en emploi.
- Source : Insee, enquêtes Emploi, séries longues sur le marché du travail.
graphiqueFigure 3a – Structure par sexe des agriculteurs exploitants* en 1982 et 2019
Plus d'un agriculteur sur deux est âgé de 50 ans ou plus
En 2019, 55 % des agriculteurs ont 50 ans ou plus (figure 3b), soit 24 points de plus que pour l'ensemble des personnes en emploi (31 %). En particulier, 13 % des agriculteurs ont 60 ans ou plus, contre 3 % des personnes en emploi. Les agriculteurs constituent ainsi, et de loin, le groupe socioprofessionnel comportant proportionnellement le plus de seniors en activité. À l'inverse, seuls 1 % des agriculteurs ont moins de 25 ans, contre 8 % pour l'ensemble des personnes en emploi.
Au cours des quarante dernières années, la population des agriculteurs a vieilli : entre 1982 et 2019, la part des 50 ans ou plus y a augmenté de 7 points. Toutefois, son vieillissement est relativement moins marqué que pour l'ensemble des emplois, où la part des 50 ans ou plus a augmenté de 10 points sur la même période.
Un tiers des agriculteurs sont titulaires d'un BEP ou CAP
Les agriculteurs sont en moyenne moins diplômés que l'ensemble des personnes en emploi. En 2019, 26 % sont ainsi diplômés de l'enseignement supérieur, contre 43 % des personnes en emploi (figure 3c). Les agriculteurs sont en revanche plus fréquemment titulaires d'un BEP ou CAP (BEP ou CAP agricoles notamment) : 34 % en 2019, contre 22 % en moyenne.
Le niveau de diplôme des agriculteurs s'est cependant fortement élevé ces dernières décennies. En 2019, seuls 14 % des agriculteurs n'ont aucun diplôme ou uniquement le brevet des collèges, soit une part comparable à celle observée sur l'ensemble des personnes en emploi. En 1982, ils étaient 82 % à n'avoir aucun diplôme ou seulement le brevet des collèges, contre 54 % pour l'ensemble des personnes en emploi.
Une durée de travail élevée et étalée sur tous les jours de la semaine
La très grande majorité des agriculteurs travaillent le week-end : en 2019, 88 % d'entre eux ont travaillé au moins un samedi au cours des quatre dernières semaines (contre 39 % de l'ensemble des personnes en emploi) et 71 % au moins un dimanche (contre 22 %, figure 4). En outre, 15 % des agriculteurs ont, au cours des quatre dernières semaines, travaillé au moins une fois la nuit, entre minuit et 5 heures du matin, contre 10 % pour l'ensemble des personnes en emploi.
Les agriculteurs déclarent en fin de compte un temps de travail hebdomadaire bien supérieur à celui de l'ensemble des personnes en emploi : en 2019, pour leur emploi principal, ils ont déclaré une durée habituelle hebdomadaire de travail de 55 heures en moyenne, contre 37 heures pour l'ensemble des personnes en emploi (+ 49 %). De plus, du fait d’un nombre réduit de congés, leur durée annuelle effective excède encore plus celle de l’ensemble des personnes en emploi (+ 65 %).
tableauFigure 4 – Travail le samedi, le dimanche et la nuit des agriculteurs exploitants¹ en 2019
Agriculteurs exploitants | Personnes en emploi | |
---|---|---|
Travail le samedi² | 87,9 | 38,7 |
Travail le dimanche² | 71,0 | 21,6 |
Travail la nuit³ | 14,5 | 9,7 |
- 1. Emploi principal.
- 2. Au moins une fois durant les quatre dernières semaines.
- 3. Au moins une fois entre minuit et 5 heures du matin durant les quatre dernières semaines.
- Lecture : en 2019, 87,9 % des agriculteurs exploitants ont travaillé au moins une fois le samedi durant les quatre dernières semaines.
- Champ : France hors Mayotte, population des ménages, personnes en emploi.
- Source : Insee, enquête Emploi 2019.
graphiqueFigure 4 – Travail le samedi, le dimanche et la nuit des agriculteurs exploitants¹ en 2019
Sources
L’enquête Emploi est la seule source permettant de mesurer le chômage et l’activité au sens du Bureau international du travail (BIT). Elle est menée en continu, sur l’ensemble des semaines de l’année, en France hors Mayotte. Chaque trimestre, environ 100 000 personnes de 15 ans ou plus vivant en ménage ordinaire (c’est-à-dire hors foyers, hôpitaux, prisons, etc.) répondent à l’enquête. Les personnes décrivent leur situation vis-à-vis du marché du travail au cours d’une semaine donnée, dite « de référence ». Le niveau et la structure de l’emploi fournis par l’enquête Emploi peuvent différer de ceux obtenus à partir des sources administratives (Estimations d’emploi). Sur quelques indicateurs, des séries longues permettent d'avoir des séries cohérentes sur longue période, c'est-à-dire corrigées des ruptures de série. Les séries longues de l'emploi par groupe social sont disponibles depuis 1982.
Pour les personnes ayant plusieurs emplois pendant la semaine de référence, les caractéristiques des emplois présentées ici se rapportent à l'emploi principal, c'est-à-dire à celui qui occupe le plus de temps ou, en cas d'égalité, à celui qui procure le plus de revenus.
Définitions
Emploi au sens du BIT : personne ayant effectué au moins une heure de travail rémunéré au cours de la semaine de référence ou absente de son emploi sous certaines conditions de motif (congés annuels, maladie, maternité, etc.) et de durée.
Agriculteurs exploitants : c'est un des 8 postes agrégés (ou groupes socioprofessionnels) de la nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles. Il se décline en 21 professions dans la version de 2003 de la nomenclature. La liste des professions composant ce poste est consultable sur le site de l'Insee.
Aide familial : personne travaillant avec un membre de sa famille sans être rémunérée.
Durée habituelle hebdomadaire : durée travaillée pendant une semaine de travail « normale » sans évènement exceptionnel (jour férié, congé, etc.) ; elle inclut donc toutes les heures habituellement effectuées y compris les heures supplémentaires régulières, rémunérées ou non.
Durée annuelle effective : durée travaillée pendant la semaine de référence, y compris heures supplémentaires (rémunérées ou non), et hors heures non travaillées pour cause de congés annuels, jours fériés, maladie, maternité, paternité, chômage partiel, grève, etc. Elle est calculée en multipliant la durée effective hebdomadaire moyenne par le nombre de semaines de l'année, soit 52.
Pour en savoir plus
Des tableaux complémentaires sont disponibles dans le fichier de données en téléchargement.
Forment V., Vidalenc J., « Les cadres : de plus en plus de femmes », Insee Focus n° 205, septembre 2020.
Forment V., Vidalenc J., « Les ouvriers : des professions toujours largement masculines », Insee Focus n° 199, juillet 2020.
« Activité, emploi et chômage en 2019 et en séries longues », Insee Résultats, juin 2020.
Forment V., Vidalenc J., « Les employés : des professions largement féminisées », Insee Focus n° 190, mai 2020.
Emploi et revenus des indépendants , coll. « Insee Références », édition 2020.
Forment V., Vidalenc J., « Des professions intermédiaires de plus en plus nombreuses et féminisées », Insee Focus n° 185, février 2020.
Forget V. et al., « Ouvrir dans un nouvel ongletActif'Agri : transformations des emplois et des activités en agriculture », CEP Analyse n° 145, novembre 2019.
« Ouvrir dans un nouvel ongletPortraits statistiques des métiers 1982-2014 », Synthèse Stat' n° 19, Dares, avril 2016.