Utiliser une seule voiture lorsque les deux conjoints travaillent : un phénomène essentiellement urbain en Bretagne

Entre 1990 et 2015, le nombre de couples bi-actifs résidant en Bretagne a augmenté de 10 % pour atteindre 380 000. Les déplacements domicile-travail s’allongent car l’emploi se concentre de plus en plus dans les grands pôles urbains alors que les ménages en emploi sont de plus en plus nombreux à s’installer autour des grands pôles.

Les membres des couples bi-actifs utilisent dans leur grande majorité la voiture pour se rendre au travail et sont de plus en plus équipés. En 2016, 81 % des couples bi-actifs bretons possèdent au moins deux voitures, alors qu’ils n’étaient que 76 % dans ce cas en 2006 (figure 1).

En 2016, 62 000 couples bi-actifs disposent d’une seule voiture. Parmi ceux-ci, 30 000 sont des couples dont les deux membres utilisent la voiture comme mode de transport principal pour se rendre au travail (utilisation commune ou covoiturage par exemple). Inversement, 10 000 couples bi-actifs avec une voiture n’en font pas usage pour aller travailler. Parmi les 20 000 personnes les composant, 39 % déclarent ne pas avoir de déplacement pour exercer leur activité, 26 % vont travailler à pied, 21 % en transport en commun et 14 % en deux-roues. Au sein des 22 000 couples restant, faisant l’objet de cette étude, un seul des deux membres prend la voiture pour se rendre à son travail. Le conjoint utilise les transports en commun (33 %), la marche à pied (25 %), un deux-roues (20 %) ou travaille sur place (22 %). Probablement en lien avec l’allongement de la distance entre les lieux de résidence et de travail, le recours aux transports en commun est plus fréquent en 2016 qu’en 2006, au détriment de la marche.

Comparés à l’ensemble des couples bi-actifs bretons, les 22 000 couples étudiés vivent bien plus fréquemment en milieu urbain (figure 2). Ainsi, une majorité d’entre eux (55 %) réside dans un grand pôle alors que c’est le cas de moins de 30 % de l’ensemble des couples bi-actifs. À l’opposé, la proportion de couples vivant dans une commune isolée est moindre au sein de cette population d’étude (11 % contre 18 %).

En particulier, un quart de ces 22 000 couples habitent dans les villes-centres des deux métropoles régionales : 18 % vivent dans la ville de Rennes, qui recense 6 % de l’ensemble de la population bretonne, et 8 % de ces couples résident à Brest, qui compte 4 % de la population régionale. À l’échelle des départements, près de la moitié de ces couples (45 %) résident en Ille-et-Vilaine alors que ce département accueille un tiers de la population bretonne.

Ces 22 000 couples sont composés de personnes relativement jeunes, deux tiers d’entre elles étant âgées de moins de 45 ans. Ces couples ont moins d’enfants, en moyenne, que l’ensemble des couples bi-actifs. En particulier, près de la moitié (43 %) n’en ont aucun alors que c’est le cas de 29 % des couples bi-actifs dans leur ensemble. Les couples avec un enfant (21 %), deux enfants (25 %) et trois enfants ou plus (11 %) sont proportionnellement moins nombreux que dans l’ensemble des couples bi-actifs (respectivement 24 %, 34 % et 13 %).

La distance domicile-travail définit bien souvent, au sein du couple, lequel des conjoints utilise la voiture pour se rendre au travail. Dans l’ensemble des 22 000 couples étudiés, 61 % des conducteurs sont des navetteurs, c’est-à-dire des individus travaillant dans une autre commune que celle de leur résidence. Parmi les conjoints n’utilisant pas la voiture, seuls 29 % sont des navetteurs, empruntant ainsi un autre mode de transport pour se rendre à leur travail (marche, vélo, moto, transport en commun).

En particulier, 10 000 des 22 000 couples étudiés sont composés d’une personne travaillant dans la commune de résidence du couple et d’un conjoint travaillant dans une autre commune. Pour 8 500 de ces 10 000 couples, le conducteur est le navetteur. Dans les 1 500 autres couples, le navetteur utilise majoritairement les transports en commun pour se rendre à son travail.

Dans 58 % des couples, le conducteur est un homme. Cette différence significative entre les sexes s’explique en partie par un éloignement plus important du lieu de travail par rapport au domicile pour les hommes.

Parmi ces 22 000 couples, les employés représentent 24 % des conducteurs et 40 % des non-conducteurs, alors que le rapport est inversé pour les ouvriers (respectivement 23 % et 13 %) et les professions intermédiaires (respectivement 28 % et 19 %).

En particulier, 19 % sont des couples « ouvrier-employé », 14 % « profession intermédiaire-employé », et dans la grande majorité de ces cas, la personne exerçant une profession d’employé est une femme qui n’utilise pas la voiture pour aller travailler.

Les employés, plus généralement, travaillent plus souvent dans leur commune de résidence. D’ailleurs, parmi les 5 000 non-conducteurs n’utilisant aucun moyen de transport pour se rendre au travail, près de la moitié sont des employés. Les femmes y sont largement majoritaires et deux tiers d’entre elles travaillent dans le secteur de l’action sociale, secteur comprenant des métiers qui s’exercent à domicile tel que la garde d’enfants.

Dans un tiers des 22 000 couples étudiés, l’individu qui n’utilise pas la voiture emprunte les transports en commun. Au sein de ces 7 300 couples, il est plus fréquent que les non-conducteurs travaillent dans leur commune de résidence (figure 3). À l’inverse, les conducteurs représentent une part plus importante des personnes parcourant jusqu’à 30 kilomètres pour aller au travail. Enfin, les personnes utilisant les transports en commun redeviennent majoritaires dès lors que la distance entre la commune de travail et celle de résidence dépasse 30 kilomètres. Les déplacements longs (plus de 100 kilomètres) sont essentiellement effectués par des cadres.

Ces 7 300 couples travaillent principalement à Rennes, où 23 % des conducteurs et 40 % des conjoints se déplaçant en transports en commun exercent leur activité, puis, dans une moindre mesure et avec un écart moins prononcé entre conducteurs et non-conducteurs, à Brest, Lorient et Quimper. Enfin, toujours parmi ces 7 300 couples, près de 3 % des personnes se déplaçant en transport en commun vont travailler à Paris.