Les groupes français multinationaux en 2013 : 5,4 millions de salariés employés hors de France
En 2013, les groupes français multinationaux (hors secteur bancaire) contrôlent 37 000 filiales à l’étranger. Elles réalisent 53 % du chiffre d’affaires consolidé des groupes dont elles font partie et emploient 55 % de leurs effectifs, soit 5,4 millions de salariés. 38 % de ces derniers travaillent dans un pays de l'Union européenne (UE), en premier lieu au Royaume-Uni, en Allemagne et en Espagne. Tous pays confondus, 39 % des salariés à l’étranger sont employés dans l’industrie, mais ils sont 53 % en Allemagne. Les investissements des groupes français s’orientent dorénavant plutôt hors de l’UE.
55 % de salariés à l'étranger
En 2013, les groupes français multinationaux (hors secteur bancaire) contrôlent 37 000 filiales à l'étranger. Ces filiales réalisent un chiffre d'affaires de 1 240 milliards d'euros, soit 53 % du chiffre d'affaires consolidé des groupes. Elles emploient 5,4 millions de salariés, soit 55 % de leurs effectifs.
Les grands groupes restent les vecteurs essentiels du déploiement international, comptant à eux seuls 84 % du chiffre d’affaires et 80 % des effectifs à l’étranger (figure 1). Les groupes de taille intermédiaire réalisent 15 % du chiffre d’affaires et emploient 17 % des salariés à l’étranger. Ceux de taille PME ne représentent que 3 % des effectifs et un peu moins de 2 % du chiffre d'affaires à l'étranger.
Plus de la moitié du chiffre d’affaires des grands groupes est réalisé à l’étranger ; pour les groupes de taille intermédiaire ou de taille PME, l’activité reste davantage localisée en France.
tableauFigure 1 – En 2013, 80 % des salariés des groupes français à l'étranger sont employés par un grand groupe
Catégorie des groupes | Effectifs à l'étranger des groupes français (en milliers) | Part des effectifs selon la catégorie d'entreprise (en %) | Chiffre d'affaires consolidé* à l'étranger (en milliards d’euros) | Part du chiffre d'affaires consolidé* selon la catégorie d'entreprise (en %) | Nombre médian de pays d'implantation |
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Grands groupes | 4 311 | 80,2 | 1 038 | 83,7 | 17 |
Groupes de taille intermédiaire | 915 | 17,0 | 182 | 14,7 | 4 |
Groupes de taille PME | 146 | 2,7 | 19 | 1,6 | 2 |
Ensemble | 5 373 | 100,0 | 1 240 | 100,0 | 3 |
- * C'est la somme des chiffres d'affaire des unités légales d'un groupe, à laquelle on enlève le chiffre d'affaires réalisé entre filiales du groupe.
- Note : la somme des lignes peut être légèrement différente du total du fait des arrondis.
- Lecture : la moitié des grands groupes français multinationaux est implantée dans au moins 17 pays étrangers.
- Champ : groupes français, hors services non marchands et banques, ayant au moins une filiale implantée hors de France.
- Source : Insee, Ofats 2013.
L'Union européenne reste la première zone d'implantation
La moitié des groupes français multinationaux est implantée dans au moins 3 pays. La moitié des grands groupes l’est dans au moins 17 pays.
Avec 2,1 millions de salariés, soit 38 % des effectifs, l’Union européenne (UE), hors France, reste la première zone d’implantation des groupes français multinationaux (figure 2). Le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Espagne regroupent à eux seuls plus d'un million de salariés (respectivement 370 000 au Royaume-Uni, 352 000 en Allemagne et 304 000 en Espagne). Derrière l’UE, les Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine) et les États-Unis arrivent en deuxième et troisième positions, avec respectivement 24 % et 11 % des effectifs.
Entre 2012 et 2013, le nombre d'emplois à l'étranger des groupes français multinationaux s'est accru de 90 000. Cette progression est bien moindre que celle des années précédentes : les groupes français ont gagné 314 000 emplois à l'étranger entre 2010 et 2011 et 289 000 entre 2011 et 2012. Pour la première fois, entre 2012 et 2013, les groupes français multinationaux ont d'ailleurs davantage accru leur emploi en France (+ 130 000) qu'à l'étranger.
Hors UE, entre 2012 et 2013, les effectifs ont particulièrement progressé aux États-Unis (+ 36 000 salariés), mais aussi en Russie (+ 21 000), en Inde (+ 19 000) et au Brésil (+ 12 000). A contrario, les effectifs en Chine se sont contractés (– 27 000).
tableauFigure 2 – Les groupes français multinationaux réalisent 566 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans l'Union européenne hors France
Zone géographique | Chiffre d'affaires réalisé à l'étranger par les groupes multinationaux français³ | Effectifs salariés à l'étranger des groupes multinationaux français | Nombre de filiales à l'étranger des groupes français (en milliers) | ||
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Montants (en milliards d'euros) | Part de la zone (en %) | Effectifs (en milliers) | Part de la zone (en %) | ||
Union européenne (UE), dont : | 566 | 45,6 | 2 069 | 38,5 | 17,6 |
Peco¹ | 51 | 4,1 | 408 | 7,6 | 2,7 |
Hors UE, dont : | 674 | 54,4 | 3 304 | 61,5 | 19,4 |
États-Unis | 191 | 15,4 | 590 | 11,0 | 3,2 |
Bric² | 167 | 13,5 | 1 271 | 23,7 | 4,3 |
Total | 1 240 | 100,0 | 5 373 | 100,0 | 37,0 |
- 1. Pays d'Europe centrale et orientale : Bulgarie, Croatie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Roumanie, Slovénie, Slovaquie, République tchèque.
- 2. Brésil, Russie, Inde et Chine.
- 3. Il s'agit du chiffre d'affaires généré par les filiales présentes dans cette zone et non pas des ventes réalisées par le groupe dans cette zone.
- Champ : groupes français, hors services non marchands et banques, ayant au moins une filiale implantée hors de France.
- Lecture : les effectifs salariés des filiales des groupes français multinationaux implantées dans les Peco s'élèvent à 408 000 parmi les 2 069 000 dans l'Union européenne.
- Source : Insee, Ofats 2013.
53 % d’emplois industriels en Allemagne
En 2013, 39 % des salariés des groupes français multinationaux qui travaillent à l'étranger sont employés dans des filiales industrielles et 57 % dans les activités tertiaires (22 % dans le commerce et 35 % dans les services) . L'Allemagne est le pays où les implantations françaises sont les plus orientées vers l'industrie : 53 % des salariés des groupes français y travaillent dans des filiales industrielles (figure 3). En Roumanie ou en République tchèque, 52 % des salariés des groupes français travaillent également dans l'industrie. La Belgique se distingue avec 27 % des salariés des filiales des groupes français employés dans l'industrie et 12 % dans la construction.
Au Brésil, l'emploi des implantations françaises se concentre particulièrement dans les activités tertiaires (71 %) et notamment dans le commerce. La part de salariés des groupes français travaillant dans le tertiaire est également élevée en Inde (64 %) et aux États-Unis (62 %), cette fois du fait des implantations de services. Aux États-Unis, 37 % des salariés des groupes français travaillent en outre dans l'industrie. Les implantations françaises sont davantage orientées vers l'industrie en Chine et en Russie, ce secteur employant respectivement 43 % et 42 % des salariés des groupes français.
Au Royaume-Uni ou en Allemagne, les salariés des groupes français ne représentent que 1 % de l’emploi salarié total. Ce poids est le plus élevé dans les pays frontaliers et dans ceux les moins peuplés. Il s'élève à 8 % au Luxembourg et à 3 % en Belgique. L'Île Maurice est le troisième pays ayant la proportion d'emploi de groupes français la plus importante. Cette part représente 2 % de l'emploi salarié de ce pays.
tableauFigure 3 – Répartition sectorielle des salariés des groupes français à l'étranger selon le pays d'implantation en 2013
Agriculture | Construction | Industrie | Tertiaire | |
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Pays de l'Union européenne | ||||
Espagne | 0,3 | 1,2 | 38,6 | 59,9 |
Pologne | 0,2 | 3,0 | 40,9 | 55,9 |
Roumanie | 0,2 | 2,2 | 51,6 | 46,0 |
République tchèque | 0,2 | 11,3 | 51,7 | 36,8 |
Belgique | 0,2 | 12,2 | 27,1 | 60,5 |
Italie | 0,1 | 0,4 | 34,8 | 64,7 |
Royaume-Uni | 0,1 | 5,9 | 31,9 | 62,1 |
Allemagne | 0,1 | 6,8 | 53,2 | 39,9 |
Pays en dehors de l'UE | ||||
États-Unis | 0,2 | 1,2 | 36,8 | 61,8 |
Inde | 0,2 | 1,0 | 34,3 | 64,5 |
Australie | 0,1 | 2,3 | 44,6 | 53,0 |
Japon | 0,5 | 0,1 | 41,6 | 57,8 |
Canada | 0,1 | 6,4 | 42,5 | 51,0 |
Russie | 0,6 | 0,1 | 41,6 | 57,5 |
Chine | 0,0 | 0,9 | 42,9 | 56,0 |
Brésil | 0,1 | 0,7 | 28,1 | 71,1 |
- Champ : groupes français, hors services non marchands et banques, ayant au moins une filiale implantée hors de France.
- Lecture : 53,2 % des effectifs des filiales implantées en Allemagne sont employés dans l'industrie.
- Source : Insee, Ofats 2013.
graphiqueFigure 3 – Répartition sectorielle des salariés des groupes français à l'étranger selon le pays d'implantation en 2013
Des investissements désormais avant tout hors UE
En 2013, les groupes français multinationaux ont réalisé 58 milliards d’euros d’investissements corporels hors de France, soit 5 % de leur chiffre d’affaires consolidé à l’étranger. Les groupes effectuent 63 % de leurs investissements à l’étranger hors UE, soit 36,5 milliards d‘euros. Sur l'ensemble des pays (UE et hors UE), l'investissement est réalisé à 97 % par les grands groupes ou ceux de taille intermédiaire. 20 pays captent à eux seuls 44,2 milliards d'euros d'investissements corporels, soit plus des trois quarts des investissements des groupes multinationaux à l'étranger. Ces 20 pays sont aussi bien dans l'UE qu'en dehors. Comme en 2012, les investissements restent les plus importants aux États-Unis (4,7 milliards), mais l'écart s'est fortement réduit avec le Royaume-Uni, deuxième pays receveur en 2013 (4,6 milliards).
Sources
Ces résultats sont issus de l’enquête Ofats réalisée par l’Insee en 2014 auprès de l’ensemble des groupes français, hors banques, contrôlant au moins une filiale à l’étranger en 2013. La Banque de France produit les statistiques correspondantes pour les groupes bancaires. Du fait du traitement méthodologique des coentreprises, les données de l’enquête Ofats (chiffres d’affaires, effectifs) ne correspondent pas tout à fait aux champs et concepts de la source Ésane sur les données structurelles d’entreprises.
Définitions
Groupe français multinational : groupe dont le centre de décision est situé en France et qui contrôle au moins une filiale à l'étranger.
Chiffre d’affaires consolidé : somme des chiffres d'affaires des unités légales d'un groupe, à laquelle on enlève le chiffre d'affaires réalisé entre les filiales du groupe.
Grand groupe : groupe qui n'est pas classé dans les catégories précédentes.
Groupe de taille intermédiaire : groupe qui n'appartient pas à la catégorie des PME, occupe moins de 5 000 personnes (en équivalent temps plein) et réalise un chiffre d'affaires annuel inférieur à 1,5 milliard d'euros ou un total de bilan inférieur à 2 milliards d'euros sur le territoire national.
Groupe de taille PME : groupe qui occupe moins de 250 personnes (en équivalent temps plein) et réalise un chiffre d'affaires annuel inférieur à 50 millions d'euros ou un total de bilan inférieur à 43 millions d'euros sur le territoire national.
Investissements corporels : investissements en actifs physiques destinés à être utilisés durablement par l'entreprise comme moyens de production (constructions, installations techniques, matériel et outillage industriels...).
L'unité légale est une entité juridique de droit public ou privé. Cette entité juridique peut être :
- une personne morale, dont l'existence est reconnue par la loi indépendamment des personnes ou des institutions qui la possèdent ou qui en sont membres ;
- une personne physique, qui, en tant qu'indépendant, peut exercer une activité économique.
Elle est obligatoirement déclarée aux administrations compétentes (greffes des tribunaux de commerce, Sécurité sociale, DGFiP...) pour exister. L'existence d'une telle unité dépend du choix des propriétaires ou de ses créateurs (pour des raisons organisationnelles, juridiques ou fiscales). L'unité légale est l'unité principale enregistrée dans Sirene.
Cette définition de l'unité légale ne doit pas être confondue avec celle de l'entreprise, considérée comme unité statistique.
Pour en savoir plus
Héricher C., Topiol A., « Les groupes français multinationaux en 2012. De plus en plus présents hors de l’Union européenne », Insee Focus n° 21, mars 2015.
Héricher C., Topiol A., « Les groupes français multinationaux en 2011, 53 % de salariés hors France », Insee Focus n° 7, juillet 2014.
Boccara F., Hecquet V., D’Isanto A., Picard T., « L’internationalisation des entreprises et l’économie française », in « Les entreprises en France », Insee Références, Édition 2013, octobre 2013.