Économie et Statistique n° 451-452-453 - 2012 La modélisation macroéconomique : continuités, tensions

Economie et Statistique
Paru le :Paru le03/01/2013
Thomas Le Barbanchon et Olivier Simon
Economie et Statistique- Janvier 2013
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Les marchés du travail français et américain face aux chocs conjoncturels des années 1986 à 2007 : une modélisation DSGE

Thomas Le Barbanchon et Olivier Simon

Jusqu'à la crise de 2008, il était fréquent d'opposer les capacités de récupération des marchés du travail américain et européen face aux chocs conjoncturels, les États-Unis étant en général considérés plus résilients, c'est-à-dire davantage affectés à court terme mais revenant plus facilement à leur trajectoire initiale. Entre 1986 et 2007, les États-Unis se sont certes caractérisés par un output gap à la fois plus fluctuant et retournant plus rapidement à l'équilibre. Mais ceci ne suffit pas à conclure à une plus forte résilience. Ceci a pu également résulter de différences dans la nature des chocs auxquels ils ont été exposés. Pour départager ces deux interprétations on s'appuie ici sur une approche structurelle directement inspirée de Christoffel et Linzert. Deux maquettes d'équilibre général intertemporelles stochastiques (DSGE) jumelles, calibrées séparément sur les États-Unis et la France, intègrent un modèle d'appariement à la Diamond, Mortensen et Pissarides. Ce modèle explique l'existence d'un chômage d'équilibre par la présence de frictions dans le processus de rencontre entre les chômeurs et les entreprises, frictions générées par l'imperfection de l'information sur les appariements possibles. L'appariement entre un chômeur et une entreprise n'est pas automatique ; à chaque instant, des chômeurs coexistent avec des emplois vacants prêts à être occupés. Cette approche montre que les écarts de résilience sont marqués pour les chocs relatifs au marché du travail (à l'avantage des États-Unis) et sont moins nets pour des chocs de productivité et de politique monétaire. On utilise les mêmes maquettes pour estimer les chocs historiques de chaque économie entre 1986 et 2007 et quantifier les contributions de chaque type de choc aux fluctuations de l'output gap : les écarts de trajectoire des deux pays s'expliqueraient surtout par des combinaisons historiques différentes de chocs, plus que par des capacités différentes d'absorption de ces chocs.

Economie et Statistique

No 451-453

Paru le :03/01/2013