Économie et Statistique n° 429-430 - 2009 Bas salaires et marché du travail
Les politiques d'allégements ont-elles un effet sur la mobilité salariale des travailleurs à bas salaires ?
Bertrand Lhommeau et Véronique Rémy
Cet article cherche à déterminer les effets des allégements de cotisations sociales employeur sur la politique salariale des entreprises à l'égard des travailleurs à bas salaires. Une approche théorique à l’aide d’un modèle d’appariement suggère que les allégements ont un effet ambigu sur le taux de croissance des salaires : d'un côté, le coût moyen du travail est réduit et le surplus ainsi dégagé par les entreprises peut être en partie utilisé pour accélérer la promotion salariale. De l’autre, le coût marginal du travail augmente en raison de la dégressivité des allégements, ce qui renchérit d'autant le coût d'une augmentation de salaire brut. Ces conclusions théoriques sont rapprochées d’une estimation d’un modèle à effets fixes étudiant les déterminants du taux de croissance des salaires, réalisée pour des bas salaires (salaires mensuels inférieurs à 1,3 Smic). Cette estimation utilise un panel d’individus restés au moins trois ans dans la même entreprise, ces personnes étant suivies sur une période de vingt ans. Elle confirme l’existence des deux effets antagonistes et permet de les isoler : l'effet négatif de la progressivité du coût marginal sur la mobilité salariale des travailleurs à bas salaires l'emporte. Cet effet négatif est moins accusé si l’on élargit la définition des bas salaires à 1,8 Smic.
Economie et Statistique
No 429-430
Paru le :20/08/2010