Économie et Statistique n° 371 - 2004 Les familles ouvrières et le devenir de leurs enfants - Présence syndicale dans les établissements et écarts de salaire hommes-femmes - Le revenu selon l'origine sociale - Les groupes et le renouvellement du tissu productif
Le revenu selon l'origine sociale
Arnaud Lefranc, Nicolas Pistolesi et Alain Trannoy (un commentaire de Louis-André Vallet - Mobilité sociale : l'approche sociologique et l'approche économique se complètent)
Les descendants de cadres sont-ils avantagés par rapport aux descendants d'ouvriers en termes de niveau de vie ?Cette question amène à analyser les distributions de revenus offertes aux ménages selon la catégorie socioprofessionnelle du père du chef de famille. Ces distributions de revenus sont assimilées à des loteries dont le rendement et le risque font l'objet d'estimations à partir des cinq vagues des enquêtes Budget de Famille réalisées entre 1979 et 2000. La comparaison de ces loteries permet d'évaluer le degré d'inégalité des chances. L'inégalité des chances de revenu n'a pas disparu au cours des deux dernières decennies et cette persistance provient en grande partie des écarts de revenus espérés. Les écarts de risque inhérent à chaque loterie sont en effet de faible ampleur. En 2000, un descendant de cadre peut espérer bénéficier d'un niveau de vie de 50 % supérieur à celui d'un descendant d'ouvrier. L'écart a diminué de 20 points en vingt ans. En revanche, les descendants de non-salariés, et en particulier ceux des agriculteurs,ont de meilleures perspectives de revenu qu'auparavant. Au total, la hiérarchie des revenus selon l'origine sociale a peu changé mais s'est resserrée. Les résultats plaident donc pour une réduction du degré de l'inégalité des chances. Cette évolution du revenu espéré est décomposée entre mobilité sociale et évolution du revenu par catégorie socioprofessionnelle : l'amélioration des perspectives des descendants d'indépendants et d'agriculteurs provient surtout d'une rémunération accrue des métiers auxquels ils se destinent. À l'opposé, l'érosion de l'avantage des descendants de cadres traduit leur difficulté croissante à rester dans leur groupe social d'origine, en dépit de l'augmentation de la proportion de cadres dans la population. L'inégalité des chances provenant de la CSP du père ne contribue que pour une part assez faible à l'inégalité globale. Cette part a tendance à diminuer au cours du temps.
Economie et Statistique
No 371
Paru le :01/12/2004