Insee FocusL’industrie automobile : redressement de la production en 2014

Élisabeth Rignols, division Industrie et agriculture, Insee

En 2014, la production en volume de l’industrie automobile se redresse (+ 3 %) grâce à l’amélioration de la demande. Le commerce extérieur est également plus dynamique mais le déficit extérieur s’alourdit légèrement et atteint - 2,9 milliards d’euros en valeur. L’emploi salarié continue de diminuer. En 2013, l’industrie automobile réalise un chiffre d’affaires de 102 milliards d’euros et emploie 226 000 salariés. Il contribue pour 7 % à la valeur ajoutée de l’industrie manufacturière. Le taux de marge, bien qu’encore dégradé, s’améliore.

Insee Focus
No 48
Paru le :Paru le14/12/2015
Élisabeth Rignols, division Industrie et agriculture, Insee
Insee Focus No 48- Décembre 2015

En 2014, redressement de la production ...

En 2014, la production en volume de la branche automobile se redresse (+ 3 %) après deux années consécutives de baisse (- 16,4 % sur deux ans). Elle bénéficie du retournement à la hausse de l’investissement et des exportations et du quasi-arrêt du recul de la consommation des ménages. La production avait chuté lors de la crise de 2008-2009 (- 35,3 % sur deux ans), puis avait rebondi aux cours des deux années suivantes mais sans retrouver son niveau d’avant la crise (figure 1). Au total, en 2014, elle a diminué de 30,5 % depuis 2007, soit beaucoup plus que la production de l’ensemble de l’industrie manufacturière (- 10,2 %).

Figure 1Production par branche en volume

indice base 100 en 2000
Production par branche en volume (indice base 100 en 2000)
Industrie manufacturière Industrie automobile
2000 100,0 100,0
2001 102,0 105,2
2002 100,2 105,8
2003 98,5 103,0
2004 100,4 107,1
2005 100,9 104,8
2006 103,1 101,0
2007 104,6 98,9
2008 102,4 89,1
2009 90,8 64,0
2010 94,1 76,8
2011 96,9 79,8
2012 94,1 71,7
2013 93,6 66,7
2014 93,9 68,7
  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux.

Figure 1Production par branche en volume

  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux.

... et des échanges extérieurs, mais léger creusement du déficit

En 2014, les échanges extérieurs de produits automobiles progressent, après avoir reculé au cours des deux années précédentes (figure 2). Les exportations augmentent de 1,8 % en valeur (+ 1,3 % en volume). Elles sont en particulier soutenues par les ventes de vers l’Espagne. Dans ce pays, le plan d’aide au secteur automobile (prime à la casse) est prolongé et, plus largement, la consommation privée s’améliore. À l’inverse, les exportations d’ se contractent. Les importations de produits automobiles progressent plus vite que les exportations : + 2,7 % en valeur (+ 2,9 % en volume). Les achats de véhicules comme d’équipements sont en hausse.

Figure 2Échanges extérieurs de produits automobiles

en milliards d'euros
Échanges extérieurs de produits automobiles (en milliards d'euros)
Exportations Importations
2000 43,6 33,3
2001 47,6 34,6
2002 49,0 36,1
2003 50,0 36,5
2004 54,3 40,1
2005 53,7 42,3
2006 52,4 44,3
2007 52,5 48,8
2008 47,5 48,2
2009 34,8 38,3
2010 40,2 42,6
2011 43,7 47,4
2012 41,1 43,5
2013 40,5 43,0
2014 41,3 44,1
  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux.

Figure 2Échanges extérieurs de produits automobiles

  • Champ : France.
  • Source : Insee, comptes nationaux.

Au total, le déficit du des produits automobiles se creuse légèrement en 2014 (- 2,9 milliards d’euros, après - 2,4 milliards en 2013 et en 2012) en raison de la réduction de l’excédent hors de l’Union européenne. En revanche, le déficit des échanges intra-européens de véhicules automobiles se réduit.

La baisse des effectifs salariés reste soutenue

En 2014, l’emploi salarié diminue, comme c’est le cas depuis 2005 (figure 3). Après avoir légèrement progressé au cours de la première moitié des années 2000, contrairement à l’emploi salarié manufacturier, les effectifs du secteur automobile baissent davantage que ceux de l’ensemble de l’industrie manufacturière. Ainsi, entre fin 2000 et fin 2014, l’industrie automobile a perdu 32 % de ses effectifs salariés (hors intérim), contre - 26 % dans l’industrie manufacturière ; depuis 2007, les réductions sont respectivement de 26 % et 15 %.

Figure 3Évolution de l'emploi salarié (hors intérim)

indice base 100 en 2000
Évolution de l'emploi salarié (hors intérim) (indice base 100 en 2000)
Industrie manufacturière Industrie automobile
2000 100,0 100,0
2001 99,6 101,7
2002 97,4 100,5
2003 94,8 101,5
2004 92,3 102,6
2005 90,0 100,1
2006 88,3 96,6
2007 87,1 92,5
2008 85,0 88,6
2009 80,5 82,3
2010 78,2 78,2
2011 77,8 77,9
2012 77,1 75,8
2013 75,6 71,9
2014 74,5 68,4
  • Note : les titulaires de contrats d'intérim ne sont pas classés dans les secteurs d'activité qui les emploient effectivement, mais systématiquement dans l'activité de travail temporaire.
  • Champ : France.
  • Source : Insee, estimations d'emploi au 31 décembre, données corrigées des variations saisonnières.

Figure 3Évolution de l'emploi salarié (hors intérim)

  • Note : les titulaires de contrats d'intérim ne sont pas classés dans les secteurs d'activité qui les emploient effectivement, mais systématiquement dans l'activité de travail temporaire.
  • Champ : France.
  • Source : Insee, estimations d'emploi au 31 décembre, données corrigées des variations saisonnières.

226 000 salariés et 102 milliards de chiffre d’affaires en 2013

En 2013, le secteur de l’ compte 1 900 entreprises et emploie 226 000 salariés en équivalent temps plein (ETP). Il réalise un chiffre d’affaires total de 102 milliards d’euros et une valeur ajoutée de 15 milliards d’euros (figure 4). Il totalise 12 % du chiffre d’affaires et 7 % de la valeur ajoutée de l’ensemble de l’industrie manufacturière avec 8 % de ses effectifs en ETP.

Les entreprises de 250 salariés ou plus du secteur automobile réalisent presque la totalité du chiffre d’affaires (91 %) et de la valeur ajoutée (85 %) du secteur et emploient 82 % de ses effectifs (ETP). Elles ne représentent cependant que 5 % de ses entreprises. La grande majorité (60 %) des entreprises du secteur emploient moins de 10 salariés (ETP). La prédominance des grandes entreprises est plus marquée que dans l’ensemble de l’industrie manufacturière. Les entreprises de 250 salariés ou plus n’y génèrent en effet que 58 % de la valeur ajoutée manufacturière et 48 % des emplois salariés.

La moitié de l’activité du secteur automobile est manufacturière : 48 % sont consacrés à la fabrication de véhicules automobiles, de carrosseries, de remorques (32 %) et d’équipements automobiles (16 %). Le commerce et la réparation d’automobiles et de motocycles représentent 44 % de l’activité du secteur.

Figure 4Chiffres clés de l'industrie automobile en 2013

Chiffres clés de l'industrie automobile en 2013 - Lecture : 1 900 entreprises ont pour activité principale l'industrie automobile ; elles représentent 0,9 % des entreprises dont l'activité principale relève de l'industrie manufacturière.
Entreprises (milliers) Salariés ETP (milliers) Chiffre d'affaires hors taxe (milliards d'euros) Chiffre d'affaires à l'export (milliards d'euros) Valeur ajoutée (milliards d'euros) Investissements corporels bruts hors apports (milliards d'euros)
De 0 à 9 salariés en ETP¹ 1,1 2,7 0,6 0,0 0,2 0,0
De 10 à 249 salariés en ETP 0,7 37,2 8,4 2,3 2,0 0,2
250 salariés ou plus en ETP 0,1 185,9 92,7 53,9 12,4 2,5
Ensemble des entreprises de l'industrie automobile 1,9 225,8 101,7 56,2 14,6 2,7
Ensemble des entreprises de l'industrie manufacturière 226,0 2 672,5 878,2 316,9 213,1 31,0
Poids des entreprises de l'industrie automobile² (en %) 0,9 8,4 11,6 17,7 6,9 8,7
  • 1. Équivalent temps plein. Effectifs hors intérim.
  • 2. Poids des entreprises ayant une activité principale dans le secteur de l'industrie automobile par rapport à l'ensemble des entreprises de l'industrie manufacturière.
  • Champ : France, unités légales et entreprises profilées (voir « Sources »).
  • Lecture : 1 900 entreprises ont pour activité principale l'industrie automobile ; elles représentent 0,9 % des entreprises dont l'activité principale relève de l'industrie manufacturière.
  • Source : Insee, Ésane.

Le taux de marge s’améliore en 2013

Le secteur automobile est beaucoup plus tourné vers l’extérieur que l’ensemble de l’industrie manufacturière : en 2013, 55 % de son chiffre d’affaires provient des exportations, contre 36 % pour l’ensemble manufacturier (figure 5). Industrie lourde, le secteur automobile a également une plus forte intensité capitalistique, avec 273 000 euros d’immobilisations corporelles par salarié en ETP (contre 163 000 euros pour l’industrie manufacturière). En revanche, les frais de personnel par salarié en ETP sont proches de ceux de l’industrie manufacturière (respectivement 60 000 et 58 000 euros en 2013).

En 2013, le taux de marge de l’industrie automobile s’améliore mais reste faiblement négatif : le surcroît des frais de personnel sur la valeur ajoutée se réduit. Les frais de personnel ont légèrement diminué en raison du recul des charges patronales dans le contexte de la mise en place du crédit d’impôt sur la compétitivité et l’emploi (CICE). La valeur ajoutée a augmenté. Après la crise de 2009, le taux de marge a vivement rebondi en 2010 avant de baisser en 2011 et devenir négatif en 2012.

Le taux d’investissement (corporel) a diminué pour atteindre 18 % en 2013, après 23 % en 2012, sous les effets de la hausse de la valeur ajoutée et d’une baisse des investissements. Le taux d’autofinancement est de 3 %.

Figure 5Ratios du secteur de l'industrie automobile en 2013

Ratios du secteur de l'industrie automobile en 2013
Industrie automobile Industrie manufacturière
Organisation et débouchés de la production
Taux d'exportation1 (en %) 55,2 36,1
Intensité capitalistique2 (en milliers d'euros) 273,3 162,9
Frais de personnel par salarié ETP (en milliers d'euros) 59,7 58,2
Partage de la valeur ajoutée au coût des facteurs3
Part des frais de personnel (en %) 100,3 78,7
Part de l'excédent brut d'exploitation : taux de marge (en %) -0,3 21,3
Ratios d'investissement
Taux d'investissement4 (en %) 18,5 14,5
Taux d'autofinancement5 (en %) 3,2 123,7
  • 1. Part du chiffre d'affaires à l'export dans le chiffre d'affaires total.
  • 2. Rapport entre les immobilisations corporelles brutes et l'effectif salarié en ETP.
  • 3. Valeur ajoutée de laquelle on déduit les impôts sur la production et à laquelle on ajoute les subventions d'exploitation.
  • 4. Rapport entre les investissements corporels bruts hors apport et la valeur ajoutée.
  • 5. Rapport entre la capacité d'autofinancement et les investissements corporels bruts hors apport.
  • Champ : France, unités légales et entreprises profilées (voir « Sources »).
  • Source : Insee, Ésane.

Sources

Trois sources principales :

  • les comptes nationaux annuels (base 2010) pour retracer l’évolution de la production des branches de 2000 à 2014 ;
  • les estimations d'emploi salarié pour l’évolution des effectifs salariés des secteurs d’établissement depuis 2000 ;
  • le dispositif statistique Ésane (Élaboration des statistiques annuelles d'entreprises) pour les principales caractéristiques comptables des secteurs d’activité manufacturiers en 2013. En 2013, le champ de la source Ésane couvre à la fois des unités légales et des entreprises au sens de la loi de modernisation de l'économie issues du profilage des grands groupes. En effet, actuellement, tous les groupes n’ont pas encore été profilés. Les évolutions entre 2012 et 2013 sont également présentées ici sur la base du champ de 2013.

Définitions

Branche / Branche d'activité :

Une branche (ou branche d'activité) regroupe des unités de production homogènes, c'est-à-dire qui fabriquent des produits (ou produisent des services) qui appartiennent au même item de la nomenclature d'activité économique considérée.

Au contraire, un secteur regroupe des unités statistiques (entreprises, unités légales) classées selon leur activité principale.

L’industrie automobile correspond à la division 29 de la nomenclature NAF rév.2. Elle comprend la fabrication de véhicules automobiles (groupe 29.1 de la NAF), la fabrication de remorques et de semi-remorques (groupe 29.2) et la fabrication d’équipements automobiles (groupe 29.3).

Le solde des échanges extérieurs (CAF/FAB) retracé dans les comptes nationaux est la différence entre la valeur des exportations FAB et celle des importations CAF.

Secteur d'activité / Secteur :

Un secteur regroupe des entreprises de fabrication, de commerce ou de service qui ont la même activité principale (au regard de la nomenclature d'activité économique considérée).

L'activité d'un secteur n'est donc pas tout à fait homogène et comprend des productions ou services secondaires qui relèveraient d'autres items de la nomenclature que celui du secteur considéré.

Au contraire, une branche regroupe des unités de production homogènes.

Entreprise :

L'entreprise est la plus petite combinaison d'unités légales qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant d'une certaine autonomie de décision, notamment pour l'affectation de ses ressources courantes.

Emploi en nombre de personnes / Emploi en équivalent temps plein :

L'emploi peut se mesurer en nombre de personnes ayant travaillé, même pendant une durée limitée.

On peut aussi mesurer les emplois en équivalent temps-plein. C'est le nombre total d'heures travaillées dans l'activité considérée divisé par la moyenne annuelle des heures travaillées dans des emplois à plein temps sur le territoire économique. L'Insee calcule également un taux d'emploi en équivalent temps plein.

Unité légale / Entreprise-unité légale / Siren :

L'unité légale est une entité juridique de droit public ou privé. Cette entité juridique peut être :

  • une personne morale, dont l'existence est reconnue par la loi indépendamment des personnes ou des institutions qui la possèdent ou qui en sont membres ;
  • une personne physique, qui, en tant qu'indépendant, peut exercer une activité économique.

Elle est obligatoirement déclarée aux administrations compétentes (greffes des tribunaux de commerce, Sécurité sociale, DGFiP...) pour exister. L'existence d'une telle unité dépend du choix des propriétaires ou de ses créateurs (pour des raisons organisationnelles, juridiques ou fiscales). L'unité légale est l'unité principale enregistrée dans Sirene.

Remarque :

Cette définition de l'unité légale ne doit pas être confondue avec celle de l'entreprise, considérée comme unité statistique.

Exportations de biens et de services :

Les exportations de biens et de services sont des opérations (ventes, troc et dons) par lesquelles des résidents fournissent des biens et des services à des non-résidents.

Pour qu’il y ait exportations, il faut qu’il y ait changement de propriété entre résidents et non-résidents. Le déplacement physique de biens à travers les frontières nationales n’implique pas en soi l’importation ou l’exportation de ces biens.

Ainsi, par exemple les biens envoyés à l’étranger pour travail à façon ne sont plus comptés en exportations de biens, et la marchandise transformée n’est plus comptée comme une importation de biens. En revanche est comptabilisée une importation de service industriel par le pays du donneur d’ordre, d’un montant égal à la différence de valeur entre le produit fini et les intrants. Le solde total des échanges extérieurs n’est pas modifié.


Remarque :

Cette définition du Système Européen des Comptes nationaux et régionaux de 2010 (SEC 2010), basée sur le changement de propriété est cohérente avec la 6e édition du manuel de balance des paiements (BPM6).

Importations de biens et de services :

Les importations de biens et de services (P7) sont des opérations (achats, troc et dons) par lesquelles des non-résidents fournissent des biens et des services à des résidents.

Pour qu’il y ait importations, il faut qu’il y ait changement de propriété entre résidents et non-résidents. Le déplacement physique de biens à travers les frontières nationales n’implique pas en soi l’importation ou l’exportation de ces biens.

Ainsi, par exemple les biens envoyés à l’étranger pour travail à façon ne sont plus comptés en exportations de biens, et la marchandise transformée n’est plus comptée comme une importation de biens. En revanche est comptabilisée une importation de service industriel par le pays du donneur d’ordre, d’un montant égal à la différence de valeur entre le produit fini et les intrants. Le solde total des échanges extérieurs n’est pas modifié.

Remarque :

Cette définition du Système Européen des Comptes nationaux et régionaux de 2010 (SEC 2010), basée sur le changement de propriété, est cohérente avec la 6e édition du manuel de balance des paiements (BPM6).

Pour en savoir plus

« Les entreprises en France », Insee Références, Édition 2015, octobre 2015.

Rignols É., « L'industrie manufacturière : léger redressement de la production en 2014 », Insee Focus n° 39, octobre 2015.