Insee FocusHébergement et restauration : les résultats s'améliorent en 2013, malgré une légère baisse des ventes

Catherine Souquet, division Services, Insee

Le secteur de l'hébergement et de la restauration accuse en 2014 un léger fléchissement de sa production (- 1 %), tandis que, dans le même temps, ses effectifs salariés continuent de progresser (+ 0,3 %). En 2013, malgré la contraction du marché, les résultats financiers se redressent, soutenus par le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, alors que l'investissement corporel reste stable.

Insee Focus
No 41
Paru le :Paru le06/11/2015
Catherine Souquet, division Services, Insee
Insee Focus No 41- Novembre 2015

La production se replie moins en 2014 qu'en 2013

En 2014, la production fléchit à nouveau dans l'hébergement-restauration (- 1 % en volume), alors qu'elle croît dans l'ensemble des services marchands (+ 1,3 % ; figure 1). Cette baisse, similaire dans l'hébergement et la restauration, est toutefois plus modérée qu'en 2013 (- 3 %), malgré l'effet négatif sur la demande du relèvement à 10 % de la TVA à taux réduit (+ 3 points). Cette contraction de la demande n'affecte pas l'emploi salarié en équivalent temps plein (ETP), qui augmente très légèrement (+ 0,3 % ; figure 2).

Figure 1Évolution de la production par branche en volume

indice base 100 en 2000
Évolution de la production par branche en volume (indice base 100 en 2000)
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
Hébergement-restauration 100,0 101,7 101,6 103,6 104,5 106,2 109,2 111,7 110,0 107,8 114,0 116,2 116,0 112,6 111,5
  Hébergement 100,0 100,8 101,0 103,6 106,5 109,5 113,4 114,8 114,0 104,7 109,0 110,6 109,6 106,5
  Restauration 100,0 102,0 101,8 103,6 103,9 105,1 107,8 110,6 108,7 108,9 115,7 118,0 118,2 114,7
Services marchands hors financiers 100,0 104,4 106,2 107,6 110,5 113,8 118,5 121,5 123,4 119,2 123,9 127,2 128,8 129,7 131,4
  • Champ : France, branches de l'hébergement et de la restauration et ensemble des branches des services marchands hors financiers.
  • Source : Insee, comptabilité nationale.

Figure 1Évolution de la production par branche en volume

  • Champ : France, branches de l'hébergement et de la restauration et ensemble des branches des services marchands hors financiers.
  • Source : Insee, comptabilité nationale.

Figure 2Évolution de l'emploi salarié en ETP, hors intérim

indice base 100 en 2000
Évolution de l'emploi salarié en ETP, hors intérim (indice base 100 en 2000)
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
Hébergement-restauration 100,0 100,9 104,2 106,4 107,6 111,9 113,8 116,7 117,6 117,7 122,4 124,6 125,6 125,4 125,7
  Hébergement 100,0 101,1 104,7 106,8 108,0 112,6 114,6 116,4 115,9 114,6 115,6 119,1 117,3 115,9
  Restauration 100,0 100,8 104,0 106,3 107,5 111,7 113,5 116,8 118,1 118,7 124,7 126,4 128,4 128,5
Services marchands hors financiers 100,0 103,7 105,4 104,4 105,5 107,9 110,8 113,9 114,9 111,7 113,4 116,0 116,0 115,8 116,7
  • Champ : France, branches de l'hébergement et de la restauration et ensemble des branches des services marchands hors financiers.
  • Source : Insee, comptabilité nationale.

Figure 2Évolution de l'emploi salarié en ETP, hors intérim

  • Champ : France, branches de l'hébergement et de la restauration et ensemble des branches des services marchands hors financiers.
  • Source : Insee, comptabilité nationale.

Ce fléchissement de l'activité entre 2012 et 2014 intervient après un redressement marqué en 2010 (+ 5,7 %) et 2011 (+ 1,9 %), imputable notamment à une diminution de 14 points de la TVA sur la restauration à la mi-2009. Cette baisse a permis, en pleine récession, au sous-secteur de la restauration de maintenir sa production en 2009 (+ 0,2 % contre - 3,4 % dans les services) et de rebondir en 2010 (+ 6,3 %) et 2011 (+ 2,0 %). Cette embellie a encouragé la création de nouveaux emplois salariés entre 2008 et 2011, à un rythme de croissance voisin de celui de la production (respectivement + 4,6 % et + 5,6 %).

Les résultats s'améliorent en 2013

En 2013, malgré la légère baisse de la production, les performances économiques du secteur se redressent par rapport à 2012. Le taux de marge, inférieur à celui constaté dans les services marchands non financiers hors sièges sociaux (29,9 %), passe de 16,9 % à 19,2 % (figure 3). Le fait de pouvoir déduire le montant du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) des charges de personnel explique, en partie, l'amélioration de ce ratio. Cette amélioration du taux de marge est plus sensible dans l'hébergement (29,7 % en 2013, soit + 5 points par rapport à 2012) que dans la restauration (15,6 %, + 1 point). L'embellie se manifeste également davantage dans les entreprises de 10 à 249 salariés (+ 5 points, contre + 1 point dans celles de 250 salariés ou plus et + 2 points dans celles de moins de 10 salariés).

Le montant des investissements bruts corporels (6,5 milliards d'euros), comme le taux d'investissement (17,2 % après 17,5 % en 2012), restent stables en 2013. Ce taux moyen masque un fort écart de comportement entre restauration et hébergement. La restauration, activité intensive en main d'œuvre, investit peu au regard de la valeur ajoutée dégagée (11,8 %). Au contraire, l'hébergement, qui requiert l'immobilisation de capitaux importants, réalise un des plus importants efforts d'investissement des services marchands (31,7 %). En 2013, le taux d'investissement s'améliore dans l'hôtellerie (+ 3 points pour la deuxième année consécutive) et les débits de boissons (+ 2 points) et baisse dans les autres activités.

Figure 3Ratios du secteur hébergement-restauration en 2013

en %
Ratios du secteur hébergement-restauration en 2013 (en %)
Hébergement et restauration Services marchands1
Organisation et débouchés de la production
Taux d'exportation 1,4 9,8
Taux de valeur ajoutée 42,5 48,0
Intensité capitalistique (en milliers d'euros) 84,6 229,0
Ratios de rentabilité
Taux de marge2 19,2 29,9
Rentabilité économique 8,9 7,9
Rentabilité financière 12,0 6,4
Ratios d'endettement, de solvabilité et de liquidité
Taux d'endettement 230,0 74,5
Ratio d'investissement
Taux d'investissement 17,2 23,1
Taux d'autofinancement 94,3 179,4
  • 1. Entreprises des secteurs principalement marchands non financiers.
  • 2. Hors sièges sociaux.
  • Champ : France, unités légales et entreprises profilées du secteur de l'hébergement et de la restauration (voir « Sources »).
  • Source : Insee, Ésane.

Des petites structures, intensives en emploi

En 2013, le secteur de l'hébergement-restauration compte 261 000 entreprises (figure 4). Il réalise un chiffre d'affaires de 90 milliards d'euros, dont 1,3 milliard à l'étranger, provenant, pour une large part, de la restauration du transport aérien.

Son tissu productif repose d'abord sur les petites unités de moins de 10 salariés. En effet, ces dernières réalisent la moitié du chiffre d'affaires et de la valeur ajoutée (VA), soit une contribution supérieure de près de quinze points à celle constatée dans l'ensemble du champ des services non financiers principalement marchands (34 %). À l'opposé, malgré la présence de quelques grands groupes internationalisés, la concentration reste modérée : les plus grandes sociétés (250 salariés ou plus) n'ont qu'un rôle secondaire (20 % de la VA au lieu de 34 %).

L'hébergement-restauration est un secteur intensif en main d'œuvre, puisque ses 758 000 salariés représentent 20 % de l'emploi hors intérim des services marchands non financiers, alors qu'il ne contribue que pour 11 % à la VA.

Par ailleurs, cette intensité s'est renforcée : entre 2000 et 2013, les effectifs salariés ont crû de 25 %, alors que la production n'augmentait parallèlement que de 13 %. Cette évolution est à relier au passage aux 35 heures et s'est faite au profit des emplois à bas salaires, notamment dans la restauration, favorisés par les différents dispositifs d'allègement de cotisations sociales.

Ce secteur se caractérise aussi, en termes d'emploi, par un nombre élevé de non-salariés (autour de 160 000) œuvrant principalement dans la restauration.

Figure 4Chiffres clés de l'hébergement et de la restauration en 2013

Chiffres clés de l'hébergement et de la restauration en 2013
Unités légales Salariés ETP Chiffre d'affaires hors taxes Chiffre d'affaires à l'export Valeur ajoutée Taux de marge Investissements corporels bruts hors apports
(milliers) (milliards d'euros)
De 0 à 9 salariés ETP1 248,5 320,8 43,8 0,4 18,3 25,1 3,3
De 10 à 249 salariés ETP 12,7 271,2 27,7 0,2 11,7 11,5 2,1
250 salariés ETP ou plus 0,1 165,7 18,2 0,7 8,1 17,0 1,1
Ensemble 261,3 757,7 89,7 1,3 38,1 19,2 6,5
Ensemble des entreprises des services principalement marchands hors services financiers 1 768,0 3 789,7 733,8 72,0 352,1 29,9 81,4
Poids des entreprises du secteur de l'hébergement-restauration2 (en %) 14,8 20,0 12,2 1,8 10,8 8,0
  • 1. Équivalent temps plein. Effectifs hors intérim.
  • 2. Poids des entreprises ayant une activité principale dans le secteur de l'hébergement ou de la restauration par rapport à l'ensemble des entreprises des services principalement marchands non financiers.
  • Champ : France, unités légales et entreprises profilées du secteur de l'hébergement et de la restauration (voir « Sources »).
  • Source : Insee, Ésane.

Un secteur dominé par la restauration

La restauration regroupe les trois quarts des effectifs, du chiffre d'affaires et de la valeur ajoutée du secteur (figure 5). Les unités y sont un peu plus petites que dans l'hébergement (2,7 salariés en moyenne contre 3,7) et l'emploi non salarié plus répandu. Les trois quarts des ventes y sont générées par les restaurants et les services de restauration mobile (75 %), le quart restant se répartissant entre les traiteurs, y compris la restauration collective (15 %), et les débits de boissons (10 %).

Dans l'hébergement, les recettes proviennent d'abord de l'hôtellerie (70 %). Les hébergements touristiques ou autres hébergements de courte durée (appartements-hôtels, maisons de vacances ou auberges de jeunesse) viennent en deuxième position avec 18 % des ventes. Enfin, les campings ne contribuent que pour 10 % au chiffre d'affaires et les autres hébergements, pour 2 %.

Figure 5Répartition des effectifs, du chiffre d'affaires et de la valeur ajoutée dans l'hébergement-restauration en 2013

en %
Répartition des effectifs, du chiffre d'affaires et de la valeur ajoutée dans l'hébergement-restauration en 2013 (en %)
Effectifs Chiffre d'affaires Valeur ajoutée
Restauration 78 74 73
Hébergement 22 26 27
  • Champ : France, unités légales et entreprises profilées du secteur de l'hébergement et de la restauration (voir « Sources »).
  • Source : Insee, Ésane.

Figure 5Répartition des effectifs, du chiffre d'affaires et de la valeur ajoutée dans l'hébergement-restauration en 2013

  • Champ : France, unités légales et entreprises profilées du secteur de l'hébergement et de la restauration (voir « Sources »).
  • Source : Insee, Ésane.

Sources

Deux sources principales :

  • les comptes nationaux annuels (base 2010) pour retracer l'évolution de la production des branches de 2000 à 2013 ;
  • le dispositif statistique Ésane (Élaboration des statistiques annuelles d'entreprises) pour les principales caractéristiques comptables des secteurs en 2012. En 2013, le champ de la source Ésane couvre à la fois des unités légales et des entreprises au sens de la loi de modernisation de l'économie, issues du profilage des grands groupes. En effet, actuellement, tous les groupes n'ont pas encore été profilés. Les évolutions entre 2012 et 2013 sont également présentées ici sur la base du champ de 2013.

Le champ de l'étude inclut l'ensemble des unités légales et des entreprises du secteur y compris les micro-entrepreneurs qui représentent 0,1 % des effectifs et 0,5 % du chiffre d'affaires et de la valeur ajoutée du secteur.

Le secteur hébergement et restauration correspond à la section I de la NAF rév. 2.

Définitions

Emploi en nombre de personnes / Emploi en équivalent temps plein :

L'emploi peut se mesurer en nombre de personnes ayant travaillé, même pendant une durée limitée.

On peut aussi mesurer les emplois en équivalent temps-plein. C'est le nombre total d'heures travaillées dans l'activité considérée divisé par la moyenne annuelle des heures travaillées dans des emplois à plein temps sur le territoire économique. L'Insee calcule également un taux d'emploi en équivalent temps plein.

Taux de marge (comptabilité nationale) :

Rapport de l'excédent brut d'exploitation (EBE) à la valeur ajoutée.

Secteur d'activité / Secteur :

Un secteur regroupe des entreprises de fabrication, de commerce ou de service qui ont la même activité principale (au regard de la nomenclature d'activité économique considérée).

L'activité d'un secteur n'est donc pas tout à fait homogène et comprend des productions ou services secondaires qui relèveraient d'autres items de la nomenclature que celui du secteur considéré.

Au contraire, une branche regroupe des unités de production homogènes.

Entreprise :

L'entreprise est la plus petite combinaison d'unités légales qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant d'une certaine autonomie de décision, notamment pour l'affectation de ses ressources courantes.

Branche / Branche d'activité :

Une branche (ou branche d'activité) regroupe des unités de production homogènes, c'est-à-dire qui fabriquent des produits (ou produisent des services) qui appartiennent au même item de la nomenclature d'activité économique considérée.

Au contraire, un secteur regroupe des unités statistiques (entreprises, unités légales) classées selon leur activité principale.

Unité légale / Entreprise-unité légale / Siren :

L'unité légale est une entité juridique de droit public ou privé. Cette entité juridique peut être :

  • une personne morale, dont l'existence est reconnue par la loi indépendamment des personnes ou des institutions qui la possèdent ou qui en sont membres ;
  • une personne physique, qui, en tant qu'indépendant, peut exercer une activité économique.

Elle est obligatoirement déclarée aux administrations compétentes (greffes des tribunaux de commerce, Sécurité sociale, DGFiP...) pour exister. L'existence d'une telle unité dépend du choix des propriétaires ou de ses créateurs (pour des raisons organisationnelles, juridiques ou fiscales). L'unité légale est l'unité principale enregistrée dans Sirene.

Remarque :

Cette définition de l'unité légale ne doit pas être confondue avec celle de l'entreprise, considérée comme unité statistique.

Pour en savoir plus

Millet N., « Les hébergements touristiques en 2014 - Recul des nuitées des touristes français et étrangers », Insee Première n° 1542, avril 2015.

Picard T., Robin M., « Le secteur de la restauration : de la tradition à la rapidité », Insee Focus n° 34, septembre 2015.

Mordier B., « Les petits restaurants ne sont pas dans leur assiette », Insee Première n° 1286, mars 2010.

Okham M., Varrambier P., « La restauration commerciale de 2002 à 2004 : stagnation de l'activité, mais hausse de l'emploi salarié », Insee Première n° 1047, novembre 2005.

Ouvrir dans un nouvel ongletMémento du tourisme 2014 - Direction Générales des Entreprises (DGE).