Insee Analyses Grand Est · Décembre 2025 · n° 208

Le Grand Est gagne en attractivité résidentielle, mais sa population continue de stagner

Au 1^er janvier 2023, 5 563 378 habitants résident dans l’une des 5 115 communes de la région, soit 8,2 % de la population française. Le Grand Est est la sixième région la plus peuplée de France, derrière l’Île-de-France, l’Auvergne-Rhône-Alpes, la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie et les Hauts-de-France. Entre 2017 et 2023, sa population croît de seulement 2 300 habitants en moyenne par an, soit une évolution annuelle très proche de 0 % (figure 1).

La région est en excédent migratoire (+0,1 % par an) et en très léger déficit naturel. Entre 2012 et 2017, c’était l’inverse : le Grand Est était en déficit migratoire et en excédent naturel (‑0,2 % et +0,2 % par an).

Le déficit migratoire de la région s’est donc transformé en excédent migratoire, avec 4 200 entrées de plus que de sorties chaque année. Au cours de la période précédente, le déficit entre les habitants qui quittaient la région et ceux qui s’y installaient était de 10 600 personnes.

Entre 2017 et 2023, près de 325 000 bébés sont nés et plus de 336 000 personnes sont décédées, soit plus de 54 000 naissances et près de 56 000 décès par an. Le déficit naturel atteint donc 1 900 personnes chaque année, alors qu’entre 2012 et 2017, l’accroissement naturel s’élevait à 10 700 personnes (61 000 naissances et 51 000 décès par an). Ainsi sur la période récente, la fécondité recule et la mortalité augmente.

Au niveau national, la population croît de 0,4 % par an en moyenne entre 2017 et 2023, comme entre 2012 et 2017. Cette hausse s’explique pour 0,15 % par son solde naturel et pour 0,24 % par son solde migratoire. En France métropolitaine, cinq régions, dont le Grand Est, ont une population qui stagne, tandis que huit régions sont en croissance démographique, comme la Corse et l’Occitanie.

Le Bas-Rhin a la plus forte croissance démographique du Grand Est : entre 2017 et 2023, sa population progresse de 0,6 % par an (figure 2), soit environ 6 400 habitants supplémentaires chaque année. Il s’agit du département le plus peuplé et pour lequel les taux d’accroissement naturel et migratoire sont les plus élevés. Il représente 21 % de la population du Grand Est en 2023, et 22 % des naissances entre 2017 et 2023. L’excédent naturel contribue pour 0,2 % par an à l’augmentation de la population du Bas-Rhin.

Entre 2017 et 2023, le Bas-Rhin affiche aussi un excédent migratoire de 0,4 % par an. Cela correspond à une hausse d’environ 4 600 habitants, soit plus que pour l’ensemble de la région (4 200). Outre le Bas-Rhin, deux autres départements sont en croissance démographique, mais très légèrement : le Haut-Rhin et la Moselle (+0,1 % par an).

Parmi ces trois départements, les plus peuplés de la région, seul le Bas-Rhin est en excédent naturel significatif entre 2017 et 2023. Dans le Haut-Rhin et la Moselle, les naissances sont à peu près aussi nombreuses que les décès. En revanche, ils gagnent tous les trois des habitants en raison d’arrivées plus nombreuses sur leur territoire que de départs.

La population stagne dans deux départements : l’Aube et la Meurthe-et-Moselle. L’Aube est en léger déficit naturel (‑0,1 % par an) et en excédent migratoire (+0,1 % par an). En Meurthe-et-Moselle, les soldes naturels et migratoires sont quasi nuls.

La Marne, les Ardennes, les Vosges, la Meuse et la Haute-Marne perdent des habitants (de ‑0,2 % à ‑0,7 % par an). Tous ces départements sont en déficit migratoire. Ils présentent également un déficit des naissances par rapport aux décès (de ‑0,2 % dans les Ardennes à ‑0,5 % en Haute-Marne) ; seule la Marne affiche un excédent naturel (+0,1 % par an).

Entre 2012 et 2017, le Bas-Rhin était déjà le département ayant la plus forte croissance démographique et le taux d’accroissement naturel le plus élevé (+0,4 % par an (figure 3)) ; en revanche, il n’avait qu’un très faible solde migratoire. Les Ardennes, la Meuse, les Vosges et la Haute-Marne avaient déjà une population en baisse.

À l’exception de l’Aube, les départements du Grand Est étaient tous en déficit migratoire ou avaient un solde migratoire proche de zéro. En revanche, seuls les Vosges et la Haute-Marne présentaient un solde naturel négatif.

Entre les deux périodes, les départements de l’Aube et de la Moselle notamment sont passés d’un excédent à un déficit naturel. Par ailleurs, la Moselle a gagné en attractivité résidentielle, puisque le département affiche désormais plus d’entrées que de sorties, et sa population augmente légèrement.

Entre 2017 et 2023, la population baisse dans 2 870 communes du Grand Est. Elle augmente dans 1 905 communes et reste stable dans les 340 autres (figure 4).

Dans la région, quatre communes sur cinq comptent moins de 1 000 habitants. Sur ces 4 147 communes, 2 399 perdent des habitants entre 2017 et 2023, soit près de la moitié des communes de la région, mais aussi 84 % des communes dont la population diminue.

Des différences géographiques apparaissent : alors que la majorité des communes de la région sont en perte démographique, les zones frontalières, les grandes villes et la plaine alsacienne gagnent de la population. En particulier, la zone frontalière avec le Luxembourg est en croissance nette, ouvrant la dynamique du sillon lorrain. Toutefois, dans les territoires frontaliers autour de Charleville-Mézières et Sedan d’une part, et autour de Forbach et Sarreguemines d’autre part, le nombre d’habitants recule.

Les communes de plus de 15 000 habitants du Grand Est gagnent des habitants (+0,3 % en moyenne par an). Elles sont à la fois en excédent naturel (+0,1 % par an) et en excédent migratoire (+0,2 % par an). Entre 2012 et 2017, l’évolution annuelle de ces communes était négative (‑0,3 %). Si le solde naturel était positif (+0,3 %), elles avaient un fort déficit migratoire (‑0,6 %).

Les communes de plus de 15 000 habitants représentent 28 % de la population du Grand Est, soit près de trois habitants sur dix. Entre 2017 et 2023, sur ces 34 communes, 16 sont en croissance démographique, 3 stagnent et 15 ont une population qui diminue.

Lingolsheim est la commune où la population augmente le plus. Elle croît en moyenne de 2,2 % par an, soit 420 habitants de plus par an pour cette commune de 20 800 habitants située dans la périphérie de Strasbourg. À l’inverse Chaumont, ville de 20 800 habitants également et préfecture de la Haute-Marne, perd le plus d’habitants, ‑0,9 %, soit 190 habitants par an en moyenne.

Cette année encore, les grandes villes et les zones frontalières attirent. Longwy est, avec Lingolsheim, l’une des deux villes de plus de 15 000 habitants les plus attractives de la région avec un taux d’évolution migratoire positif de 1,5 % par an. C’est un exemple de l’attractivité de la zone frontalière avec le Luxembourg. Les deux villes suivantes ayant les taux d’évolutions migratoires les plus élevés sont Wittenheim (+1,3 % par an) dans la périphérie de Mulhouse, et Saint-Louis (+0,9 % par an) dans la zone frontalière avec la Suisse.

Avec près de 294 000 habitants au 1^er janvier 2023, Strasbourg est la huitième ville la plus peuplée de France et la première de la région. Reims et Metz sont les deuxième et troisième ville les plus peuplées du Grand Est, avec respectivement près de 178 000 habitants et plus de 123 000 habitants (figure 5).

Les villes de Strasbourg et Metz gagnent des habitants, alors que Reims perd de la population. Pourtant les trois villes ont un excédent naturel, allant jusqu’à +0,5 % par an à Strasbourg. Mais Strasbourg et Metz sont aussi en excédent migratoire, alors que Reims est en fort déficit migratoire (‑0,9 %).

En particulier, Metz était entre 2012 et 2017 une ville en perte démographique (‑0,5 % par an). Si son solde naturel s’est légèrement dégradé, de +0,5 % à +0,3 % par an, son solde migratoire s’est complètement inversé : elle est passée d’un déficit migratoire de 1 % par an, à un excédent migratoire de 0,6 % par an entre 2017 et 2023.

Mulhouse et Nancy sont les quatrième et cinquième villes les plus peuplées de la région (respectivement 105 000 et 104 000 habitants au 1^er janvier 2023). Comme Reims, Mulhouse perd de la population (‑0,7 %) en raison notamment d’un déficit migratoire élevé (‑1,2 %) alors que son solde naturel est positif (+0,5 %). Nancy est dans la même situation, avec un taux d’accroissement naturel positif (+0,2 %) mais qui ne compense pas son déficit migratoire (‑0,3 %) : elle perd en moyenne 0,1 % de sa population par an.