Insee Analyses Pays de la Loire · Décembre 2025 · n° 151

À la lisière des grandes villes ligériennes, un essor démographique Morphologie des territoires et interactions

Sous l’effet du dynamisme démographique et du développement d’activités, les agglomérations s’étendent progressivement depuis les années 1960. Les Pays de la Loire sont particulièrement concernés par ce phénomène de périurbanisation. En effet, la croissance démographique ligérienne est soutenue, et l’habitat en maison individuelle occupe une place prépondérante. La région dispose également d’un maillage routier dense, qui facilite les déplacements au sein des aires d’attraction des villes (AAV). Ces déplacements s’effectuent notamment entre les pôles, qui concentrent trois emplois sur cinq, et leurs périphéries, aussi appelées couronnes.

En conséquence, les périphéries se développent et urbanisent progressivement l’espace, avec des enjeux socio-économiques et environnementaux variés : l’accès à l’emploi, aux équipements et aux services, les déplacements et les émissions de gaz à effet de serre, la préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers, etc.

Néanmoins, si les périphéries se développent autour de pôles de population et d’emploi, elles ne sont pas exemptes d’une vie propre et autonome.

En 2022, 2,0 millions de Ligériens habitent en périphérie d’un pôle, soit 51 % de la population régionale. Dans les Pays de la Loire, les périphéries sont relativement plus peuplées qu’en France de province (49 %). Les pôles régionaux concentrent quant à eux 1,7 million d'habitants, soit 43 % de la population, comme en France de province. La région compte moins d’habitants hors des pôles et des couronnes (6 %, contre 8 %), spécificité liée à son maillage dense de villes de taille intermédiaire (figure 1).

Si les périphéries se développent autour de pôles principalement constitués de communes denses et urbaines, elles sont surtout constituées de communes rurales, où résident 74 % de leurs habitants. Cet effet est plus marqué dans la région qu’en France de province (59 % des habitants).

Entre 2016 et 2022, la population des périphéries ligériennes augmente de 0,6 % par an en moyenne, un rythme similaire à la croissance démographique régionale. Ainsi, les couronnes contribuent pour moitié à la croissance de la population ligérienne, également portée par des pôles très dynamiques (+0,7 %). En France de province, les couronnes sont le premier moteur de la croissance démographique (+0,4 %), devant les pôles (+0,3 %).

La croissance démographique se recentre autour des grandes métropoles et de leur ceinture urbaine [Barré, 2024 ; pour en savoir plus (2)], mais ce dynamisme masque des disparités locales (figure 2). Entre 2016 et 2022, la population périphérique augmente principalement en Loire-Atlantique et en Vendée. Elle est particulièrement dynamique autour de Nantes et de La Roche-sur-Yon, dont les couronnes gagnent plus d’habitants que leur pôle. Elle croît également sur le littoral, même si la croissance démographique y est davantage portée par les pôles (Pornic, Les Sables-d’Olonne, Saint-Hilaire-de-Riez et Saint-Nazaire). La population des périphéries du Maine-et-Loire, de Mayenne et de la Sarthe augmente à un rythme plus faible. Dans ces trois départements, la croissance démographique des périphéries est moins dynamique que celle des pôles, en dehors de Laval. Ainsi, le nombre d’habitants recule de façon plus marquée que dans leurs pôles, comme dans les périphéries de Villaines-la-Juhel, d’Ernée, ou encore de Sablé-sur-Sarthe. Il diminue également dans la couronne de Doué-en-Anjou, quand son pôle gagne des habitants.

Pour accueillir cette population croissante, les périphéries de la région, urbaines comme rurales, se densifient davantage qu’elles ne s’étendent (encadré 1).

Dans la région comme en France de province, les actifs ligériens sont surreprésentés dans les couronnes. Dans les Pays de la Loire, 79 % d’entre eux habitent en périphérie, contre 74 % dans les pôles. Les familles avec enfants privilégient également la vie en périphérie. Ainsi, les Ligériens de moins de 15 ans sont plus nombreux dans les couronnes (19 %, contre 16 % dans les pôles) (figure 3), en particulier à la lisière des périphéries. Cette surreprésentation des enfants de moins de 15 ans est plus marquée dans la région qu’en France de province. Par ailleurs, les familles sont plus grandes (2,4 personnes en moyenne dans les couronnes, contre 2,0 dans les pôles).

Plusieurs facteurs contribuent à cet attrait des actifs et des familles avec enfants pour les périphéries. Les prix des logements sont plus abordables que dans les pôles et favorisent l’accès à la propriété. Par ailleurs, le maillage routier facilite la mobilité quotidienne des actifs vers les pôles d’emploi. Le développement du télétravail accentue également l’attractivité des couronnes au détriment des pôles.

Si l’emploi se concentre dans les pôles, l’activité économique est également présente dans les périphéries. Ainsi, en 2022, 43 % des actifs en emploi qui résident dans une couronne y travaillent, alors qu’ils sont 34 % à travailler dans le pôle correspondant. Au total, les périphéries concentrent 44 % des établissements et 36 % de l’emploi. Dans la région comme en France de province, ces établissements emploient davantage d’ouvriers. Les artisans, les commerçants, les chefs d’entreprises, ainsi que les agriculteurs exploitants y sont également surreprésentés. À l’inverse, les cadres, les professions intermédiaires et les employés travaillent davantage dans les pôles.

Les habitants des périphéries ligériennes bénéficient d’un accès aux services publics de proximité similaire au niveau national. Au 1^er janvier 2025, 128 espaces France Services et six antennes sont implantés sur le territoire régional, soit quatre structures pour 100 000 habitants. Ces structures regroupent plusieurs administrations et facilitent les démarches administratives de la population. La moitié sont localisées en périphérie.

Le déploiement du réseau France Services depuis début 2020 permet aux Ligériens d’accéder plus rapidement aux services publics : 6,7 minutes en moyenne en 2023, contre 11,3 minutes en 2020, soit un gain de 4,6 minutes [Hervy, 2023 ; pour en savoir plus (4)]. Toutefois, l’accessibilité à d’autres services se dégrade, notamment dans le secteur de la santé (encadré 2).