Insee Flash Pays de la Loire · Septembre 2025 · n° 158

De l’urbain vers le rural, les Ligériens s’éloignent des plus grandes villes Morphologie des territoires et interactions

Entre 1968 et 2022, la population ligérienne augmente à un rythme soutenu, avec 24 000 habitants supplémentaires chaque année, l’équivalent de la ville de Couëron. La croissance démographique régionale est plus dynamique qu’au niveau national : +0,8 % par an, contre +0,5 % en France.

En conséquence de cet élan démographique, des tensions sur l’occupation de l’espace apparaissent. Les villes s’étendent progressivement sur les campagnes, avec des enjeux environnementaux et d’aménagement des territoires.

Depuis les années 1960, les habitants s’éloignent progressivement des plus grandes villes de la région. Ce phénomène s’accélère depuis 1999 : les communes qui, tout en restant sous l’influence des grandes villes, en sont relativement distantes, sont désormais les plus dynamiques, en particulier en Loire-Atlantique et en Vendée (figure 1).

Un nombre croissant d’habitants choisissent également de s’installer sur le littoral. La population a même doublé depuis 1999 dans certaines communes plus éloignées de Nantes, comme Sainte-Pazanne et Grandchamp-des-Fontaines, ou de La-Roche-sur-Yon comme Froidfond.

Avec l’éloignement progressif de la population des grandes agglomérations, le dynamisme démographique des centres urbains faiblit : +0,5 % par an entre 1999 et 2022, contre +0,6 % par an entre 1968 et 1999 [Barré, Lalande, 2024 ; pour en savoir plus (2)].

Ce repli est davantage marqué dans les centres urbains intermédiaires, comme Carquefou, Sainte-Luce-sur-Loire, Sablé-sur-Sarthe ou Cholet. En effet, ils contribuent à 4 % de la croissance de la population ligérienne, soit trois fois moins que sur la période précédente (figure 2).

Le dynamisme démographique se réduit plus faiblement dans les grands centres urbains. Néanmoins, les communes n’évoluent pas toutes de la même manière : la croissance de population s’accélère à Nantes et à Rezé entre 1999 et 2022, après une relative stabilité démographique entre 1968 et 1999. En revanche, elle se replie nettement à Avrillé, à Saint-Herblain ou à Coulaines, après une très forte hausse entre 1968 et 1999.

Depuis 1999, les ceintures urbaines, situées à proximité des centres urbains, réduisent nettement leur apport au dynamisme ligérien (9 %, contre 19 % entre 1968 et 1999). En effet, elles bénéficient moins de la périurbanisation massive des décennies précédentes. Ainsi, leur population continue d’augmenter à un rythme soutenu (+0,9 % par an), mais bien plus faible qu’entre 1968 et 1999 (+2,1 % par an).

Dans ces communes, les habitants sont moins éloignés des principaux équipements et services. Le développement des voies routières favorise les déplacements et 48 % des ménages possèdent deux voitures ou plus, contre 41 % dans la région.

Les petites villes sont aussi densément peuplées que les ceintures urbaines, mais plus éloignées des centres. Elles contribuent de façon stable à la croissance de la population ligérienne depuis 1968 (14 %). De plus, leur dynamisme démographique reste soutenu (+1,0 % par an).

L’éloignement progressif de la population bénéficie principalement aux communes rurales. Leur dynamisme démographique s’accélère : +1,0 % par an entre 1999 et 2022, contre +0,6 % par an entre 1968 et 1999. Ce rythme ralentit légèrement sur les dernières années, mais le rural reste attractif, en particulier depuis la Covid [Morineau, Trivière, 2025 ; pour en savoir plus (1)]. En effet, les ménages se tournent davantage vers les zones rurales où les logements sont plus grands (4,7 pièces, contre 3,9 dans l’urbain) et l’accession à la propriété probablement moins contrainte. Ainsi, 76 % des ménages y sont propriétaires, contre 53 % dans les communes urbaines.

Dans le rural, les bourgs ruraux sont les principaux contributeurs de la croissance démographique ligérienne : 40 % entre 1999 et 2022, après 35 % entre 1968 et 1999. En 2022, un Ligérien sur trois réside dans un bourg rural.

En recherche d’espace et d’un prix du foncier abordable, les familles sont attirées par ces communes pour matérialiser leurs projets immobiliers. Ainsi, le nombre de logements est en forte augmentation : +1,7 % par an entre 1968 et 2022, contre +1,6 % dans la région. Adossés aux anciens villages, des quartiers plus récents apparaissent : 23 % des logements datent d’après 2006, contre 19 % dans la région. Les bourgs ruraux offrent par ailleurs un socle d’équipements et de services qui renforce leur attractivité.

À partir de 1999, les communes rurales à habitat dispersé redeviennent attractives, malgré un moindre accès aux équipements par rapport aux bourgs ruraux. La population de ces communes augmente de 1,0 % par an, contre +0,3 % par an entre 1968 et 1999, signe de l’éloignement progressif des grandes agglomérations. Ainsi, ces communes participent à hauteur de 19 % à la croissance démographique entre 1999 et 2022, soit trois fois plus que sur la période précédente.

Encore plus éloignées, les communes rurales à habitat très dispersé gagnent à nouveau des habitants depuis 1999, après une baisse de la population entre 1968 et 1999.

La grille communale de densité permet de classer les communes en fonction du nombre d’habitants et de leur répartition sur le territoire. Plus la population est concentrée et nombreuse, plus la commune est considérée comme dense.

L’appartenance à un niveau de la grille n’est pas simplement liée à la densité moyenne de population calculée sur l’ensemble de la commune : elle prend en compte la présence au sein de cette commune de zones concentrant un grand nombre d’habitants sur une faible surface.

Plus précisément, la définition retenue par l’Union européenne s’appuie sur le découpage du territoire en carreaux de 1 kilomètre de côté et sur l’agrégation de carreaux de densité équivalente, définissant des clusters. Chaque commune est ensuite affectée dans une catégorie, en fonction de la part de la population communale comprise dans les différents types de clusters.