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Insee Analyses Grand Est · Novembre 2025 · n° 204
Insee Analyses Grand EstLogement : une vulnérabilité énergétique prononcée dans le Grand Est en raison du climat et du parc

Crenner Emmanuelle, Frey Geneviève (Insee)

La région Grand Est est la troisième région de France la plus touchée par la vulnérabilité énergétique des ménages liée au logement. Cette fragilité résulte d’un climat rigoureux, d’un parc de logements plus vastes et plus anciens et de moyens de chauffage plus onéreux. Les personnes seules, en particulier les plus jeunes et les plus âgées, figurent parmi les profils les plus concernés. Les ménages du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Marne sont relativement préservés, à l’inverse de ceux de la Meuse ou des Ardennes, fortement exposés.

Insee Analyses Grand Est
No 204
Paru le :Paru le18/11/2025
Insee - Logement : une vulnérabilité énergétique prononcée dans le Grand Est.
Publication rédigée par :Crenner Emmanuelle, Frey Geneviève (Insee)

Les dépenses énergétiques des ménages du Grand Est pèsent fortement sur leurs revenus

Depuis 2010 et la loi dite « Grenelle II », la réduction de la précarité énergétique est devenue un axe prioritaire des politiques publiques sociales et environnementales.

La notion de permet d’étudier statistiquement la précarité énergétique. Elle estime le risque d’exposition d’un ménage à la précarité énergétique, qui peut être due à la faiblesse de ses ressources ou à l’inadaptation de ses conditions d’habitat.

Un ménage est dit en situation de vulnérabilité énergétique liée au logement s’il consacre plus de 9,2 % de son à ses , considérées comme nécessaires à la satisfaction de ses besoins élémentaires pour sa résidence principale. En 2021, environ 518 000 ménages sont en situation de vulnérabilité énergétique dans le Grand Est.

Dans la région, 22 % des ménages sont vulnérables du point de vue énergétique pour leur logement, contre 17 % en France métropolitaine. Le Grand Est est la troisième région la plus touchée par ce phénomène, derrière la Bourgogne-Franche-Comté et les Hauts-de-France (24 % et 23 %) (figure 1). Ces trois régions sont toutes concernées par des hivers plus froids et donc des besoins de chauffage plus importants qu’ailleurs en France. À l’inverse, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Corse (11 %) sont relativement peu touchées, grâce à un climat plus doux. La moindre vulnérabilité énergétique en Île-de-France (10 %) provient des revenus des ménages plus élevés et d’un habitat principalement composé de logements collectifs.

Figure 1Taux de vulnérabilité énergétique par région en 2021

Taux de vulnérabilité énergétique par région en 2021 - Lecture : En 2021, 22,1 % des ménages qui résident dans le Grand Est sont en situation de vulnérabilité énergétique liée au logement.
Code Région Effectifs Part de ménages énergétiquement vulnérables (en %)
27 Bourgogne-Franche-Comté 294 800 24,0
32 Hauts-de-France 554 300 22,7
44 Grand Est 518 300 22,1
24 Centre-Val de Loire 238 000 21,2
75 Nouvelle-Aquitaine 562 900 20,8
28 Normandie 292 900 20,5
53 Bretagne 303 300 20,2
84 Auvergne-Rhône-Alpes 589 900 17,3
76 Occitanie 448 100 17,1
52 Pays de la Loire 276 700 16,8
93 Provence-Alpes-Côte d'Azur 256 200 11,5
94 Corse 13 900 11,4
11 Île-de-France 465 400 9,5
France de Province 4 349 300 19,1
Ensemble 4 814 700 17,4
  • Lecture : En 2021, 22,1 % des ménages qui résident dans le Grand Est sont en situation de vulnérabilité énergétique liée au logement.
  • Champ : France métropolitaine, ménages fiscaux en logement ordinaire dont le niveau de vie est positif ou nul.
  • Sources : Insee, Fidéli 2022 ; SDES, bilan annuel de l’énergie 2021 ; Ademe, base des DPE juillet 2022-juin 2023.

Figure 1Taux de vulnérabilité énergétique par région en 2021

  • Lecture : En 2021, 22,1 % des ménages qui résident dans le Grand Est sont en situation de vulnérabilité énergétique liée au logement.
  • Champ : France métropolitaine, ménages fiscaux en logement ordinaire dont le niveau de vie est positif ou nul.
  • Sources : Insee, Fidéli 2022 ; SDES, bilan annuel de l’énergie 2021 ; Ademe, base des DPE juillet 2022-juin 2023.

Habiter dans des logements anciens, grands et chauffés au fioul aggrave la vulnérabilité énergétique

Au-delà des conditions climatiques, le Grand Est est désavantagé par un parc de logements particulièrement énergivore, qui joue un rôle déterminant dans la vulnérabilité énergétique des ménages de la région.

L’ancienneté des logements est un facteur important de vulnérabilité énergétique (figure 2). Dans la région, 30 % des ménages habitant dans un logement construit avant 1974 sont touchés par la vulnérabilité énergétique, contre 11 % pour les logements construits entre 1974 et 2000 et 6 % pour ceux construits après 2000. Les logements anciens sont plus nombreux dans le Grand Est que dans l’Hexagone (56 % contre 51 %). Au sein même des logements d’avant 1974, la vulnérabilité énergétique est plus marquée dans la région qu’en France métropolitaine (30 % contre 24 %).

Habiter dans un grand logement est le deuxième facteur de vulnérabilité. Non seulement la région compte davantage de logements de plus de 100 m2 que les autres régions, mais leurs occupants présentent également un taux de vulnérabilité supérieur de 5 points à la moyenne nationale pour les logements de cette taille. De même, vivre en maison individuelle expose davantage à la vulnérabilité que vivre en appartement (27 % contre 16 %).

Enfin, le type de chauffage accentue les écarts : 45 % des ménages se chauffant au fioul sont vulnérables, et ce mode de chauffage coûteux est plus répandu dans le Grand Est que dans l’ensemble du pays. Il est plus courant dans les logements plus anciens et son coût plus élevé est d’autant plus lourd à supporter que les logements sont plus grands.

Figure 2Part des ménages en situation de vulnérabilité énergétique selon les caractéristiques du logement

(en %)
Part des ménages en situation de vulnérabilité énergétique selon les caractéristiques du logement ((en %)) - Lecture : En 2021, 26,9 % des ménages occupant une maison sont en situation de vulnérabilité énergétique dans le Grand Est, contre 21,4 % en moyenne nationale.
Caractéristiques du logement France métropolitaine (FM) Grand Est (GE)
Type de logement
Maison 21,4 26,9
Appartement 12,0 15,6
Surface du logement
Logement de moins de 50 m2 10,5 14,1
Logement de 50 à 99 m2 16,7 19,7
Logement de 100 m2 et plus 21,7 26,8
Période de construction
Logement construit avant 1974 24,4 30,4
Logement construit entre 1974 et 2000 10,6 11,4
Logement construit après 2001 8,1 5,9
Mode de chauffage
Chauffage au fioul 42,5 45,0
Chauffage au gaz 14,9 18,1
Chauffage à l'électricité 14,3 17,6
Chauffage aux énergies renouvelables 13,7 18,4
Ensemble 17,4 22,1
  • Lecture : En 2021, 26,9 % des ménages occupant une maison sont en situation de vulnérabilité énergétique dans le Grand Est, contre 21,4 % en moyenne nationale.
  • Champ : France métropolitaine, ménages fiscaux en logement ordinaire dont le niveau de vie est positif ou nul.
  • Sources : Insee, Fidéli 2022 ; SDES, bilan annuel de l’énergie 2021 ; Ademe, base des DPE juillet 2022-juin 2023.

Figure 2Part des ménages en situation de vulnérabilité énergétique selon les caractéristiques du logement

  • Lecture : En 2021, 26,9 % des ménages occupant une maison sont en situation de vulnérabilité énergétique dans le Grand Est, contre 21,4 % en moyenne nationale.
  • Champ : France métropolitaine, ménages fiscaux en logement ordinaire dont le niveau de vie est positif ou nul.
  • Sources : Insee, Fidéli 2022 ; SDES, bilan annuel de l’énergie 2021 ; Ademe, base des DPE juillet 2022-juin 2023.

Une vulnérabilité accrue chez les ménages les plus modestes et en milieu rural

La vulnérabilité énergétique dans le Grand Est est renforcée par des niveaux de vie plus faibles qu’ailleurs : la région présente le cinquième taux de pauvreté le plus haut parmi les régions françaises. Parmi les 20 % de ménages les plus modestes, un sur deux est vulnérable (figure 3). La vulnérabilité des ménages modestes du Grand Est est accentuée lorsqu’ils habitent des logements classés F ou G.

Les propriétaires, aux niveaux de vie pourtant plus élevés en moyenne que les locataires, sont davantage exposés à la vulnérabilité énergétique (24 % contre 21 %), car ils occupent plus souvent un logement ancien et énergivore. Les locataires du parc social sont moins vulnérables que ceux du parc privé malgré des revenus plus faibles (15 % contre 21 %). Les logements sociaux sont plus souvent en habitat collectif, plus récents et plus souvent chauffés à l’électricité ou au gaz.

Figure 3Part des ménages en situation de vulnérabilité énergétique selon le profil du ménage

(en %)
Part des ménages en situation de vulnérabilité énergétique selon le profil du ménage ((en %)) - Lecture : En 2021, 36,1 % des ménages dont la personne de référence est âgée de plus de 60 ans sont en situation de vulnérabilité énergétique dans le Grand Est, contre 27,3 % en France métropolitaine.
Caractéristique du ménage France métropolitaine (FM) Grand Est (GE)
Classe d’âge de la personne de référence
Moins de 25 ans 40,1 44,9
De 25 à 60 ans 11,2 13,3
Plus de 60 ans 27,3 36,1
Statut d’occupation
Propriétaire 18,3 24,2
Locataire parc privé 17,0 20,8
Locataire parc social 13,5 15,3
Revenus
Ménages défavorisés 47,2 51,3
Autres ménages 10,5 14,7
Type de ménage
Personne seule 31,2 39,1
Autres types de ménages 7,8 9,7
Ensemble 17,4 22,1
  • Lecture : En 2021, 36,1 % des ménages dont la personne de référence est âgée de plus de 60 ans sont en situation de vulnérabilité énergétique dans le Grand Est, contre 27,3 % en France métropolitaine.
  • Champ : France métropolitaine, ménages fiscaux en logement ordinaire dont le niveau de vie est positif ou nul.
  • Sources : Insee, Fidéli 2022 ; SDES, bilan annuel de l’énergie 2021 ; Ademe, base des DPE juillet 2022-juin 2023.

Figure 3Part des ménages en situation de vulnérabilité énergétique selon le profil du ménage

  • Lecture : En 2021, 36,1 % des ménages dont la personne de référence est âgée de plus de 60 ans sont en situation de vulnérabilité énergétique dans le Grand Est, contre 27,3 % en France métropolitaine.
  • Champ : France métropolitaine, ménages fiscaux en logement ordinaire dont le niveau de vie est positif ou nul.
  • Sources : Insee, Fidéli 2022 ; SDES, bilan annuel de l’énergie 2021 ; Ademe, base des DPE juillet 2022-juin 2023.

Dans le Grand Est, la vulnérabilité énergétique s’accentue dès que l’on s’éloigne des pôles urbains. En zone rurale, les ménages sont plus exposés en raison d’un habitat plus souvent composé de maisons individuelles et plus ancien, moins bien isolé et chauffé avec des énergies plus coûteuses. Ces territoires comportent une majorité de maisons de grande taille, chauffées plus fréquemment au fioul qu’en ville, où le gaz et l’électricité sont majoritaires.

Les personnes seules sont plus souvent en situation de vulnérabilité énergétique

La vulnérabilité énergétique touche davantage les personnes vivant seules (39 %), car elles assument seules les charges du logement. C’est notamment le cas des jeunes et des personnes âgées : 63 % des moins de 25 ans et 59 % des 60 ans ou plus vivent seuls, contre 30 % des 25-59 ans. Leurs taux de vulnérabilité sont plus élevés (26 % pour les moins de 25 ans et 36 % pour les 60 ans ou plus, contre 13 % des 25-59 ans).

Les ménages les plus jeunes ont plus de difficultés à faire face aux dépenses énergétiques en raison de la modicité de leurs revenus, malgré un habitat moins énergivore et des modes de chauffage moins coûteux : près de 40 % des moins de 25 ans font partie des 20 % des ménages les plus modestes.

Souvent propriétaires, les personnes plus âgées vivent plus fréquemment dans des maisons individuelles anciennes. Leurs logements sont plus grands et plus souvent occupés par une personne seule, qui est restée dans le logement dans lequel elle a vécu avec sa famille ou son conjoint. Ces habitations sont peu rénovées et situées plus fréquemment en zone rurale. De plus, les revenus diminuent après le départ à la retraite.

Forte vulnérabilité énergétique dans les Ardennes et la Meuse

Tous les départements de la région ont un taux de vulnérabilité supérieur à la moyenne nationale. Ce taux varie fortement selon les départements : de 18 % dans le Haut-Rhin à 32 % dans les Ardennes (figure 4).

Les départements les moins exposés sont ceux du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Marne où les ménages bénéficient de revenus plus élevés, de logements mieux isolés, plus souvent chauffés au gaz ou par les réseaux urbains (figure 5).

Les départements de la Meuse et des Ardennes sont les plus exposés du fait d’un habitat très ancien et souvent mal isolé, de l’utilisation du chauffage au fioul, de ménages à plus faibles revenus.

Les taux de vulnérabilité relativement élevés des Vosges et de la Haute-Marne (27 % et 29 %) sont liés au climat plus rigoureux, à la forte présence de maisons anciennes, dont la consommation énergétique est coûteuse, auxquels s’ajoutent des revenus plus faibles.

La Moselle et l’Aube présentent des taux de vulnérabilité identiques (24 %). Alors que la Moselle a des caractéristiques proches des moyennes régionales (revenus relativement élevés mais dépenses énergétiques importantes), les ménages de l’Aube combinent revenus faibles et bâti moins performant, ce qui alourdit les dépenses énergétiques, partiellement compensées par des combustibles moins onéreux.

Enfin, le taux de vulnérabilité énergétique de la Meurthe-et-Moselle est proche de la moyenne du Grand Est ; les ménages utilisent des combustibles moins coûteux, ce qui contrebalance des revenus légèrement inférieurs à la moyenne régionale.

Figure 4Taux et profils de vulnérabilité des départements

Taux et profils de vulnérabilité des départements - Lecture : Le département des Ardennes a un taux de vulnérabilité de 31,9 %. Ses habitants cumulent des dépenses énergétiques élevées et des revenus faibles.
Code département Libellé département Taux de vulnérabilité (en %) Dépenses énergétiques Revenus
08 Ardennes 31,9 élevées faibles
10 Aube 24,4 élevées faibles
51 Marne 18,9 faibles élevés
52 Haute-Marne 29,3 élevées faibles
54 Meurthe-et-Moselle 21,7 faibles faibles
55 Meuse 31,2 élevées élevés
57 Moselle 23,7 élevées faibles
67 Bas-Rhin 18,1 faibles élevés
68 Haut-Rhin 17,6 faibles élevés
88 Vosges 27,3 élevées faibles
  • Lecture : Le département des Ardennes a un taux de vulnérabilité de 31,9 %. Ses habitants cumulent des dépenses énergétiques élevées et des revenus faibles.
  • Champ : France métropolitaine, ménages fiscaux en logement ordinaire dont le niveau de vie est positif ou nul.
  • Sources : Insee, Fidéli 2022 ; SDES, bilan annuel de l’énergie 2021 ; Ademe, base des DPE juillet 2022-juin 2023.

Figure 4Taux et profils de vulnérabilité des départements

  • Lecture : Le département des Ardennes a un taux de vulnérabilité de 31,9 %. Ses habitants cumulent des dépenses énergétiques élevées et des revenus faibles.
  • Champ : France métropolitaine, ménages fiscaux en logement ordinaire dont le niveau de vie est positif ou nul.
  • Sources : Insee, Fidéli 2022 ; SDES, bilan annuel de l’énergie 2021 ; Ademe, base des DPE juillet 2022-juin 2023.

Figure 5Les composantes de l’écart de vulnérabilité entre les départements du Grand Est et l’ensemble de la région

(en %)
Les composantes de l’écart de vulnérabilité entre les départements du Grand Est et l’ensemble de la région ((en %)) - Lecture : Dans les Ardennes, le taux de vulnérabilité énergétique est supérieur de 9,7 points à celui de l’ensemble de la région. Cet écart s’explique principalement par une qualité de l’isolation nettement plus dégradée (+3,9 pts) et des revenus plus faibles (+5,3 pts).
Département Type de logement Qualité de l’isolation Combustible Climat Revenus Autres Taux de vulnérabilité
Haut-Rhin -0,3 -1,7 0,2 0,3 -2,6 -0,3 -4,5
Bas-Rhin -0,7 -1,8 0,5 -0,2 -2,2 0,4 -4,1
Marne -1,2 1,5 -0,7 -0,3 -0,6 -1,9 -3,2
Meurthe et Moselle -0,3 0,7 -1,1 -0,2 0,4 0,0 -0,4
Moselle 0,3 0,2 -0,4 -0,3 0,5 1,2 1,6
Aube -0,2 1,9 -0,8 -0,3 2,5 -0,9 2,3
Vosges 1,2 -1,1 1,2 2,1 2,1 -0,3 5,2
Haute-Marne 1,5 0,9 0,7 0,1 3,6 0,3 7,2
Meuse 4,2 1,2 2,1 -0,3 1,8 0,1 9,1
Ardennes 0,8 3,9 0,3 -0,3 5,3 -0,3 9,7
  • Lecture : Dans les Ardennes, le taux de vulnérabilité énergétique est supérieur de 9,7 points à celui de l’ensemble de la région. Cet écart s’explique principalement par une qualité de l’isolation nettement plus dégradée (+3,9 pts) et des revenus plus faibles (+5,3 pts).
  • Champ : France métropolitaine, ménages fiscaux en logement ordinaire dont le niveau de vie est positif ou nul.
  • Sources : Insee, Fidéli 2022 ; SDES, bilan annuel de l’énergie 2021 ; Ademe, base des DPE juillet 2022-juin 2023.

Figure 5Les composantes de l’écart de vulnérabilité entre les départements du Grand Est et l’ensemble de la région

  • Lecture : Dans les Ardennes, le taux de vulnérabilité énergétique est supérieur de 9,7 points à celui de l’ensemble de la région. Cet écart s’explique principalement par une qualité de l’isolation nettement plus dégradée (+3,9 pts) et des revenus plus faibles (+5,3 pts).
  • Champ : France métropolitaine, ménages fiscaux en logement ordinaire dont le niveau de vie est positif ou nul.
  • Sources : Insee, Fidéli 2022 ; SDES, bilan annuel de l’énergie 2021 ; Ademe, base des DPE juillet 2022-juin 2023.

Encadré - Partenariat

L’étude a été réalisée dans le cadre d’un partenariat entre la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) et la direction régionale de l’Insee du Grand Est.

La lutte contre la précarité énergétique des ménages est un enjeu majeur dans le Grand Est. La Dreal et l’Insee collaborent de longue date pour alimenter la connaissance en matière de vulnérabilité énergétique des logements dans la région, et ainsi faciliter la mise en œuvre de réponses territoriales adaptées. Celles-ci s’appuient notamment sur l’amélioration de la qualité énergétique des logements grâce aux aides de l'Anah (Agence nationale de l'habitat), qui ciblent prioritairement les publics modestes et très modestes. Cette étude, basée sur les données les plus récentes, souligne l'importance de poursuivre la politique d’adaptation des logements aux changements climatiques, en hiver comme en été.

Publication rédigée par :Crenner Emmanuelle, Frey Geneviève (Insee)

Pour comprendre

Pour réaliser des estimations de vulnérabilité énergétique à un niveau géographique fin, l’étude repose sur les de la base de l’Agence de la transition écologique (Ademe), enregistrés entre juillet 2022 et juin 2023. Un travail d’appariement avec le Fichier démographique sur les logements et les individus (Fidéli) 2022 a été effectué. Les données ainsi produites couvrent une partie seulement de l’ensemble des résidences principales de France métropolitaine. Elles ont été pondérées par calage, afin de retrouver les structures essentielles du parc immobilier au 1er janvier 2023. Grâce à l’ensemble des informations disponibles dans les diagnostics, ainsi qu’aux données sur les revenus des ménages et des prix des énergies en 2021, on estime alors le taux de vulnérabilité des ménages du territoire.

À noter que la méthode utilisée dans cette étude n’est pas comparable avec celle utilisée dans le Dossier « Vulnérabilité énergétique dans le Grand Est », publiée en janvier 2019.

Une modélisation linéaire permet d’estimer les effets sur la part des ménages vulnérables d’un territoire par rapport à un autre, comme la somme de quatre effets :

  • un effet « bâti » : il correspond aux caractéristiques moyennes du parc local de résidences principales, réparties en trois catégories :
    • le type de logement (appartement ou maison, logement social, surface, etc.),
    • la qualité de l’isolation (coefficient moyen de déperdition énergétique du logement, indice d’isolation moyen),
    • le type de combustible,
  • un effet « revenu » basé sur le revenu moyen des ménages et le taux de pauvreté,
  • un effet « climat » basé sur les pourcentages de logements relevant de chacune des huit catégories climatiques et des trois classes d’altitude, utilisées dans les calculs officiels des DPE,
  • un effet « résiduel » (ou spécificité territoriale), qui correspond à l’ensemble des effets non pris en compte par le modèle ; il peut s’entendre comme relevant des spécificités du territoire.
Publication rédigée par :Crenner Emmanuelle, Frey Geneviève (Insee)

Définitions

Le diagnostic de performance énergétique (DPE) renseigne sur la performance énergétique d’un logement en évaluant la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre conventionnelles au m2, pour un usage standard. L’étiquette attribuée, de A (logement le plus économe en énergie) à G (logement le plus énergivore), dépend ainsi des caractéristiques du bâti (dont les combustibles utilisés) et de l’ampleur des besoins du fait du climat local. L’établissement de ces diagnostics s’inscrit dans le cadre de la politique énergétique définie au niveau européen qui vise à réduire la consommation d’énergie des bâtiments.

Un ménage est dit en situation de vulnérabilité énergétique liée au logement s’il consacre plus de 9,2 % de son revenu disponible aux dépenses énergétiques conventionnelles liées à sa résidence principale, soit plus du double de la médiane métropolitaine. Dans cette étude, comme dans les autres études de l’Insee depuis 2024, les ménages dont le niveau de vie dépasse le troisième quartile observé en France métropolitaine sont considérés comme ne pouvant pas être dans cette situation.

Le revenu disponible d’un ménage est le revenu à sa disposition pour consommer et épargner. Il comprend les revenus d’activité nets de cotisations sociales, les indemnités de chômage, les retraites et pensions, les revenus du patrimoine (fonciers et financiers) et les autres prestations sociales perçues, nettes d’impôts.

Les dépenses énergétiques conventionnelles liées au logement correspondent à un usage standard du logement occupé. Elles sont évaluées sur la base de la consommation conventionnelle d’énergie associée au diagnostic de performance énergétique (DPE) et portent sur cinq usages de l’énergie pour le logement : le chauffage, la production d’eau chaude sanitaire, le refroidissement, l’éclairage et le fonctionnement des auxiliaires de ventilation mécanique contrôlée (VMC). Le chauffage et l’eau chaude représentent en France plus de 95 % des dépenses énergétiques considérées ici. La taille du ménage et ses comportements réels ne sont pas pris en compte dans cette estimation. Mais la surface du logement est utilisée dans le DPE.

Pour en savoir plus

(1) Crenner E., Rousseau L., « La rénovation des logements, levier majeur pour faire face à la vulnérabilité énergétique », Insee Flash Grand Est no 111, novembre 2025.

(2) Lenzi É., Masson K., Mora V., Prusse S., « Près de 5 millions de ménages en situation de vulnérabilité énergétique pour leur logement en 2021 », Insee Analyses no 106, avril 2025.

(3) Beck S., Masson K., Mora V., Prusse S., « Une estimation du taux de vulnérabilité énergétique des ménages pour le logement », Documents de travail no 2025‑01, Insee, janvier 2025.

(4) Delhomme I., Trivière S., « Logement : un ménage ligérien sur six confronté à la vulnérabilité énergétique », Insee Analyses Pays de la Loire, no 139, janvier 2025.

(5) Fidani G., Méreau B., « Logement : plus d’un ménage sur dix en situation de vulnérabilité énergétique », Insee Analyses Provence-Alpes-Côte d’Azur, no 133, septembre 2024.

(6) Ducharne T., Anh Van L., « Vulnérabilité énergétique dans le Grand Est », Insee Dossier Grand Est no 10, janvier 2019.