Insee Analyses Normandie · Novembre 2025 · n° 149

Du Mont-Saint-Michel au Tréport : l’attractivité touristique de la Normandie dépend essentiellement de son littoral

En 2025, 36 700 emplacements de campings et 26 800 lits dans les hôtels sont proposés en Normandie, soit 4 % de l’offre métropolitaine. Les autres hébergements collectifs de tourisme normands (AHCT : villages de vacances, auberges de jeunesse, etc.) représentent 6 400 logements, soit 3 % de l’offre nationale (figure 1).

Le Calvados concentre à lui seul plus du tiers de l’offre dans les campings et les hôtels, et près de la moitié dans les AHCT. La Manche compte également de nombreux emplacements de campings (plus du tiers de l’offre régionale). La Seine-Maritime, qui compte deux des trois plus grandes agglomérations de la région, regroupe un tiers des lits des hôtels de la région.

En Normandie, l’offre est moins fournie qu’ailleurs en hébergements de gamme supérieure, en particulier s’agissant des hôtels. Seuls 21 % des lits d’hôtels et 40 % des emplacements de campings sont proposés dans un hébergement de 4 ou 5 étoiles, contre respectivement 29 % et 44 % en France métropolitaine. Au sein des départements, seul le Calvados fait exception avec 29 % des lits et 61 % des emplacements proposés dans des hébergements de 4 ou 5 étoiles.

En Normandie – région dotée d’une façade maritime longue de 640 kilomètres – comme dans les autres régions concernées, le littoral est une destination touristique toujours prisée. Dans la région, la moitié de l’offre hôtelière, près des deux tiers de l’offre d’AHCT et les trois quarts de l’offre de campings de la région sont situés à moins de 5 kilomètres du bord de mer.

Bien que l’offre de campings reste modérée dans la région, le taux d’occupation dans ces hébergements est, en Normandie, le deuxième plus élevé parmi les régions de France métropolitaine, tant sur les emplacements nus (38 % contre 34 % au niveau national) qu’équipés (56 % contre 51 % au niveau national). En revanche, les hôtels de la région ne font pas le plein, la région se classe 12^e sur 13 concernant leur taux d’occupation (55 %, devant l’Occitanie) et en 11^e position s’agissant des AHCT (52 %, devant l’Occitanie et la Corse). Ces différences de taux d’occupation peuvent refléter des dates d’ouverture différentes pour l’hôtellerie de plein air ou une moindre fréquentation en mi-saison. Au mois d’août, au plus fort de la saison estivale, le taux d’occupation des établissements normands dépasse ainsi les 70 %, tant dans les hôtels que dans les campings.

En raison de la richesse de son patrimoine et de sa position de premier plan pour le tourisme d’affaires, l’Île-de-France concentre à elle seule 19 % des nuitées enregistrées en France hexagonale entre 2022 et 2024 ; principalement dans les hôtels et majoritairement par des non-résidents (figure 2). Les départements de la côte méditerranéenne (Corse incluse) concentrent également 19 % des nuitées, et ceux de la côte atlantique 18 %, majoritairement dans les campings. L’attrait des touristes pour la façade de la Manche est moins prononcé : les départements bordant la Manche concentrent 10 % des nuitées.

En moyenne, la Normandie enregistre plus de 16 millions de nuitées par an (4 % du total de France métropolitaine), dont la moitié dans les hôtels. Près de 45 % d’entre elles sont enregistrées dans le seul département du Calvados. Avec 25 % des nuitées, la part de la clientèle non résidente est similaire dans la région à la moyenne nationale hors Île-de-France. Du fait de la proximité géographique de ces pays, plus des deux tiers de la fréquentation non résidente en Normandie viennent des Pays-Bas, du Royaume-Uni, d’Allemagne ou de Belgique.

En regroupant les points d’intérêt touristique les plus proches les uns des autres, il est possible de définir un ensemble de « zones d’intérêt » du point de vue du tourisme (sources). L’objectif est ici d’étudier le lien entre l’offre touristique d’une destination en termes de nombre et de diversité de lieux à visiter et la fréquentation des hébergements marchands.

En termes de densité de points touristiques, la Normandie apparaît dans une position singulière : à proximité immédiate de la région capitale, une des premières destinations touristiques au monde et avec un littoral richement doté en paysages remarquables, lieux de mémoire ou autres points d’intérêt. Parmi les territoires limitrophes de l’Île-de-France, la région normande propose un grand nombre de points d’intérêt touristique.

Quelles que soient les « zones d’intérêt », la fréquentation touristique n’apparaît toutefois pas nettement en lien avec l’importance du nombre de points d’intérêt (figure 3). Ainsi, à l’échelle métropolitaine, la fréquentation est élevée sur la côte atlantique ou dans le massif des Alpes où la densité en points d’intérêt touristique est modérée. L’attractivité y repose davantage sur le littoral ou les stations de montagne. À l’échelle régionale, dans la zone partant de la Côte Fleurie et s’étalant vers le Pays d’Auge, mais aussi dans celle entourant la Baie de Somme, la fréquentation est également soutenue malgré une densité de points d’intérêt assez hétérogène. Au sein de ces territoires, la présence de nombreuses stations balnéaires souvent prisées des résidents d’Île-de-France, telles que Le Touquet-Paris Plage, Le Crotoy, Deauville ou Cabourg, dope la fréquentation touristique.

Toutefois, certaines zones présentent à la fois de nombreux points d’intérêt et un nombre important de nuitées, notamment lorsqu’elles accueillent un tourisme patrimonial ou historique. À titre d’exemple, c’est le cas du Périgord et de la Drôme, ou de la vallée de la Loire et ses châteaux. En Normandie, les plages du débarquement attirent aussi de nombreux visiteurs sur un périmètre restreint. En outre, les nuitées drainées par le Mont-Saint-Michel sont nombreuses mais se situent majoritairement du côté breton.

En effet, certaines zones peuvent héberger de nombreux points d’intérêt touristique ou des points d’intérêt touristique fortement fréquentés mais attirer davantage de visiteurs à la journée, les touristes logeant ensuite en périphérie de ces zones. En Normandie, le Vexin normand est également doté d’un site spécifique à fort flux touristique (le jardin de Claude Monet à Giverny). Mais l’Île-de-France, région limitrophe à plus forte concentration de points d’intérêt touristique et sensiblement mieux dotée en offre d'hébergements, semble bénéficier des nuitées induites par le site précité.

En 2022, 177 000 logements sont fiscalement classés comme des résidences secondaires en Normandie. Signe de l’attractivité de la région, une large majorité de ces résidences (63 %, soit 111 000 logements) appartient à des ménages dont la résidence principale se trouve en dehors de la Normandie. Il s’agit de la plus forte proportion observée au sein des régions métropolitaines, devant celle de la Corse (62 %). Le plus souvent, les résidences secondaires normandes appartiennent à des ménages résidant en Île-de-France (44 %). En revanche, la région attire peu les propriétaires de résidences secondaires vivant à l’étranger (5 % contre 9 % au niveau national).

Dans la région, la moitié des résidences secondaires appartenant à des propriétaires extrarégionaux se situent à moins de deux kilomètres du bord de mer. La part qu’elles occupent dans l’ensemble du parc de logements est donc particulièrement élevée dans plusieurs établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) littoraux (figure 4). Cette proportion atteint notamment 53 % dans la communauté de communes (CC) Cœur Côte Fleurie, seul EPCI de France pour lequel la majorité des logements sont des résidences secondaires détenues par des propriétaires vivant à l’extérieur de la région. Elle est également particulièrement élevée dans celle de Normandie-Cabourg-Pays d’Auge (38 %, 9^e position parmi l’ensemble des 1 242 EPCI de France métropolitaine). Ces deux intercommunalités concentrent à elles seules 30 % des résidences secondaires de Normandie détenues par des propriétaires résidant à l’extérieur de la région. Toujours près des côtes, ces résidences secondaires représentent plus de 10 % des logements dans les CC Granville, Terre et Mer, Cœur de Nacre, Pays de Honfleur-Beuzeville, et Côte d’Albâtre. Dans ces EPCI, les ménages propriétaires de résidences secondaires viennent là encore le plus souvent d’Île-de-France.

Au sein des EPCI non littoraux, la part de ces résidences secondaires dépasse également 10 % dans plusieurs intercommunalités du sud de l’Orne où l’on retrouve une forte proportion de propriétaires franciliens. Dans le sud-ouest de la région, en particulier dans la communauté d’agglomération du Mont Saint-Michel et plusieurs EPCI limitrophes, les propriétaires de résidences secondaires viennent plus souvent de l’étranger, notamment du Royaume-Uni.

Les propriétaires venant d’autres régions sont généralement plus âgés : 66 % ont plus de 60 ans, contre 56 % pour les propriétaires normands. Les propriétaires franciliens possèdent plus souvent des résidences secondaires situées à moins de 2 kilomètres du littoral : 57 % contre seulement 46 % pour ceux venant de Normandie. La surreprésentation des propriétaires originaires de l’Île-de-France résulte d’un niveau de vie souvent plus élevé : 44 % des ménages franciliens possédant une résidence secondaire normande ont un niveau de vie annuel supérieur à 41 000 euros, contre 27 % de ceux venant d’une autre région et 20 % des propriétaires normands.