Entre 1996 et 2023, le salaire net moyen en équivalent temps plein (EQTP) des salariés du secteur privé a augmenté de 13,0 %, en euros constants (c’est-à-dire corrigé de l’inflation), soit +0,5 % par an en moyenne. Le salaire des ouvriers a progressé de 15,9 % sur cette période, soit plus rapidement que celui des autres catégories socioprofessionnelles : +10,6 % pour les employés, +0,5 % pour les cadres et +1,0 % pour les professions intermédiaires. Les salaires d’une partie des employés et des ouvriers, notamment les moins qualifiés, sont proches du Smic et peuvent bénéficier de ce fait de ses revalorisations, directement ou par un effet de diffusion, au travers notamment d’accords de branche. Les salaires des cadres sont quant à eux davantage sensibles aux chocs conjoncturels car ils intègrent une part variable en général plus importante que pour les autres catégories socioprofessionnelles.

Sur une période plus récente, entre 2013 et 2023, le salaire net moyen en EQTP a progressé de 3,2 % en euros constants dans le privé, soit une hausse de 0,3 % par an en moyenne. Les évolutions sont atypiques sur les dernières années : forte hausse en 2020 puis baisses de 2021 à 2023 ; elles résultent d'abord de modifications temporaires dans la composition de l’emploi, imputables à la crise sanitaire (les périodes de chômage partiel et les destructions momentanées d’emploi ont en effet davantage concerné les emplois les moins rémunérateurs, rehaussant ainsi mécaniquement le salaire moyen de façon temporaire) puis de la forte hausse des prix depuis fin 2021, l’inflation atteignant en moyenne +5,2 % en 2022 et +4,9 % en 2023.

Sur la même période, entre 2013 et 2023, le salaire net moyen en EQTP dans l’ensemble de la fonction publique a augmenté de 1,2 % en euros constants (+0,1 % par an en moyenne). En légère baisse durant la décennie 2010, il a rebondi depuis 2020, en particulier dans la fonction publique hospitalière (FPH), à la faveur des primes exceptionnelles versées durant la crise sanitaire puis des mesures de revalorisations prises dans le cadre des accords du Ségur de la Santé (+7,4 % en euros constants entre 2013 et 2023). Sur cette même période, le salaire net moyen en EQTP a augmenté de 0,9 % en euros constants dans la fonction publique territoriale (FPT), et a diminué de 1,4 % en euros constants dans la fonction publique de l’État (FPE). Le salaire net moyen en EQTP des fonctionnaires a augmenté de 2,0 % entre 2013 et 2023 : -1,8 % pour les fonctionnaires de catégorie A, -6,3 % pour ceux de catégorie B et +1,5 % pour ceux de catégorie C. La forte baisse constatée pour les fonctionnaires de catégorie B est en grande partie imputable à des reclassements de corps dans la FPH. Celui des non-fonctionnaires (hors personnels médicaux) a augmenté de 2,3 % en dix ans : avec des salaires inférieurs à ceux des agents fonctionnaires, ils ont davantage bénéficié des mesures de préservation du pouvoir d’achat sur les dernières années. Le salaire net des personnels médicaux a progressé 6,3 % entre 2013 et 2023, leur rémunération ayant été soutenue par diverses mesures d’attractivité de l’exercice médical à l’hôpital public au cours des dernières années (hausse de la rémunération des heures supplémentaires, revalorisation de l’indemnité d’engagement de service public exclusif, refonte des grilles salariales des praticiens hospitaliers...).

L’écart de salaire net moyen en EQTP entre femmes et hommes dans le secteur privé est de 13,3 % en 2023, en incluant apprentis et stagiaires rémunérés (en les excluant, l’écart est de 13,5 %). Cet écart résulte pour partie des différences de structure des emplois des femmes et des hommes, notamment par secteur et niveau de qualification. Il s’est réduit de près de 9,0 points entre 1996 et 2023, soit environ -0,3 point par an. En effet, le salaire net moyen en EQTP en euros constants des femmes a progressé plus rapidement que celui des hommes sur la période : +0,8 % par an en moyenne pour les premières, contre +0,3 % pour les seconds. Cela résulte notamment de la hausse de la part des femmes parmi les emplois les plus qualifiés et les plus rémunérateurs (en particulier parmi les cadres, leur part passant de 24 % en 1996 à 38 % en 2023), même si elles demeurent minoritaires parmi les emplois les mieux rémunérés : par exemple, elles représentent moins d’un quart des 1 % des salariés les mieux rémunérés, contre plus de 40 % de l’ensemble des salariés du privé.

Entre 2013 et 2023, l’écart de salaire net moyen dans la fonction publique entre les femmes et les hommes (calculé en excluant les apprentis et stagiaires) s’est réduit de 3,7 points, pour s’établir à 9,9 % en 2023.