Insee Analyses Nouvelle-Aquitaine · Octobre 2025 · n° 166

La base aérienne de Rochefort, un fort ancrage dans l'économie locale La base de défense Rochefort-Saintes-Cognac-La Rochelle

La base aérienne 721 de Rochefort (BA 721) s'étend sur 230 hectares au sud de la ville, à cheval sur trois communes : Échillais, Soubise et Saint-Agnant. Cette installation fait partie du réseau des 21 bases aériennes de France métropolitaine, dont six sont situées en Nouvelle-Aquitaine.

Depuis 2011, la BA 721 est intégrée à la base de défense Rochefort-Saintes-Cognac-La Rochelle (BdD RSC), dont elle héberge le commandement. Elle joue un rôle clé dans la formation militaire puisqu'elle abrite l'école de formation des sous-officiers de l'Armée de l'Air et de l'Espace (AAE), accueillant de nombreux élèves militaires aux côtés des militaires de carrière (encadré 2). Si l'AAE représente 95 % des effectifs de la base, d'autres corps d'armée y sont également présents, notamment l'Armée de terre et la Marine nationale.

En 2023, la base aérienne de Rochefort emploie 3 040 militaires, hors personnel civil (encadré 3) (figure 1). Il s’agit du 2^e plus grand employeur du département, après le centre hospitalier de La Rochelle. La présence de l’École de formation des sous-officiers de l’AAE au sein de la base implique une part importante d'élèves. Ils représentent 69 % des effectifs de la base, les autres étant des militaires de carrière (25 %) ou des réservistes présents à temps partiel sur la base (6 %). La moyenne d’âge est de 27 ans (22 ans pour les élèves, 40 ans pour les militaires de carrière ainsi que pour les réservistes). La part de femmes présentes dans la base (27 %) est particulièrement marquée parmi les militaires de carrière (32 %), par rapport aux élèves militaires (25 %). Près des trois quarts des militaires résident dans la base, du fait du fort contingent d’élèves vivant quasiment tous sur place. À l’inverse, cinq militaires de carrière sur six résident en dehors.

Les militaires de la base sont accompagnés de 930 conjoints et 1 220 enfants, dont une partie vit encore dans le foyer familial, soit un total de 5 190 habitants.

Les 3 040 emplois présents sur la base aérienne constituent l’effet direct de la base sur le territoire. Mais celle-ci génère également des emplois indirects en sollicitant des entreprises pour subvenir à son fonctionnement courant et à ses travaux d’infrastructures, participant donc à la vie économique locale. Enfin, la consommation quotidienne (alimentation, services...) de ces personnes travaillant directement ou indirectement pour la BA 721, mais aussi de leurs familles, génère à son tour des emplois : c’est l’effet induit. Le cumul de ces trois composantes constitue l’influence économique de la base aérienne.

En 2023, la base a dépensé 7,7 millions d’euros pour son fonctionnement auprès d’entreprises dont les établissements étaient localisés dans les départements de Charente et Charente-Maritime ainsi que leurs départements limitrophes (nommés « territoire d’observation » dans cette étude), générant ainsi 140 emplois indirects. Ce montant ne représente pas le budget total de fonctionnement de la base aérienne, certains des fournisseurs et prestataires de services étant mobilisés notamment via des marchés nationaux et localisés hors de cette zone. Pour plus des deux tiers, ces emplois indirects se situent dans des établissements locaux dont l’activité est l’entretien des bâtiments et des espaces verts (68 %) puis la construction (14 %) ou bien encore l’industrie alimentaire (8 %).

Pour répondre aux dépenses courantes de consommation des militaires et des salariés indirects, de leurs familles, 720 emplois induits sont nécessaires.

Au total, en cumulant ces trois effets, ce sont donc 3 900 emplois qui sont liés à la présence de la base. En Charente-Maritime, 1,9 % des emplois sont de ce fait générés par la BA 721.

La population concernée par l’activité de la base aérienne représente l’équivalent de 7 300 habitants dans le territoire d'observation, avec 5 190 habitants dépendant directement de la base (militaires et familles proches), auxquels s’ajoutent les 320 habitants (salariés et familles proches) liés aux emplois indirects et les 1 790 habitants (salariés et familles proches) liés aux emplois induits (pour comprendre). Ainsi, 1,1 % des Charentais-Maritimes sont liés à la base aérienne.

Au sein du territoire d'observation, une zone plus restreinte, dite zone d’influence, où l’économie locale engendrée par la présence de la base est la plus forte, rassemble 46 communes. Elle s’étend autour des communes d’implantation de la base aérienne (figure 2). Chaque commune de ce territoire accueille un nombre d’emplois (respectivement d’habitants) non négligeable par rapport à l’ensemble des emplois (respectivement des habitants) présents dans la commune.

La zone d’influence regroupe ainsi 3 710 emplois en lien avec la base, dont 3 040 emplois militaires auxquels s’ajoutent 80 emplois indirects et 590 emplois induits. Ainsi, 95 % du total des emplois du territoire d'observation en lien avec la présence de la base sont présents dans la zone d’influence. Les emplois liés à la base représentent 13 % de l’ensemble des emplois de cette dernière. Ils sont nettement concentrés sur les trois communes d’implantation de la base (principalement du fait du rattachement des emplois militaires à ces communes), à Rochefort, ville voisine la plus peuplée, et également à Saint-Georges-des-Coteaux, plus éloignée, grâce notamment à l’implantation d’établissements fournisseurs fortement sollicités par la base (principalement pour l’entretien et les travaux dans les bâtiments) générant de nombreux emplois indirects (figure 3).

La zone d'influence concentre également 80 % des habitants en lien avec la base de défense, soit 5 840 habitants (6 % des habitants de la zone). Les trois communes d’implantation de la base (Échillais, Soubise et Saint-Agnant) accueillent 3 480 habitants liés à la base dont des élèves militaires, ce qui représente 36 % de leur population cumulée (figure 4).

Bien que l'impact principal de la base soit concentré sur les communes où elle est directement implantée, l'influence économique s'étend de manière significative à d'autres localités environnantes. À Rochefort, 3 % de la population (soit 630 habitants) est économiquement liée à la présence de la base. C’est également le cas à Tonnay-Charente (260 personnes). À Pont-l'Abbé-d'Arnoult, 6 % de la population (110 habitants) a des liens avec la base. Malgré des effectifs moindres, la proportion d'habitants concernés est particulièrement élevée à Beaugeay, commune attenante à Saint-Agnant, où 9 % de sa population entretient des liens économiques avec cette infrastructure. D'autres communes présentent également une connexion économique notable, avec plus de 6 % de leur population liée à la base. C'est le cas notamment de Saint-Nazaire-sur-Charente (située à l'ouest de Soubise), Saint-Jean-d'Angle (au sud de Saint-Agnant), Trizay et Saint-Hippolyte (à l'est d'Échillais).

Les emplois induits par les dépenses courantes de consommation des militaires et des salariés assurant les dépenses de fonctionnement de la base, ainsi que de leurs familles, couvrent un large éventail d’activités (figure 5) relevant majoritairement de la sphère présentielle de l’économie. Les emplois induits sont majoritairement situés dans le secteur non marchand (55 %), principalement dans la santé humaine et l’action sociale (activités hospitalières notamment) puis dans l’administration publique (établissements de services budgétaires et fiscaux, des douanes, etc.) et dans l’enseignement, en particulier élémentaire avec notamment les 290 enfants de militaires de la base en âge d’être inscrits à ce niveau scolaire. Dans le secteur marchand, les dépenses de consommation génèrent beaucoup d’emplois dans le commerce (notamment dans les hypermarchés et supermarchés), dans la construction (en premier lieu dans les activités de travaux de maçonnerie puis les activités de travaux d’installation électrique) et dans le secteur de la restauration (essentiellement restauration traditionnelle ou de type rapide).