Insee Analyses Grand Est ·
Octobre 2025 · n° 203
Moins de gaz à effet de serre émis par habitant dans les territoires urbains que dans
les territoires ruraux
Entre 1990 et 2022, la baisse des émissions de gaz à effet de serre est plus marquée dans le Grand Est qu’en France, malgré un niveau par habitant encore supérieur au reste du pays. Les départements plus densément peuplés sont en volume les plus consommateurs d’énergie et les plus émetteurs, mais rapporté à la population, ce sont ceux qui consomment le moins d’énergie et qui dégagent le moins de GES. En France, comme dans le Grand Est, les secteurs des transports et de l’industrie sont les plus émetteurs. Rapportant les émissions à la consommation finale d’énergie, le facteur d’émission carbone de la région est proche de la moyenne nationale. Il est plus faible dans les départements urbains comme le Bas-Rhin, et plus élevé dans les départements ruraux comme la Meuse, en partie à cause du poids de l’agriculture, secteur au facteur d’émission très important.
- Une baisse des émissions de gaz à effet de serre qui ralentit
- La Meuse émet plus de gaz à effet de serre par habitant
- Des territoires urbains plus énergivores mais qui consomment moins par habitant
- Un facteur d’émission carbone plus bas dans les départements plus urbains
- Le secteur des transports produit le plus de GES
- L’agriculture a un facteur d’émission carbone très élevé
- La structure de l’activité économique n’explique qu’en partie le facteur d’émission carbone
Une baisse des émissions de gaz à effet de serre qui ralentit
Dans le cadre de l’Accord de Paris de 2015, la France s’est engagée à baisser ses émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’horizon 2050. Depuis 2024, des Conférences des parties régionales réunissent les acteurs du Grand Est pour élaborer la feuille de route « région verte », visant la réduction des GES et l’adaptation aux enjeux environnementaux, sociaux et sanitaires.
Depuis 2015, la baisse des émissions de gaz à effet de serre dans le Grand Est ralentit (figure 1) : de 1990 à 2015, la diminution annuelle moyenne des émissions de GES était de 2,3 %. De 2015 à 2022, elle n’est plus que de 1,8 %, pour atteindre 43 millions de tonnes d’équivalent CO2 (MtCO2e) en 2022.
Malgré ce ralentissement, la baisse des émissions est plus marquée dans le Grand Est qu’au niveau national. Entre 1990 et 2015, la diminution moyenne n’était que de 0,3 % par an en France. Entre 2015 et 2022, elle atteint 0,5 % à l’échelle nationale, soit près de quatre fois moins que dans la région.
Cette différence s’explique notamment par un recul plus prononcé de l’industrie manufacturière et de la construction dans la région. Depuis les années 1990, les émissions issues de ces activités ont diminué 1,5 fois plus vite dans le Grand Est que dans le reste du pays.
Si la baisse des émissions de GES se poursuit à ce rythme dans la région, l’objectif fixé pour 2030 par le Sraddet (Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires) serait pleinement atteignable. En effet, cela nécessiterait une réduction annuelle moyenne de 1,5 %, soit un rythme inférieur au 1,8 % observé entre 2015 et 2022. Ce premier objectif serait, d’ici 2030, de produire moins de 38,4 MtCO2e par an. En revanche, pour respecter le second objectif de 19,2 MtCO2e en 2050, il faudrait alors accélérer la baisse des émissions (-3,4 % par an à partir de la cible 2030).
tableauFigure 1 – Évolution des émissions de gaz à effet de serre dans le Grand Est
Année | Émissions de GES |
---|---|
1990 | 86,9 |
2005 | 73,5 |
2010 | 62,9 |
2012 | 54,9 |
2014 | 49,0 |
2015 | 49,0 |
2016 | 49,0 |
2017 | 50,5 |
2018 | 47,0 |
2019 | 46,2 |
2020 | 41,4 |
2021 | 44,0 |
2022 | 43,3 |
Objectif 2030 | 38,4 |
Objectif 2050 | 19,2 |
- Lecture : En 2015, le Grand Est a émis 49 MtCO2e. L’ensemble des GES émis en 2015 dans le Grand Est a donc eu un effet sur le réchauffement climatique équivalent à une masse de 49 millions de tonnes de CO2 rejetée dans l’atmosphère.
- Source : ATMO Grand Est.
graphiqueFigure 1 – Évolution des émissions de gaz à effet de serre dans le Grand Est

- Lecture : En 2015, le Grand Est a émis 49 MtCO2e. L’ensemble des GES émis en 2015 dans le Grand Est a donc eu un effet sur le réchauffement climatique équivalent à une masse de 49 millions de tonnes de CO2 rejetée dans l’atmosphère.
- Source : ATMO Grand Est.
La Meuse émet plus de gaz à effet de serre par habitant
En 2022, les émissions de GES atteignent 404 MtCO2e en France, dont 43 dans le Grand Est, soit 11 % des émissions nationales, contre 8 % de la population. Rapportées à la population, ces émissions s’élèvent à 7,8 tCO2e/habitant dans la région, soit 36 % de plus que la moyenne nationale (5,7). Les territoires les plus densément peuplés génèrent davantage de GES en volume, mais ils en génèrent moins par habitant (figure 2).
En tenant compte de la population, la Meuse est le département le plus émetteur avec 14,6 tCO2e/hab, soit près du double de la moyenne régionale. Vient ensuite la Haute-Marne avec 11,2 tCO2e/hab.
À l’inverse, le Bas-Rhin affiche le plus faible niveau de la région avec 4,5 tCO2e/hab en 2022. Il est le seul département du Grand Est à émettre moins que la moyenne nationale. Le Haut-Rhin, l’Aube et les Vosges (entre 7,2 et 7,6 tCO2e/hab) se situent tous les trois sous la moyenne régionale.
tableauFigure 2 – Émissions de gaz à effet de serre totales et par habitant, dans les départements du Grand Est
Code département | Département | Émissions de GES par habitant (en tCO2e) | Émissions de GES (en MtCO2e) |
---|---|---|---|
08 | Ardennes | 8,3 | 2,2 |
10 | Aube | 7,5 | 2,3 |
51 | Marne | 9,1 | 5,1 |
52 | Haute-Marne | 11,2 | 1,9 |
54 | Meurthe-et-Moselle | 9,8 | 7,2 |
55 | Meuse | 14,6 | 2,6 |
57 | Moselle | 8,7 | 9,1 |
67 | Bas-Rhin | 4,5 | 5,3 |
68 | Haut-Rhin | 7,2 | 5,5 |
88 | Vosges | 7,6 | 2,7 |
- Lecture : La Marne émet 5,1 millions de tonnes d’équivalent CO2, soit 9,1 tonnes d’équivalent CO2 par habitant en 2022.
- Sources : ATMO Grand Est 2022 ; Insee, recensement de la population 2022.
graphiqueFigure 2 – Émissions de gaz à effet de serre totales et par habitant, dans les départements du Grand Est

- Lecture : La Marne émet 5,1 millions de tonnes d’équivalent CO2, soit 9,1 tonnes d’équivalent CO2 par habitant en 2022.
- Sources : ATMO Grand Est 2022 ; Insee, recensement de la population 2022.
Des territoires urbains plus énergivores mais qui consomment moins par habitant
En 2022, sur les 1 660 térawattheures (TWh) d’énergie finale consommée en France tous secteurs confondus, le Grand Est participe à hauteur de 173 TWh, soit 10 % de la consommation nationale. Par habitant, la région consomme 28 % d’énergie de plus que la France (32 mégawattheures par habitant contre 25 MWh/hab). En outre, tous les départements du Grand Est ont une consommation par habitant supérieure à la moyenne nationale (figure 3).
Au sein de la région, la consommation d’énergie varie fortement d’un territoire à l’autre. Les départements les plus densément peuplés sont en volume les plus énergivores. Toutefois, rapporté à la population, ce sont ceux qui consomment le moins. En effet, le Bas-Rhin et la Moselle consomment respectivement 30 et 29 TWh, mais 26 et 28 MWh par habitant. À l’inverse, la Meuse et la Haute-Marne sont les départements qui consomment le moins (7 TWh) mais qui consomment le plus par habitant (41 et 38 MWh/hab).
tableauFigure 3 – Consommation d’énergie finale en volume et par habitant, dans les départements du Grand Est
Code département | Département | Consommation d’énergie finale par habitant (en MWh) | Consommation d’énergie finale (en TWh) |
---|---|---|---|
08 | Ardennes | 30,6 | 8,2 |
10 | Aube | 31,6 | 9,8 |
51 | Marne | 37,8 | 21,3 |
52 | Haute-Marne | 38,3 | 6,5 |
54 | Meurthe-et-Moselle | 31,1 | 22,8 |
55 | Meuse | 40,7 | 7,4 |
57 | Moselle | 27,9 | 29,3 |
67 | Bas-Rhin | 26,1 | 30,2 |
68 | Haut-Rhin | 33,8 | 25,9 |
88 | Vosges | 37,7 | 13,5 |
- Lecture : La consommation d’énergie finale du département de la Meurthe-et-Moselle, tous types d’énergie et tous secteurs d’activité confondus, s’élève à 22,8 TWh, soit 31,1 MWh par habitant.
- Sources : ATMO Grand Est 2022 ; Insee, recensement de la population 2022.
graphiqueFigure 3 – Consommation d’énergie finale en volume et par habitant, dans les départements du Grand Est

- Lecture : La consommation d’énergie finale du département de la Meurthe-et-Moselle, tous types d’énergie et tous secteurs d’activité confondus, s’élève à 22,8 TWh, soit 31,1 MWh par habitant.
- Sources : ATMO Grand Est 2022 ; Insee, recensement de la population 2022.
Un facteur d’émission carbone plus bas dans les départements plus urbains
Les émissions de GES constituent une résultante inévitable de la consommation d’énergie requise pour assurer le fonctionnement des systèmes productifs de nos sociétés contemporaines. Toutefois, l’intensité de ces émissions dépend étroitement des technologies et des sources mobilisées pour la production et la transformation de l’énergie. En effet, la quantité de GES émise par unité d’énergie finale consommée — l’énergie effectivement utilisée par les consommateurs finaux — varie significativement selon le mix énergétique et les procédés utilisés. Ce rapport, désigné sous le terme de facteur d’émission carbone (FEC), permet de mesurer l’empreinte carbone associée à chaque kilowattheure d’énergie consommé. Analyser les FEC à l’échelle des territoires et des secteurs d’activité s’avère essentiel pour identifier des pistes d’améliorations environnementales.
En 2022, le facteur d’émission carbone moyen de la région s’établit à 0,25 kgCO2e/kWh, un niveau proche de la moyenne nationale (0,24). Comme pour les émissions globales de GES, ce facteur tend à être plus bas dans les territoires à forte densité urbaine. Une exception notable est celle des Vosges (figure 4) : bien que majoritairement rural, ce département affiche un FEC relativement bas, à 0,20 kgCO2e/kWh, juste derrière le Bas-Rhin (0,17). Viennent ensuite le Haut-Rhin, l’Aube et la Marne. À l’opposé, la Moselle et la Meurthe-et-Moselle, pourtant densément peuplées, se placent au-dessus de la moyenne régionale, en raison du poids élevé des transports et de l’industrie dans leurs émissions de GES.
tableauFigure 4 – Facteur d’émission carbone, dans les départements du Grand Est
Code département | Département | Facteur d’émission carbone |
---|---|---|
08 | Ardennes | 0,27 |
10 | Aube | 0,24 |
51 | Marne | 0,24 |
52 | Haute-Marne | 0,29 |
54 | Meurthe-et-Moselle | 0,31 |
55 | Meuse | 0,36 |
57 | Moselle | 0,31 |
67 | Bas-Rhin | 0,17 |
68 | Haut-Rhin | 0,21 |
88 | Vosges | 0,20 |
- Lecture : Les Ardennes émettent 0,27kgCO2e par kWh d’énergie consommée.
- Source : ATMO Grand Est 2022.
graphiqueFigure 4 – Facteur d’émission carbone, dans les départements du Grand Est

- Lecture : Les Ardennes émettent 0,27kgCO2e par kWh d’énergie consommée.
- Source : ATMO Grand Est 2022.
Le secteur des transports produit le plus de GES
Avec 11,8 MtCO2e en 2022, le secteur des transports est le plus émetteur de GES, suivi de près par l’ensemble industrie manufacturière et construction (figure 5). Entre 2012 et 2022, si la consommation d’énergie du secteur des transports reste stable, les émissions de GES du secteur diminuent de 3 %.
L’industrie manufacturière et la construction réunies consomment plus d’énergie que les autres secteurs, avec 55,5 TWh consommés pour 11 MtCO2e émises en 2022 dans la région. Ces secteurs sont suivis de près par les transports et le résidentiel. Cependant, leurs consommations et leurs émissions de GES reculent nettement depuis 2012, avec une baisse de 14 % de la consommation et de 18 % des émissions de GES en seulement dix ans.
Dans le Grand Est, le secteur résidentiel et le tertiaire présentent des facteurs d’émission carbone inférieurs à ceux des autres secteurs. En 2022, ces deux secteurs réunis représentent 17 % des émissions de GES dans la région, contre 16 % en France. Cette différence pourrait s’expliquer par un climat plus rigoureux que la moyenne, ce qui pousse les ménages et les établissements tertiaires à chauffer davantage leurs logements ou leurs locaux.
Entre 2012 et 2022, les émissions de GES diminuent de 36 % dans le secteur résidentiel et le tertiaire réunis, passant de 9,9 à 6,3 MtCO2e. Toutefois, ces secteurs restent très dépendants des conditions climatiques : un hiver plus doux entraîne mécaniquement une baisse des émissions. L’amélioration des performances techniques des appareils utilisant du bois, ainsi que l’évolution des modes de chauffage, notamment avec un recours de plus en plus fréquent aux pompes à chaleur, contribuent à cette réduction.
tableauFigure 5 – Émissions de de gaz à effet de serre et consommation d’énergie selon les secteurs économiques
Secteur | Consommation d’énergie (en TWh) | Émissions de GES (en MtCO2e) | Facteur d’émission carbone (en kgCO2e/kWh) |
---|---|---|---|
Tertiaire | 20,2 | 2,4 | 0,12 |
Résidentiel | 44,7 | 3,9 | 0,09 |
Agriculture, sylviculture et aquaculture hors UTCATF * | 4,6 | 7,4 | 1,60 |
Industrie manufacturière, Construction | 55,5 | 11,0 | 0,20 |
Transports | 48,0 | 11,8 | 0,25 |
- *UTCATF = Utilisation des terres, changement d'affectation des terres et foresterie.
- Note : Le « Facteur » (= facteur d’émission carbone) d’un secteur est le ratio des émissions de GES par la consommation d’énergie du secteur, pour le Grand Est. Il est exprimé en kg d’équivalents CO2 émis par kilowattheure d’énergie consommée.
- Lecture : Dans le Grand Est, le tertiaire émet 2,4 MtCO2e et consomme 20,2 TWh, soit un facteur d’émission de 0,12 kgCO2e/kWh.
- Source : ATMO Grand Est 2022.
graphiqueFigure 5 – Émissions de de gaz à effet de serre et consommation d’énergie selon les secteurs économiques

- *UTCATF = Utilisation des terres, changement d'affectation des terres et foresterie.
- Note : Le « Facteur » (= facteur d’émission carbone) d’un secteur est le ratio des émissions de GES par la consommation d’énergie du secteur, pour le Grand Est. Il est exprimé en kg d’équivalents CO2 émis par kilowattheure d’énergie consommée.
- Lecture : Dans le Grand Est, le tertiaire émet 2,4 MtCO2e et consomme 20,2 TWh, soit un facteur d’émission de 0,12 kgCO2e/kWh.
- Source : ATMO Grand Est 2022.
L’agriculture a un facteur d’émission carbone très élevé
Dans la région comme en France, l’agriculture présente un facteur d’émission carbone (FEC) nettement supérieur à celui des autres secteurs : il est de 1,6 kgCO2e/kWh, contre 0,25 pour les transports, qui constituent le deuxième secteur au plus fort facteur d’émission carbone. Cette spécificité s’explique par certaines caractéristiques propres au secteur agricole. En effet, contrairement aux autres secteurs, les émissions de GES de l’agriculture ne proviennent pas principalement de la consommation d’énergie, mais d’autres causes comme les effluents d’élevage ou l’utilisation d’engrais par exemple. En 2019, les émissions de CO2 issues de la consommation énergétique des engins agricoles ne représentaient que 13 % des émissions du secteur, alors que, tous secteurs confondus, le CO2 constitue 74 % des émissions de GES.
Entre 2012 et 2022, la consommation d’énergie du secteur agricole augmente de 11 %, passant de 4,2 à 4,6 TWh. Toutefois, malgré cette hausse, les émissions de GES diminuent de 8 % sur la même période, passant de 8,1 à 7,4 MtCO2e. Cela correspond à une baisse de 17 % du facteur d’émission carbone.
La structure de l’activité économique n’explique qu’en partie le facteur d’émission carbone
En appliquant à chaque département le facteur moyen régional d’émission carbone par secteur d’activité, il est possible de déterminer un facteur d’émission carbone théorique que l’on peut comparer au facteur d’émission réel. Par exemple, la Meuse a le facteur d’émission carbone réel le plus élevé de la région (0,36 kgCO2e/kWh). En effet, l’agriculture de la Meuse représente 6 % de sa consommation finale d’énergie, soit la part la plus importante de la région. Or, avec un FEC nettement plus élevé que les autres secteurs, l’agriculture tire donc le facteur d’émission du département à la hausse. En appliquant les facteurs d’émission moyens régionaux à la structure de l’activité de la Meuse, le facteur attendu d’émission carbone serait de 0,26, soit 37 % de moins que le facteur réel.
L’Aube et la Marne présentent un facteur d’émission carbone proche de celui attendu compte tenu de leurs structures d’activité. Le Bas-Rhin et les Vosges affichent des FEC de 0,02 kgCO2e/kWh inférieurs aux 0,19 et 0,22 respectivement attendus. Tous les autres départements de la région ont un facteur d’émission supérieur au facteur théorique compte tenu de leur structure d’activité. Les deux départements nord-lorrains sont les plus éloignés des valeurs attendues, avec un dépassement de plus de 55 %.
L’analyse du facteur d’émission carbone théorique permet d’interpréter de façon plus juste les différents FEC des départements de la région, mais elle présente certaines limites. En effet, à structure d’activité équivalente, les différences technologiques imposées par les spécificités locales peuvent fortement influer sur les niveaux réels d’émissions. Or, ces différences ne sont pas prises en compte dans l’analyse, qui suppose des rendements et des usages moyens. Cela peut conduire à des interprétations biaisées : un territoire peut apparaître comme faisant moins d’efforts pour l’environnement qu’un autre, alors que ses émissions résultent de contraintes techniques inhérentes à son tissu industriel ou énergétique.
À titre d’exemple, la Moselle a un facteur d’émission carbone nettement supérieur à celui attendu au vu de sa structure d’activité, mais elle abrite la centrale électrique à charbon de Saint-Avold, l’une des deux dernières de France métropolitaine encore en fonction. Or, la production d’électricité par combustion de charbon a le FEC le plus élevé, ce qui tend mécaniquement à augmenter le FEC de la Moselle, toutes choses égales par ailleurs. Plus généralement la présence d’une infrastructure à portée nationale accroît le FEC de son territoire.
Pour comprendre
Les principaux gaz à effet de serre (GES) liés aux activités humaines sont le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), l'oxyde nitreux ou protoxyde d’azote (N2O) et des gaz fluorés : hydrofluorocarbure (HFC), perfluorocarbure (PFC), hexafluorure de soufre (SF6) et le trifluorure d’azote (NF3). Ils sont suivis dans le cadre du protocole de Kyoto, à part le NF3.
Les émissions de ces gaz sont pondérées par leurs potentiels de réchauffement global (PRG) et exprimées en équivalents CO2 pour donner un total d'émissions en équivalents CO2. Le PRG de chaque gaz est régulièrement revu et nous utilisons ici ceux établis en 2021 (PRG 2021).
Sources
L’étude repose sur les données d’ATMO de consommation d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre. ATMO Grand Est est une association indépendante à but non lucratif, reconnue par le ministère de l’Environnement pour surveiller la qualité de l’air dans la région. Elle intervient comme organisme de référence, en adoptant une approche globale intégrant air, climat, énergie et santé, afin de coordonner les actions face aux enjeux de pollution et de changement climatique. Elle réalise annuellement un inventaire de l’ensemble des consommations et productions d’énergie, ainsi que des émissions de polluants et de gaz à effet de serre, sur l’ensemble de la région. Les gaz à effet de serre sont estimés par modélisation à partir des données d’activité et des facteurs d’émissions normalisés.
Définitions
Les gaz à effet de serre (GES) sont les gaz d’origine naturelle (vapeur d’eau) ou anthropique (liée aux activités humaines) absorbant et réémettant une partie des rayons solaires (rayonnement infrarouge), phénomènes à l’origine de l’effet de serre. Les émissions sont exprimées en équivalent CO2. L’unité tCO2e désigne une tonne d’équivalent CO2, et MtCO2e un million de tonnes d’équivalent CO2.
La consommation finale d’énergie correspond à la consommation des seuls utilisateurs finaux (industries, ménages, services, agriculture, sylviculture et pêche, transports) ; en d’autres termes, il s’agit de la consommation d’énergie à toutes fins autres que la transformation, le transport, la distribution et le stockage d’énergie.
Le facteur d’émission carbone est le rapport des émissions de GES par la consommation finale d’énergie. Il peut être exprimé sur un territoire et/ou pour un secteur d’activité.
Les facteurs d’émission carbone attendus ou théoriques sont ceux que l’on obtiendrait si la structure sectorielle des départements était maintenue, mais en appliquant à chaque secteur le facteur d’émission moyen observé au niveau régional.
Pour en savoir plus
(1) Mayca H., « Le Grand Est, une région encore industrielle avec des spécificités sectorielles », Insee Analyses Grand Est no 195, avril 2025.
(2) Delhomme I., Le Bihan E., « Des émissions de gaz à effet de serre liées aux spécificités sectorielles des territoires », Insee Analyses Pays de la Loire no 131, août 2024.
(3) Franco E., Villaume S., « Voitures de particuliers : des émissions de gaz à effet de serre plus élevées dans le Grand Est », Insee Analyses Grand Est no 180, juillet 2024.
(4) Insee Références – Édition 2024 – Fiche 4.1 – Émissions de GES et polluants atmosphériques issus de l’agriculture.