Insee Analyses Bretagne · Septembre 2025 · n° 134

Les 200 plus grands établissements bretons emploient 95 000 salariés, en grande partie dans l’industrie

Fin 2022 en Bretagne, dans les secteurs marchands de l’industrie, de la construction, du commerce et des services, 206 grands établissements comptent au moins 250 salariés. Ils représentent moins de 0,2 % de l’ensemble des établissements de ces secteurs, mais structurent le tissu productif breton du fait de leur taille et de leur importance économique. En effet, ils emploient près de 95 000 salariés, soit près de 14 % de l’ensemble des salariés de ces secteurs marchands (figure 1). Observer leur localisation et leur poids par zone d’emploi en termes d’effectifs salariés permet notamment d’anticiper les conséquences économiques territoriales en cas de fermeture ou de difficultés économiques de l’un d’entre eux.

La Bretagne est la 8^e région française pour sa part d’emplois dans les grands établissements, qui est inférieure à la moyenne en France de province (16 %). Dans la région, près de huit grands établissements sur dix emploient moins de 500 salariés, tandis que seuls les douze plus grands regroupent chacun plus de 1 000 salariés. Les établissements de plus de 500 salariés sont moins fréquents (22 %) qu’en France de province (26 %).

La Bourgogne-Franche-Comté, la Normandie et la Bretagne sont les régions au sein desquelles les secteurs industriels contribuent le plus à l’emploi dans les grands établissements (respectivement 69 %, 62 % et 60 %). En France de province, la part de l’industrie est de 51 %. Quatorze des vingt plus grands établissements bretons sont des sites industriels (figure 2).

Les usines de l’industrie agroalimentaire (près de 60) emploient plus de 30 % des salariés des grands établissements. Les principales activités de ces structures sont la transformation et la conservation de la viande (Cooperl Arc Atlantique, Kerméné, le groupe Bigard, la Société Vitréenne d’Abattage), la fabrication de plats préparés (Cité Marine, Mix’Buffet) et la fabrication industrielle de pain et de pâtisserie (Bridor).

Autre secteur industriel, la fabrication d’équipements électriques, électroniques, informatiques et de machines représente près de 9 % des effectifs des grands établissements bretons. Dans ces activités, les quatre plus grandes entités, essentiellement issues du domaine de la défense (Thales, Safran), emploient près de 20 % du total des salariés du secteur.

De même, la part de salariés dans la fabrication de matériels de transport est moindre que dans les autres secteurs industriels (6 %), mais l’emploi y est très regroupé, essentiellement sur quatre sites dont les effectifs correspondent à plus de la moitié des salariés du secteur. Les deux établissements les plus importants (Naval Group et Stellantis) représentent à eux seuls 43 % des emplois.

Enfin, les établissements de fabrication d’autres produits industriels ont des productions de nature variée et recouvrent près de 15 % de l’ensemble des salariés des grands établissements bretons. Leurs activités incluent aussi bien la réparation et l’installation de machines que la métallurgie, la fabrication de caoutchouc et de plastiques, la chimie, l’imprimerie… Ce sont les sites industriels d’entreprises comme Nokia, Sermeta, Cooper-Standard, Oberthur, Groupe Rocher.

Outre l’ensemble des secteurs de l’industrie, celui de l’information et de la communication occupe également une place significative parmi les grands établissements. Ainsi, plus de 12 000 personnes travaillent dans ces grands établissements bretons, dont plus de 5 000 chez Orange (onze grands sites en Bretagne), les autres étant dans les domaines de l’édition (Ouest France, Le Télégramme) ou de l’informatique (Capgemini, CGI, Sopra Steria, etc.). Ils représentent 13 % des salariés des grands établissements de la région, soit bien plus qu’en France de province (7 %).

Les grands établissements dans le secteur du commerce structurent aussi le tissu économique régional, avec 8 % des salariés des grands établissements bretons. De nombreux hypermarchés (surfaces de vente égales ou supérieures à 2 500 m²) sont localisés dans les métropoles de Rennes et Brest, mais aussi dans les zones littorales densément peuplées. Le réseau d’enseigne E. Leclerc, est particulièrement bien implanté en Bretagne.

Avec de grands établissements totalisant 9 % des salariés des grands établissements de la région, des entreprises du secteur des transports et de l’entreposage (Keolis, La Poste, SNCF, STG) déploient également leurs activités dans l’une ou l’autre des deux métropoles bretonnes.

Les grands établissements sont souvent localisés à proximité des grands axes routiers (figure 3). La Bretagne dispose d’un réseau d’infrastructures routières bien développé, qui bénéficie notamment au secteur de l’industrie agroalimentaire, premier secteur industriel de la région. En effet, ces grands établissements sont répartis sur l’ensemble du territoire, que ce soit le long de la RN12 (reliant Rennes à Brest), de la RN24 et la RN166 (reliant Rennes à Lorient et à Vannes), de la RN157 (reliant Rennes à Vitré) ou à proximité de la RN164 (traversée du Centre Bretagne), où de grands travaux d’aménagements sont encore en cours.

Par ailleurs, les zones d’emploi de Rennes et de Brest, très diversifiées en termes d’activités économiques, accueillent également de nombreux grands établissements, rassemblant près de la moitié des salariés de ces établissements bretons.

Un tiers des salariés des grands établissements de la région (33 %) travaillent dans la zone d’emploi de Rennes. Le secteur de l’information et de la communication y est particulièrement développé avec 35 % des emplois des grands établissements, tandis que la part du deuxième secteur contributeur de cette zone, celui des transports et de l’entreposage, s’établit à 18 %.

La zone d’emploi de Brest regroupe 13 % des salariés des grands établissements. Près de la moitié de ces salariés exercent dans deux secteurs d’activité industriels : la fabrication d’équipements électriques, électroniques, informatiques et de machines (22 %) et la fabrication d’autres produits industriels (25 %).

La zone d’emploi ayant le troisième plus grand nombre de salariés exerçant dans les grands établissements bretons est celle de Vitré, avec 7 % des effectifs régionaux. 75 % de ces salariés travaillent dans l’industrie, parmi lesquels près de six sur dix sont dans l’agroalimentaire.

Pour la majorité des autres zones, l’emploi dans les grosses structures dépend également en grande partie de l’industrie agroalimentaire. Dans la zone d’emploi de Lamballe-Armor en particulier, tous les salariés des grands établissements travaillent dans des usines de l’industrie agroalimentaire.

L’orientation économique des grands établissements des zones d’emploi de Lorient et de Quimper est majoritairement portée par l’industrie. Outre l’industrie agroalimentaire, la zone d’emploi de Lorient est notamment spécialisée dans la fabrication de matériels de transport (avec ses chantiers navals).

Les deux plus gros employeurs de la zone d’emploi de Lannion sont situés au sein du pôle économique de Lannion. Berceau des télécommunications, ce pôle représente un écosystème innovant dans le domaine des technologies numériques.

Les grands établissements représentent une part importante de l’emploi salarié dans les zones de Quimperlé (36 %), Lamballe-Armor (31 %), Vitré (25 %) et Ploërmel (21 %) (figure 4). Dans ces zones d’emploi, la fermeture d’un grand établissement employeur pourrait ainsi avoir de fortes répercussions sur l’emploi, a fortiori si les solutions de reclassement sont faibles localement.

A contrario, dans les zones d’emploi d’Auray, Saint-Brieuc, Vannes et Saint-Malo, la part des emplois dans les grands établissements du territoire est plutôt faible (inférieure à 7 %).

En Bretagne, un grand établissement sur deux dépend d’une entreprise de plus de 5 000 salariés (grande entreprise). Ce sont essentiellement des établissements des secteurs de l’industrie agroalimentaire, des transports et de l’information-communication. Les usines de fabrication d’autres produits industriels et les grandes surfaces du commerce dépendent plutôt d’entreprises de taille intermédiaire (ETI).

Par ailleurs, 43 % des grands établissements sont détenus par des entreprises fortement implantées en Bretagne. Cette régionalité est très dépendante du secteur d’activité (figure 5). La moitié des grands établissements de l’agroalimentaire appartiennent à une entreprise fortement implantée dans la région. Cette proportion atteint 80 % dans le commerce. En revanche, dans les secteurs de l’information-communication, de la fabrication de matériels de transport et des transports et entreposage, les grands établissements bretons dépendent très fortement d’entreprises majoritairement implantées ailleurs qu’en Bretagne.

Parmi les grands établissements de la région appartenant à des entreprises majoritairement implantées ailleurs qu’en Bretagne, 49 % dépendent d’une entreprise considérée comme principalement francilienne (Atos, Samsic Sécurité, Arval...), 13 % ligérienne (essentiellement des acteurs du secteur de la viande et du lait) et 6 % rhônalpine (Michelin, Restalliance).

Les grands établissements bretons appartiennent tous à un groupe, lui-même très majoritairement français (82,5 %), c’est-à-dire avec un centre de décision de nationalité française. Les autres groupes sont européens pour 9 % d’entre eux, nord-américains (5 %) ou asiatiques (3,5 %), avec parmi ces groupes étrangers, Lidl (Allemagne), Ikea (Suède), Stellantis (Pays-Bas), Kohler (États-Unis), Canon (Japon) et Hisense (Chine).

La part des grands établissements bretons sous le contrôle de groupes non européens est toutefois plus importante pour l’ensemble des activités industrielles (14 %) : elle s’élève même à 43 % pour les grands établissements de fabrication d’équipements électriques, électroniques, informatiques et de machines.

L’étude porte sur les établissements actifs, de caractère marchand, des secteurs de l’industrie, de la construction, du commerce et des services. Ne sont donc pas compris dans le champ les établissements des secteurs non marchands (administration publique) ou principalement non marchands (enseignement, santé humaine et action sociale), et sont également exclus du champ les établissements des secteurs marchands agricole et financier, ainsi que les particuliers employeurs.

Les effectifs salariés pris en compte correspondent à ceux de la dernière semaine de décembre 2022 (postes annexes et non annexes) ; les intérimaires et les effectifs hors établissement ne sont pas comptabilisés.