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Insee Flash Normandie · Septembre 2025 · n° 152
Insee Flash NormandieDans l’Eure, les familles avec enfants mineurs restent majoritaires mais fragilisées

Hurard Camille, Vignolles Victor (Insee)

En 2022, plus d’une famille sur deux dans l’Eure (57 %) compte au moins un enfant mineur. Ce taux place le département au quatrième rang des départements de France métropolitaine hors Île-de-France. L’Eure se distingue par la structure de son tissu familial : on y recense moins de familles monoparentales, mais davantage de familles recomposées qu’en moyenne nationale. Les parents référents de ces familles sont le plus souvent en activité et leur répartition selon les catégories socio-professionnelles reflète la structure de l’emploi dans le département. Malgré tout, le niveau de vie de ces familles reste généralement inférieur à celui des autres ménages, une situation qui touche plus fortement les parents les plus jeunes ainsi que les familles vivant en milieu urbain.

Insee Flash Normandie
No 152
Paru le :Paru le09/09/2025

Cette étude fait partie d’une série de publications sur la « Démographie dans l'Eure ».

Plus d’une famille sur deux dans l’Eure compte au moins un enfant mineur

En 2022, 75 700 familles (pour comprendre) euroises comprennent au moins un enfant mineur (pour comprendre). Avec 57,0 % des familles du département concernées, l’Eure se situe en première position parmi les départements normands, deux points au-dessus de la moyenne régionale. Au niveau national (hors Île-de-France), il se positionne au quatrième rang, derrière le Tarn-et-Garonne (57,2 %), l’Ain et l’Oise (57,1 %) et juste devant la Loire-Atlantique (56,8 %).

Au sein du département, la part de familles avec au moins un enfant mineur est plus élevée dans les territoires (pour comprendre) du Roumois – Le Neubourg (58,7 % ; figure 1), d’Évreux Portes de Normandie et de Seine Eure (58,2 % pour ces deux derniers territoires). À l’inverse, cette part est plus faible dans le sud-ouest du département, comme à Bernay Terres de Normandie où les familles avec enfants mineurs représentent 54,8 % de l’ensemble des familles ; une valeur qui reste néanmoins similaire à celle de l’ensemble de la région.

Figure 1Nombre et part de familles avec au moins un enfant mineur par territoire

Nombre et part de familles avec au moins un enfant mineur par territoire
Territoire Nombre de familles avec enfant(s) de moins de 18 ans Part de familles avec enfant(s) de moins de 18 ans (en %)
Vexin Normande - Lyons Andelle 6 947 56,1
Évreux Portes de Normandie 15 485 58,2
Sud Eure - Pays de Conches 6 584 55,5
Roumois - Le Neubourg 8 753 58,7
Pont-Audemer - Val de Risle 8 064 56,0
Bernay Terres de Normandie 6 307 54,8
Seine Normandie Agglomération 10 079 56,2
Seine Eure 13 462 58,2
  • Champ : Familles avec au moins un enfant âgé de moins de 18 ans, résidant dans le département de l’Eure.
  • Source : Insee, Recensement de la population 2022.

Figure 1Nombre et part de familles avec au moins un enfant mineur par territoire

  • Champ : Familles avec au moins un enfant âgé de moins de 18 ans, résidant dans le département de l’Eure.
  • Source : Insee, Recensement de la population 2022.

Dans l’Eure, les familles monoparentales sont relativement moins nombreuses

Dans le département, la part de familles monoparentales avec enfants mineurs est légèrement plus faible qu’en Normandie (22,6 % contre 23,8 % ; figure 2). En revanche, les familles recomposées sont un peu plus présentes (11,2 % contre 10,2 %), la majorité des familles étant dites « traditionnelles », c’est-à-dire composées d’un couple et de leurs enfants uniquement (deux familles sur trois).

Au-delà de ces spécificités départementales, la zone d’Évreux, plus urbaine, se caractérise par une part élevée de familles monoparentales (près de trois familles avec enfants mineurs sur dix). La présence plus importante de logements sociaux, un habitat souvent privilégié par ce type de familles compte tenu de leurs ressources financières souvent plus modestes, peut expliquer cette singularité de la zone d’Évreux. À l’inverse, le territoire du Roumois – Le Neubourg présente une part de familles monoparentales plus faible (19,6 %) et une part de familles recomposées nettement supérieure aux autres zones (15,8 %).

Figure 2Part de familles avec au moins un enfant mineur selon le type

(en %)
Part de familles avec au moins un enfant mineur selon le type ((en %))
Territoire Famille monoparentale Famille recomposée avec enfant(s) du couple Famille recomposée sans enfant du couple Famille « traditionnelle »
France métropolitaine hors Île-de-France 23,9 4,6 4,6 66,9
Normandie 23,8 5,2 5,0 66,0
Eure 22,6 5,7 5,5 66,2
Roumois – Le Neubourg 19,6 7,5 8,3 64,6
Pont-Audemer – Val de Risle 21,0 6,1 5,6 67,3
Bernay Terres de Normandie 21,7 4,6 5,7 68,1
Vexin Normande – Lyons Andelle 22,3 5,7 5,4 66,7
Seine Normandie Agglomération 22,4 5,5 4,8 67,3
Seine Eure 22,8 5,9 5,6 65,6
Sud Eure – Pays de Conches 23,4 5,9 5,7 64,9
Évreux Portes de Normandie 28,0 5,7 5,3 61,0
  • Champ : Familles avec au moins un enfant âgé de moins de 18 ans, résidant dans le département de l’Eure.
  • Source : Insee, Recensement de la population 2022.

Figure 2Part de familles avec au moins un enfant mineur selon le type

  • Champ : Familles avec au moins un enfant âgé de moins de 18 ans, résidant dans le département de l’Eure.
  • Source : Insee, Recensement de la population 2022.

Les familles euroises regroupent un total de 134 416 enfants mineurs. Elles comptent en moyenne 1,8 enfant mineur par foyer, un niveau équivalent à la région dans son ensemble. Dans le département, 20,7 % des familles sont considérées comme familles nombreuses car composées d’au moins 3 enfants, un niveau quasi semblable à la moyenne régionale (20,4 %).

Les familles monoparentales sont davantage touchées par le chômage

Comme au niveau national, les familles monoparentales euroises sont davantage touchées par le chômage que l’ensemble de la population (15,4 % ; figure 3). Cette moindre insertion sur le marché du travail peut résulter d’un niveau de qualification plus faible, mais aussi des obligations familiales assumées seules par le mono-parent [Mura et al., 2024 ; pour en savoir plus (2)]. C’est dans la zone d’Évreux Portes de Normandie que la part de familles dont le référent est au chômage est la plus élevée, que ce soit pour les couples (8,6 %) ou les familles monoparentales (17,2 %). À l’inverse, c’est dans la zone du Roumois – Le Neubourg que cette part est la plus faible (4,6 % pour les couples et 10,5 % pour les familles monoparentales).

Figure 3Part de référents au chômage dans les familles avec au moins un enfant mineur

(en %)
Part de référents au chômage dans les familles avec au moins un enfant mineur ((en %))
Territoire Couple Famille monoparentale
Bernay Terres de Normandie 6,7 15,5
Évreux Portes de Normandie 8,6 17,2
Pont-Audemer – Val de Risle 5,2 16,1
Roumois – Le Neubourg 4,6 10,5
Seine Eure 8,0 16,4
Seine Normandie Agglomération 6,9 13,7
Sud Eure – Pays de Conches 7,4 14,2
Vexin Normande – Lyons Andelle 7,4 14,9
Eure 7,0 15,4
Normandie 6,9 16,1
France métropolitaine hors Île-de-France 7,0 15,4
  • Champ : Familles avec au moins un enfant âgé de moins de 18 ans, résidant dans le département de l’Eure.
  • Source : Insee, Recensement de la population 2022.

Reflet d’une économie encore bien ancrée dans l’industrie, la part de référents familiaux appartenant à la catégorie socio-professionnelle des ouvriers reste élevée dans l’Eure : 24,4 % contre 23,4 % dans l’ensemble de la région et 20,4 % en France métropolitaine hors Île-de-France. En corollaire, la part de cadres est similaire à celle de la région, mais inférieure au niveau national (13,1 % contre 16,0 %). Par rapport aux autres types de familles du département de l’Eure (sans enfant, avec uniquement des enfants majeurs), les référents de familles avec enfants mineurs sont plus souvent de professions intermédiaires ou cadres, et plus souvent inactifs.

Au niveau infra-départemental, la part de cadres parmi les référents familiaux est plus élevée dans les zones limitrophes de la région francilienne, telle que Seine Normandie Agglomération (18,0 %) ; ou à proximité de la métropole rouennaise, à l’image du Roumois – Le Neubourg (15,2 %). Le territoire d’Évreux se distingue quant à lui par une forte part de référents sans activité professionnelle (15,0 % contre 12,6 % dans le département), et celui de Bernay, par une proportion d’agriculteurs plus élevée (3,0 % contre 1,1 %).

Les familles avec enfants mineurs sont plus souvent confrontées à la pauvreté

Dans l’Eure, le des ménages avec au moins un enfant mineur est inférieur de plus de 3 000 euros par an à celui des autres ménages. Par conséquent, ils sont plus fréquemment en situation de pauvreté monétaire : 17,4 % de ces ménages vivent sous le contre 12,1 % des autres ménages (figure 4). Par rapport à l’ensemble de la région et de la France hors Île-de-France, cette situation de pauvreté reste toutefois moins marquée dans le département.

Au sein du département, le territoire du Roumois – Le Neubourg se révèle moins touché par la pauvreté monétaire, avec un taux de 6,9 %, et contraste avec celui d’Évreux Portes de Normandie où le taux de pauvreté atteint 21,6 %.

Les ménages eurois avec enfants mineurs bénéficient d’une part de prestations sociales dans leurs revenus légèrement supérieure à celle observée en France métropolitaine hors Île-de-France (10,3 % contre 9,6 %), mais identique à celle de la région Normandie dans son ensemble. Cette part est particulièrement élevée sur le territoire d’Évreux où les niveaux de vie sont plus faibles et la part de familles monoparentales élevée. À l’inverse, la part des prestations sociales est plus faible dans le Roumois compte tenu des revenus, notamment salariaux, qui y sont plus importants.

Les jeunes parents eurois de moins de 30 ans ont un niveau de vie inférieur de 13 % aux parents plus âgés. Ces jeunes parents occupent plus souvent des fonctions moins qualifiées ou moins rémunératrices (seuls 5 % des parents d’enfants mineurs occupent un poste de cadre à moins de 30 ans contre 23 % des 40 ans ou plus). Le niveau de vie des jeunes parents eurois est toutefois légèrement supérieur aux moyennes observées pour les parents des mêmes âges aux niveaux régional et national (respectivement +3,3 % et +6,2 %).

Figure 4Niveau de vie et taux de pauvreté des ménages fiscaux avec au moins un enfant selon le territoire de résidence

Niveau de vie et taux de pauvreté des ménages fiscaux avec au moins un enfant selon le territoire de résidence
Territoire Niveau de vie Taux de pauvreté (échelle de droite)
Roumois – Le Neubourg 23 627 6,9
Vexin Normande - Lyons Andelle 21 073 13,9
Pont-Audemer – Val de Risle 21 260 14,2
Sud Eure – Pays de Conches 20 574 15,9
Bernay Terres de Normandie 20 563 17,0
Seine Normandie Agglomération 21 693 17,2
Seine Eure 21 326 18,0
Évreux Portes de Normandie 20 272 21,6
Eure 21 309 16,3
Normandie 21 174 17,4
France métropolitaine hors Île-de-France 21 381 18,5
  • Champ : Ménages fiscaux avec au moins un enfant âgé de moins de 18 ans.
  • Sources : Insee,-DGFiP-Cnaf-Cnav-Ccms, Filosofi 2021.

Figure 4Niveau de vie et taux de pauvreté des ménages fiscaux avec au moins un enfant selon le territoire de résidence

  • Champ : Ménages fiscaux avec au moins un enfant âgé de moins de 18 ans.
  • Sources : Insee,-DGFiP-Cnaf-Cnav-Ccms, Filosofi 2021.
Publication rédigée par :Hurard Camille, Vignolles Victor (Insee)

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En partenariat avec :
Département de l'Eure en Normandie

                En partenariat avec : Département de l'Eure en Normandie

Pour comprendre

Une famille est la partie d’un ménage comprenant au moins deux personnes et constituée :

  • soit d’un couple vivant au sein du ménage, avec le cas échéant son ou ses enfant(s) appartenant au même ménage ;
  • soit d’un adulte avec son ou ses enfant(s) appartenant au même ménage (famille monoparentale).

Pour qu'une personne soit enfant d’une famille, elle doit être célibataire et ne pas avoir de conjoint ou d’enfant faisant partie du même ménage.

Un ménage peut comprendre zéro, une ou plusieurs familles. Sont appelées ici « familles avec enfants mineurs », toutes les familles comprenant au moins un enfant de moins de 18 ans dont le « référent » familial a un âge compris entre 15 et 64 ans. Au-delà de cet âge, les situations des ménages peuvent être complexes (présence d’enfants et de petits-enfants, de plusieurs familles dans un logement, etc.).

Le département de l’Eure a été décomposé en huit territoires d’analyse correspondant à des Établissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI) ou regroupements d’EPCI permettant ainsi de respecter un seuil de 50 000 habitants minimum pour chacun des territoires.

Définitions

Le niveau de vie correspond au revenu disponible du ménage, divisé par le nombre d’unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d’un même ménage. Les unités de consommation sont calculées en attribuant 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de plus de 14 ans, et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans.

Un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre lorsqu’il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté monétaire. Dans cette étude, le seuil de pauvreté est appliqué aux ménages, et est fixé à 60 % du niveau de vie médian de la population de France hexagonale.

Pour en savoir plus

(1) Hurard C., Pesin C., « Moins de naissances, moins de jeunes en âge d’être scolarisés : l’Eure face au défi démographique », Insee Analyses Normandie no 146, septembre 2025.

(2) Delver-Custos D., Mura B., Vignolles V., « Parentalité en Normandie : la présence d’enfants impacte presque exclusivement l’activité des mères », Insee Analyses Normandie no 132, novembre 2024.